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couches dites<< post-glaciaires »>, ces dernières restant toujours, paraît-il, fort obscures.

Quoi qu'il en soit, et sans attendre que la nature et la stratigraphie des couches post-glaciaires aient été définitivement éclairées, nous tenterons l'essai du synchronisme des couches connues.

Ce qui m'a engagé surtout à essayer d'établir la comparaison entre les couches belges et les couches anglaises, c'est, d'abord, l'accueil bienveillant qu'a reçu mon premier travail, puis le fait de l'existence du raccordement des couches du Pliocène, inférieur et moyen, tenté par M. le Dr F. W. Harmer, et enfin cet autre fait que les couches quaternaires du Norfolk appartiennent précisément à la série glaciaire.

Les concordances entre les couches quaternaires belges et anglaises étaient, en réalité, déjà esquissées par l'essai de la comparaison entre les couches belges et celles du Glaciaire de l'Europe, que j'ai publié récemment, de sorte que la corrélation des couches anglo-belges ne se présentait plus que comme une simple application des synchronismes proposés.

J'ajouterai encore que ma tâche a été facilitée par un accord parfait en ce qui concerne la limite du Pliocène et du Quaternaire, MM. Harmer et Clement Reid plaçant, comme nous, cette limite au commencement du grand Glaciaire qui a suivi le premier Glaciaire, d'àge pliocène. Ces considérations étant émises, nous pouvons entrer immédiatement dans le cœur du sujet.

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Nous donnons d'abord une idée succincte de la composition du Pliocène de Belgique, d'après les beaux travaux de M. Van den Broeck et de ses confrères.

Mais, jusque dans ces tout derniers temps, on n'avait guère tenu compte que des couches pliocènes d'origine marine, les plus régulières, les plus nettes et les plus faciles à étudier; nous avons donc cru utile de donner aussi une idée de celles dont il y aura désormais lieu de tenir compte.

Pliocène inférieur.

Diestien. - L'étage diestien constitue le plus ancien dépôt pliocène de la Belgique et il semble bien qu'il corresponde réellement au Pliocène inférieur.

Dans sa plus grande extension, il se présente sous forme d'un sable grossier, vert, très chargé de gros grains de glauconie et paraissant, dans cet état, peu fossilifère.

Cette pauvreté faunique tient uniquement à la grande perméabilité - du sable, car en beaucoup de points où la glauconie a été décomposée et où le sable s'est durci en grès ferrugineux, on découvre dans ces grès de grandes quantités d'empreintes de fossiles.

Ce sable montre à sa base un gravier de galets de silex très roulés, parfois accompagné de minces lits d'argile plastique d'origine poldérienne, le tout d'allure irrégulière et paraissant très ravinante.

Étant donné que l'arrivée lente des eaux marines exerce plutôt un effet de rabotage en plan horizontal sur les couches sableuses qu'elles recouvrent, nous croyons qu'il y a lieu d'attribuer les différences d'altitude du gravier d'immersion au fait que la mer diestienne a envahi assez brusquement une région où des cours d'eau miocènes avaient déjà creusé des vallées assez profondes. L'affaissement rapide de la région a ainsi porté, sans tarder, les reliefs du sol à une profondeur d'eau telle que l'arasement n'a pu se produire.

Tout le long de la région littorale Sud, vers le haut de l'étage, la proportion de la glauconie tend à diminuer, le sable devient plus blanc, très meuble, et bientôt des lits de galets de silex et de quartz blanc, plus ou moins discontinus, apparaissent dans la masse. En montant, ces lits de galets augmentent d'épaisseur et généralement le sommet est constitué d'un banc de cailloux roulés de silex.

Ces lits caillouteux représentent le gravier d'émersion, c'est-à-dire la suite des cordons littoraux déposés pendant le retrait de la mer vers le Nord, la région émergée étant elle-même parcourue par les eaux du futur Escaut qui se jetaient bien au Sud, au moment de l'extension maximum de l'envahissement marin.

Vers Anvers, le Diestien prend un aspect d'eau plus profonde. C'est un sable fin, glauconifère et fossilifère, connu sous le nom de sable à Isocardia cor.

Pliocene moyen.

Le Pliocène moyen de Belgique comprend deux étages: le Scaldisien et le Poederlien.

Scaldisien. Le Scaldisien se compose d'un gravier de base, surmonté de couches de sable glauconifère renfermant des bancs compacts de coquilles fossiles, dans lesquels se rencontrent de nombreux

ossements de grands Cétacés, souvent en connexion anatomique. Ce sont les sables à Trophon contrarius.

Le Scaldisien repose en régression notable sur le Diestien.

Poederlien. Pendant longtemps, le Scaldisien et le Poederlien ont été confondus. C'est M. G. Vincent qui a reconnu, à un niveau déterminé de la masse, la présence d'un lit de gravier avec fossiles remaniés et ossements de mammifères terrestres, malheureusement trop rares et trop incomplets pour qu'une détermination spécifique précise ait pu être tentée.

Au-dessus de ce gravier se développent des sables glauconifères et fossilifères, lesquels, tout en offrant les espèces du Scaldisien, indiquent une répartition différente et une augmentation sensible dans la proportion des espèces boréales.

Il est facile de voir que la faune, tempérée dans le Diestien, prend des apparences de plus en plus boréales en passant dans le Scaldisien, puis dans le Poederlien.

Cet étage occupe, dans le Nord de la Belgique, une étendue sensiblement équivalente à celle occupée par le Scaldisien et il repose généralement sur celui-ci.

