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TOMBEAU DU CARDINAL CHOLET dans le chœur de l'église de l'abbaye de St Lucien .

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En 1286, il transigeait avec l'abbaye de Séry, et terminait amiablement un différend survenu entre les officiers du comte de Clermont et les habitants de Saint-Félix, tenanciers de son monastère, au sujet de l'exercice de la justice. L'accord intervenu portait que les officiers du comte ne pourraient exercer aucun droit de justice dans l'intérieur du village, mais qu'ils pourraient poursuivre et saisir les habitants qu'ils trouveraient commettant des délits dans les bois du comte.

Pendant qu'Odon de Nointel administrait ainsi l'abbaye de Saint-Lucien, et sauvegardait ses intérêts, Jean Cholet, son frère, venait d'être promu au cardinalat. Cette haute dignité n'altéra en rien l'affection qu'il avait toujours portée à notre monastère; tout au contraire, il lui fit don de plusieurs maisons aussitôt après sa promotion, et, en 1286, il lui donna toutes les propriétés qu'il avait à Maysel et à Foulangues. On nous permettra de dire un mot de cet illustre bienfaiteur. Son nom, sans doute, appartient à l'histoire de France par la part qu'il prit aux affaires publiques; mais nous ne saurions oublier que ses affections les plus vives ont toujours été pour Saint-Lucien, qu'il a choisi, du reste, pour être le lieu de sa sépulture.

Jean Cholet était né au château de Nointel, quelques années avant Odon. Ne se sentant aucun goût pour les armes, il alla étudier à l'Université de Paris et se fit d'église. Il fut d'abord chanoine de Notre-Dame-du-Châtel, puis de Saint-Pierre de Beauvais. Le célèbre archevêque de Rouen, Eudes Rigault, qui avait apprécié ses talents, dans un de ses voyages à Beauvais, le fit venir près de lui et le nomma archidiacre de Caux, dans son église métropolitaine. Ce fut là qu'il se lia d'amitié avec un autre archidiacre de la même église, avec Simon de Brion, qui devait faire sa fortune. Simon de Brion étant devenu cardinal puis pape, le 22 février 1281, sous le nom de Martin IV, il éleva aussitôt (23 mars 1281) son ami au cardinalat, et lui donna le titre de Sainte-Cécile qu'il avait porté lui-même. Comptant sur les services que pouvait lui rendre sa haute capacité, il lui confia les difficiles emplois qui l'ont rendu l'un des hommes les plus célèbres de son siècle.

Après les vêpres siciliennes, qui coûtèrent tant de sang à la France et dépouillèrent Charles d'Anjou de la Sicile (1282), le pape, indisposé contre Pierre d'Arragon, qui les avait conseil

lées pour en profiter, chargea le cardinal Cholet d'une mission auprès d'Edouard, roi d'Angleterre. L'année suivante (1283), il vint en France, comme légat du Saint-Siége, et prêcha la croisade contre Pierre d'Arragon. Au concile de Paris, tenu en 1284, il décida Philippe III le Hardi à prendre les armes pour venger le sang français, et l'accompagna dans son expédition. Il fut ensuite mêlé à toutes les négociations qui la suivirent, et les dirigea avec une rare habileté. La mort de Martin IV, son protecteur, ne lui fit rien perdre de son crédit. Honorius IV et Nicolas IV continuèrent de l'employer dans les missions les plus difficiles. Ce fut lui encore qui fut député pour amener un traité entre Philippe-le-Bel, roi de France, et Sanche, roi de Castille, et il y réussit avec un véritable succès (1).

