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si fervente piété, n'avait pas eu à consulter ni caresser les vues prématurément ambitieuses de sa fille ainée, et qu'elle avait consacré à la religion la plus jeune de ses filles, même avant de lui donner le jour. Quant à la princesse Anne, on a vu pareillement, dans notre récit, comment elle sut déjouer les tentatives de son aînée et s'affranchir de la vie claustrale. A part ces circonstances, les documents nous ont manqué pour montrer l'intervention de la princesse Marie dans les affaires de notre abbesse. Cependant il est certain qu'au milieu des étranges vicissitudes de sa vie (1), Marie de Gonzague ne perdait pas de vue sa jeune sœur, qu'elle venait visiter en son monastère. Nous avons un curieux témoignage de sa présence à Avenay en l'année 1630, époque où, malgré les résistances de la reine-mère, elle croyait encore à son prochain mariage avec Gaston d'Orléans, frère du roi. Voici ce document, dont nous devons la communication à l'obligeance de M. Duchesnois, déjà cité.

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REIMS. Conclusions du Conseil de ville, 17 avril 1630 (mercredy). Sur l'advis que ledict s' Lieutenant a dict avoir receu, que madame la princesse Marie estoit arrivé a Avenay dès samedy dernier, est besoing aviser sy on déléguera quelques ungs du corps de céans pour luy faire les compliments de la part de la communaulté et luy presenter des fruictz.

Conclud a esté que ladite dame sera veue et luy seront presentez des fruictz de la part de ladite communaulté et pour ce faire est supplié ledit s Lieutenant d'en prendre la peine avec ceulx qu'il luy plaira choisir pour l'accompagner.

Nous citerons encore la pièce suivante, bien qu'étrangère à notre histoire, qui prouve avec quelle hauteur et quelle affectation de souveraineté le duc de Nevers traitait ses fonctionnaires, et qui montre aussi la confiance et

(1) Nous ne pouvons que renvoyer au curieux article de Tallemant, Sur les hausses qui baissent, de la future reine de Pologne, t. III, p. 301. Voir aussi, pour certaines particularités de la vie de cette princesse, les Mémoires de Michel de Marolles, ceux de Mademoiselle de Montpensier et l'Inventaire des titres de la Maison de Nevers, dressé par le même de Marolles.

le crédit dont jouissait près de lui sa fille aînée, Marie de

Gonzague.

20 juillet 1635. Charles premier, par la grâce de Dieu, duc de Mantoue et de Montferrat, vicaire perpétuel du saint empire Romain, duc de Nivernois, du Maine, de Rethelois, prince souverain d'Arches, pair de France, etc.

Nostre amé et féal, le respect que nous désirons estre porté au s d'Irval, chef de nostre conseil en France, nous a induist (sur la plaincte qu'il nous a cy devant faicte de quelque discours que l'on luy a faict entendre, que vous aviez tenu, au grand préjudice de sa personne et de sa réputation) de vous interdire l'exercice de la charge de lieutenant en la justice de Charleville, jusqu'à ce que la vérité nous en peust estre mieux cogneue; mais pour ce que nous voyons que cest affaire a tiré en plus grande longueur que l'on ne nous avoit fait entendre, nous y voulons par ceste considération veoir une plus prompte fin et pour cest effect nous vous ordonnons d'aller à Paris au plus tost, qui ne sera toutefois pas qu'après que la princesse Marie, nostre très chère fille vous en aura donné advis, ou le Priandy, nostre président en son nom, lequel debvra auparavant adjouter avec ledit s d'Irval ce que vous aurez à dire en le voyant: a quoy nous asseurant que vous vous porterez avecq les circonstances requises, et deubs à la charge qu'il a dans nostre maison, nous ne ferons ceste lettre plus longue. Priant Dieu qu'il vous aye nostre amé et féal en sa sainte et digne garde. Escript en nostre ville de Mantoue ce 20° jour de juillet 1635. CHARLES.

Au dos est écrit :

A nostre amé et féal le s Dumesnil, lieutenant en la justice de nostre souveraineté d'Arches, à Charleville (avec sceau en cire jaune).

Charles de Gonzague, duc de Nevers, étant, comme nous l'avons dit, mort à Mantoue, le 21 septembre 1637, la princesse Marie recevait à cette occasion les lettres de condoléance de toute la cour. Voici les principales :

1637. Le Roy à Madame la princesse Marie.

Ma cousine, je ne pouvois avoir des nouvelles qui m'affligeassent davantage que celles que je viens de recepvoir du décès de mon cousin le duc de Manthoue vostre père. Je scavois combien il m'estoit affectionné et à ceste couronne, et je l'avois esprouvé en toutes occasions qui s'en estoient présentées : en sorte que je ne pouvois faire de perte qui me fust plus nuysible que celle cy. J'envoye ce gentilhomme exprès pour vous le tesmoigner. Et encore que en un tel accident je

sache bien que vous ne puissiez recevoir de consolation en esprit que de la main toute puissante de Dieu, neantmoings j'ay chargé expressément ce gentilhomme de vous offrir tout ce qui peut dépendre de moy sur ce rencontre et de vous assurer que je vous donneray de très bon cœur toute sorte d'effectz de ma protection et bonne volonté. Priant Dieu vous avoir, ma cousine, en sa sainte garde. Escript à Sainct Maur le vie d'octobre 1637.

En suscription: A ma cousine la princesse Marie.
Gaign. 435, fo 5.

1637.

LOUIS.

La Reyne à Madame la princesse Marie.

