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mise, sans des accidents imprévoyables, en sûreté. En attendant, je continue pourtant mes dispositions, et les troupes destinées à y marcher se rassemblent en trois colonnes sur les frontières. J'attends dans peu un courrier décisif, et je puis, en attendant, être content de la situation du moment. Quant au pape et aux prêtres et moines, je vois bien qu'ils y influent beaucoup; mais leur tour viendra. En attendant que j'ai un peu disposé les esprits fanatiques, il faudra avoir patience.....

Cependant, dès la veille, 18 juillet, des délégués des états de toutes les provinces des Pays-Bas s'étaient assemblés à l'hôtel de ville, à Bruxelles, et il avait été décidé qu'il serait satisfait aux ordres de l'Empereur par l'envoi de députés à Vienne. Les gouverneurs généraux, l'archiduchesse Marie-Christine et le duc Albert de Saxe-Teschen, étaient partis le lendemain pour cette capitale.

Joseph, qui ne pouvait encore avoir connaissance de ces faits, écrit à son frère le 22 :

Rien de déterminé encore des Pays-Bas. J'attends un courrier à tout moment, pour savoir si les députés que j'ai demandés viendront ou non. En attendant, le gouvernement, qui entasse sottise sur sottise, leur a encore écrit d'un style si pitoyable que cela tourne l'estomac, et ma sœur avec le prince et Belgiojoso ont différé derechef leur départ, de façon que je ne sais plus rien de leur départ.

Les députés des Pays-Bas arrivèrent à Vienne du 10 au 12 août; l'Empereur leur donna audience le 15. Voici comme il s'exprime à ce sujet dans une lettre adressée, le 16, à l'archiduc Maximilien, électeur de Cologne, et dont il envoie, le même jour, copie à Léopold :

Les députés, au nombre de trente et un (1), ont été hier chez moi à l'audience; ils m'ont lu un grand discours rempli de verbiage et sans excuses ou promesses pour l'avenir. Je leur ai répondu ce que je vous joins sur cette feuille. Le courrier porte les ordres au gouvernement, que pour préalable tout soit remis comme cela était au mois d'avril de cette année, et qu'avant que tout ne soit rentré dans l'ordre, je ne voulais entrer en délibération quelconque cela sera un peu dur à digérer, mais il le faut. En attendant, je vais demain commencer à causer avec les députés sur tous les différents objets de leurs plaintes ce ne sera point pour conclure quelque chose avec eux, mais seulement pour m'instruire et les instruire, et pour leur faire voir clair sur nombre de préjugés et de fantômes qu'ils se forment. J'ai eu tant de raisons d'être mécontent de la marche que le gouvernement a tenue dans cette occasion, le fait a si parfaitement contredit tout ce qu'il avait donné pour des sûretés, que j'ai trouvé bon de changer le ministre comte de Belgiojoso, et j'ai choisi Trauttmansdorff pour prendre sa place. Je l'ai appelé ici, pour l'instruire; je crois qu'il aura au moins le liant pour réussir dans ce pays, et le bon sens et la docilité pour bien exécuter ce dont il sera chargé. C'est un homme honnête, intègre, patient : voilà les qualités principales.....

Dans sa lettre à Léopold Joseph s'applaudit du langage qu'il a tenu et des mesures qu'il a prises.

Je crois dit-il que, le gros une fois fait, le reste s'arrangera aussi. C'était une épineuse occasion, et je puis bien dire d'avoir été le seul qui eût sauvé l'honneur et la considé

(1) Il y en avait eu trente-deux de nommés. M. Borgnet a donné leurs noms, avec l'indication des provinces qui les avaient désignés, dans son Histoire des Belges à la fin du dix-huitième siècle, t. Ier, note 1.

ration de l'État, et cela sans tuer jusqu'à présent personne..... Le régiment de Bender est déjà marché à Luxembourg. Me voilà donc en règle et je puis attendre, surtout après que j'ai sauvé aux Pays-Bas mes régiments et mon artillerie, munitions et les millions du trésor royal, tranquillement l'événement mais je crois qu'ils sont fort revenus de l'idée de pouvoir jouer les maîtres, et que la peur qu'ils avaient inspirée au gouvernement vient de passer dans les individus des

états.

Le 23 août il revient là-dessus, après quelques mots sur les députés belges.

