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sondages placés sur une direction perpendiculaire à l'allure des stratifications et séparés par une faible distance ont recoupé, à la tête du Houiller, des veines contenant des quantités de matières volatiles très différentes et devant par conséquent appartenir à des faisceaux de couches très distants. D'autre part, la pente des terrains dans ces sondages est très faible; c'est le cas, entre autres, pour des recherches pratiquées aux environs du méridien d'Opglabbeek.

Dans ces conditions, il est impossible de raccorder stratigraphiquement ces faisceaux l'un à l'autre sans faire intervenir l'hypothèse de dérangements Est-Ouest qui, vers le Sud, auraient remonté les faisceaux maigres au niveau des faisceaux plus gras.

La même supposition peut être faite dans le méridien de Kessel: en effet, au sondage de Santhoven, à 9 1⁄2 kilomètres au Nord du sondage de Kessel, on a trouvé du charbon à 18 % de matières volatiles gisant encore avec des pentes assez faibles. Or, sous de pareilles inclinaisons, il n'y a pas place pour intercaler, entre ces deux sondages, tout le Houiller inférieur, comprenant une stampe stérile de 150 mètres et tout un faisceau de couches maigres. On doit donc admettre qu'une faille Est-Ouest a remonté le calcaire de Kessel, ou bien que la teneur en matières volatiles des couches de houille a tellement augmenté vers l'Ouest qu'il n'existe plus à Santhoven de couches maigres et que le charbon recoupé fait déjà partie de la série tout à fait inférieure du terrain houiller.

La façon de concevoir le bassin de la Campine morcelé par de grandes failles à allure sensiblement verticale peut d'ailleurs être appuyée par la théorie de Ed. Suess sur les dislocations de la croûte terrestre. D'après cet éminent géologue, « les dislocations visibles » dans l'écorce terrestre sont le produit de mouvements qui résultent » de la diminution du volume de notre planète; les efforts développés » par l'effet de ce phénomène tendent à se décomposer en efforts >> tangentiels et en efforts radiaux, et, par suite, en mouvements hori»zontaux (c'est-à-dire en poussées et en plissements) et en mouve>>ments verticaux (c'est-à-dire en affaissements); il y a donc lieu de >> diviser les dislocations en deux groupes principaux, suivant que les déplacements relatifs de portions primitivement contigues de l'écorce » terrestre ont eu lieu dans un sens plus ou moins horizontal ou dans >> un sens plus ou moins vertical (1).

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Comme région présentant le type de mouvements horizontaux accen

(1) ED. SUESS, La Face de la Terre. Traduction par E. de Margerie, Paris, 1897.

tués, Suess indique les couches du bassin houiller de la Belgique; dans celui-ci, en effet, les failles les plus importantes, y compris la faille eifelienne, peuvent être rangées dans la catégorie des mouvements horizontaux. Il en résulte, d'après cette théorie, qu'il doit exister vers le Nord une région qui s'est affaissée en produisant des efforts radiaux, lesquels ont pu se traduire par des failles verticales. Cette région peut parfaitement comprendre le bassin houiller de la Campine, qui serait ainsi morcelé par de grandes déchirures dont nous avons essayé de donner une idée par notre deuxième carte.

CONCLUSIONS.

D'après l'ensemble des résultats fournis aujourd'hui par les sondages, il est permis de se former une idée approximative de la valeur industrielle du bassin houiller de la Campine. Ce bassin est recouvert partout par des épaisseurs de morts-terrains considérables, qui seront très coûteuses et très lentes à traverser. Dans plusieurs endroits, principalement là où l'on a reconnu la présence de sources jaillissantes à grande profondeur, il faudra même probablement que l'art de l'ingénieur imagine de nouveaux systèmes pour passer les terrains qui renferment ces sources.

Dans le Limbourg, certains forages ont montré que la formation bouillère est surmontée directement par des assises perméables de morts-terrains, et si ces assises sont aquifères, ce qu'il est assez difficile de dire aujourd'hui, elles pourront constituer pour l'exploitation future une gêne perpétuelle et une cause de dépenses importantes.

Pour ce qui est du Houiller lui-même, on peut dire qu'il ne s'est pas montré partout aussi riche qu'on l'avait cru tout d'abord : si dans le Limbourg, à Asch et dans les environs, on a trouvé le faisceau de couches supérieures qui paraît assez riche, vers le Sud et l'Ouestprincipalement dans la province d'Anvers il n'en a pas été de même, et dans beaucoup de sondages, on a rencontré une formation dont la puissance utile en charbon exploitable n'atteint pas 1.5 % de l'épaisseur totale.

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Comme point de comparaison, nous rappellerons que cette proportion dans le bassin houiller belge actuellement en exploitation est de 5 %. De plus, il est permis de croire que d'importants dérangements sillonnent le nouveau bassin.

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Il est trois ordres de phénomènes qui, quoique ayant été souvent étudiés indépendamment les uns des autres, semblent cependant présenter entre eux des relations de causes à effets; ce sont les phénomènes tectoniques, volcaniques et sismiques.

Il me paraît difficile aujourd'hui d'étudier l'un de ces phénomènes sans se livrer en même temps à l'examen attentif des autres manifestations dynamiques qui paraissent dues à des causes semblables.

