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Saint Josse naquit en 593, sur les marches du trône de Bretagne; arrivé à l'âge de l'adolescence, il abandonna furtivement le palais de son père, et renonçant aux honneurs que l'avenir lui réservait, il accompagna, jusqu'à Paris, des pèlerins qui se rendaient à Rome. Le désir de suivre plus parfaitement la vocation divine l'ayant déterminé à s'adonner d'une manière exclusive aux pratiques de la pénitence et à la contemplation, il quitta ses compagnons et se dirigea vers le Ponthieu, cherchant, au sein des forêts qui couvraient le pays, les endroits les plus sauvages, les solitudes les moins accessibles. Le duc Haymon gouvernait alors la contrée; informé de la présence du saint étranger, il le manda à sa cour, lui offrit

une bienveillante hospitalité et parvint à le retenir quelque temps; mais d'inévitables distractions rendirent bientôt insupportable au pieux solitaire la résidence opulente où il ne pouvait satisfaire son amour du recueillement. Il voulut s'enfoncer dans les bois et obtint de son hôte, la terre nommée Brahic. C'est là, qu'il construisit sa première cellule en 643. Après avoir passé huit années dans cet ermitage, Josse obtint de son bienfaiteur un autre endroit, nommé Runiac, Rimiac, ou Rimac. Il y établit une chapelle qu'il dédia à saint Martin: à Brahic s'élèvera le monastère primitif de Saint-Josse-au-Bois; Runiac deviendra l'abbaye de Dommartin.

Josse habitait une hutte couverte de feuillages, qui lui servait d'oratoire et d'abri contre l'intempérie des saisons; de nombreux visiteurs accouraient, séduits par la renommée des vertus du pieux anachorète, et se pressaient autour de lui, afin de sauver leur âme et de gagner le ciel sous la direction de cet homme de Dieu. L'éloquence de ses discours était grande, mais combien plus persuasive encore se révélait l'éloquence de ses exemples! Une charité excessive lui faisait oublier l'exiguité de ses propres ressources: quatre misérables s'étant un jour présentés à lui, reçoivent les quatre portions de son dernier pain, malgré les remontrances du disciple Wilmar, lorsque soudain apparaissent, sur la rivière d'Authie, quatre barques chargées de vivres et dirigées par une main invisible: le Seigneur récompensait la foi vive de son serviteur par un prodige dont le souvenir s'est perpétué d'âge en âge dans les armoiries de l'abbaye de Dommartin qui adopta: trois barquettes d'or (2 et 1) sur fond d'azur.

On s'accorde à dépeindre sous de bien sombres couleurs

les différentes stations qui furent occupées par saint Josse, en Ponthieu (1).

Cependant on osait affronter un désert vraiment redoutable et s'aventurer dans l'épaisseur de la forêt pour le voir et l'entendre jusqu'au moment où, effrayé de la réputation que lui attiraient ses austérités, Josse s'éloigna de nouveau, et vint au lieu où fut ensuite fondée l'abbaye qui glorifia son nom (2).

Autour de la modeste chapelle, dédiée plus tard à saint Josse, s'étaient groupées quelques cellules habitées par ses disciples. Après que leur maître les eut abandonnés ils continuèrent les traditions de la vie cénobitique qu'ils avaient reçues de lui. Ils faisaient une large part à la prière, au jeûne, à la mortification; le silence n'était interrompu que par le chant des psaumes, et le travail des mains était le seul délassement autorisé pour ces hommes vertueux soumis à la règle de saint Augustin. Tels sont les débuts de la pieuse famille de chanoines qui se recruta et se perpétua trois siècles, sans annales, sans illustra

(1) « Sciant in loco ubi ecclesia canonicorum sancti Judoci fundata est, « antiquitùs tam vastum et horribilem fuisse Eremum ut cunctis penè « transeuntibus solitudo horrorem incuteret. » P. Cart. de Dommartin, folio 7.

(2) Abbaye de Saint-Josse-sur Mer. Ordre de saint Benoit. Ce qu'on appelait primitivement la celle de Saint-Josse, était un hôpital destiné à recevoir les pèlerins qui affluaient à son tombeau, doté de biens considérables par Charlemagne, qui en attribua l'administration au célèbre Alcuin. Plus tard, Loup abbé de Ferrières l'obtint à titre de bénéfice. Ruiné par les normands, la « celle > devenue l'abbaye de Saint-Josse fut rétablie au Xe siècle par Sigebrand, secondé par le comte de Ponthieu. 34 prélats la gouvernèrent après lui jusqu'en 1530; elle tomba alors en commande. Etienne Moreau, pourvu de l'abbaye de Saint-Josse en 1620, devint évêque d'Arras. C'est le plus illustre des abbés commandataires,

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