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Considérant qu'après avoir pourvu aux précautions qui concernent les tombeaux des particuliers, il étoit essentiel de prendre toutes celles que pourroient exiger ceux des princes de la Maison de Lorraine, si aucuus se trouvent dans quelques-unes des maisons supprimées ;

Qu'on présume, en vertu d'une tradition assez générale, quoiqu'elle ne soit appuyée sur aucuns faits ni pièces authentiques, que l'église de la ci-devant abbaye de Clairlieu renferme le corps du duc Mathieu, et celle des ci-devant Capucins de Varangéville ceux des princes Henry de Lorraine, marquis de Moy, comte de Chaligny; Eric de Lorraine, prince évêque de Verdun et fondateur du couvent;

Que ces deux églises étant aujourd'hui vendues et prêtes à être démolies par les acquéreurs, il étoit important, avant aucunes démolitions, auxquelles le Directoire a fait surseoir, de prendre toutes les précautions que la religion et la décence exigeoient pour faire vérifier les faits et s'ossurer si réellement ces princes existent dans les lieux que la voix publique indique, afin de les faire exhumer et transporter avec honneur dans le lieu qui sera indiqué, si on en trouve quelqu'un, et suivant qu'il sera réglé postérieurement.

Ouï M. le Procureur Syndic,

Le Directoire a délibéré qu'en présence de M. Renaud, administrateur du Directoire, qu'il a nommé commissaire, à la participation du sieur abbé Lyonnois, distingué par ses connaissances historiques du pays et les renseignements particuliers qu'il recueille depuis trente années; du sieur Mique, architecte en cette ville, et du sieur Simonin, chirurgien juré aux rapports, il sera fait toutes les recherches possibles, tant dans les églises des ci-devant Capucins de Varangéville',

1. Par une lettre adressée le 11 (sans doute janvier) de l'an 1792, au secrétaire du Directoire, l'abbé Lionnois s'excuse de ne pouvoir, en raison d'une indisposition, se rendre à Varangéville, et il ajoute : « Je crois pouvoir vous dire que ce premier voyage seroit inutile, puisque sans cela je puis dire ce qu'ils trouveront d'épitaphes des évêques de Verdun Erric et François de Lorraine, oncle et neveu, que j'ai chez moi. Je n'ai pas celle du prince Louis de Lorraine, marquis de Mouy, neveu du premier et frère du dernier, qui est aussi inhumé. Ce n'est là qu'une branche collatérale qui intéresse moins la Maison de Lorraine que les restes des princes qui sont à Clairlieu. Cependant, cette auguste Maison, en vertu du traité de cession qui maintient toutes les fondations des anciens ducs, demande tous les égards possibles, et je ne crois pas que son commissaire puisse rien faire sans en avoir reçu l'ordre de sa cour. Ce sera alors qu'il faudra opérer avec précaution, et je serai fort flatté du choix que feroient de moi Messieurs du dis

que dans celle des ci-devant Bernardins de Clairlieu, pour découvrir s on y trouve les restes des princes de la Maison de Lorraine, pour, dans ce cas, faire veiller à leur sûreté, être dressé procès-verbal et ensuite statué sur l'exhumation et transport ce qu'au cas appartiendra.

Arrête en outre que copie de la présente délibération sera remise dans le jour à MM. les commissaires de l'Empereur dans la personne du sieur Vaultrin, son trésorier en cette ville, avec invitation à mesdits sieurs d'accompagner le commissaire du Directoire.

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Exhumation faite du duc Mathieu Ier et de Berthe, son illustre

épouse.

Cejourd'hui onze juin mil sept cent quatre vingt douze, dix heures du matin, en exécution d'une délibération du Directoire du district de Nancy, du huit précédent, prise sur la demande de Messieurs de Vassoncourt et de Rulles, commissaires de S. A. R. le grand duc de Toscane, tendante à ce qu'il fût nommé un commissaire du Directoire pour assister à la recherche et à l'enlèvement des cendres et des ossements des princes et princesses de la Maison de Lorraine inhumés dans l'église de l'abbaye de Clairlieu, nous Claude-Antoine de Vigneron, président du Directoire, accompagné d'André-Charles Therrin, secrétaire greffier du district, nous sommes transportés en l'abbaye de Clairlieu, où nous avons trouvé MM. de Vasson court et de Rulle, commissaires de S. A. R. le grand duc de Toscane, M. Vaultrin, son trésorier, M. l'abbé Lyonnois, invité par lesdits commissairee pour faire part de ses connaissances historiques, et M. Duchazeaux, supérieur des Cordeliers de Nancy.

