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breux crustacés, parmi lesquels des crabes (Xantopsis bispinosus), une sorte de homard (Thenops scyllariformis) et une grande variété de débris de poissons, notamment des Squales, le tout paraissant provenir du remaniement des couches ypresiennes sous-jacentes.

A

B

C

D

E

F

-

FIG. 24. COUPE DE LA SABLIÈRE DE L'USINE A GRÈS ARTIFICIEL DE CALEVOET,
MONTRANT ÉGALEMENT LA SÉRIE DE PETITES FAILLES EN ESCALIER, VISIBLE
LE LONG DU CHEMIN CONDUISANT DANS LA VALLÉE.

A. Sable fin, très calcareux, avec bancs subcontinus de
rognons de grès calcareux

B. Sable peu calcareux, régulièrement stratifié, parfois un
peu graveleux et renfermant beaucoup de débris de
poissons. Dans ce sable sont des grès à contours irré-
guliers, très durs, silicifiés, à cassure lustrée. .

3m,00

1,00

C. Sable grossier, meuble, presque dépourvu de calcaire, à
stratification oblique et entrecroisée, et traversé par
des milliers de tubes d'annélides

4,00

D. Sable grossier, quartzeux, meuble, à stratification
oblique et entrecroisée, renfermant de nombreux grès,
les uns cylindriques (grès fistuleux), les autres de
forme très irrégulière (pierres de grottes), avec Ostrea
cymbula et autres fossiles marins.

E. Couche locale, formée d'alternances de sable, d'argile
grise, fine, pure, feuilletée, et de marne blanche très
durcie, avec un lit graveleux vers le bas, renfermant
quantité de crustacés et de débris de poissons rema-
niés de l'ypresien.

6,00

1,00

3,00 à 4,00

F. Sable très fin. gris, glauconifère, micacé, avec lits d'ar-
gile grise, Ypresien .

Au-dessus du lit graveleux se présentent des marnes blanches en plaquettes très durcies, perforées de tubes d'annélides, surmontées d'alternances de sable et d'argile grise, fine, schistoïde, d'aspect poldérien.

Sur cette base, qui peut avoir 1 mètre d'épaisseur et, nous le répétons, très localisée, se développe la zone des sables quartzeux obliquement stratifiés, à grès fistuleux et à pierres de grottes.

M. Rutot montre, in situ dans le sable, les grès fistuleux en position verticale. Ils ont de 0,50 à 1 mètre de longueur et leur diamètre varie de 3 à 12 centimètres.

En les brisant transversalement, puis longitudinalement, il est facile de voir qu'ils sont traversés d'un bout à l'autre par une baguette ou axe cylindrique, lisse, de sable agglutiné. Cet axe laisse entre sa surface extérieure et l'intérieur de la concrétion siliceuse environnante, un espace de 1 à 2 millimètres rempli de sable meuble, associé à de très nombreux spicules de Spongiaires siliceux, appartenant à plusieurs genres; de plus, la surface interne de la concrétion extérieure porte la trace, en creux, de nombreux tubercules.

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FIG. 25. VUE ET COUPE D'UN GRÈS FISTULEUX MONTRANT LA BAGUETTE
INTERNE ET LA CONCRÉTION EXTERNE, PLUS QUELQUES FORMES DIVERSES
DES SPICULES DE SPONGIAIRES DU CREUX EXISTANT ENTRE LA BAGUETTE
ET LA CONCRÉTION EXTERNE

La formation des grès fistuleux est donc attribuable à un organisme cylindrique de 1 à 2 centimètres de diamètre, à intérieur lisse et à extérieur couvert de tubercules, qui paraît n'être autre qu'un tube d'annélide littorale, qui aurait composé l'enveloppe dans laquelle elle a vécu, de grains de sable et de spicules de Spongiaires.

Plus tard, après le dépôt, les masses de spicules libres répandus dans le sable se sont dissoutes et la silice s'est alors concentrée autour de centres d'attraction, qui étaient les tubes d'annélides.

