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Société libre d'Agriculture

SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DU DÉPARTEMENT de l'eurb

SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 AVRIL 1882

DISCOURS

PRONONCÉ

PAR M. JULES BARRÈME, PRÉFET DE L'EURE

Président de la Société

MESSIEURS,

Je tiens à ce que mes premières paroles devant la Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l'Eure soient pour assurer votre compagnie de mon dévouement aux intérêts si variés et si considérables qu'elle représente et qu'elle soutient avec un si vif amour de son

pays.

Je ne me dissimule pas les difficultés de la tâche que vos suffrages m'imposent, car je sais combien les souvenirs qui planent sur vos réunions ont le droit de vous rendre exigeants.

M. Léopold Delisle, qui continue avec tant d'éclat et tant d'autorité l'œuvre d'Auguste Le Prévost, une des plus pures illustrations normandes, vous présidait l'année dernière pour la seconde fois et je ne dois pas oublier que, deux fois aussi, vous avez décerné l'honneur de cette présidence à M. l'amiral La Roncière-Le Noury qui, comme savant et comme marin, a

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acquis des titres indiscutables à la reconnaissance de ses concitoyens.

Je viens au milieu de vous appelé par la tradition, et j'y resterai fidèle en m'associant à vos efforts et en me faisant l'interprète de vos vœux.

L'heure me semble particulièrement propice pour formuler vos légitimes revendications.

L'agriculture, qui a toujours été votre préoccupation fondamentale, a enfin une représentation distincte au premier rang des institutions gouvernementales. Dans la sphère indépendante et élargie où elle pourra désormais se mouvoir, elle est en possession de moyens d'action qui, bien dirigés, doivent lui ouvrir une voie nouvelle, lui permettre de réaliser des progrès rendus jusqu'à présent difficiles et lui assurer à côté du commerce et de l'industrie, puissants à la fois par leur organisation et par leur prépondérance financière, une place qu'elle aura d'autant plus à cœur d'occuper dignement qu'elle a été plus longtemps à l'obtenir.

Si nous avons été si lents à faire, en France, ce qu'on a fait déjà en Allemagne, en Autriche, en Italie, aux Etats-Unis, en donnant à l'agriculture une autonomie séparée, c'est peut-être parce que cette industrie nationale est par excellence une industrie privée.

Elle n'a pas besoin d'être administrée dans le sens ordinaire du mot. Le rôle du gouvernement doit être surtout d'encourager l'initiative individuelle, d'imprimer une bonne direction. aux associations qu'il subventionne, d'aider le cultivateur, depuis le possesseur d'un modeste champ jusqu'au grand propriétaire foncier, à atteindre le maximum de la production au plus bas prix possible. Ce qu'exigent les intérêts de l'agriculture dont les souffrances se répercutent plus ou moins vite, mais infailliblement sur la prospérité publique, c'est qu'elle soit instruite, renseignée, encouragée par l'administration supérieure dont elle doit, plus que jamais, attendre un concours dévoué.

Ce concours, j'hésite d'autant moins à vous le promettre que votre Société n'a jamais cessé d'être pour l'administration un utile auxiliaire.

Répandre les connaissances scientifiques et leurs applications agricoles par l'enseignement oral et par des concours qui frappent les yeux du cultivateur, combattre aussi la routine, propager les résultats acquis en France et à l'étranger, indiquer les progrès qui peuvent être réalisés : voilà le but que vous avez poursuivi avec persévérance, et je peux ajouter avec succès.

Les résultats que vous avez obtenus sont à la fois la récompense des efforts que vous avez faits et un encouragement à persévérer dans la voie déjà tracée.

Si vous regardez autour de vous, il vous est facile de constater que vos enseignements ont porté leurs fruits.

La charrue a conquis de nouveaux espaces, la jachère a été considérablement réduite; les terres, copieusement fumées et amendées, donnent plus de froment et d'avoine, et, dans vos plaines du Vexin, la betterave a transformé les conditions de l'exploitation agricole.

En même temps, et c'est là le revers de la médaille, le nombre des ouvriers agricoles se raréfiait, ceux qui n'ont point émigré vers les villes ont exigé un salaire plus élevé. Ce bouleversement subit du prix de revient a causé un grave embarras au chef de l'exploitation, mais avec cette tenacité qui est sa qualité dominante, le cultivateur français ne s'est pas laissé abattre. Il a fait appel aux machines. Il a remplacé le bras de l'homme au moment de la maturité par des faucheuses et des moissonneuses. Des entrepreneurs de battage ont parcouru les campagnes, louant des machines à qui ne pouvait en acheter. En vingt années, on a renouvelé le matériel agricole et triomphé de la crise. Les exploitations sont restées debout victorieuses pendant que le travailleur agricole conquérait cependant un salaire plus équitable. Ce sont là des signes certains de l'ac

croissement de la richesse publique et du bien-être de

tous.

Ces progrès, c'est l'amélioration des méthodes de culture, c'est l'intelligence, c'est le travail qui les ont réalisés.

Ils montrent que vous êtes dans la bonne voie et doivent vous exciter à continuer. Le gouvernement vous y secondera de toutes ses forces.

Par l'enseignement agricole qu'une loi récente a décrété et dont notre département profitera dans quelques mois, le travail plus raisonné deviendra en même temps plus attrayant et plus productif, il contribuera à retenir aux champs les populations qui seraient tentées de les quitter.

Par ses subventions à vos concours, le gouvernement continuera à favoriser sa propagation des bonnes méthodes, des machines et des instruments perfectionnés. Par ses encouragements, il vulgarisera la pratique des irrigations dont les effets sont si bienfaisants.

Par l'amélioration des voies et des moyens de transport, par le dégrèvement des impôts qui pèsent sur l'agriculture, il amélorera de plus en plus les conditions économiques de la production agricole.

C'est ainsi que le gouvernement vous rendra plus facile la solution de ce problème qui s'impose à toute industrie: produire davantage et à meilleur marché.

C'est ainsi qu'il conciliera, autant qu'il est possible, les différents devoirs qui lui incombent.

Quant à vous, Messieurs, par la persévérance de vos efforts, vous contribuerez de plus en plus à développer le travail national et la richesse publique.

SECTION DE L'ARRONDISSEMENT DE BERNAY

CONCOURS AGRICOLE

TENU A THIBERVILLE, LE 17 SEPTEMBRE 1882

RAPPORT

SUR

L'EXPOSITION DES PRODUITS ET INSTRUMENTS AGRICOLES PRÉSENTÉ PAR M. ÉLIE CASSÉ, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ

MESSIEURS,

J'avoue qu'avant d'entrer dans l'exposition nous étions loin, nous membres du jury des récompenses, de penser rencontrer des produits aussi beaux et en aussi grand nombre, surtout en présence des souffrances de la culture pendant ces dernières années. Aussi, avons-nous été fort agréablement surpris, et si l'inspection, l'étude et le classement de ces multiples objets nous ont causé quelque fatigue, nous sommes loin de nous en plaindre, puisqu'à chaque pas il nous a été donné de constater des améliorations qui nous ont procuré une joie véritable et nous ont fait dire d'un commun accord:

- « Oui, le progrès vient lentement, c'est incontestable, mais il vient!... Le nier, serait vouloir fermer les yeux à la lumière !... >>

Je suis un enfant du pays, moi ; j'ai plus de cinquante ans, et je me rappelle fort bien dans quel état misérable se trouvait notre petite bourgade au temps de ma jeunesse. Pas de routes carrossables, pas même de chemins praticables souvent, mais

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