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lequel les Turritella incrassata, Astarte Basterotii et Omalii, Cyprina islandica, Ostrea edulis sont fort rares ou manquent.

M. G. Vincent fit de ce banc un nouvel étage géologique, le SYSTÈME POEDERLIEN, caractérisé par « l'apparition abondante d'une série variée d'espèces spéciales ou très rares ailleurs ».

D'autres espèces «< prennent subitement à ce niveau un développement numérique considérable et contribuent à donner à cet horizon un aspect tout particulier ». Telles sont, parmi les espèces rencontrées aussi dans mes sondages Mangelia (Pleurotoma) costata Da Costa, Nassa labiosa Sow., Nassa reticosa Sow., Natica millepunctata Lam., Cardium edule L. et Lingula Dumortieri Nyst. M. Van den Broeck y ajouta, du gîte d'Austruweel, notamment Calyptrea sinensis L., Cardium decorticatum Wood, Cardita scalaris Leathes, Anomia ephippium L.

En Angleterre parut, en 1890, dans les Memoirs of the Geological Survey of the United Kingdom, le travail classique de M. Clement Reid, The Pliocene Deposits of Britain, dans lequel il donna un aperçu historique et critique fort intéressant du développement des connaissances au sujet du Pliocène. Les difficultés pour s'orienter dans les dépôts de ce pays sont grandes pour un étranger, ce que M. Reid sent fort bien en disant, page 114 : « Certains caractères lithologiques et certaines espèces de mollusques ont été pris comme guides pour former les sous-divisions, mais malheureusement de nombreux observateurs ont généralement adopté non seulement des points de vue divers, mais ils ont aussi employé des termes différents; il en résulte qu'on a introduit, dans la description des dépôts pliocènes du Norfolk, un tel nombre de noms locaux et de synonymes, que l'étudiant se trouve placé dans la plus grande confusion. »

J'ai acquis quelque expérience sur ce sujet en travaillant à mes Contributions I et IV, où je me suis borné à distinguer le Scaldisien du Diestien et le Crag rouge du Crag corallin. Pour l'Angleterre, je m'étais basé principalement sur le travail de MM. Searles V. Wood jeune et Fred. W. Harmer: An Outline of the Geology of the Upper Tertiaries of East-Anglia, faisant partie des monographies de The Paleontographical Society, volume pour 1871, publié en 1872.

L'étude des travaux de MM. Reid et Harmer m'a fait voir que ce n'était pas suffisant.

Le premier admet la distinction entre Crag corallin et Crag rouge, mais relève que celui-ci est loin d'être un dépôt uniforme. «< Ses assises successives (l. c., page 82) se recouvrent à mesure qu'on s'avance vers

le Nord. A l'extrémité méridionale du territoire, nous trouvons, à Walton, le Crag rouge le plus ancien, dont la faune est étroitement liée à celle du Crag corallin. A quelques lieues au Nord, il se perd, et le Crag rouge de Sutton et de Butley, avec beaucoup de Mollusques, repose directement sur le Crag corallin. Près de Butley, on distingue, sur le Crag rouge typique, une division plus élevée, d'une coloration plus claire, le « Scrobicularia Crag » de S. V. Wood, qui paraît correspondre très étroitement au Crag de Norwich. Plus loin au Nord, les couches peuvent être appelées « Crag rouge » ou bien « Crag de Norwich », mais, dans la vallée de la Waveney, les couches appartiennent sans le moindre doute au Crag de Norwich. Une transgression semblable de couches plus récentes encore, fait que le «< Crag de Weybourn >> couvre d'abord le Crag de Norwich, mais repose, plus loin au Nord, directement sur la craie. »

Le changement graduel de la faune, du facies méridional ou méditerranéen, propre au Crag corallin, au facies boréal, est représenté dans le petit tableau de la page 145.

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C'est donc principalement la proportion entre les espèces méridionales ou éteintes d'un côté et les espèces boréales de l'autre côté, qui décide de la position stratigraphique de telle ou telle localité.

M. Harmer se place au même point de vue, avec cette différence qu'il tient compte surtout des espèces fréquentes et leur donne plus d'importance qu'à celles qui ne sont représentées que par un nombre restreint d'individus.

C'est sans doute un point de vue fort recommandable, quand on

Weybournien.

Icenien

Butleyen.

Newbournien.

Waltonien.

Gedgravien.

peut recueillir des fossiles dans des coupes du terrain, mais il entraîne des difficultés quand on a affaire à des sondages, où le hasard joue un si grand rôle.

Les différents travaux intéressants de M. Harmer, qui traitent de la question qui nous occupe, sont :

1° Les dépôts tertiaires du bassin anglo-belge (BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE, DE PALÉONTOLOGIE ET D'HYDROLOGIE, t. X, 1896), un peu plus détaillé que

2o On the Pliocene Deposits of Holland and their Relation to the English and Belgian Crags, etc. (QUARTERLY JOURNAL of the GeologiCAL SOCIETY, Vol. LII, 1896.)

3° The Pliocene Deposits of the East of England. I. On the Lenham Beds and the Coralline Crag. (IDEM, vol. LIV, 1898.)

4° Idem. II. The Crag of Essex (Waltonian) and its Relation to that of Suffolk and Norfolk. (IDEM, vol. LVI, 1900.)

Dans ces différents travaux, l'auteur considère les dépôts de Lenham comme plus anciens que le Crag corallin et les parallélise aux dépôts diestiens belges de Diest et de Louvain. Le Crag corallin proprement dit serait donc l'équivalent du Diestien d'Anvers, qu'on appelait autrefois « Crag gris »; c'est la zone à Isocardia Cor. M. Harmer lui donne le nouveau nom de « Gedgravian »>, puisque Gedgrave est la seule localité où l'on trouve exclusivement des fossiles de ce Crag corallin.