S'il est vrai, comme la chose semble universellement admise aujourd'hui, que les phénomènes volcaniques sont intimement liés aux manifestations sismiques et tectoniques, il est clair que l'étude de ces dernières doit être une de nos premières occupations, si nous voulons élucider l'un ou l'autre problème du volcanisme.

Seulement, les phénomènes tectoniques nous permettent d'étudier l'histoire des temps passés, tandis qu'au contraire, les phénomènes sismiques ne nous apportent aucun fait se rapportant aux époques qui précèdent la période historique; il semble donc que les sismes ne sont en dernière analyse que la suite naturelle, la continuation à notre

(1) Communication faite à la séance du 16 décembre 1902 de la Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie.

époque des phénomènes tectoniques proprement dits. Il en résulte que si dans certains cas la tectonique nous permet de tirer quelques conclusions au sujet des manifestations dynamiques dont une région a été le théâtre, l'étude des sismes nous apparaît comme pouvant parfois nous fournir la preuve de leur légitimité.

Si l'on admet que les volcans sont en relation intime avec les fractures de l'écorce terrestre, on devra de même admettre que l'intensité des premiers phénomènes est intimement liée à l'intensité des seconds.

On peut donc dire que le moment de fracture maximum correspondra, d'une manière générale, au moment d'éruption maximum; ceci admis, il suffira d'établir l'époque de la formation d'une fracture sur laquelle se sont greffés des volcans pour établir, très probablement du même coup, l'âge de ces derniers, et, inversement, l'étude de manifestations volcaniques successives permettra parfois de reconnaître l'àge relatif des différents mouvements que révèlent l'étude et le levé géologique d'une région.

Existe-t-il un moyen de reconnaître l'âge d'une fracture dont les laves ont été enlevées par le temps, sauf de rares lambeaux figés depuis de longues périodes au fond des cicatrices?

Ce moyen existe, et l'étude comparative des failles qui découpent les différentes régions disloquées nous le fournit.

S'il existe, en effet, une certaine relation entre les tracés que présentent les différentes cassures d'un pays déterminé et si, en passant d'une région à une autre, ces rapports persistent, n'aurons-nous pas en main un critérium qui nous permettra d'interpréter des phénomènes qui n'avaient pas jusqu'ici reçu d'explication suffisante?

La science n'a d'autre but que de déceler entre les phénomènes qui se manifestent autour de nous des rapports constants, c'est-à-dire des lois, et celui qui s'efforce d'apporter encore une preuve à la certitude inductive ne fait pas une chose inutile; s'il réussit, en même temps qu'il fournit l'explication d'un fait particulier, il apporte à la théorie une force nouvelle.

J'exposerai d'abord un certain nombre de faits qui, par induction, ont permis de concevoir une explication théorique de l'ensemble de ceux-ci, puis je montrerai que les phénomènes tectoniques dont nos régions ont été le théâtre permettent l'application de cette même théorie et, dès lors aussi, des conséquences qui nécessairement en découlent. L'auteur de la « bible du géologue » attire l'attention sur une série intéressante de manifestations dynamiques anciennes et récentes, et dans lesquelles on peut saisir des rapports étroits entre les phénomènes

sismiques et tectoniques ou entre ces derniers et les phénomènes volcaniques, ou bien encore entre ces trois ordres de faits.

Je prendrai donc dans l'admirable livre de M. Suess quelques-uns de ces exemples.

1o Exemple montrant certaines relations entre les phénomènes tectoniques et sismiques.

Le bord externe des Carpathes et des Alpes s'incurve en contournant le massif ancien de la Bohême, celui-ci constituant un horst arasé ayant servi d'obstacle au libre développement de la chaîne. Cette dernière est de beaucoup postérieure à la formation des horst existants échelonnés sur son parcours.

Les tremblements de terre se sont fréquemment fait sentir dans cette région, et ce qu'il y a de remarquable, c'est que les principaux d'entre eux se propagent suivant une même direction.

Ils partent de la chaîne alpine, et fréquemment de sa bordure externe, pour se propager dans le massif de la Bohême; leur direction est donc perpendiculaire à la chaîne plissée et leur effet se fait sentir bien loin dans l'avant-pays.

<< Les observateurs modernes, dit M. Suess, sont d'accord pour. admettre que, dans ces tremblements de terre transversaux, il y a un déplacement relatif des voussoirs, dans le sens horizontal, par saccades. La nature du mouvement implique des surfaces voisines de la verticale, orientées perpendiculairement à la direction des chaînes; c'est là une forme de dislocation alpine que nous désignerons plus loin sous le nom de décrochement ou Blatt. Dans le Sud, Hörnes a cherché à mettre le tremblement de terre de Bellune en rapport direct avec des surfaces de décrochement de ce genre. Bittner a insisté sur le parallélisme existant entre les nombreux décrochements de l'extrémité Nord-Est des Alpes, qui sont dirigés Nord 15° Ouest, et la ligne de la Kamp.

>> Mais il n'est pas nécessaire d'admettre pour cela que ces décrochements se prolongent jusque dans le massif archéen lui-même : l'allongement si remarquable des aires d'ébranlement vers le Nord peut, en effet, résulter seulement d'un phénomène de transmission ce ne serait alors qu'un indice de la direction des secousses, se propageant des Alpes vers l'extérieur. »

2o Exemple montrant des relations entre les phénomènes tectoniques et volcaniques.

Rappelons d'abord les petits volcans qui jalonnent les lignes de

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