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SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE LA MORINIE

LES CHARTES

DE

126807

SAINT-BERTIN

D'après le GRAND CARTULAIRE de Dom Charles-Joseph Dewitte

dernier archiviste de ce monastère

PUBLIÉES

ou analysées, avec un grand nombre d'extraits textuels

PAR M. L'ABBÉ DANIEL HAIGNERÉ

Ancien archiviste de la ville de Boulogne, Lauréat de l'Institut de France et des concours de Sorbonne,
membre de l'Académie de la Religion catholique de Rome, correspondant de la Société

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IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE H. D'HOMONT, RUE DES CLOUTERIES, 14.

M.DCCC.LXXXVI

INTRODUCTION

I

La célèbre abbaye de Saint-Bertin conservait, à la fin du dernier siècle, un incomparable dépôt d'archives. Nulle part, dans la région du Nord, il n'y en avait d'aussi riches en documents de tout genre.

Malheureusement, c'était la toison d'or du jardin des IIespérides. Les archives de Saint-Bertin étaient fermées au travailleur. Personne n'en put jamais avoir la clef. Ni Du Cange, ni Du Chesne, ni Malbrancq, ni Mabillon, ni les Bénédictins de Saint-Maur, ne furent admis à en inspecter les richesses, autrement que dans la pénombre des Cartulaires 1.

Ces recueils étaient anciens, il est vrai, et considérables. Le premier, rédigé en 962 par le diacre Folewin, contenait huit pièces du septième siècle, douze du huitième, vingt-six du neuvième, une du dixième, transcrites, pour la plupart, in extenso. Le second, dû aux veilles laborieuses. de l'abbé Simon Ier, conduisait l'œuvre de son prédécesseur jusqu'à l'an 1095, et nous en ignorons le contenu 2.

1 Voyage littéraire, première partie, pp. 183, 184. André Du Chesne me paraît être le seul à qui l'on ait communiqué un certain nombre d'originaux, relatifs à l'histoire des Comtes de Guînes.

2

* Le texte du ms original de Simon enregistrait des chartes qui ont été omises dans l'apographe n° 723, notamment les actes n° 71, 130, 134, 144, qui y figuraient respectivement, aux fos 5 vo, 2 v°, 19 v° et 33 vo.

-

De ces deux recueils, entremêlés de détails qui en faisaient une chronique, on possédait la rédaction autographe: celle de Folcwin, en un volume parchemin, de 326 pages, mesurant huit pouces et demi de hauteur, sur cinq pouces et demi de largeur ; celle de Simon, en un volume, également parchemin, de 33 feuillets (66 pages), ayant huit pouces et demi moins une ligne de hauteur, sur six pouces moins deux lignes de largeur; mais ces deux précieux manuscrits ne faisaient point partie de la Bibliothèque, et ils reposaient ordinairement dans les archives avec les titres originaux. Ce qui était mis plus communément ou, pour mieux dire, uniquement à la disposition du public, c'étaient lo le manuscrit no 721 de la Bibliothèque de l'abbaye, apographe, ou copie de Folcwin, écrite dans les dernières années du XIIe siècle ; 20 le manuscrit n° 723, copie plus ou moins modifiée du cartulaire de Simon, exécutée par la même main et suivie d'une continuation qui s'arrête à l'an 1187; 30 le manuscrit n° 724, intitulé Diplomata Bertiniana, recueil de pièces diverses, contenant trois cent soixante-dix-huit chartes des x1o, x11o et x1° siècles, disposées sans ordre, ou plutôt classées d'après un plan dont l'ordonnance nous échappe 1. Ces trois manuscrits, auxquels on peut joindre ceux d'Alard Tassart, rédigés au commencement du xvr° siècle, sont les seuls qui aient été réellement et sérieusement consultés par les érudits qui, avant la Révolution française, se sont occupés d'éclaircir les obscurités de nos annales, en recourant aux documents originaux.

II

Cependant, grâce à la nécessité où l'administration abbatiale s'est trouvée plusieurs fois d'affirmer ses prérogatives et de défendre ses

Il paraît y avoir là un classement opéré d'après l'affectation attribuée aux revenus des diverses propriétés, quelque chose d'analogue à celui dont parle Folcwin: Kartas diversorum ministeriorum officio deputatas (p. 155).

propriétés ou ses privilèges, le xvшe siècle ne devait pas se clore sans que la lumière sortît des vieux coffres bardés de fer, où, durant onze siècles et demi, les moines de Sithiu avaient entassé les parchemins sur les parchemins. Par l'ordre de son abbé, et après délibération du chapitre, Dom Charles Dewitte, religieux de l'abbaye, se mit à l'œuvre. Il rechercha les titres originaux, il compulsa les cartulaires', il dépouilla tous les volumes de la Bibliothèque, et il composa, de toutes ces richesses, un vaste recueil, en onze volumes in-folio, auxquels il donna le titre, très bien justifié, de Grand Cartulaire.

Le premier volume, formé de 417 articles, en 602 pages, avec un supplément de 16 articles en 22 pages, non compris les tables, était prêt à être donné au public en 1776.

Ce n'était pas, d'ailleurs, une simple copie que l'on s'était proposé de faire. C'était une transcription en forme authentique. Deux diplomatistes furent appelés à en contrôler l'exactitude; Nicolas Gobet, garde honoraire des archives de Monsieur, frère du Roi, secrétaire du Conseil de Mgr le Comte d'Artois et de l'Académie des Sciences et Belles-lettres de Toulouse, et Dom Anselme Berthod, bibliothécaire de l'abbaye de Saint-Vincent de Besançon, ordre de St-Benoît, de la Congrégation de Saint-Vanne et de Saint-Hidulphe, membre des Académies de Besançon et de Bruxelles. Leur témoignage fut entièrement favorable. Ils lurent et collationnèrent les titres en question, et ils se plurent à reconnaître que le travail, l'exactitude et la fidélité » que Dom Charles Dewitte avait apportés dans l'exécution de son œuvre, " surpassent les éloges qui lui sont justement dus. "

L'opinion des diplomatistes était une autorité d'un grand poids ; mais elle ne suffisait pas pour donner à l'ensemble des copies l'au

' Ces cartulaires, outre ceux désignés ci-dessus, comprenaient d'autres volumes, dont l'indication bibliographique est fort vague. Ils allaient du tome Ier au tome XLII, sans que nous puissions dire aujourd'hui, ni en quoi ils consistaient, ni s'ils répondent, ou non, à quelqu'un des volumes conservés dans la Bibliothèque de Saint-Omer. Dom Dewitte se contente de dire: Registrata tomo IX, tomo XXV, tomo XXXVI, etc. Il est probable que c'étaient des recueils qui faisaient partie des archives et qui ont péri avec elles.

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