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furent conduites naturellement à donner au nouveau point d'arrêt le nom de la station primitive, comme, de nos jours, on donne à des stations de chemins de fer le nom de localités qu'elles desservent et qui en sont parfois éloignées. C'est ainsi, peut-être et même assez probablement, que se créa ou se développa, à l'endroit qui fut depuis Saint-Remy, un centre d'habitation, qui dut s'accroître encore après la destruction de Glanum, que l'on rapporte à l'année 408, et qu'on attribue aux Vandales.

On le confondait si peu, dans le haut moyen âge, avec le Glanum des anciens, que, d'après le roman de Tersin, ce n'est pas à Saint-Remy, mais à Freta, c'est-à-dire au pied du mont Gaussier, que la tradition mettait l'emplacement de la ville ruinée (2).

C'est à une époque plus rapprochée, après que le bourg qui avait servi de relai ou de station sous l'empire fut devenu, avec le territoire qui en dépendait, la propriété de l'église ou de l'abbaye de Saint-Remi de Reims, qu'il prit le nom de vicus Santi Remi ou Santi Remidi, inscrit sur les monnaies de la fin du vr° siècle, et plus récemment encore celui de villa Sancti Remigii, que nous trouvons dans le diplôme royal de 964.

(1) Dans cet ordre d'idées, il n'est pas inutile de signaler le fait suivant : M. L. Blancard s'étant rendu à Maillane, près Saint-Rémy, où réside et où est né Frédéric Mistral, questionna l'illustre poète provençal sur les antiquités de Saint-Remy, et celui-ci affirma à notre correspondant et ami, que «dans la ville, il y avait

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APPENDICE.

I

DIPLÔME DE L'empereur louis l'aveugle, ROI DE PROVENCE, PORTANT CONCESSION À L'ÉVÊQUE AMÉLius de la curtis fretus, situÉE DANS LE COMTÉ D'AVIGNON ET DE SON ÉGLISE, DÉDIÉE À SAINT REMI.

(17 septembre 903.)

In nomine sanctæ et individuæ Trinitatis, Hludovicus, divina ordinante providentia Imperator Augustus. Omnium fidelium nostrorum, præsentium scilicet ac futurorum noverit industria, quoniam Teutbertus comes (1) et Walo vir strenuus, nostri dilectissimi fideles, nostram adeuntes excellentiam, enixius postulaverunt quatinus cuidam nostro fideli, eximio præsuli Amelio (2), concederemus jure proprietario curtem quæ nuncupatur Fretus, cum ecclesia in honore S. Remigii dicata, conjacente in comitatu Avenionensi, cum omnibus adjacentiis ac pertinentiis ejus, cum servis et ancillis utriusque sexus, omnia omnino in integrum, per præceptum nostræ auctoritatis. Quorum precibus assensum præbentes, hoc serenitatis nostræ præceptum fieri decrevimus, per quod jamdictus fidelis noster Amelius episcopus præfixam curtem Fretum futuris temporibus obtinere valeat.

Signum domni Hludovici serenissimi imperatoris Augusti.

Arnulfus cancellarius, jubente domno imperatore, recognovi et subscripsi. Data xv cal. octobris, anno Dominicæ incarnationis DCCCCIII, indictione vi, anno, imperante domno Hludovico imperatore. Actum Lugduno, in Dei nomine feliciter, Amen.

(Dans Dom Bouquet, Historiens de France, t. IX, p. 682.)

(1 et 2) Voir la note qui suit ce diplôme.

NOTE SUR DEUX PERSONNAGES MENTIONNÉS DANS L'Acte ci-dessus.

De quel comté Teutbert était-il en possession? Quel est le siège épiscopal qu'occupait Amélias ?

1° Le comte Teutbert.