L'animal ayant depuis longtemps disparu, le sable qui remplissait l'intérieur du tube a été silicifié et durci, puis la silicification s'est opérée à l'extérieur du tube, enveloppant celui-ci d'une gaine cylindrique de sable durci en grès.

Mais peu à peu aussi, la matière organique qui agglutinait primitivement les éléments du tube de l'annélide a disparu à son tour et le ciment qui reliait provisoirement la gaine extérieure au cylindre intérieur a cessé d'exister; les éléments sables et spicules - constituant l'ancien tube se sont dissociés et existent maintenant à l'état libre, séparant la baguette interne de la concrétion externe.

Lorsque les tubes d'annélides ne sont pas trop serrés les uns contre les autres, les grès fistuleux proprement dits se forment, mais lorsque ces tubes sont abondants et entremêlés plus ou moins obliquement, le concrétionnement siliceux entoure des paquets de tubes, et au lieu d'un grès fistuleux droit et cylindrique, il se produit des grès de formes très irrégulières, à tubercules séparés par des dépressions profondes. C'est là ce que l'on appelle pierres de grottes.

Enfin, la silicification atteint aussi parfois des parties de sable stratifié où on ne distingue plus l'organisme ayant formé centre d'attraction. On rencontre alors des grès poreux, caverneux, se subdivisant en plaquettes grossières et renfermant assez souvent Ostrea cymbula.

On voit, du reste, clairement que ces sables ont été très fossilifères, car on distingue très bien, le long de certaines strates, des lits de débris de test calcaire de mollusques variés, presque dissous et d'une extrême fragilité.

D'autre part, dès que ce sable est à altitude très basse et renferme un niveau d'eau, la masse énorme des coquilles qu'il contient s'est conservée; c'est ce qui s'est passé à Steenockerzeel, au Nord-Ouest de Bruxelles, où le sable inférieur du Bruxellien, noyé, a fourni à MM. G. et E. Vincent et à MM. Couturiaux et Dr Putzeys de superbes collections de fossiles, actuellement réunies au Musée de Bruxelles.

Au-dessus de la zone à grès fistuleux, le sable quartzeux, à stratification très irrégulière et entrecroisée, continue à se montrer, mais la quantité de tubes d'annélides devient telle qu'on les compte par milliers, et il est vraiment intéressant de voir les sablières où ce niveau apparaît, après une période de temps sec et de vent. Les tubes d'annélides, un peu ferrugineux, gardent une certaine solidité, tandis que le sable meuble se désagrège lentement par le vent, et alors apparaissent en haut relief, sur la paroi, les milliers de tubes à extérieur couvert de tubercules.

Ici, la silice n'a pas été assez abondante pour transformer la masse de tubes d'annélides en grès fistuleux.

Cette quantité de tubes qui se presse à mesure que l'on monte paraît être l'indice d'un petit mouvement de soulèvement du sol, à moins qu'il y ait eu formation d'un haut-fond sableux par suite d'une sédimentation locale plus abondante.

Dans tous les cas, la zone à grès lustrés qui surmonte celle à tubes d'annélides présente, tout particulièrement, un caractère littoral, au point que l'on y rencontre parfois de petits graviers épars. Les sables ont une stratification ondulée et diffuse et, au même niveau, se rencontrent abondamment des débris de poissons, dents et vertèbres, non roulés cependant.

Les grès qu'on y observe ont été probablement à ciment calcareux, primitivement, mais dans la suite ils ont été silicifiés au point d'avoir actuellement l'aspect compact à cassure lustrée des quartzites.

Ces grès sont, vers le bas, généralement stratoïdes et renferment des lits de marne blanche, très durcie; c'est surtout en montant qu'ils prennent l'aspect caractéristique à cassure lustrée.

