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5.

Actes relatifs au traité de commerce à conclure 1790 entre la Pologne et la Prusse.

a.

Lettre du Roi de Pologne au Roi de Prusse du 17. Mars 1790.

(C. DE HERTZBERG Recueil T. III. p. 12.)

Monfieu

lonfieur mon Frère, Il est certainement déjà connu à V. M. que la diète de Pologne s'eft décidée unanimement à allier notre République à V. M. fans délai, et fans prétendre régler au préalable les points de commerce qui font en difcuffion entre V. M. et Nous.

Plus ces points de commerce font effentiellement importans pour Nous, et plus V. M. voudra bien apprécier l'empressement d'une nation libre et généreufe a s'unir avec Vous, en fe repofant uniquement fur l'équité perfonelle du caractère connu de votre Majesté.

Avec un Roi tel que Vous, la voye la plus fûre doit être de s'adreffer directement à lui, en lé priant de peser dans la balance de fon ame jufte, les réclamations d'une nation qui lui donne toute fon amitié, lorsqu'elle les fonde fur la lettre claire des traités et sur dix sept ans de souffrances.

L'idée que cette nation s'eft formée de Fréderic Guillaume régnant, eft, que fait pour égaler fes ancêtres dans tous les autres genres de gloire, il y en a un qu'il voudra fe rendre plus particulièrement propre, en mettant fa grandeur au deffus de cette maxime funefte, qui croit ne voir jamais le bien de les propres états que dans les maux de les voifins.

Vous ne pouvez pas ignorer, Sire, tout ce qui faifoit prévoir les plus grandes difficultés, qui devoient s'opposer à la réfolution que la diète de la Pologne a prife le 15. du courant, ou du moins la retarder; néanmoins tout a cédé à la feule penfée que c'est à Vous, Sire, que nous avons à faire,

18. Mars

1790

J'ai dit à ma nation, que je m'adrefferai en perfonne à votre Majefté, que je vous exposerai les droits, les plaintes et les demandes de ma nation, et auffitôt la diète entière, fans partage de voix a dit: Procedons au plutôt à devenir les alliés de ce Roi, trop loyal fans doute, trop veritablement grand, pour vouloir prendre avantage contre nous de la confiance que nous mettons en lui: I ordonnéra fans doute à fes Miniftres, de remédier au plutôt aux juftes plaintes des Polonois; il dira: Je veux, que les Polonois. foyent déformais à l'abri de la gêne injufte et de la vexation; je veux qu'ils foyent contens, parce qu'ils fe font déclarés mes amis.

Si en parlant à ma nation, j'ai préfumé le fuccès de ma lettre, j'ai cru par là même rendre hommage Fà vos vertus,

C'eft dans ces fentimens que je me ferai toujours gloire de me dire,

Varfovie le 17. Mars.

Sire,

de votre Majefté

le bon Frère et allié. STANISLAS AUGUSTE.

b.

11. Av. Lettre de Sa Majesté le Roi de Prusse à Sa Majesté le Roi de Pologne.

11. Avril 1790.

Berlin, le

(C. DE HERTZBERG Recueil T. III. p. 15.)

Monfiear

Lonfieur mon Frère. Le Prince Jablonowsky m'a remis la lettre, que V. M. m'a bien voulu écrire en date du 17. de Mars, et par laquelle elle reclame ma droiture perfonnelle, pour faire celler les griefs de commerce, que la nation polonoise croit avoir contre la Prufse. Je fais flatté de la confiance dont V. M. m'honore, et je n'omettrai furement rien de mon côté pour la juftifier; mais je prie V. M. et fa nation d'obferver aufli la même juftice et impartialité qu'elle me demande, envers moi et mon état; et qu'on pèle

dans une balance exacte les véritables circonstances 1790 de l'objet important dont il s'agit.

Si V. M. veut fe rappeller tout ce qui s'eft paffé depuis la ceffion de la Pruffe occidentale, elle ne pourra pas méconnoître, que les charges et les inconvéniens auxquels le commerce de la nation polonoise sur la viftule et vers la mer Baltique fe trouve peutêtre expofé, prennent uniquement leur origine et leur fource, de ce que lors de la ceffion de la Pruffe occidentale, les villes de Dantzig et de Thorn en furent exceptées, quoique fituées au milieu de la Pruffe et que les circonftances exigèrent de conclure en 1775. la convention de commerce entre la Pruffe et la Pologne, par laquelle toutes les marchandises que la nation polonoife transporte vers Dantzig, ou exporte, ont été chargées des mêmes droits de 12 pour cent, qui ont déjà exifté du tems de la domination polonoife. S'il s'eft gliffé des abus dans la perception de ces droits par la conduite des douaniers, ce que les fujets Pruffiens n'éprouvent pas moins en Pologne, moi aussi bien que le Roi mon prédéceffeur, nous avons tâché de les redresser au poffible dans le cas de plaintes portées; j'ai fait furtout réduire l'eftimation des productions polonoifes à lenr véritable valeur dans la douane de Fordon, et j'ai fait diminuer jusqu'à trois pour cent les droits de tranfit pour toutes les marchandises, que la nation polonoise fait venir de l'étranger par terre et à travers de mes états. Jai fait plus, ce qu'aucun Souverain n'a encore fait, et que la nation polonoife n'a pas même pû exiger; c'eft que j'ai aboli les droits de douane et de péage fur la plus grande partie des productions et marchandifes, que les Lithuaniens portent dans la Pruffe orientale, et à mes ports de Königsberg et de Memel, en ôtant les bureaux de douane, qui ont fubfifté depuis des fiècles aux frontières de la Pruffe et de la Lithuanie. Je crois donc avoir fait tout et plus qu'on ne fauroit exiger de moi, pour faciliter le commerce de la nation polonoise par mes états. Il peut le faire fans aucuns droits vers les villes de Königsberg et de Memel, et à raifon de deux pour cent par mes villes maritimes d'Elbing et de Stettin. Si le commerce que les Polonois veulent faire à Dantzig, eft chargé d'un

