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III.

Bruxellien,

Course aux environs de Leval-Trahegnies.
Ypresien, Landenien, Montien supérieur.

L'heure de prendre le train étant venue, nous partons pour LevalTrahegnies, où nous arrivons à 12 h. 38.

Après un déjeuner rapide, nous nous mettons en route et nous nous dirigeons directement vers le Sud-Est jusqu'au sommet de la colline dite Trieu de Leval, à 185 mètres d'altitude.

Malheureusement, pendant le déjeuner, le temps s'était couvert, bientôt il devint menaçant et à peine la course de l'après-midi commençait-elle que la pluie se mettait à tomber avec violence, entravant les observations d'une manière très sérieuse.

Nous avions gravi directement le Trieu de Leval jusqu'au sommet pour pouvoir faire la suite des observations méthodiquement, en descendant.

De la cote 183 à la cote 175, un chemin creux montre, dans ses talus de 2 mètres de hauteur, un affleurement direct de sable demi-gros, jaune verdâtre, avec petites concrétions gréseuses irrégulières et poreuses.

M. Rutot nous apprend que c'est le Bruxellien, c'est-à-dire la base de l'Eocène moyen, le représentant incontesté des couches à Nummulites lævigata du Bassin de Paris.

Dans cette région, la constitution de l'étage bruxellien est très simple et régulière, et ressemble beaucoup à celle que nous lui verrons aux environs de Bruxelles.

Dans tous ses affleurements du Hainaut, le Bruxellien se divise en deux masses superposées, passant insensiblement de l'une à

l'autre.

Sur un gravier de base, souvent très peu développé, s'étend une épaisse couche de sable un peu calcareux, peu glauconifère, renfermant des quantités de petites concrétions gréseuses, irrégulières, poreuses, avec Ostrea cymbula.

Au-dessus de ces sables se développent des sables plus calcareux avec lits subcontinus de grès calcarifère.

En raison de leur situation à haute altitude et de leur grande perméabilité, ces sables bruxelliens sont presque toujours altérés et décalcarisés dans toute leur masse; aussi est-il très rare de rencontrer des points où la constitution normale subsiste intacte. Au Trieu de Leval, nous sommes devant des couches complètement altérées.

1903. MÉM.

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Ici, tout le Bruxellien était chargé de calcaire, ce qui constitue pour ainsi dire un lien entre le facies sableux de Bruxelles et le calcaire de France.

Sous l'altitude de 175 mètres, des maisons existent le long du chemin et rendent les observations difficiles. De temps en temps apparaît, à la base du talus, un petit affleurement de sable jaune bruxellien.

Entre 170 et 165, on ne peut rien distinguer, mais vers la cote 160, les talus montrent de l'argile grise, finement sableuse, qui appartient à l'Ypresien des géologues belges.

Nous n'avons donc pas pu voir le contact du Bruxellien sur l'Ypresien. Ce contact a lieu vers la cote 166, et il est très difficile à saisir parce que nous nous trouvons ici près du littoral Sud-Est de l'Ypresien, c'est-à-dire en un point où les facies normaux disparaissent pour faire place à des facies spéciaux, littoraux, à éléments généralement plus grossiers qu'à l'intérieur du bassin.

Entre la base du Bruxellien et l'argile ypresienne observée à partir de la cote 160, existe le représentant du sable très fin d'émersion Yd du facies normal, sous forme d'un sable demi-fin, peu glauconifère, qui se distingue difficilement du Bruxellien qui le surmonte.

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Ce facies littoral de la partie supérieure de l'Ypresien des géologues belges qu'il ne faut pas confondre avec l'Ypresien des géologues français est très développé tout le long du rivage Est de la mer ypresienne.

Il commence à se montrer aux environs de Wavre, il est bien visible aux environs de Nivelles, de Seneffe, puis il descend vers Binche pour prendre au Sud, près de Grand-Reng, un facies plus franchement littoral encore, connu sous le nom de Sable de Peissant.

Au Trieu de Leval, le sable du sommet de l'Ypresien a donc environ 6 mètres d'épaisseur et il passe rapidement vers le bas à une argile grise plastique, un peu feuilletée.

Ce facies argileux, qui rappelle assez bien l'Ypresien normal Yc, n'a guère plus de 10 mètres d'épaisseur, et à la cote 150 apparaît un nouveau facies de l'Ypresien, très différent de tout ce qui s'observe dans le centre du bassin.

Tout le bas de l'Ypresien, sur environ 20 mètres, est constitué par un sable vert, très glauconifère, à grain assez gros, à ciment argilo-calcaire et rempli de petites concrétions gréseuses irrégulières et poreuses, blanches, ressemblant parfois à s'y méprendre à celles du Bruxellien du sommet du Trieu.

Heureusement, au passage de la masse argileuse médiane au facies

sableux inférieur, les concrétions gréseuses sont plus régulières, à grains cimentés par de l'argile durcie, et elles se divisent en plaquettes fossilifères, où abondent Leda Corneti et Nucula Briarti, fossiles caractéristiques de l'argilite de Morlanwelz à Nummulites planulata.

Entre les cotes 155 et 150 s'ouvre une exploitation d'argile noirâtre.

La pluie, qui continue à tomber à torrents, empêche absolument de pénétrer dans l'excavation; aussi M. Rutot doit-il se borner à fournir, à distance, les explications.

La seule partie abordable est le sommet de l'excavation. Elle montre très bien la base, visible sur 2 mètres, du facies sableux ypresien constaté dans les talus du chemin parcouru.