Teutbert était, suivant nous, comte d'Avignon. Un personnage de ce nom figure, avec cette qualité, dans un autre diplôme, par lequel l'empereur Louis l'Aveugle, sur sa demande, concède à Rémigius, évêque d'Avignon, une île située en aval de cette cité (1); ce diplôme est daté, on le verra plus loin, de 908 ou gng (2). Il s'agit, dans le titre de 903, d'un domaine dépendant du comté d'Avignon.

Il est donc assez naturel de penser que le Teutbert de ce dernier acte peut être identifié avec le comte d'Avignon, mentionné dans celui de 908 ou gog.

2° L'évêque Amélius.

Amélius paraît avoir occupé le siège épiscopal d'Avignon.

Nous voyons en effet, dans le diplôme de 903, qu'il fut présenté à l'empereur par le comte Teutbert, comme le fut, en 908 ou 909, l'évêque d'Avignon Rémigius. La curtis Fretus, donnée par l'empereur à Amélius, est située dans le comté d'Avignon. Ce sont là des circonstances qui, a priori, autorisent à voir dans Amélius un évêque d'Avignon.

Il ne figure point sur la liste des évêques de ce diocèse dressée par les auteurs du Gallia Christiana. Nous croyons qu'il peut être placé, sur cette liste, entre Rotfrédus ou Rotfridus, dont la dernière mention se trouve en 879, et Rémigius, dont les seules mentions certaines se rencontrent dans l'acte déjà cité de 908 ou 909, que les Bénédictins ont daté de 905, et dans un autre diplôme qu'ils ont daté de 907, et que nous faisons descendre à 910 ou 911.

Ces deux actes portent respectivement les notes chronologiques suivantes : Le premier « Datum XIV cal. novembris, anno VII regni Hludovici piissimi Augusti, indictione xI. Actum Vihenna, etc. (3). »

:

(1) Gallia Christiana, t. I, instrument., p. 137, col. 2.

(2) Et non de 905, comme l'ont cru les au

teurs du Gallia Christiana, ibid., col. 805.

(3) Voir cet acte dans le Gallia Christiana,

t. I, instrum., p. 138, col. 1.

Le deuxième « Datum xvII cal. junii, indictione xv, anno ix regni Hludovici piissimi imperatoris. Actum Viennæ, etc. (1). »

Les savants Bénédictins ayant, d'après la Chronique de Réginon, placé en 898 le couronnement de Louis l'Aveugle comme empereur, ont daté les deux diplômes dont il s'agit de 905 et 907 (2). Mais cet événement ayant eu lieu en réalité le 12 février 901 (3), il faut faire descendre les deux dates à 908 ou gog, et à et à 910 ou 911 (4).

Nous ne devons pas omettre de faire remarquer qu'il règne une assez grande incertitude sur le mode de dater les actes de Louis l'Aveugle, à raison surtout de ses trois avènements successifs: d'abord comme roi de Provence, en 890; comme roi d'Italie, à la fin de 899 ou au commencement de l'an 900; et enfin comme empereur, en 901 (5).

Au demeurant, les différences de computation n'ont pas, dans l'espèce, une importance sérieuse, puisque ces différences se bornent à trois ans et que, dans tous les cas, il existe entre la dernière mention certaine de l'épiscopat de Rotfrédus, qui se trouve en 879, et la première mention certaine de celui de Rémigius, qui se rencontre en 908 ou au plus tôt en 905 (6), un intervalle considérable, où pourrait se placer le gouvernement de l'évêque Amélias, nommé dans le diplôme de 903.

(1) Nous formulons cette date d'après la mention contenue dans le nouveau Gall. Christ., t. I, col. 805.

(2) Ibid., note a.

(3) Art de vérifier les dates, édit. in-8°, t. VII, p. 295, et t. X, p. 378. Rappelons que, dans la plupart des provinces, au moyen âge, l'année se prolongeait jusqu'à Pâques, c'est-à-dire jusqu'en mars ou en avril.