Naturellement, pendant les invasions marines scaldisienne et poederlienne, les eaux douces venant du Sud continuèrent à se déverser, le long du rivage Sud, en un très large courant peu profond, érodant ses bords et son fond pendant les phases de soulèvement, charriant des cailloux et des sables, ainsi que des glaises dans les bras morts, pendant les phases d'affaissement. Ce sont ces cailloux, ces sables et ces glaises que nous retrouvons, de nos jours, très développés sur les hauts plateaux de la moyenne Belgique, entre 75 et 150 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux dans les vallées.

C'est ce même âge que j'attribue aux dépôts caillouteux de la plus haute terrasse de la vallée de la Meuse, c'est-à-dire les dépôts caillouteux de la très large terrasse de 90 à 150 mètres au-dessus du niveau des eaux, s'étendant des deux côtés du cours encaissé du fleuve, entre Dinant et Liége.

Pliocène supérieur.

Avant les beaux travaux du Dr F. W. Harmer, nous n'avions guère qu'une connaissance théorique de l'existence de couches pliocènes supérieures en Belgique. On regardait généralement la lacune devant exister entre le Poederlien et le Quaternaire comme presque insigni

fiante.

Or, M. Harmer est venu nous montrer qu'il n'en est rien, la lacune étant, au contraire, considérable.

En effet, entre le Poederlien et le Quaternaire vient se superposer une série d'assises, que nous appellerons avec M. Harmer, en allant de bas en haut Newbournien, Butleyien (les deux réunis constituant l'Amstelien), Icenien et enfin Cromerien.

Les mouvements du sol

paraissant peu considérables - qui se sont produits à ces époques n'ont guère eu de répercussion très sensible en Belgique, mais, cependant, ils doivent avoir laissé des

traces.

D'une manière générale, le sol de notre pays devait être relativement élevé, puisque la mer Amstelienne, qui couvrait le Nord de la Hollande, n'a pu y pénétrer. Or, dans diverses notes que j'ai publiées (1), je montre que lorsque le pays était élevé, la pente des vallées vers la mer était au maximum, et, dès lors, la vitesse des eaux douces était grande.

Cette vitesse des eaux entraînait naturellement des érosions assez considérables et, par conséquent, l'approfondissement des vallées.

Si nous analysons les phénomènes qui se sont produits, nous constatons, après le retrait de la mer poederlienne (soulèvement du sol), un faible affaissement permettant un retour de la mer Amstelienne, laquelle n'a pas pénétré en Belgique.

Cet affaissement du sol a amené une moindre pente des cours d'eau, d'où continuation de l'accumulation des dépôts.

Plus tard, un nouveau soulèvement du sol s'est produit qui a chassé vers le Nord la mer Amstelienne; c'est alors que l'Icenien de M. le Dr Harmer, comprenant le Norwich crag, les couches de Chillesford et le crag de Weybourne, s'est déposé.

Dès lors, la pente des vallées a augmenté et l'érosion a repris.

Vers l'époque du Forest bed de Cromer, le soulèvement devait être au maximum; aussi peut-on logiquement rapporter à ce stade la formation de la pente rapide, indiquant dans les vallées une érosion violente non accompagnée, sur place, de sédimentation, érosion séparant la terrasse supérieure de 100 mètres de celle qui commence à 65 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux, pour se terminer entre 40 et 25 mètres au-dessus de ce même niveau.

Mais, tout à la fin du Cromerien, le sol s'est de nouveau affaissé,

(1) A. RUTOT, Sur les relations existant entre les cailloutis quaternaires et les couches entre lesquelles ils sont compris. (BULL. SOC. BELGE DE GÉOL., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., Bruxelles, t. XVI, 1902.)

ainsi que l'indique, dans le Norfolk, la petite invasion de la mer à Leda myalis, et la vitesse des cours d'eau a décru.

Aussitôt la vitesse s'est ralentie, et alors s'est formée la terrasse de 65 à 25 mètres, très large, dans les vallées du bassin de l'Escaut, mais assez inclinée puisqu'elle accuse une dénivellation de 40 mètres en la considérant dans sa largeur.

Enfin, la formation de la terrasse s'est terminée par un abondant dépôt de cailloux sur tout le fond des vallées, fond dont le thalweg se trouvait encore à environ 20 à 30 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux.

Ce dépôt de cailloux, que nous retrouvons abondamment répandu sur la terrasse de 25 à 65 mètres, dans toutes nos vallées de Belgique, y compris la vallée de la Meuse, concorde avec la fin du Pliocène des auteurs anglais et termine aussi le Pliocène belge.

On voit donc que la Belgique n'est pas complètement exempte de dépôts du Pliocène supérieur, mais aucun de ces dépôts n'est marin et ils paraissent consister simplement en sédiments recouvrant la terrasse supérieure de 100 mètres et dans l'important cailloutis qui recouvre la terrasse inclinée de 25 à 65 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux dans les vallées.

II.

Pliocène du Sud-Est de l'Angleterre.

Nous donnerons maintenant un rapide aperçu du Pliocène du SudEst de l'Angleterre.

Nous trouvons précisément dans le tout récent travail de M. le Dr Harmer, dont j'ai cité le titre ci-dessus, un tableau de classification des couches pliocènes de l'Est de l'Angleterre, avec les synchronismes qu'il propose pour les couches pliocènes de Belgique.

Je ne doute pas un instant qu'au point de vue de la succession et du détail des couches anglaises, le tableau ne soit parfait et ne soit l'expression de la stricte vérité.

D'autre part, je ne me suis jamais personnellement occupé de l'étude détaillée du Pliocène de Belgique, étude qui a été faite principalement par MM. E. Van den Broeck, baron O. van Ertborn, P. Cogels et M. Mourlon.

Je ne suis donc nuliement à même d'émettre un avis valable au sujet du synchronisme proposé par M. le Dr Harmer, et de décider qui a tort ou raison dans la petite discordance d'opinion qui sépare M. le Dr Harmer de nos confrères de Belgique.

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