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à la publicité lorsqu'il redigea son rapport, qu'il a décrit tout simplement ce qu'il a vu, enfin, qu'observateur habile et judicieux, il a si bien utilisé son séjour à Nancy du 19 au 22 septembre, que j'ai pu, grâce à lui, rendre intelligibles les épitaphes des ducs Nicolas et René II, un peu défigurées par Dom Calmet et l'abbé Lionnois : je préfère laisser la parole à des autorités plus positives.

Voici d'abord ce qu'on lit dans les comptes du receveur général de Lorraine pour 1506-1507.

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◄ Il avoit esté marchandé à Jehan Crocque, ymaigeur et tailleur en pierres et bois, de faire une sepulture sur feu

› monseigneur de Bourgongne, lequel est inhumé à Sainct George de Nancei, toute de pierres', et en icelle sera le

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gissant du dict seigneur de Bourgongne avec un tabernacle › dessus sa teste et deux grans lyons tenant le tymbre du dict › feu seigneur de Bourgongne, ensemble deux ymaiges, c'est assavoir sainct Andreu et sainct George', qui seront aux › deux boutz de la dicte sepulture, xvII escussons où les › armes de tous ses pays seront, et la dicte sepulture selon › le volume et pourtraict qu'il a faict en la grant maison de › Vaudemont à Nancei3. »

Georges Aulbery, secrétaire du duc de Lorraine, qui devait avoir vu et bien vu le monument, est aussi explicite:

A gauche du choeur, dit-il, sur un tombeau eslevé › soubs une petite arcade qui est prinse dans la muraille,

1. Le tombeau était donc construit en pierres.

2. Un compte de 1505-1506, cité par M. H. Lepage (l'Insigne église, etc., p. xv) mentionne deux statues des saints Georges et Maurice, payées xx livres à Jean Crocque; mais ces figures en bois ne peuvent être confondues avec celles en pierre destinées au tombeau, et dont l'exécution n'est pas clairement établie.

3. L'Insigne église, etc., p. 200.

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» se voient les armes et la statue couchée de Charles dernier

> duc de Bourgogne'. >

Ces trois documents sont complétés l'un par l'autre ; le fait est positif : voussure, arcade, tabernacle se prennent ici dans la même acception, et si le voyageur fournit de plus longs détails que le financier et le financier que l'historien, du moins sont-ils toujours d'accord sur les points qui leur sont communs. Je n'ajouterai donc rien aux citations qui précèdent, elles parlent plus haut que tous les raisonnements, et, sans m'arrêter à des digressions inutiles, j'aborderai de suite la deuxième partie de ce travail: l'emplacement du tombeau de Charles-le-Téméraire.

Tous les écrivains qui ont désigné l'endroit précis où fut inhumé le duc de Bourgogne2, j'en excepte Pontus Heuterus3 et son copiste Fabert, s'accordent à dire qu'on le déposa dans la chapelle Saint-Sébastien, autrement des Orgues, située au côté gauche du chœur3; mais personne n'a jusqu'ici déterminé exactement ni le lieu qu'occupait cette chapelle sur le plan de l'église Saint-Georges, ni les positions relatives du cénotaphe et du corps; je vais essayer d'éclaircir cette intéressante

1. Histoire de la vie de saint Sigisbert roy de Metz et d'Austrasie, etc., par George Aulbery, secrétaire à feu Son Altesse. Nancy, 1617. 2. Dom Calmet; Chronique de Lorraine; de Villeneuve-Trans; H. Lepage; etc., etc.

3. Sepultus est pugnax in primario civitatis Nancœi templo, ante summum altare D. Georgio tutelari divo suo consecratum. Rerum Burg. lib. V. p. 187.

4. Il (René) le fit inhumer à Nanci au pied de l'autel saint Georges son tutélaire d'où il a été transporté à Luxembourg et puis à Bruges. Hist. des ducs de Bourgogne, t. I., p. 396.

5. Le détail de ce qui s'est passé dans la démolition de l'église (l'Insigne église, etc., p. 186) place le mausolée au côté droit du maître autel; ce qui n'est pas une contradiction, puisque l'autel fait face au chœur.

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question en commentant le texte d'Antoine de Beaulaincourt qui, sur ce point, n'est contredit par aucun témoignage antérieur ou postérieur.

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Après la messe, c'est le Roi d'armes qui parle, ‹ les > commissaires se dirigèrent vers une magnifique sépulture érigée du côté de l'Evangile, au bout de la croisée qui » se prend au milieu du chœur1, au-dessus des formes et > proche l'autel Saint-Sébastien ; de grands rideaux de toile noire tombant du pied des orgues la garantissaient de la › poussière, et une clôture en bois empêchait les curieux d'y › toucher. Des bancs furent apportés, les commissaires s'as> sirent à droite, près de l'autel, et les conseillers vis-à-vis ⚫ d'eux; alors, les maçons commencèrent à lever le pavé sur › une largeur de trois ou quatre pieds, un peu plus bas que › le tombeau, vers une porte voisine, puis creusant tout le long, à la profondeur d'un pied et demi, ils trouvèrent un › canal recouvert de pierres plates maçonnées dans la mu» raille, que l'on reconnut de suite pour un aqueduc abandonné; mais, le pavé ayant été de nouveau attaqué paral⚫ lèlement au cénotaphe, à une distance de six pieds de ce»lui-ci et sur un point où l'on voyait gravées plusieurs croix ⚫ de Bourgogne dont la plus grande correspondant à la tête › de la statue, tirait vers l'autel Saint-Sébastien, les ⚫ ouvriers découvrirent, à trois pieds au-dessous du sol, des > ossements que maintes raisons firent reconnaître pour ceux ⚫ du duc Charles. »

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D'après ce récit, le tombeau était encastré dans la muraille, à l'extrémité du croisillon nord, au-dessous des orgues, près d'une porte, et le corps enterré à six pieds plus avant, la tête

1. Les formes, d'après le plan de l'église, devaient occuper au moins la première travée de la nef.

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