Cette base est nette, horizontale et simplement indiquée par un accroissement très sensible des grains de quartz. Il y a donc une apparence de gravier de base.

Au-dessus, on voit du sable glauconifère un peu argileux, paraissant en certains points homogène, en d'autres hétérogène et criblé alors de taches blanchâtres.

On reconnaît que le facies tacheté est le facies normal en voie d'altération; le facies homogène est complètement altéré.

Les taches blanches sont des concrétions gréseuses en voie de décomposition et devenues plus ou moins friables.

Les 0,30 inférieurs de l'Ypresien sont formés de sable meuble, glauconifère, grossier, et ils renferment en certains points des quantités de singulières concrétions ferrugineuses complètement sphériques et composées de couches concentriques régulières. Certaines de ces concrétions paraissent munies d'un court pédoncule, d'autres semblent percées de part en part suivant un diamètre.

Peut-être des débris végétaux ont-ils donné naissance à ces concrétions.

Sous la base de l'Ypresien se montrent, sur 8 à 9 mètres de profondeur, des couches argileuses de couleur sombre, sur les pentes glissantes desquelles il ne pouvait être question de s'aventurer.

M. Rutot, qui a étudié en détail cette exploitation et les autres, a pu fournir les renseignements désirables.

Il a du reste publié ses observations dans une note intitulée : Sur la découverte d'une flore fossile dans le Montien du Hainaut (1).

(1) A. RUTOT, Bulletin de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie, t. XV, 1901.

La coupe actuellement visible est celle représentée par la figure 2 de cette note. On y voit, en partant du haut :

A. Argile très sableuse, glauconifère, avec petites concré-
tions gréseuses altérées, irrégulièrement distribuées.
B. Sable glauconifère, meuble, à grain grossier (base de
l'Ypresien).

C. Argile grise, plastique

D. Couche régulière de lignite noir, feuilleté, avec
empreintes végétales nombreuses et diffuses et frag-
ments assez volumineux de troncs d'arbres à texture
xyloïde, plus ou moins pyritisés, montrant parfois
des globules de résine fossile in situ. . .

E. Argile grise, plastique, avec empreintes végétales.
F. Lit de sable jaune, meuble, stratifié, indiquant une
disposition lenticulaire. . .

G. Argile gris-blanc, plastique, avec empreintes végétales
et nodules libres de résine.

2,00

0.30

0,60

1.00

2,00

1.50

4,00 à 5,00

En mai 1900, M. Rutot avait pu voir le fond de l'excavation et il avait constaté que l'argile repose directement sur la craie blanche sans silex, dont la surface est très irrégulière, formant des bosses et des fosses. Il n'existait aucune trace de gravier au contact.

Outre les nombreuses empreintes végétales (feuilles et tiges) et les troncs d'arbres avec résine fossile déjà recueillis, la même exploitation a commencé à fournir des débris d'animaux. Le Musée de Bruxelles possède de ce gisement trois vertèbres allongées, qui semblent avoir appartenu à un Reptile, ainsi qu'un Unio bivalve.

Au sujet de l'âge de ces couches, M. Rutot expose qu'elles ont été d'abord rapportées par M. A. Briart au Montien supérieur, puis qu'il a changé d'avis et en a fait du Heersien.

M. Rutot rappelle que dans sa note précitée, il a discuté cette question; d'après lui, il y a lieu d'adopter la première manière de voir de Briart, d'autant plus que ces couches fournissent actuellement des fossiles; ceux-ci paraissent n'avoir rien de commun avec la flore des marnes heersiennes de Gelinden.

Les membres de l'excursion se sont alors dirigés vers l'Ouest, où ils ont pu voir rapidement une autre exploitation d'argile montienne. (Fig. 3 de la même note.)

Celle-ci ne montre qu'une superposition de limon hesbayen, argileux, stratifié, un peu altéré, sur 5 à 6 mètres d'argile gris foncé, avec lentilles de sable meuble intercalées.

Il est aisé de voir que ces dépôts ont été abandonnés par des eaux

douces au cours très lent, avec intercalations locales et momentanées de sédiments d'eaux plus rapides.

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COUPE D'UNE SABLIÈRE A LA COURTE (LEVAL-TRahegnies) (1).

A. Sable blanchâtre, assez régulièrement stratifié vers le
bas, très irrégulièrement stratifié à la partie médiane
et plus régulièrement stratifié à la partie supérieure.
Au contact de la partie médiane et de la partie supé-
rieure, il y a des cailloux de silex épars

..

B. Cailloutis de concrétions gréseuses provenant de l'Ypre-
sien et du Bruxellien, base du Moséen, avec rares
silex utilisés éolithiques (Reutelien) (2). .

C. Moséen. Vers le bas, sable, plus haut glaise verdâtre
stratifiée avec lits tourbeux à la partie supérieure . .

D. Cailloutis sommet du Moséen, formé de concrétions
gréseuses de l'Ypresien et renfermant d'assez nom-
breux silex des industries mesvinienne et chelléenne,
très bien caractérisés. . .

E. Traces de limon hesbayen dénudé.

12m,00

0,50

2,00

0,50
0,30

(1) Depuis l'époque de l'excursion, de nouveaux travaux ont été effectués à la sablière et l'ont complètement transformée. Voir à ce sujet l'Annexe à la première journée, ci-après.

(2) Le cailloutis de base du Quaternaire inférieur ou Moséen renferme aussi assez bien de fragments de bois silicifié, provenant évidemment du ravinement de couches landeniennes supérieures plus élevées que celles visibles ici.

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