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DE L'ÉGLISE DE MAGUELONE

personam ejus excommunicationis, in terram vero ipsius interdicti sententiam proferatis.

Statuimus preterea, ne in ecclesia Sancte Marie et Sancti Firmini atque in aliis itidem ecclesiis, ex causa et culpa excommunicatorum, castrum Montispessulani quandoque casu introeuntium, divina prohibeantur continue officia celebrari. Indignum enim est ut tantus populus, ex culpa et maleficio cujuscumque persone, a divinis debeat officiis diutius abstinere. Datum Laterani, 1 nonas maii.

Bibliographie.

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Cart. des Guillems, fol. 11 v°; édit., p. 36; GARIEL, Series, t. I, p. 195; JAFFE et WATTENBACH, n° 10554. BOUQUET, Recueil, t. XV, p. 683;

Date. JAFFÉ donne à cette bulle la date du 5 mai 1157-1158. Rien en effet, dans la bulle, ne permet de préciser davantage la date; mais, comme nous allons le démontrer dans la note historique, celle-ci ne peut être du 5 mai 1157. A cette époque, Guillem de Tortose attendait un héritier. Sa femme ne mourut qu'en juillet 1157; et, en décembre 1157, Guillem de Tortose céda ses biens à son frère et entra dans l'ordre du Temple. La bulle est donc certainement du 5 mai 1158.

Guillem de Tortose était le second fils de Guillem VI et, par conséquent, frère de Guillem VII, seigneur de Montpellier. On sait que la ville de Tortose fut donnée à Guillem VI par le comte de Barcelone (Cf. Hist. gén. de Languedoc, t. III, p. 703), et cette donation confirmée en 1147. (Ibid., p. 739, où dom VAISSETE discute la part qui fut donnée à Guillen VI).

A quelle époque Guillem, le second fils de Guillem VI, devint-il Guillem de Tortose? Il est hors de doute que, par son testament de 1146 (Cf. Cart. des Guillems, édit., p. 177), Guillem VI donna cette partie de ses domaines à son fils aîné et non à son fils cadet. Il y eut donc, dans l'intervalle, un échange entre les deux frères, que nous ne connaissons pas, et par lequel Guillem VII céda cette ville à son frère.

Ce Guillem de Tortose épousa, en juillet 1153, Ermessens de Castries (Cf. Cart. des Guillems, édit., p. 278), laquelle dut mourir en juillet 1157, comme il résulte de son testament (Ibid., p. 572). Avec elle disparut son enfant, en sorte que Guillem de Tortose se trouva veuf et sans héritier. Ce malheur le détermina à embrasser la vie religieuse. Il résolut d'aller en Terre Sainte et d'entrer dans l'ordre des Templiers. En décembre 1157 (Cf. Cart. des Guillems, édit., p. 574), il céda tous ses biens à son frère Guillem VII, parmi lesquels Castries et Tortose. Ce fut ainsi que la ville de Castries entra dans le domaine des Guillems de Montpellier, en vertu du testament d'Ermessens qui avait donné tous ses biens à son mari, Guillem de Tortose.

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Adrien IV blâme l'évêque de Maguelone de ce qu'il dispose, suivant son bon plaisir, des biens appartenant à la communauté des chanoines, et lui ordonne, en particulier, de leur rendre la dime de Montpellieret.

Adrianus episcopus, servus servorum Dei, Magalonensi episcopo, salutem et apostolicam (') benedictionem.

Ecclesiastica utilitas hoc composcit et Sanctorum Patrum sanxit auctoritas (2) ut, in dispositione rerum Ecclesiæ, sollicitudo episcopalis consilium (3) debeat et consensum suorum requirere clericorum.

Pervenit autem ad nos quod bona Magalonensis Ecclesiæ, communibus (*) tuorum clericorum usibus deputata, contra institutionem ipsius Ecclesiæ pro tuæ voluntatis arbitrio niteris dispensare; decimam quoque Montispessulaneti ad communitatem (") ipsorum canonicorum, ut nobis suggeritur, pertinentem, quam utique a quodam laico diceris redemisse (6) nondum eam restituisti. Unde quoniam [ex] (') injuncto nostri apostolatus officio munereque () acta, que sunt corrigenda, corrigere, et suam debemus unicuique justitiam conservare, fraternitati tuæ per apostolica scripta mandando præcipimus quatenus sine consilio (") et assensu archidiaconorum et sanioris partis capituli Ecclesiæ tuæ nihil de rebus ad eorum communitatem (1) pertinentibus propter institutionem ipsius Ecclesiæ nullatenus præsumas dispensare, et quod inde abstulisti cum integritate restituas, provisurus attentius ne super hoc clericis tuis de cetero sit materia murmurandi, et nos tibi propter hoc duriori jurisdictione scribere compellamur. Decimam preterea quam superius memoravimus si quantitatem pretii, quod in ejus redemptione dedisti, cum integro jam recepisti, vel quod citius receperis, canonicis tuis, omni excusatione postposita et dilatione, restituas. Bibliographie. Nous donnons cette bulle d'après le seul manuscrit que nous avons eu entre les mains, et qui a été mis à notre disposition par l'évêché de Montpellier (fol. 141 vo).

