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et tollérez en icelle et chastellenie d'Ypre. Cependant sera tolléré ledict magistrat; néantmoins entreviendrez en tous leurs actes, et regarderez que riens ne soit fait au préjudice de la religion, du service de Dieu et de Sa Majesté ny contre le repoz publicq.

Enquesterez des plus gens de bien, ecclésiasticques et aultres, pour en faire ung rolle que nous envoierez, tant de ceulx qui sont demeurez que spéciallement de ceulx qui sont esté expulsez et constrainctz se saulver, desquelz l'on pourra choisir ceulx qui sont plus à propoz pour mettre en loy et offices desdictes ville et chastellenie.

Lesquelz offices, encoires qu'ilz soient à la provision de ladicte ville, réservons, pour en ordonner pour ceste première foiz à telles personnes ydoines et sans reproche que trouverons convenir.

Vous ferez aussi debvoir d'entendre à tout ce que jugerez convenir touchant les droiz et auctorités que Sa Majesté a en ladicte ville et chastellenie, et ce qu'il luy conviendroit encoires avoir pour tant mieulx policier icelle et tant plus droiturièrement y administrer la justice.

Tiendrez la main à ce que quelque évesque face, par luy ou ses officiaulx, le debvoir tant de réconcilier et faire réparer les églises comme d'y pourveoir de pasteurs et prédicateurs et gens d'Église pour enseigner le peuple et administrer les sacramens, luy donnant ce qu'il aura de besoing de vostre assistence, au nom de Sa Majesté, après que les églises, cymetières et lieux sacrez seront réconciliez.

Pareillement, si vous estes requiz des commissaires aux annotations des biens confisquez de leur donner quelque assistence, vous le ferez au mieulx que vous pourrez.

Si entendez que entre les gens de guerre et bourgeois ou leurs chiefz y ait quelque difficulté, vous regarderez aussi, le plus dextrément qu'il vous sera possible, de les appointer ou accorder aulcunement, et de les faire observer le riglement

qu'il y sera donné entre les gens de guerre et bourgeois : le tout par l'intervention dudict de Werp.

Si vous informerez si, entre ceulx qui y sont demeurez, y a aulcuns qui soient estez des plus advancez à faire les désordres et confusions en ladicte ville et chastellenie, tant au fait de la religion que rébellion; et si trouvez aulcungs des chiefz ou mal affectionnez ou grandement suspectz, en pourrez faire note pour nous en advertir, afin que soit advisé ce que se debvra faire.

Vous enquesterez les moiens que ceulx de ladicte ville et chastellenie ont tenu et observé pour trouver argent au paiement et entretènement de leurs garnisons, sur impostz, gabelles, licentes, moiens généraulx ou aultres voies généralles ou particulières, et comment les soldatz ont vescu, quelz avancemens ilz ont eu et comment ilz ont esté traittez en ladicte ville: sachant au plus prèz aussi combien lesdicts gabelles, licentes et moiens ont porté par an, qui les a administré, s'il n'y a quelque chose deue d'arriéraiges, et qui les a receu, pour cognoistre ce qui peult estre deu et adviser ce qu'il sera de faire.

Et générallement, en ce que dit est et que en dépend, vous ferez tous bons debvoirs et offices, nous advertissant des choses les plus importantes et où aurez trouvé plus de difficulté, pour y attendre nostre ordonnance. Et si trouvez, en besongnant, que ayez besoing de quelque plus ample charge ou commission, vous nous en advertirez, pour y ordonner ce que sera trouvé convenir.

Fait à Tournay, le xu d'avril 1584.

(Minute, aux Archives du royaume.)

CCCCXXXV.

Deux lettres écrites par les députés des états de Brabant aux échevins, doyens, colonels et capitaines de la ville de Gand : l'une pour les détourner de traiter avec le prince de Parme; l'autre pour les féliciter d'avoir rompu les négociations entamées avec ce prince: 6 et 17 mai 1584 (1).

Première Lettre.

Messieurs, nous avons longtemps attendu en grande dévotion voz nouvelles, pour entendre de plus prèz ce que voz députez peuvent avoir négocié avecq les provinces défaillies, suyvant la promesse et asseurance que, passé aucuns jours, nous en avez donné.

