pas seulement de nos jours, mais a été donné chez nous dès les temps les plus reculés. Il est vrai que beaucoup de ces points appartenaient à l'histoire même du pays, et que nous n'avions à écrire que l'histoire de l'abbaye. Mais ce que nous eussions tenu à mettre en évidence et à combattre, c'est le préjugé généralement partagé que le droit de seigneurie qu'exerçait l'abbaye entraînait une sorte de vasselage, ou tout au moins de sujétion absolue de la part des habitants: que l'abbesse, dame souveraine, avait l'entière possession du territoire qu'elle affermait, ou dont J'entretien était à la charge de vassaux à peine gagés. Or, rien de plus faux que ces assertions. On a vu, par les nombreuses transactions entre l'abbaye et les particuliers, que chaque chef de famille avait toute liberté d'acquérir, de vendre ou d'échanger la part que ses propres facultés lui donnaient dans le domaine de la communauté. De fondation royale, l'abbaye effectivement exerçait quelques droits seigneuriaux la haute, moyenne et basse justice et le prélèvement des impôts où l'état n'avait rien à voir. Mais ce droit de justice, exercé par le mayeur, au nom de l'abbesse, avait ses degrés de juridiction; et ses jugements, ses arrêts, étaient comme ceux de nos tribunaux actuels, soumis à l'appel de cours supérieures et souveraines. Quant aux impôts, sous quelle forme et en quoi consistaient-ils ? La réponse est exprimée dans la déclaration des revenus de l'abbaye, donnée en l'année 1667 par Madame de Sillery en voici la terrible nomenclature : Droit de cens et surcens, produit annuel 460 Il est vrai qu'il y avait la dîme, ce droit si odieux à la population, et effectivement le plus rude. L'abbaye n'en touchait rien : elle en avait laissé le monopole et le bénéfice au curé et aux chanoines, dont c'était le traitement. M. l'abbé Fissier, l'un d'eux, dans sa déclaration à la Municipalité, du 3 février 1790, en donne le chiffre précis. Les dimes qui se prélevaient sur les récoltes, vins, grains, foins, légumes, etc., année commune, produisaient la somme de 4,805 liv. qui, distribuée entre six, donnait à chacun, pour tout traitement, la somme de 800 liv. 16 s., et cette somme de 4,805 liv., jointe à celle de 762 l. 16 s., portait à 5,567 liv. 16 s. l'impôt annuel prélevé sur la population par l'abbaye, le curé et les chanoines. Nous ne connaissons pas au juste le chiffre de l'impôt qui pèse aujourd'hui sur la population d'Avenay. M. le Percepteur pourrait nous dire s'il est inférieur, et si, sous ce rapport, la position des imposés s'est beaucoup améliorée ! Quant au droit de propriété que, à l'époque de la Révolution, l'on a contesté aux maisons conventuelles et à la maison de Sainte-Berthe en particulier, celle-ci possédait au même titre, que chacun de nous peut posséder; par suite d'acquisitions, d'échanges, de transactions ou de donations. régulièrement faites, et parfaitement légitimées. Et ce qui est suffisamment établi par les divers inventaires et déclarations, c'est que malgré l'apparente richesse de l'abbaye en terres, en bois, en vignes et en droits seigneuriaux, l'exiguité de son revenu, variant de 20 à 25,000 livres, restait toujours au-dessous des charges de la communauté. On s'imagine qu'elle possédait la meilleure et la plus grande partie du vignoble: eh bien, en réalité, le lot de l'abbaye en vignes, tant à Avenay qu'à Mareuil et à Mutigny, se composait de quarantetrois arpens seulement, dont le revenu annuel ne s'élevait pas au-delà de 200 poinçons, évalués ensemble à 6,000 liv. seulement. Car il ne faut pas comparer le faire-valoir et le rendement d'autrefois avec ce qu'ils sont aujourd'hui. Au surplus la déclaration de Madame de Sillery que nous avons reproduite in extenso, constate qu'en 1667 notamment, la dépense abbatiale de l'année, dont il est rendu compte, excédait la recette de quatre mille trois cent cinquante-neuf livres, et quand la suppression de la maison fut résolue, la Nation, représentée par le District d'Epernay, en mettant la main sur l'avoir abbatial, déclara prendre à son profit, ou à sa charge, les dettes actives ou passives de la communauté. Nous avons tenu à présenter en dernier lieu ces observations afin de rectifier les idées de ceux qui attribuent le bien relatif dont jouissent actuellement nos concitoyens, à la suppression de l'abbaye et à la rentrée dans le domaine public de toutes les possessions territoriales de l'antique monastère. Nous ne prétendons surprendre personne, en affirmant que nous avons aujourd'hui autour de nous plusieurs particuliers plus riches et mieux apanagés que ne l'a jamais été la maison de Sainte Berthe avec ses nombreuses charges, ses malades, ses pauvres à secourir et ses cinquante ou soixante religieuses ou pensionnaires à entretenir ! FIN. TABLE DES MATIÈRES DU DEUXIÈME VOLUME XLIV abbesse. Madame CoSSART D'ESPIES (1770-1790)..... Pages 1 Madame BERTHE II. Analyse d'Hincmar Madame AGNÈS (1086-1103), Cart., 1 acte.... 71 72 75 76 83 92 94 111 129 156 163 Madame CLAIRE DES ARMOISES (1303-1324), Cart., 1 acte.... 158 Madame JEHANnne d'Arcy (1339-1356). Invent. de 1667, 5 actes. 161 Madame JEHANNE D'ANGREMONT (1360-1395). Invent., 14 actes. Madame NICOLE DE CRAON (1409-1435). Inv., 33 actes...... Madame LOUISE DE LINANGE (1542-1576). Inv., 15 actes...... Madame FRANÇOISE DE LA MARCK (1576-1608). Marie de Gonzague à Avenay et pièces diverses... 307 |