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Ces dépôts reproduisent les principaux faits caractéristiques des sédiments wealdiens du Hainaut.

De la seconde exploitation d'argile montienne (1), nous nous sommes rendus par le chemin le plus direct aux grandes sablières de la Courte. Notons d'abord que la base de l'Ypresien, au Trieu de Leval, se trouve à la cote 130.

La base du Montien supérieur, reposant directement sur la craie blanche, est à la cote 120 environ.

A la Courte, la surface du sol est à la cote 115 maximum.

Nous serions donc en droit de croire que nous devons nous trouver en plein terrain crétacé.

Il n'en est rien; nous nous trouvons devant trois sablières, dont la plus importante a 15 mètres de profondeur et est constituée presque complètement de sable landenien supérieur.

La figure 5 reproduit la coupe relevée dans la principale exploitation. Nous nous trouvons donc en présence d'une coupe d'environ 400 mètres de longueur, montrant une superposition très intéressante de Quaternaire inférieur moséen sur le Landenien supérieur, presque uniquement sableux, à allure irrégulière, à stratification oblique et entrecroisée (2), avec rares lits caillouteux, argileux et ligniteux; le sommet de ces couches épaisses se trouvant à 15 mètres en contre-bas de la cote à laquelle il devrait se placer, tandis qu'au Trieu de Leval, à un peu plus de 1 kilomètre à l'Est, l'Ypresien repose directement sur le Montien, sans apparence de ravinement sensible et sans trace de Landenien.

On voit donc que le Landenien de la Courte. qui ne paraît nullement dérangé ni bouleversé, se trouve bien en dehors de la position normale qu'il devrait occuper si c'était un dépôt marin ou simplement régulier.

Quittant la sablière pour nous diriger vers la gare de Leval, M. Rutot montre, à 300 mètres au Nord des sablières, et à la cote 117, donc un peu plus haut que le sommet des sablières (cote 115), un puits de briqueterie qu'il a vu creuser et qui a atteint, sous 5 mètres de limon quaternaire (Ergeron), directement la craie blanche, dans laquelle il a pénétré de 20 mètres.

(1) Ces argiles sont exploitées pour la fabrication du ciment hydraulique.

(2) Dans le fond de l'exploitation, il existe des couches moins tourmentées, qui semblent avoir subi certaines influences marines, indiquées par la présence de tubes d'annélides. Il existe aussi dans ces couches des traces rougeâtres de lamellibranches ndéterminables.

Le caractère de ravinement fluvial des sables du Landenien supérieur se montre par conséquent ici en toute évidence.

Un bras du fleuve landenien, parfaitement délimité en largeur, puisqu'il ne passe pas au Trieu de Leval, a donc, un peu au Sud, creusé un sillon à pente assez raide, d'au moins 20 mètres de profondeur, sillon qu'il a rempli de sédiments sableux.

Cette traînée de sable, dont la direction est Ouest-Nord-Ouest-EstSud-Est, se trouve donc comme insérée dans le massif de craie; c'est ce que j'ai essayé de représenter schématiquement dans la figure suivante, qui ne tient pas compte du relief actuel du sol.

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LE LONG D'UNE LIGNE SO.-NE. ET PASSANT PAR LES SABLIÈRES DE LA COURTE.

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A la descente de la pente Nord se dirigeant vers la voie ferrée, M. Rutot montre un bon contact d'ergeron flandrien sur le limon hesbayen qui lui avait été signalé autrefois par M. Ladrière, puis on arrive au chemin dirigé approximativement Est-Ouest, formant avec la gare de Leval et le chemin pavé un triangle aplati.

Le long de ce chemin (cote 105 à 110), M. Rutot montre un bon affleurement de craie argileuse, blanche, renfermant une énorme quantité de rognons irréguliers de silex à cassure bigarrée blanche et noire. C'est un excellent affleurement de la Craie de Saint-Vaast, représentant, dans le Hainaut, l'assise inférieure du Sénonien ou assise d'Aix-la-Chapelle.

Par suite de la dissolution de la surface de la craie, les silex, insolubles, se sont accumulés à la partie supérieure et forment, sur le sol actuel, un véritable tapis de silex qui, à l'époque quaternaire, a été utilisé par les populations primitives pour la confection de leurs outils et de leurs armes.

Après l'époque de l'approfondissement maximum des vallées (assise campinienne), le limon hesbayen est venu recouvrir de son manteau toute la région, mettant ainsi à couvert le cailloutis et les restes très nombreux de l'industrie humaine, représentée notamment par des instruments amygdaloïdes chelléens.

Plus tard, à l'époque flandrienne (assise la plus supérieure du Quaternaire), le limon sableux dit Ergeron est venu en partie raviner le limon hesbayen, puis s'est superposé à lui.

