loin du village de Burght, un peu en amont d'Anvers; sa limite suit à peu près la cote 5, passe à Zwyndrecht, pour s'infléchir ensuite vers l'Ouest. Dans cette direction, A. Belpaire, dans son remarquable ouvrage, La plaine maritime depuis Boulogne jusqu'au Danemark, la délimite comme suit: Elle s'étend en deçà de Hulst vers Koewacht, Overslag et Selzaete, près du Sas-de-Gand. Sa limite se dirige ensuite vers Assenede, Bouchoute, Saint-Laurent, Ardenbourg, Middelbourg, Damme, Houthave, Stalhille; traverse le canal de Bruges à Ostende, près de ce dernier village; passe à Ettelghem, Oudenbourg, Westkerke, Ghistelles, où la couche de glaise s'étend dans un petit golte terrestre, dirigé de l'Ouest à l'Est, entre ce dernier endroit et Eerneghem. Après cela, la ligne de démarcation revient sur Zevecote, Zande, Leke, Keyem, Beerst et Dixmude; la couche de glaise s'étend de nouveau dans un golfe terrestre assez profond, ayant la même direction que le premier et dont les bords élevés, partant de Beerst, passent à Vladsloo, Bovekerke, Werken, Handzaeme, Zarren, Eessene et Dixmude. C'est le bassin d'une petite rivière. « Au delà de Dixmude, la limite que nous suivons rentre de nouveau jusque vers Woumen et Merckem. De là, elle se dirige vers Oeren, suit le canal de Loo jusqu'à quelque distance de Furnes, passe au canal de la Colme, qu'elle longe d'assez près, jusque vers les hauteurs qui bordent le bassin de l'Aa, qui vont se terminer au Blancnez. Cette bande glaiseuse comprend, entre Furnes et Dunkerque, les Moeres, vastes marais asséchés. >> On se demandera peut-être, non sans étonnement, comment les alluvions de l'Escaut ont pu se confondre avec celles de l'Yser et former une aussi large bande en arrière des dunes. Il est évident que si, de nos jours, les digues du fleuve étaient supprimées, les eaux ne pourraient à chaque marée parcourir des distances aussi considérables et que rapidement des chenaux profonds se creuseraient dans les régions les plus basses; tel ne paraît pas avoir été le cas. Il semble probable qu'un ancien bras de l'Escaut, aujourd'hui comblé et dont feu le général Wouwermans, ancien président de la Société de Géographie d'Anvers, croyait retrouver les traces dans certaines dépressions des polders, coulait à quelques kilomètres au Sud du Hont, ou Escaut occidental, et, parallèlement à celui-ci, de l'Est à l'Ouest. Le Zwyn serait son ancienne embouchure et le village de Zwyndrecht le passage du Zwyn), situé sur l'extrême limite des polders, aurait tiré son nom de ce bras du fleuve, dont l'origine se trouvait à proximité. Le Hont paraît d'ailleurs être relativement fort récent, tout au moins comme bras principal du fleuve, et n'aurait été qu'un cours d'eau tout à fait secondaire entre le Zwyn et l'Escaut oriental pendant les premiers siècles de notre ère. Il est très possible que l'embouchure du Zwyn ait été barrée par les dunes à l'époque de la sédimentation du limon polderien, comme le fut d'ailleurs celle du Rhin, non loin de Leyde. Les eaux limoneuses auraient submergé complètement toute la région basse en arrière des dunes, la transformant en un vaste lac, où le limon se déposa. De cette manière, le jeu des marées n'aurait pu se faire sentir, car si deux fois par jour le flot avait dû inonder la plaine, il y aurait laissé de nombreuses traces de son passage. Cette hypothèse nous paraît la plus vraisemblable. Malheureusement, cette région si fertile a un revers: l'eau potable y fait complètement défaut. Le désastre de l'armée anglaise, à Walcheren, en 1809, fait acquis à l'histoire, n'eut pas d'autre cause, et l'on a vu de nos jours, pendant des périodes de sécheresse, les riverains demander aux équipages des steamers, momentanément ancrés dans le fleuve, de l'eau potable, plutôt que d'employer celle dont le sol est saturé. Il n'y a donc d'autre eau alimentaire dans cette région que celle de la pluie recueillie dans des citernes. La citerne, dans toutes les autres parties du pays, est considérée dans les villages comme un objet de grand luxe, tout comme les sonnettes aux portes. On la remplace parfoi par une vieille futaille, placée sous le tuyau de descente des gouttières, lorsque par exception il y a des gouttières. La citerne est généralement beaucoup plus dispendieuse à établir que les puits et bien plus exposée à tarir; il s'ensuit qu'elle n'est en usage que lorsqu'il y a nécessité absolue. Nous avons tiré de l'ouvrage si intéressant de M. J.-B. André (1) le tableau suivant: il comprend 140 localités et 268 000 habitants faisant presque tous emploi d'eau de citerne pour les usages alimentaires. Il aurait été intéressant d'y joindre une statistique des cas de fièvre typhoïde et de la mortalité infantile. Malheureusement les éléments de ce travail nous font défaut. La comparaison avec d'autres localités, situées dans de bien meilleures conditions hygiéniques, ne serait pas chose facile, car à la campagne les eaux des puits sont si souvent corrompues par les infiltrations de tous genres, qu'il existerait toujours un aléa, difficile à apprécier. (1) Ministère de l'Agriculture, Enquête sur les caux alimentaires. |