(4) Ms.: acceptam.

2) Ms.: authoritas.

(3) Ms.: concilium.

Ms.: comunibus.

() Ms.: comunitatem.

6, Ms.: redimisse.

Ce mot manque dans le manuscrit.

(8) Ms.: munusque.

Ms.: consilio.

10, Ms.: comunitatem.

GARIEL, Series, t. 1, WATTENBACH, n° 10335.

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JAFFE et

Date. Nous suivons pour la date de cette bulle celle que porte notre manuscrit: 1158, qui a soin de faire remarquer que dans le Livre noir, d'où elle a été tirée, elle ne porte aucune date de jour ni de mois. JAFFE et WATTENBACH donnent la suivante: 27 octobre 1156-1158; MIGNE, le 6 des kalendes de novembre, la quatrième année du pontificat, et en faisant observer que cette dernière date pourrait bien avoir été ajoutée par une main étrangère. Voir ce que nous disons dans la note historique suivante.

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Les églises de Montpellier avaient été données au chapitre de Maguelone par l'évêque Godefroid, vers l'an 1080. Comment et pourquoi l'évêque Raimond avait-il voulu s'emparer de ces églises et de leurs revenus, en particulier de SaintDenis de Montpelliéret? Ici, nous sommes réduit aux conjectures pour expliquer les empiètements de l'évêque, dont l'entreprise sur Saint-Denis ne fut qu'un acte isolé.

Pour ce dernier fait, nous avons quelques pièces qui jettent un peu de lumière sur cette bulle. ARNAUD DE VERDALE (éd. GERMAIN, p. 92) nous dit que, en 1157, Raimond, évêque de Maguelone, acquit de nombreuses possessions dans la paroisse de Saint-Denis de Montpelliéret. L'acte est cité aux pièces justificatives (p. 176), d'après le Cartulaire de Maguelone.

Ceci nous oblige à remonter à quelques années en arrière. Nous avons dit au commencement de cette note que Godefroid avait donné cette église aux chanoines vers 1080: c'est la date que ARNAUD DE VERDALE assigne à cette donation. Mais nous avons déjà dit plus haut, en nous appuyant même sur des documents pontificaux (voir No 6), que ces donations, groupées par ARNAUD DE VERDALE, ne peuvent avoir eu lieu la même année, puisque certaines églises mentionnées dans cette bulle ne se trouvent pas dans le récit de l'évêque du XIVe siècle. C'est en particulier le cas pour Saint-Denis de Montpellieret.

Il nous semble bien difficile d'admettre que ARNAUD DE VERDALE ait donné, en 1080, cette église aux chanoines. Il est très probable en effet que, à cette époque, elle avait été usurpée par Guillem V, et que ce seigneur ne la rendit à l'évèque qu'en 1090 (Cf. Cart. de Maguelone, reg. E, fol. 111, édité dans ARNAUD DE VERDALE, éd. GERMAIN, p. 176). Il y eut à cette époque un accord: l'évêque partagea Montpelliéret en trois sections; une fut cédée à Guillem V, une autre à Bernard Aranfred, la troisième resta en possession de l'évêque; mais l'église devint la propriété de ce dernier avec le cimetière et ses dépendances et le tiers seulement des dimes. Guirpivit predictus Villelmus eidem episcopo Gotafredo ecclesiam de Montpestlairet... et cum tertia parte decime (Cart. de Maguelone, reg. E, fol. 111; Cf. aussi Cart. des Guillems, édit. pp. 69 et suiv.).

Nous ne pouvons évidemment, dans cette note, donner une analyse, même sommaire, de l'accord qui eut lieu cette année entre Guillem V et Godefroid. On remarquera cependant que, dans l'acte cité, l'évêque ne garde pour lui que le tiers des dimes. Les deux autres tiers furent abandonnés à Guillem V et à Bernard Aranfred, chacun pour un tiers. Godefroid dut donc céder aux chanoines de Maguelone cette église telle qu'il la possédait. Plus tard, en 1149, Raimond racheta aux descendants de Bernard Aranfred le tiers que, en vertu de la convention de 1090, ils possédaient sur Montpellieret, et, enfin, il acquit d'autres possessions dans cette paroisse, comme nous l'avons déjà dit.

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En quoi les chanoines furent-ils lésés par ces nouvelles acquisitions de l'évêque ? Celui-ci, devenu propriétaire des deux tiers de Montpelliéret, voulut-il aussi revenir sur la décision de son prédécesseur et enlever cette église au chapitre? Nous pencherions pour cette hypothèse, bien que nous n'ayons aucun autre document que celui que nous commentons.

Il nous suffit d'avoir donné ces renseignements historiques; le lecteur peut se former une opinion et interpréter la bulle d'Adrien IV.