Depuis le commencement de l'époque moderne, les pluies, chassées par les vents dominants du Sud-Ouest, sont venues délaver successivement les versants dirigés vers le Sud-Ouest, et la pente du sol sur lequel nous nous trouvons étant précisément exposée dans cette direction, les limons, flandrien et heshayen, ont été successivement enlevés, mettant localement l'ancien cailloutis préhesbayen à industries humaines à découvert.

Les vestiges de ces industries anciennes affleurent donc localement aujourd'hui à la surface du sol, et ils ont été recueillis en grand nombre. Ils se trouvent actuellement au Musée royal d'Histoire naturelle.

Au Sud de la bifurcation du chemin dans lequel nous venons d'observer l'affleurement de Craie de Saint-Vaast, avec la route pavée menant à la gare de Leval, nous avons vu ce qui reste d'une grande excavation abandonnée, mais que j'ai très bien observée il y a quelques années. Dans cette excavation, qui actuellement semble être un vrai chaos, on exploitait du sable landenien marin et de l'argile montienne.

J'ai représenté figure 4 dans ma note sur la découverte d'une flore fossile dans le Montien du Hainaut, un coin de cette excavation que nous reproduisons à la page ci-contre (fig. 7).

Nous sommes là à la cote 115.

Primitivement, il y avait en ce point sur la craie, une épaisseur plus ou moins régulière d'argile montienne, qui a été ravinée irrégulièrement par l'arrivée de la mer landenienne, laquelle a étalé à la surface du Montien un épais cailloutis de silex de diverses provenances, L1a. Au-dessus se sont étendus les sables landeniens, la mer étant trop peu profonde pour qu'il s'y soit déposé le noyau argileux médian.

Il se fait donc que le sable d'immersion L1b, qui surmonte le gravier L1a, passe directement au sable d'émersion L1d sans intercalation de sédiments argileux L1c.

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B. Cailloutis, base du Moséen, à éléments très hétérogènes,
renfermant des silex utilisés éolithiques

0,30

C. Sable glauconifère, marin, landenien

2,00

D. Cailloutis, base du Landenien, composé de silex plus
ou moins roulés de diverses provenances, générale-
ment à croûte extérieure verdie . . .

E. Argile grise montienne avec lits lenticulaires de sable
jaune

F. Craie blanche, à silex bigarrés de Saint-Vaast.

0,20

2,00 à 4.00

Plus tard encore, l'Ypresien, puis le Bruxellien, ont recouvert le tout. Mais les dénudations pliocènes et quaternaires ont enlevé les terrains supérieurs, de manière à ne laisser en place qu'une partie du Landenien et sans qu'il y ait trace de Landenien supérieur.

Dès que les couches ypresiennes peu perméables eurent été enlevées, les eaux s'infiltrèrent au travers du sable landenien et au travers des fissures de l'argile montienne, et pénétrèrent dans la craie très fissurée. Celle-ci fut dissoute et il se forma lentement, à la surface de la craie, des cavités dans lesquelles s'enfoncèrent peu à peu les terrains susjacents.

Toute l'exploitation dans laquelle nous sommes est parsemée de ces dépressions profondes, dont les parois verticales sont recouvertes du cailloutis landenien qui s'y enfonce.

C'est cet ensemble de dépressions de diamètre et de profondeurs différentes, placées à côté les unes des autres, et d'où l'on a extrait

l'argile montienne et le sable landenien exploité comme sable de moulage, qui donne à l'excavation aujourd'hui abandonnée l'aspect chaotique qui étonne et déroute tout d'abord.

Enfin, avant de nous rendre à la gare de Leval, nous avons encore visité une autre sablière, située au Nord de la bifurcation des chemins. J'ai pu noter dans cette sablière, distante de 150 mètres de la précédente, la coupe représentée ci-dessous :

G

E

D

B

A

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COUPE D'UNE SABLIÈRE A 150 MÈTRES AU Nord de la prÉCÉDENTE.

A. Craie blanche.

B. Cailloutis de silex, base du Landenien inférieur.

C. Sable grossier, à gros grains de glauconie, durci ou grès
tendre (facies tuffeau d'Angres), avec petits galets
noirs épars et empreintes de fossiles.

D. Sable gris ou vert, à grain moyen, glauconifère, iden-
tique au sable C de la coupe précédente.

E. Cailloutis base du Moséen, formé de concrétions gré-
seuses de l'Ypresien.

F. Glaise et sable du Moséen.

G. Cailloutis supérieur, avec mélange d'industries mesvi

nienne et chelléenne.

Les couches B et C représentent le Landenien inférieur marin, et ici le facies gréseux à gros grains de glauconie, si développé autour d'Angres, est très bien visible à la base de l'étage.

La grande irrégularité de l'allure de la base du Landenien montre que la craie est encore ici traversée verticalement par des poches profondes de dissolution, avec effondrement des couches supérieures insolubles.

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