C'est également le niveau des fossiles silicifiés du Bruxellien: fruits de Nipadites Burlini, bois silicifiés, Nautilus, grandes Rostellaires, grands Fuseaux et Cardites (Cardita planicosta).

La zone à grès lustrés est, en général, très peu épaisse, sa puissance dépassant rarement 1 mètre, et elle passe vers le haut à la masse supérieure, de composition ordinairement simple et homogène.

Sur toute l'étendue du golfe bruxellien, cette masse supérieure est formée de sable quartzeux demi-fin, chargé de débris d'organismes calcaires au point que toute la couche en a été agglutinée et que, coupée, elle se maintient très bien à pic.

De plus, toute l'épaisseur, qui peut atteindre de 10 à 20 mètres et davantage, est traversée horizontalement par de nombreux bancs, subcontinus, de concrétions calcareuses dures, grossièrement lenticulaires, qui ont été exploitées de tout temps comme pierres de fondations. C'est aussi le niveau de la « pierre de Gobertange ». Les grès calcareux du Bruxellien sont sauf en des points localisés situés à la base généralement peu fossilifères. On n'y rencontre guère que des troncs d'arbres flottés et perforés par les tarets, des fruits de Nipadites et des Tortues marines.

Ce n'est qu'exceptionnellement que l'homogénéité de la masse supérieure est troublée par la réapparition d'un facies rappelant celui des sables inférieurs à tubes d'annélides. Ces accidents ont surtout été

observés sur le territoire d'Ixelles, et M. Rutot a décrit celui qui a été longtemps visible près de l'Hospice Van Aa (1).

Le même géologue croit que ce sont là des manifestations littorales se rattachant directement à la période de retrait complet de la mer bruxellienne.

La mer, en se retirant, a causé des affouillements dans les sables calcareux précédemment déposés lors de l'extension maximum et les a remplis de sables grossiers et de débris fossiles (dents de Squales, etc.).

Peut-être même un facies semblable a-t-il existé partout à la surface des dépôts bruxelliens, mais la mer laekenienne, qui est venue ensuite faire irruption, et dont le caractère ravinant est partout bien indiqué, a dispersé et raviné la plus grande partie de ces dépôts meubles (2). Quoi qu'il en soit, depuis l'époque du creusement des vallées, de vastes surfaces du sable calcareux bruxellien ont été mises à découvert. Les eaux de pluie, chargées d'acide carbonique, se sont infiltrées dans ces sables, y ont dissous le calcaire, oxydé la glauconie et ont ainsi formé des sortes de poches actuellement remplies d'un sable verdâtre d'altération, ainsi qu'on le sait depuis les travaux de M. E. Van den Broeck sur ce sujet.

Ces explications terminaient la visite de la sablière de Calevoet.

Guidés par le directeur de la fabrique de grès artificiel, les excursionnistes ont visité l'usine, où toutes les explications désirables ont été données.

Le sable meuble bruxellien, mêlé à une certaine proportion de ciment, est moulé et placé dans des autoclaves, où le tout est soumis à la pression de quelques atmosphères.

Au bout d'un certain temps, les blocs durcis sont démoulés et taillés à dimensions.

On nous montre ainsi quantité de produits et notamment beaucoup de pierres moulurées d'un très bel effet. On peut également obtenir des pierres de diverses nuances.

Après avoir vivement remercié M. le Directeur des excellentes explications qu'il a bien voulu nous donner, nous nous sommes remis en

(1) RUTOT, Note sur une coupe du système bruxellien observée à Ixelles. (ANN. Soc. géol. de Belg., Liége, 1875, t. II.)

(2) Il y aurait peut-être là l'indice d'une division de la masse du Bruxellien en trois termes concordant avec le cycle sédimentaire. Nous aurions d'abord, vers le bas, le facies quartzeux Bb; à la partie moyenne, la masse calcareuse serait Bc, et le terme supérieur grossier, presque partout raviné, serait Bd.

1903. MÉM.

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