Par contre, il divise le Crag rouge en cinq étages, comme l'avaient déjà fait Searles V. Wood et Cl. Reid, et il les caractérise par le pourcentage d'espèces fréquentes. Ce sont, en allant du haut en bas (Crag of Essex, p. 725):

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7

13

4

13

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32

50

23

47

32

5

16

11

36

36

4

38

4

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Ce tableau montre d'abord que M. Harmer ne tient plus au contraste entre le Crag corallin d'un côté et le Crag rouge de l'autre; pour lui, les différents étages du Crag rouge diffèrent plus entre eux que le Crag corallin du Crag de Walton. Le Waltonien correspond exactement au Crag de Walton de MM. Reid et S. V. Wood jeune. Le Newbournien et Butleyen ensemble constituent le « Crag de Boyton» de M. Reid et la « masse principale du Crag rouge» de S. V. Wood. L'étage «< Icenien >> doit son nom à la cité romaine « Venta Icenorum (Crag of Essex, p. 721), qui occupe le même endroit que la ville de Norwich et fut proposé par S. P. Woodward, mais dans une signification plus étendue. C'est exactement le Crag de Norwich de MM. Reid, S. V. Wood, etc. ou le « Scrobicularia Crag », « Mammaliferous Crag », « Fluvio-marine Crag ».

Dans son Crag of Essex, M. Harmer adopte un étage « Chillesfordien, que toutefois, il ne mentionne pas dans son tableau statistique; évidemment, c'est le « Crag de Chillesford » des autres auteurs, divisé en « sable » et « argile de Chillesford ». Quant à l'étage weybournien, c'est le « Crag de Weybourn », appelé aussi « Bure Valley Beds » ou <«< Westleton Shingle ».

On voit donc que M. Harmer est allé plus loin que ses prédécesseurs dans sa division du Crag rouge. J'ai acquis l'impression qu'il eût voulu aller plus loin encore, car plusieurs fois il a noté des différences d'àge entre des localités du même étage.

Ainsi, on lit à la page 715 de son Crag of Essex (CARTES, p. 710 et 714), que la fa une waltonienne de Beaumont est un peu plus récente que celle de Walton et que même une sablière à Beaumont présente des différences avec une autre. Ensuite (p. 717), l'auteur fait remarquer que la faune waltonienne de Little Oakley à son tour est un peu plus boréale, par conséquent plus récente encore. Puis (Bassin anglo-belge, p. 320), on lit que M. Percey Kendall a constaté qu'à Walton même, il y a deux zones d'un âge un peu différent, dont M. Harmer compare l'une au Scaldisien, l'autre au Poederlien belge.

Dans l'étage newbournien, on pourrait faire une division secondaire de la même manière, car (Crag of Essex, p. 720) le Crag de Felixstowe est un peu plus récent que celui de Waldringfield, Foxhall et Sutton, tandis que, peut-être, le Crag de Beutley et de Tattingstone est, au contraire, un peu plus ancien que celui des trois localités susnommées. Ainsi une répartition du Newbournien en trois sous-étages ne serait pas impossible.

Il paraît (p. 721) que la différence entre le Newbournien et le But

leyen est plus grande que celles entre les autres zones du Crag rouge, mais, à la même page, M. Harmer exprime l'opinion que la différence de la faune de l'Icenien et du Crag rouge dépasse celle des étages de ce dernier entre eux. C'est évidemment une contradiction!

Ensuite une division de l'Icenien en deux sous-étages ne serait pas impossible non plus (p. 723); cette zone contient l'Astarte borealis dans sa partie septentrionale, où la Tellina lata (calcarea) est plus fréquente que dans la partie méridionale, où l'Astarte borealis fait défaut. Le Chillesfordien a une faune plus boréale encore, mais les coquilles sont généralement plus ou moins décomposées (p. 724), ce qui est probablement la cause pour laquelle M. Harmer n'en a pas entrepris une statistique destinée à figurer dans le petit tableau de la page 725.

Sans aucun doute, les recherches de M. Harmer constituent un progrès considérable, mais elles m'ont laissé l'impression que le travail de ses idées n'est pas terminé et qu'une classification plus détaillée encore ne serait nullement impossible. D'un autre côté, l'infatigable investigateur a pu apprécier par lui-même combien la distinction de ces différents étages est grandement ennuyeuse, pour ne pas dire impossible, dans l'étude de forages. Lui-même n'a pas réussi à établir une distinction entre le Newbournien et le Butleyen en étudiant les fossiles des sondages de Goes, Gorkum, Utrecht et Amsterdam (Bassin anglo-belge) et s'est contenté d'en faire un étage provisoire, appelé «< Amstelien ». A mon tour, je crois être entièrement justifié en me bornant à tâcher de séparer: 1o Gedgravien (Crag corallin Diestien); 2o Waltonien (Scaldisien + Poederlien); 5° Amstelien; 4o Icenien (Crag de Norwich et de Chillesford); 5° Weybournien.

CHAPITRE IX.

=

Considérations sur quelques coquilles embarrassantes.

Avant de retourner aux quatre sondages récents, il me faut dire quelques mots au sujet de certaines espèces de coquilles qui sont de grande importance.

1° Tellina balthica L.

Lorsque M. Clement Reid examina, en 1886, ma collection des sondages d'Utrecht et d'Amsterdam, il exprima des doutes sur la détermination correcte de la Tellina balthica (solidula L.), qui avait été retirée de 149, 200, 202 1/2, 205 et 222 1/2 mètres sous Utrecht. Sans oser nommer une autre espèce, il pensa à des jeunes individus de la

1903. MÉM.

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