Cependant Odon de Nointel, l'abbé de Saint-Lucien, son frère, venait de mourir (1288). Ce coup, le frappant dans ses affections les plus chères, l'avertit qu'il était temps de mettre ordre à ses affaires. Comme il possédait une très-grande fortune, et voulait répandre ses bienfaits autour de lui et surtout dans le pays qui l'avait vu naître et dans les établissements qu'il aimait le plus, il se hâta de faire son testament. Il le rédigea en l'abbaye de Moutier-la-Celle, près de Troyes, et le scella le premier dimanche de l'Avent de l'an 1289. Ce testament contenait plus de deux cents articles, et distribuait sa fortune en une foule de mains. Ainsi, il donnait à l'abbaye de Saint-Lucien, où il choisissait sa sépulture, 2,400 livres d'argent, sa grande bible glosée en huit volumes, et tous ses autres livres glosés de théologie, à condition qu'on célébrerait, tous les mois, un service solennel pour le repos de son âme, et qu'on augmenterait, en ce jour, l'ordinaire des repas du monastère; à l'abbaye de Breteuil, 200 livres parisis; à celle de Saint-Germer, 200 livres; à celle de SaintQuentin de Beauvais, 60; à celle de Beaupré, 100; à celle de Lannoy, 30; à celle de Saint-Martin-aux-Bois, 60; à celle de Saint-Just-en-Chaussée, 50; à celle de Penthemont, 20; à celle de Saint-Paul, 50; à celle de Royaumont, 300; à celle de Gomerfontaine, 100 sous; à celle de Monchy-Humières, 10 livres;

(1) G. Hermant: Hist. de Beauvais, liv. VII, ch. 15.

à celle de Saint-Symphorien de Beauvais, 30; à celle du Paraclet d'Amiens, 300; à celle de Saint-Vaast d'Arras, 100; à celle de Notre-Dame de Soissons, 50; à celle de Saint-Corneille de Compiègne, 40; à celle de Morienval, 100; à celle de Saint-Vincent de Senlis, 100; à celle du Parc-aux-Dames, 30; à celle de SaintRemi de Senlis, 20; à celle de Chaalis, 100; à celle de la Victoire, 20; à celle d'Ourscamps, 60; au prieuré de Variville, 30; à celui de Boran, 40; à celui de Breuil-le-Sec, 20; à l'église de Beauvais et à celle de Rouen, pour fonder deux chapelles, 1,000 livres; à l'Hôtel-Dieu de Beauvais, 60 livres pour acheter de la nourriture aux pauvres malades; aux Frères Mineurs de Beauvais, 40 livres; aux Frères Prêcheurs du même lieu, 40; à la collégiale de Notre-Dame du-Châtel, 60; à chacune des autres collégiales du même lieu, 100 sous; aux Béguines, 100 sous; à la maison de Saint-Thomas des Pauvres Clercs, 100 sous; à l'église cathédrale, 100 livres; aux pauvres natifs de ladite ville de Beauvais, 10 livres; à la léproserie de Saint-Lazare de Beauvais, 30; à la léproserie de Saint-Antoine de Marissel, 100 sous; au curé de Saint-Lucien, 40 sous, et aux pauvres de ce lieu, 10 livres ; au curé de Maulers, 40 sous, et aux pauvres de ce lieu, 10 livres; au curé et aux pauvres de Maysel, 40 livres; au curé de Nointel, 40 sous, et aux pauvres de ce lieu, 20 livres le jour de ses obsèques, et 60 livres pour son anniversaire; au curé et aux pauvres de Saint-Félix, 60 livres; au curé de Cempuis, 40 sous, êt aux pauvres de ce lieu 10 livres; à l'hôpital de Beaumont-sur-Oise, 100 sous; à l'Hôtel-Dieu de Clermont, 20 livres; à l'Hôtel-Dieu de Compiègne, 40; à l'Hôtel-Dieu de Senlis, 10; aux Frères Mineurs de Senlis, 20; à chaque prètre du diocèse de Beauvais, le jour de ses obsèques, 10 sous; à soixante églises pauvres du diocèse de Rouen et à quarante églises pauvres du diocèse de Beauvais, un calice d'argent doré, avec sa patène, du poids de deux marcs; à trente pauvres filles nobles du diocèse de Beauvais, 20 livres à chacune pour aider à les marier, et à trente pauvres filles du peuple du même diocèse, à chacune 10 livres ; à chacune des maladreries du même diocèse, auxquelles il n'avait encore rien légué, 20 sous; aux chanoines et aux pauvres de Mello, 60 livres; au curé de Catenoy, 40 sous, et aux pauvres du même lieu, 20 livres; à la cathédrale de Rouen, 100 livres; à chacun des couvents des Frères Mineurs et Prêcheurs de Rouen, 40 livres; à chacun des

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