Après avoir reconnu que quelques malveillans, ayant trouvé des facilités à s'introduire dans une église ouverte de toutes parts, avaient

trict pour faire valoir leurs procédés dans une affaire qui peut paroître minutieuse à certaines personnes qui ne voient pas loin, et qui est et paroitra vraiment intéressante à d'autres par les suites qu'elle peut avoir même dans la révolution. Je vous prie de faire connoitre à Messieurs du district que ce n'est que le dévouement le plus vrai à leur gloire qui m'engage à leur dire ces vérités, et la peine que je ressens de voir les formes anciennes usitées en pareil cas non suivies... "

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dégradé les monuments extérieurs et avaient enlevé les épitaphes, ce que nous nous réservions de dénoncer au Directoire pour qu'il prît les mesures nécessaires pour faire rechercher et punir les auteurs des dégradations, nous avons fait donner lecture aux commissaires susdits des différents arrêtés du Département et du District, nous leur avons rendu compte des différentes opérations faites par ce dernier pour assurer l'inviolabilité des cendres des morts et surtout de celles des princes de la Maison de Lorraine; nous leur avons déclaré que nous étions chargés d'assister aux opérations auxquels ils procéderaient, conformément aux ordres qu'ils avaient reçus des cours de Florence et de Vienne, et d'employer tous les moyens que la loi mettait en notre disposition pour protéger lesdites opérations et leur procurer sûreté et tranquillité.

Nous avons vu extraire du milieu du choeur, devant l'autel, des ossements que la place où ils ont été trouvés, les inscriptions voisines, les assertions unanimes des auteurs et des savans et le rapport du sieur Simonin, chirurgien juré aux rapports, ont fait reconnaître aux sieurs commissaires et à nous pour être les restes de Mathieu, duc de Lorraine, et de Berthe, sa femme.

L'heure ne permettant plus de continuer les excavations et les recherches, nous avons dressé le présent procès-verbal et nous nous sommes retirés.

Fait à Clairlieu les an et jour avant dits.

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Ce jourd'hui dix huit juin mil sept cent quatre vingt douze, dix heures du matin, nous Claude-Antoine de Vigneron, président du Directoire du district de Nancy, accompagné d'André-Charles Therrin, secrétaire greffier du même district, sur l'invitation de Messieurs de Vassoncourt et de Rulle, commissaires de S. A. R. le grand duc de Toscane, nous sommes transportés en l'église de la ci-devant abbaye de Clairlieu, où étant, M. de Vasson court, l'un d'eux, nous a déclaré que le douze du courant il s'était rendu audit lieu pour faire continuer les excavations et fouilles nécessaires à la recherche de ceux des

princes de la Maison de Lorraine que les monuments historiques et la tradition indiquaient avoir été enterrés dans cette église; qu'il en était résulté l'extraction d'ossements humains appartenant à un même sujet que l'inscription placée sur un mur voisin, l'autorité des historiens, le témoignage des hommes les plus versés dans l'histoire de Lorraine et le rapport du sieur Simonin, chirurgien, ont fait reconnaître pour être les restes du duc Mathieu, fils du duc Mathieu premier; que les ossements de ce prince, ainsi que ceux des deux autres trouvés la veille, avaient été déposés provisoirement dans la chapelle ducale des PP. Cordeliers de Nancy ; qu'il était da devoir des commissaires de parvenir, s'il était possible, à la découverte des autres princes que la tradition faisait présumer être enterrés dans ce lieu, pourquoi lui et son collègue nous invitaient d'assister aux excavations qu'ils allaient ordonner.

Déférant à l'invitation de Messieurs les commissaires, nous avons suivi les fouilles.

Les recherches ultérieures ayant été inutiles, Messieurs les commissaires ont fait cesser les travaux, et nous nous sommes retirés après avoir dressé le présent procès-verbal.

Fait à Clairlieu, les an et jour avant-dits.

DE VIGNERON.

ABRAM DE VAXONCOURT. Chane DE RULLE.

THERRIN, sec. greff.

VAULTRIN.

NOTICE

SUR

JEAN LUD ET CHRÉTIEN

SECRÉTAIRES DU DUC DE LORRAINE RENÉ II,

PAR M. HENRI LEPAGE.

I.

Parmi les personnages qui jouèrent un rôle à l'occasion de la guerre du duc de Bourgogne Charles-le-Hardi contre la Lorraine, il en est deux, entr'autres, dont le nom est parvenu jusqu'à nous, quoiqu'ils n'aient été que des acteurs assez secondaires dans ce grand événement je veux parler de Jean Lud et de Chrétien, secrétaires de René II.

D'où vient cette sorte de célébrité? D'où vient que ces deux hommes sont presque aussi populaires que leur collègue Pierre de Blarru', l'auteur de la Nancéïde, de ce poème où

1. Pierre de Blarru eut, en effet, le titre de secrétaire de René II, quoique peut-être il n'en remplit jamais sérieusement les fonctions. Je trouve dans le compte d'Antoine Warrin, receveur général de Lorraine,

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