Ma cousine, je vous ay toujours si cherement aymée que je ne sois sensiblement touchée avecque vous de la perte que vous avez faicte de feu mon cousin le duc de Manthoue votre père. Et comme je ne fais nul doubte que vous ne sentiez ung extreme doleur de la séparation d'une personne qui vous estoit si chere, je ne vous la renouveleray pas par plus longs discours, sachant combien vous estes entièrement résignée aux vollontés de Dieu contre les desplaisirs que vous peuvent survenir : mais Dieu vous assurerai-je, que ce me serait quelque sorte de consolation d'avoir aultant de moyen de contribuer a vostre soulagement comme j'ay de bonne volonté pour vous, qui suis de tout mon cœur,

Votre bonne cousine,

ANNE.

Au dos: A ma cousine Madame la princesse Marye de Manthoue. De Sainct Maure le 7 octobre 1637.

F. Gaign. 435, fo 5.

Monsieur (frère du Roy) à Madame la princesse de Gonzague.

Ma cousine, j'ay appris avec d'aultant plus de desplaisir la perte que vous avez faite de feu monsieur le duc de Manthoue mon oncle, que je scay quelle vous aura esté extremement sensible et comme je comptais fort à l'affection que vous en avez, je vous envoie le s" de Langeron, pour vous tesmoigner que j'y prends beaucoup de part et que vous ayant en une très parfaicte estime j'auray toujours tous vos interests en une considération tres particulière. C'est une vérité que je vous prie de croire tres certaine et celle aussy que je suis,

Ma cousine,

Vostre affectionné cousin,
GASTON.

Au dos: A ma cousine Madame la princesse Marie,

F. Gaign. 435, f 5, v°,

Le cardinal de Richelieu à Madame la princesse Marie de Gonzague.

Madame, il m'est impossible de vous représenter l'extresme desplaisir que j'ay receu de la perte que vous avez faite de Monsieur le duc de Manthoue, non seulement pour celle cy que vous en recepvez, mais aussy pour la passion que j'avois et pour sa personnne et pour les interests de sa maison. Je vous supplie, Madame, de croire qu'ils me seront toujours en singulière recommandation et qu'il ne se présentera point d'occasion de vous rendre des preuves de ceste vérité et du désir passionné que j'ay et auray toute ma vie de vous servir en vostre particulier, que les effects que vous en recepvrez ne vous fassent recognoistre plus clairement que mes parolles, que je suis veritablement aultant que vous le scauriez desirer que peult estre

Madame,

Votre tres humble et tres affectionné serviteur,
Le cardinal DE RICHELIEU.

Gaign. 435, f. 5, vo.

Comme, hormis le millésime, la date n'est pas précisée dans l'énoncé en tête de l'acte qui suit, nous ne savons s'il faut l'attribuer au dernier moment du règne de Madame Bénédicte, ou à la première année de l'abbatiat de Madame de Treslon. En voici l'analyse :

1637. Condamnation à mort. - Sentence du bailly d'Avenay contre Jean d'Avenelle atteint et convaincu d'avoir tué un soldat de la compagnie du seigneur de Lisle, nommé La Plante, et pour ce condamné d'estre pendu et estranglé par l'exécuteur de la haute justice, en la place publique du marché, en cas de n'estre appréhendé d'y estre mis en planche trois cens livres adjugées aux droits de ladite Dame justicière sur tout son bien.

XL. Abbesse.

Madame Marie Cauchon

de Treslon.

(1638 à 1666.)

28 juin 1640. Amortissement. - Mr Pidou, conseiller, secrétaire du Roi, maison et couronne de France et des finances, commis à la recepte générale des droits d'amortissement, confesse avoir reçu comptant des Dames de Saint-Pierre d'Avenay, la somme de mille francs, suivant la taxe arrêtée sur leur abbaye par les commissaires généraux à ce députés pour la finance. De laquelle somme il proteste tenir quitte lesdites Dames jusqu'au 28 juin de l'année 1640. — Ensuite est jointe la main levée de Messieurs qui avoient ordre de lever ladite

taxe.

SUIPPES. 29 juin 1640. - Vente par devant Me Gorquet, notaire juré des bailliage et prévosté d'Epernay, demeurant à Suippe, par Marton Gerbinet, veuve de feu Jean Jaulnet de Suippe à Me Symon Desmarest, d'une chenevière, sise au terroir dudit Suippe, lieudit Montfeschier, contenant trois bichets, tenant d'une part à Mesdames d'Avenay, d'autre à Jean Robert, d'un bout à la rivière et d'autre à..... ladite pièce quitte et franche de toute servitude, moyennant prix de trente livres, dont le trrnsport est faict à Madame, acquérant pour elle et son couvent par ledit Desmarest.

12 janvier 1641. - Vente par devant le même notaire, par Sébastien-Tristan Boucher, demeurant à Suippe, au même Symon Desmarest, és dit nom, une place en forme de réservoir ou étang, sis sur la rivière de Suippe, près le moulin de Crusson, tenant d'une part à l'acheteur, d'autre à la rivière, d'un bout et d'autre aux Dames religieuses ledit achat au prix de trente livres, avec le transport de

Madame d'Avenay joint audit acte.

8 avril 1642.

Sentence du bureau de l'élection de Reims en faveur des Dames abbesse et religieuses d'Avenay, par laquelle main levée est donnée pour la disposition par elle de seize poinçons de vin, avec confirmation de leur droict qu'elles ne doivent point de gabelles en quelques lieux que ce puisse être.

8 avril 1642. Autre sentence donnée au bureau de l'élection de Reims, jour et an que dessus, contre les fermiers de la subvention, et qui donne auxdites Dames main levée des saisies qu'ils avoient faites et pratiquées sur les biens de l'abbaye.

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