1790 impôt de 12 pour cent, c'eft la fuite naturelle et nécessaire de l'existence des anciennes douanes polonoises, de la convention de 1775, et de la fituation de la ville de Dantzig. On ne fauroit exiger de moi avec équité, que j'accorde le mêmes avantages dont jouiffent mes propres villes, à une ville, qui eft toute environnée de mes états fans y appartenir, et qui leur fait tant de mal par les contrebandes de fes habitans, et par les chicanes de les magiftrats. Je fens bien, que la nation polonoise en fouffre d'une manière indirecte, mais c'eft la propre faute et non celle des Souverains de Pruffe, et elle doit le fouvenir, qu'elle n'a pas été moins maltraitée par le monopole du commerce de la viftule, que la ville de Dantzig avoit ufurpé du tems de la domination polonoife au préjudice des autres villes de la Pruffe. Ce vice ne peut pas manquer de refter inhérent au commerce que les Polonois veulent faire par la viftule et à Dantzig, auffi longtems que les villes de Dantzig et de Thorn reftent féparées de mon territoire, du quel elles font abfolument environnées, furtout la première. C'eft pour lever ce grand inconvénient, d'ailleurs incorrigible, que j'ai fait proposer à V. M. et à l'illuftre diète, de faire avec moi une nouvelle transaction, par laquelle je diminuerois les droits de péage établie fur la viftule à raifon de 12 pour cent, à un taux fi médiocre, que la nation polonoife pour. roit en être entièrement contente, et j'ai demandé qu'en compenfation de la grande perte, que j'en fouffrirois dans mes douanes, on me cède la fouveraineté des villes de Dantzig et de Thorn, qui par leur fituation naturelle appartiennent au territoire de la Pruffe occidentale, et qui lors de la ceffion de ce pays, n'en ont été exceptées que par des raifons particulières et peu valables. J'eu cru pouvoir faire ces propofitions, fans pouvoir être taxé de vues injustes d'aggrandiffement et d'ambition, parceque les deux villes de Dantzig et de Thorn font fituées au milieu de mes états, que leur fouveraineté ne convenient qu'au poffeffeur de la Pruffe occidentale et à l'allié de la Pologne, auquel elles donnent un accroissement de force également néceffaire à la Pologne; parcequ'elles ne rapportent abfolument rien à la Républi que Pologne, et rendent plutôt le commerce de la

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nation polonoise difficile et onéreux par les droits 1790 conventionnels, et parcequ'en diminuant ces droits, j'aurois perdu un revenu annuel mais certain de 200000 écus, que la nation polonoife auroit gagné fans faute dans fon commerce, par la diminution de la douane de Fordon, fans que je puiffe m'en promettre aucun équivalent proportionné par la possession des villes de Dantzig et de Thorn. Si V. M. y avoit perdu quelques revenus cafuels, je n'aurois pas manqué de les lui bonifier. Je ne devois donc pas m'attendre,, que ma fusdite propofition feroit reçue par la diète, d'une manière à contraire à mes vues innocentes et honnêtes et aux véritables intérêts des deux états. Je devois encore moins prévoir, qu'un Monarque auffi patriote et auffi éclairé que V. M. s'y oppoferoit d'une manière auffi forte comme elle l'a fait. J'avoue que je me fuis attendu à tout autre accueil de la part de la diète; mais dès que j'ai appris, que cette propofition, qui ne roule en effet que fur un troc très avantageux pour la Pologne, n'étoit pas agréable à V. M. et à la diète, j'ai ordonné à mon Miniftre le Marquis de Lucchesini, d'en faire abftraction et de fe borner à la conclufion d'un fimple traité d'alliance. Je fuis rédevable à V. M. d'avoir récommandé à fa nation la conclufion de cette alliance. J'y mets un très grand prix et je tiens à honneur d'être le principal allié d'une nation auffi noble et auffi brave. Je ne doute pas qu'elle faura également apprécier mon alliance, et qu'elle reconnoîtra ce que j'ai fait et ce que j'aurai encore à faire pour la rendre utile et convenable aux deux parties.

Comme V. M. me demande encore des difcuffions et des arrangements ultérieurs fur le commerce, je ne manquerai pas de m'y prêter avec toute la bonne volonté et toute la facilité et équité qu'on peut exiger de moi; mais j'espère qu'on y apportera auffi de la part de la Pologne, les mêmes difpofitions, et qu'on n'exigera pas de ma part des conceffions, qui ne font pas praticables felon la nature des chofes, ni même utiles à la nation polonoise. Je ne me refuferai pas à une difcuffion du traité de commerce fubfiftant, ou à la conclufion d'un nouveau, pouvant prévoir avec certitude, qu'on reconnoîtra bientôt, que la propofition que j'ai faite, pour la compensation d'une dimunition confidérable de mes

Tome V.

I

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