Très-cher frère, ..... j'ai eu deux longues conférences, de trois heures chacune, avec les députés : ce sont pour la plupart des gens très-bornés, et le peu d'instruits n'osent pas dire tout ce qu'ils pensent devant les autres. Il y en a déjà de · partis, et ils se suivent de jour à autre. Les troupes sont enfin rassemblées aux Pays-Bas sans bruit ni difficulté. Je crois que tout le reste s'ensuivra aussi et constatera que le gouvernement a très-mal vu, mal jugé et combiné, et que par ses faux rapports il a failli me prostituer à jamais et renverser tout l'ordre des choses, si je n'avais seul résisté à confirmer ce qu'il représentait pour si nécessaire, si on ne voulait tout perdre. Les choses ont pris une tout autre couleur; et sans troupes d'Allemagne, je leur ai prouvé qu'en le voulant, on pouvait être leur maître et les faire obéir malgré leurs fanfaronnades.

.....

Joseph II fut en effet « obéi: mais la tranquillité ne se rétablit point dans les Pays-Bas, et, deux années plus tard, éclata la révolution qui devait faire perdre au fils de Marie-Thérèse des provinces considérées comme une des plus belles parties de la monarchie autrichienne.

Voici des extraits de la correspondance de Joseph avec Léopold, à partir de la fameuse ordonnance du 18 juin 1789 par laquelle le comte de Trauttmansdorff révoquait toutes les concessions que les Brabançons avaient eues de leurs souverains, ainsi que tous leurs priviléges et tout le contenu de la Joyeuse-Entrée, supprimait la députation des états et cassait le conseil souverain de la province.

2 juillet 1789.

Très-cher frère, vous recevrez les pièces de la semaine, et vous y verrez qu'aux Pays-Bas il a fallu en venir, pour les états de Brabant et le conseil, à la cassation: ce qui s'est très-bien exécuté par Trauttmansdorff, qui est véritablement à cette heure un des meilleurs sujets, pour être poussés, que. je connais.......

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23 juillet.

Aux Pays-Bas tout est tranquille, et le grand coup porté a fait un très-bon effet.......

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6 août.

Les affaires en France continuent d'aller dans un désordre dont on ne peut prévoir l'issue. Malheureusement tous ces transfuges qui viennent aux Pays-Bas, et tout le pillage qui se commet sur les frontières, excitent aussi les mauvaises têtes chez nous, et il y a déjà eu à Tirlemont et à Louvain une espèce d'émeute; même des Liégeois venaient pour piller des maisons dans Louvain. Le militaire, en cassant la tête à quelques-uns de ces coquins, a remis l'ordre. Il faudra voir ce qui arrivera encore mais l'exemple est bien mauvais et pernicieux.......

31 août.

L'exemple de la France exalte beaucoup les esprits aux Pays-Bas, d'autant plus que les Liégeois ont représenté avec

leur prince la même farce que les Parisiens. Les patriotes en Hollande sont aussi sur le qui vive.......

....

22 octobre.

Aux Pays-Bas on est toujours sur le qui vive, on annonce toujours une armée patriotique de révoltés mais rien n'arrive; nous contenons tout par la vigilance et la fidélité du militaire. En attendant, cet état fait beaucoup de mal, puisque tout est en suspens, en crainte, et que le commerce languit. Néanmoins il n'y a pas moyen d'y remédier jusqu'à ce que les esprits soient plus calmes et les circonstances de nos voisins plus décidées.......

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26 octobre.

Des Pays-Bas l'exemple du voisinage rend toujours les troubles plus sérieux. Il faudrait voir s'ils éclateront et s'ils trouveront un appui dans l'étranger.......

29 octobre.

..... Aux Pays-Bas la fermentation continue, et le moment est arrivé où il se devra faire quelque chose qui décide.......

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2 novembre.

Des Pays-Bas j'attends à tout moment des nouvelles décisives. On a éventé un complot qui se tramait à Bruxelles et qui était conçu avec esprit et malice. Il y a des personnes arrêtées, et reste à voir ce qui arrivera encore et si ces misérables soi-disant patriotes qui se sont réunis à Breda au nombre à peu près de trois mille, tenteront quelque chose avant de mourir de faim ou de se séparer, car les deux abbés qui les payent et qui sont avec eux n'en ont plus les moyens....... 5 novembre.

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Aux Pays-Bas la bombe a crevé; la découverte d'un complot a accéléré l'entrée dans le Brabant de cette soi-disant armée patriotique où malheureusement le général Schroeder a fait une sottise avec deux bataillons, et a été obligé de se

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