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QUATRIÈME PARTIE.

TOPOGRAPHIE ET REVENU TEMPOREL.

I.

L'ABBAYE.

L'abbaye, avec ses dépendances, occupait le terrain situé audessous de l'église de Notre-Dame-du-Thil et compris entre la rue Verte, la rue de la Borne-Trouée, le bras du Thérain dit canal Gonard, le ruisseau de Calais et la grande rue de l'église. Un mur d'enceinte, construit en cailloux, briques et pierres, environnait sinon toute la propriété, du moins toute la partie affectée au service exclusif des religieux. Plusieurs portes le perçaient. La principale s'ouvrait, au nord-ouest, sur cette grande rue montueuse qui conduit à l'église du Thil. Deux baies, d'inégale grandeur, donnaient passage aux voitures et aux piétons. Des rinceaux de feuillages finement sculptés, aux retombées soutenues par des statuettes représentant des anges et saint Lucien portant sa tête, en ornaient les arceaux. Une grille de fer, richement travaillée, fermait la grande porte, et la petite était surmontée d'un écusson aux armes de celui qui les avait fait construire, aux armes de l'abbé Robert d'Esquesnes : d'argent, à la croix de gueules frettée d'or, accompagnée de quatrc billettes d'azur. Le ciseau révolutionnaire a pu les mutiler, mais la croix apparaît encore. Une autre porte, destinée plus spécialement au passage des pélerins et portant le nom significatif de porte des Pardons, s'ouvrait un peu plus haut, du même côté, en face celle du presbytère actuel. Une troisième, dite des Esbattements, perçait le mur de clôture à l'angle sud-est, vers l'abbaye de Saint-Quentin. Les processions passaient par là pour aller à ce monastère.

Plusieurs tours garnissaient le mur d'enceinte. La plus grosse, bâtie au levant, excite encore la curiosité par son imposant aspect. Elle dominait toute la propriété et pouvait servir de défense contre les attaques venant du dehors. C'est une belle construction du xve siècle. On a malheureusement changé son ancienne physionomie, il y a quelques années, en la couronnant de créneaux qu'elle n'avait pas auparavant. L'intérieur, restauré avec intelligence par M. Rayé, propriétaire actuel, offre un beau spécimen des constructions de cette époque. Une autre tour moins importante, dite tour de Luchy, s'élevait à l'angle qui fait face à l'église du village, à peu de distance de la porte des Pardons.

En entrant par la grande porte, on arrivait dans une première cour fermée, au nord-est, par le mur de l'ancien hôtel abbatial, allant du transept de l'église à la porte des Pardons; au sudouest, par l'auditoire ou maison de justice et ses dépendances et par le nouvel hôtel abbatial; au midi, par l'église. L'ancien hôtel abbatial avait été démoli au xvIIe siècle, à cause de son état de délabrement, et on avait affecté au logement des abbés une autre construction plus convenable, auprès du grand portail de l'église. Ce nouveau local ne laissait cependant pas que d'être bien modeste, et on aurait dit, à le voir, qu'on l'avait affublé par dérision du nom pompeux d'hôtel abbatial, tant il contrastait par sa simplicité, dit M. Daniel (1), avec les élégantes constructions qui l'environnaient. Il se composait, d'après l'état estimatif dressé par les agents de la Révolution, d'un rez dechaussée de 27 toises de long sur toises de large, avec cave au-dessous et grenier au-dessus (2).

L'église était un bel édifice des XIIe et XIVe siècles. Batie d'abord de 1090 à 1109, sous les abbés Pierre, Gilbert et Girold, elle fut brûlée, en 1346, par les troupes d'Edouard III, roi d'Angleterre, et reconstruite peu après, par les soins des abbés Pierre de Boran, Aimery Fulcant et Foulques de Chanac. Le plan du monument représentait une croix latine. Sa longueur totale dans œuvre, depuis le fond de la chapelle médiane jusqu'au grand portail,

(1) Notice sur l'ancienne abbaye de Saint-Lucien, par M. le Dr Daniel (Mém. de la Soc. des Antiq. de Picardie, t. vIII).

(2) Arch. de l'Oise Fonds de la Révolution.

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TOUR DE LANCIENNE ABBAYE DE SAINT LUCIEN DE BEAUVAIS

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