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CONCOURS AGRICOLE DÉPARTEMENTAL

TENU A CORMEILLES, LE 16 SEPTEMBRE 1883

(Extrait du procès-verbal.)

Le concours départemental organisé par la Société s'est tenu à Cormeilles le dimanche 16 septembre 1883.

Cette solennité agricole a obtenu un succès complet, grâce aux efforts de l'administration municipale, et à l'appui si généreux et si dévoué de M. Emile Hébert, conseiller général.

Les bestiaux étaient nombreux, d'une belle prestance on remarquait, notamment, de superbes vaches grasses. Les instruments agricoles, rangés autour de la halle, étaient également en très grand nombre et faisaient l'objet des appréciations des connaisseurs.

Sous la halle, avaient été disposés dans un bon ordre et avec beaucoup de goût les produits agricoles. -On a admiré, particulièrement, une très belle exposition de laiterie.

A dix heures et demie, une messe en musique a été chantée en l'église de Cormeilles.

Après l'examen des jurys, la Société s'est réunie en assemblée générale et publique sur la principale place de la ville.

A quatre heures, M. Pouyer-Quertier, sénateur, président de la Société, prenait place sur l'estrade au fauteuil de la présidence. A ses côtés étaient assis: MM. le duc de Broglie, sénateur, président de la section de Bernay; Bru d'Esquille, souspréfet de Pont-Audemer; Ménard, maire de Cormeilles; Izarn, vice-président de la Société; Degrand, ingénieur en chef, président de la section d'agriculture; Emile Hébert, le comte de Blangy, Emile Vy, Hopsore, Join-Lambert, conseillers géné

raux Paul Target, ancien ministre plénipotentiaire; Léon Petit, secrétaire de la section d'agriculture; Buisson, trésorier; Lerenard-Lavallée, secrétaire de la section de Bernay; Piéton, directeur du jardin des plantes d'Evreux; Charles Varillon, Lamiot, etc., etc.

M. le président a ouvert la séance par un discours qui a été couvert d'applaudissements.

Puis, après la lecture de différents rapports, M. Léon Petit a fait l'appel des lauréats, et la séance s'est terminée par la distribution des récompenses.

A sept heures, deux cents convives se sont réunis dans une salle située au-dessus de la halle; plusieurs toasts ont été portés, et la fête s'est terminée par un feu d'artifice et de brillantes illuminations.

Le Série, TOME VI.

DISCOURS

PRONONCÉ PAR M. POUYER-QUERTIER, SÉNATEUR,
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ

MESSIEURS,

C'est à la Société libre d'agriculture, sciences, arts et belleslettres de l'Eure, que je dois l'honneur de présider aujourd'hui ce brillant concours agricole départemental.

Laissez-moi remercier du fond du cœur M. Léon Petit et tous les membres de cette active et bienfaisante compagnie, pour m'avoir placé à leur tête pour l'année 1883, et pour m'avoir permis d'admirer les bestiaux superbes que j'ai vus exposés sur le champ du concours par leurs intelligents et habiles. propriétaires. Vous m'avez fourni aussi, Messieurs et honorables collègues, l'occasion de venir, à l'une des extrémités du département de l'Eure, contempler ce charmant pays, que ses habitants ont tenu à décorer encore des plus ravissantes guirlandes et des plus pittoresques trophées agricoles. Nous pouvons ici juger sur place des immenses progrès faits dans ce pays par la création des herbages; nous ne saurions trop les encourager, et vous ne sauriez suivre trop exactement les recommandations si précises et si intelligentes de la commission que nous avions chargée de visiter vos fermes, vos étables, vos laiteries et vos fromageries. C'est dans cette direction et dans le perfectionnement de ces créations nouvelles que vous devez porter vos efforts.

Nous connaissions depuis longtemps les intérêts et les besoins des populations agricoles de ce canton; nous vous savions

animés d'un sage et prudent esprit de progrès; mais, depuis longtemps déjà, votre distingué et dévoué conseiller général, M. Emile Hébert, notre excellent collègue, nous avait fait connaître vos légitimes désirs et vos justes aspirations; car il ne manque jamais de les exposer et de les défendre à chaque session du conseil général.

De grands résultats déjà ont été obtenus; de nombreuses voies de communication perfectionnées ont été ouvertes dans toutes les directions; mais aujourd'hui cela ne peut suffire à une région dont le développement agricole est devenu merveilleux. C'est un chemin de fer qu'il vous faut pour vous relier à la mer, d'un côté, par Pont-l'Evêque, et au chef-lieu du département par Thiberville et Bernay. Sur l'insistance de notre digne et éclairé collègue M. Hébert, et sur celle de notre honorable collègue de Thiberville, M. Emile Vy, vous pouvez compter que le conseil général s'associera à leurs efforts, non seulement par ses vœux, mais encore par un concours financier du département.

Vos intérêts sont en bonnes mains; vous ne sauriez les confier à des hommes d'un dévouemeut plus éprouvé et plus énergique. Tout doit donc vous faire espérer qu'avec la persévérance bien connue des représentants du canton de Cormeilles et de celui de Thiberville, cette ville et toutes les populations que la ligne projetée doit desservir verront, avant peu d'années, leurs vœux réalisés.

Et, d'ailleurs, Messieurs, dans une époque où tant de lignes. traversant des contrées presque désertes et stériles, ont été créées sans nécessité, comment pourrait-on négliger l'établissement d'un chemin de fer qui doit parcourir vos fertiles, vos fécondes et plantureuses vallées, et donner satisfaction à vos laborieuses et industrieuses populations? C'est assez dire que, de toute évidence, votre droit à l'exécution de ce chemin de fer de Bernay à Pont-l'Evêque par Thiberville et Cormeilles ne saurait être plus longtemps contesté.

Le devoir du gouvernement est de venir sans retard à votre

aide, en créant des voies ferrées dont vous avez besoin; car celles-ci, au moins, payeront largement l'intérêt des sommes qu'elles coûteront, ce qui est le cas le plus rare dans le fameux plan dont vous avez entendu parler.

Qui oserait nier, aujourd'hui, les souffrances de l'agriculture? De toutes parts, en effet, n'entendez-vous pas ses plaintes ?

Le moment n'est-il pas venu de tenir les engagements solennels qui ont été pris envers elle aussi bien qu'envers l'industrie ?

Toutes les branches du travail national sont dans la situation la plus précaire, sans que le gouvernement y apporte le moindre remède. Les statistiques officielles constatent, chaque mois, l'envahissement de nos marchés par les produits naturels ou manufacturés de l'étranger, et, cependant, aucune mesure efficace n'est prise pour mettre une digue à ce courant destructeur.

C'est ainsi que la culture du colza a diminué de plus de moitié dans nos campagnes; que la culture du lin est réduite des deux tiers; que la betterave est menacée par les concessions accordées aux sucres allemands et autrichiens. C'est ainsi que le cultivateur abandonne la production de la laine, que nos industriels remplacent par des produits de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, et autres de toute provenance. C'est ainsi que le producteur de blé a diminué les emblavures dans d'énormes proportions, parce qu'il n'y a plus que de la perte à cultiver les céréales.

Dans les départements les plus fertiles de France, l'Aisne, les Ardennes, l'Eure-et-Loir, et tant d'autres que je ne puis énumérer ici, tant ils sont nombreux, on a renoncé pour plus de moitié à la culture du blé.

A quelle cause attribuer les déplorables résultats que chacun peut constater aujourd'hui ? On peut répondre sans hésiter: à un régime économique détestable au point de vue français, à un régime financier désastreux.

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