Mais, comme sur ce n'avons receu de vous aucunes lettres ou nouvelles, et que le bruict se sème partout bien acertes que l'on ne vous auroit proposé telles conditions qu'aviez bien espéré et sans lesquelles vous nous avez asseuré que n'entreriez en aucun accord, à ceste cause, meuz d'affection et amour de bons voisins, avons trouvé nécessaire de vous faire cestes, pour vous réduire en mémoire les poinctz qui vous peuvent

(1) Les Gantois, qui avaient alors pour chef ou premier échevin Jean Hembyse, étaient entrés en négociations, au mois de mars, avec le prince de Parme. Après la déposition et l'arrestation d'Hembyse, ils les avaient continuées; mais, ayant reçu, le 20 mai, un secours de 400 hommes de pied et deux compagnies de chevaux tirés des garnisons de Bruxelles, de Vilvorde et de Willebroeck, ils firent connaître à Farnèse leur intention de n'y pas donner suite.

Les originaux des deux lettres que nous publions, écrits en flamand, furent interceptés par le marquis de Roubais, qui avait son camp à Eecloo. Les traductions en furent faites dans la chancellerie du prince de Parme.

!

avoir induictz à ce traitté de paix, et joinctement vous requérir que, sans asseurance d'iceulx, ne veullez, selon vostre promesse, entrer en aucun ultérieur traité.

Vous veullans amiablement donner à cognoistre que, selon nostre jugement, l'ennemy ne cherche aultre chose, en ceste négociation, sinon avec dextérité peu à peu vous attirer au fillet et, soubz umbre de parler de paix, gaigner temps, qu'est bien le principal en telles et semblables négociations, pour presser vostre ville, se saisir ou surprendre aultres places, comm'il pensoit faire à Tenremonde par l'assistence de Jehan van Embyze, et finablement vous amener, par force, à quoy par belles parolles il ne vous pourra faire condescendre.

A quoy véritablement tendent tous les desseingz de l'ennemy et ces longz traittez et prolongations de trefves: car, pendant que l'on parle avecq vous de paix et que d'icelle l'on vous nourrit et entretient, l'ennemy multiplie et augmente aultant ses moyens pour contre vous et nous mener la guerre, comm'il vous oste et diminue aussi tout soulcy et arrièrepensée de chercher aucune aultre asseurance contre ses forces et violences.

Ce que vous avons bien voulu mettre au devant, afin que le veullez bien considérer, sans entrer si avant en ceste négociation que finablement ne soyez constraincts de vous déporter de vostre précédente bonne résolution, qu'est de n'accorder (1) sans l'exercice de la vraye religion, l'entretènement des previléges et la retraitte des Espaignolz, et, au lieu d'icelle, accepter telles conditions que l'on vouldra vous proposer, comme ne doubtons vous povez clairement remarquer qu'on détermine de faire par le changement des conditions dont l'on vous a donné si grand espoir, lesquelles, estans jà si grandement diminuées et intricquées, seront finablement changées en une entière contraire présentation; dont le meilleur que pourrez

(1) De n'accorder, de ne faire accord.

attendre (encoires que l'ennemy feist pour ung temps semblant d'oublier) ne sera aultre chose qu'une surcéance d'exécution des rigoreulx placcartz, avecq condition de vous obliger de mener avecq eulx la guerre contre nous et aultres provinces.

La pacification de Coulongne, dont est procédée la guerre d'Artois et Haynnau, et laquelle, à nostre commun regret, est si longtemps entretenue, fait à chascun cognoistre que par une particulière pacification ne se doibt attendre aultre chose sinon une guerre nouvelle et plus domaigcable que auparavant, et ce contre ses voisins et confédérez.

Suyvant quoy, si Tenremonde, de l'ung costel, et l'Escluze et Oostende, de l'aultre, vous seroient ennemys, en quelle grande calamité et misère et accroissement de tous maulx, par-dessus la perte de la religion, au lieu de paix et tranquillité dont l'on console la commune, seroyent ces bonnes gens de Gand et Bruges et aultres plongez et précipitez, quant nonseullement par ce moyen ilz seroient oppressez de l'ennemy, ains taillez de périr de pure famine!

Mais Dieu nous veulle préserver de telz accidens, et vous ottroyer constante volunté pour avecq les bons continuer en voz bons desseingz, et aussi vous inspirer la sagesse pour, en ceste présente occurence et couvertz desseingz des mauvais, povoir avecą discrétion cheminer et discerner, afin que vous et nous ne tumbions en ung si grand inconvénient et calamité.

Et quant est que aucuns vous entretiennent encoires avecq espoir d'impétrer l'exercice de la religion, cela ne se fait à aultre fin sinon pour faire bonne bouche à la commune, qu'ilz cognoissent à ce fort affectionnée, et pour avecq le temps faire tumber icelle d'une condition en l'aultre, sachant qu'ilz ne la feront jamais quicter du tout ladicte religion.

Les lettres de Morillon (1), dont les originelles sont envoyées

(1) Ces lettres de Maximilien Morillon, adressées au cardinal de Granvelle, avaient été interceptées; elles furent livrées à l'impression.

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