On nous permettra cependant de faire encore ici une réflexion. Nous avons été surpris de ne pas trouver cette bulle, nous ne disons pas dans le Bullaire de Maguelone ni dans le Cartulaire, mais dans le Livre des Privilèges, dans lequel nos chanoines ont recueilli tout ce qui était en leur faveur, et tout ce qui était contre l'évêque. On comprend que cette bulle de blâme ne figure pas dans le Cartulaire, d'où elle aurait passé dans le Bullaire. Nos évèques ont eu soin de ne pas faire collection de pareils documents, et nous comprenons parfaitement que celui-ci ne se trouve pas dans le Cartulaire, pas plus que quelques autres qui ne sont pas à leur louange, par exemple, la bulle d'Alexandre III à Jean de Montlaur.

Cela nous porterait à croire que les torts du prélat ne furent pas aussi graves que le Pape le dit; peut-être cette note servira-t-elle à expliquer un peu la conduite ou, du moins, à atténuer les torts d'un évêque qui fut un des grands bienfaiteurs du chapitre.

60-XXXIX. 29 octobre 1157-1158

Adrien IV approuve l'accord fait par l'évêque au sujet des dimes de Ganges et de Laroque-Aynier.

Adrianus episcopus, servus servorum Dei, venerabili fratri Raimundo, Magalonensi episcopo, salutem et apostolicam benedictionem (').

Rationis (2) ordo suadet et vigor exigit equitatis ut que rationabiliter (3) diffinita et statuta esse noscuntur, ne processu temporis dilabantur (*) a memoria posterorum, litterarum fidei (5) committantur (6) et nostro munimine roborentur.

Tue itaque petitioni () grato concurrentes assensu, diffinitionem (*) quam inter ecclesiam de Agantico et ecclesiam de Rocca super clericis et

(1) Bull.: salutem etc.; Cart. a la formule complète.

(2) Cart. et Bull.: racionis.

(3) Cart.: racionabiliter; Bull. a ce mot en abrégé.

(4 Cart.: dilabatur; Bull.: dilabantur.
(5) Cart.: fidei; Bull.: fide.

(6) Cart. et Bull.: commutantur.
(7) Cart.: en abrégé; Bull.: peticioni.

(8) Cart. et Bull.: diffinicionem.

proventibus (') decimarum ipsius ecclesie de Rocca canonici Magalonensis Ecclesie de mandato tuo (2) et consilio rationabiliter (3) fecerunt, auctoritate apostolica confirmamus et presentis scripti patrocinio communimus.

Nulli ergo omnino hominum liceat hanc (') paginam nostre confirmationis (5) infringere vel ei aliquatenus contraire. Si quis autem hoc attemptare presumpserit, indignationem (6) omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli, apostolorum ejus, se noverit incursurum.

Datum Laterani, ш kalendas novembris.

Bibliographie. Bull. de Maguelone, fol. 46 ro;

Cart. de Maguelone, reg. F, fol. 119 v°; - JAFFÉ et WATTENBACH, n° 10338, qui la mentionnent d'après le manuscrit latin 14618, fol. 55, de la Bibliothèque nationale (non collationné).

Date. La date de cette bulle, comme celle de la suivante, nous parait assez indécise. JAFFÉ la fixe au 24 octobre 1156-1158. Nous préférons 1157-1158. En effet, en octobre et novembre 1156, Adrien IV se trouvait à Viterbe, et ce ne fut que le 12 novembre 1156 que ce Pape revint à Rome.

Laroque-Aynier est un petit village près de Ganges. Jusqu'en 1156 il avait été réuni à cette dernière paroisse. A cette époque, il en fut séparé et devint un prieuré ayant pour patron saint Jean, titulaire de la chapelle du château. Au cours du xive siècle, on voit apparaitre l'église de Sainte-Marie-Madeleine, bâtie près de l'Hérault, en dehors des murs du village, et qui dès lors fut patronne du lieu, malgré l'existence, jusqu'à nos jours, de l'antique église seigneuriale, dont le titulaire, saint Jean l'Évangéliste, resta longtemps encore celui de la paroisse. Le prieuré de Laroque n'a jamais fait partie de la mense capitulaire. Il dépendait directement de l'évèque, qui avait droit de présentation et de nomination (Cf. J. ROUQUETTE, Hist. de la ville de Ganges, p. 81, et J. MANISSIER, Monographie paroissiale de Laroque-Aynier).

On a discuté beaucoup sur l'étymologie de ce mot: Laroque-Aynier. On remarquera que dans la bulle du Pape Adrien IV, il n'y a que le mot Laroque. A notre avis, l'explication la plus véridique, c'est la plus simple: Aynier a été un prénom assez commun dans la famille seigneuriale de ce petit village; son nom latin semble d'ailleurs ne laisser aucun doute sur son étymologie: Larocca-Aynerii.

1

Bull.: proventibus; Cart.: proventus.

(Bull.: hane; Cart.: hac.

2 Bull.: de mandato tuo et consilio; Cart.:

de mandato et consilio tuo.

(3) Bull. a ce mot en abrégé; Cart.: racionabiliter.

Bull. et Cart.: confirmacionis.

6 Bull. et Cart.: indignacionem.

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