(4) L'indiction XI, marquée sur le premier des deux actes, tombe exactement en go8. L'indiction xv, marquée sur le deuxième, tombe en 912, et ne concorde pas avec l'année 910 ou 911. Mais elle se concilierait encore moins avec la date de 907.

(5) D. Martène a signalé trois modes diffé

rents de computation pour les seules années du règne de Louis comme empereur, les faisant partir tantôt de 898, tantôt de 901, tantôt enfin de 903. Aussi recommande-t-il de s'en tenir aux dates de l'Incarnation, quand elles se rencontrent. (Voir Gallia Christ., t. I, col. 8o6.)

(6) Les auteurs du Gallia Christiana ont rapporté une opinion d'après laquelle il y aurait eu à Avignon, en 893, un évêque nommé Haimo; mais ils déclarent que cette opinion n'est point basée sur des raisons sérieuses. De leur côté, ils ont énoncé que Rémigius, et son successeur Folchérius, ont occupé le siège d'Avignon de 898 à 916. Mais cette allégation, quant à l'épiscopat de Rémigius dès 898, n'est appuyée d'aucune preuve.

II

DIPLÔME DE CONRAD LE PACIFIQUE, roi de PROVENCE, QUI CONFIRME Les conceSSIONS FAITES AU MONASTERE DE MONTMAJOUR PAR LE PAPE LÉON VIII, L'EMPEREUR OTHON ET L'IMPERATRICE ADÉLAÏDE, ET LUI CONCÈDE, EN OUTRE, DES PARTIES DE LA TERRE DE SAINT-REMI DE REIMS, QUE LE COMTE D'ARLES BOSON A RESTITUÉES AUDIT EMPEREUR, NOTAMMENT LE BOURG DE SAINT-REMY, AVEC SES ÉGLISES ET SES TOURS.

NOTA.

(8 décembre 964 (1).)

Ce diplôme, que nous publions d'après un document inédit du x1° siècle, a été déjà édité par Honoré Bouche, par les auteurs du nouveau Gallia Christiana, et par Dom Bouquet (2), mais avec des variantes et des omissions que nous signalons au bas du texte, avec la désignation des précédents éditeurs par les initiales B., G.-Ch. et Bouq.

Privilegium Conradi regis.

In nomine sancte et individue Trinitatis, Chuonradus, summa opitulante clementia piissimus rex. Notum sit omnibus sancte Dei ecclesie fidelibus presentibus atque futuris, qualiter monachi ex monasterio sancti Petri apostoli de Montemajore pecierunt nostram regalem auctoritatem, ut omnia que habent ad prefatum adquisita per instrumenta d[onationum sive con cambionum, ut illis per nostre firmitatis precepta corroboraremus; quod et ita pro Dei amore fecimus. Volumus namque ac firmiter per hoc 1 nostros apices decernimus, ut hoc quod domnus Leo', apostolicus, atque Otto, imperator Augustus, ac soror nostra Adelhais3, imperatrix, ex terra * sancti Petri apostoli, Nos, pro Dei amore' postularunt prenominatis monachis tenere" permittatur, et insuper hoc, quod Boso Arelatensis comes nobis reddidit, illis concedendum de terra Sancti Remigii de Francia et in

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Conradus G.-Ch. b Divina B., G.-Ch.,

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Presentibus deest B., Bouq. · Bouq. Apostoli abest B., Bouq.- Monte-major G.-Ch.; Monte-majore Bouq.-' Petierunt B., Bouq.; petiere G.-Ch. Chartarum sive concambiorum B.; cartarum sive concambio

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Ita et pro Bouq.; et abest B.

1 Pro Dei amore desunt B.

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(1) Voir, à la suite du texte et des variantes du diplôme, notre note justificative de cette date.

(2) H. Bouche, Chorographie de Provence,

t. I, p. 804. Gallia Christiana, t. I, instrum., p. 103, col. 2 et p. 104, col. 1. — Dom Bouquet, Historiens de France, t. IX, p. 700-701.

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