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LA

FAMILLE DE RONCOURT

PAR

M. V. PARISEL

La famille Menu de Roncourt, dont nous avons parlé ailleurs (1), est originaire du Bassigny barrois, où plusieurs de ses membres furent revêtus des plus hautes charges. Mais ce qui donnait à cette famille la grande importance dont elle jouissait dans cette petite province, c'est la part importante qu'elle prit aux événements qui se déroulèrent au XVIIe siècle, notamment à la défense de la Mothe. La glorification écrite des héros de cette ville infortunée, par la Société d'archéologie lorraine, nous semble justifier l'insertion dans ses publications de la généalogie de l'une des familles qui ont le plus marqué dans cette héroïque défense. Il est bon aussi que l'on sache comment les princes lorrains savaient, dans tous les temps, s'attacher ces importantes maisons rurales, la moelle des populations, en leur faisant place dans la noblesse de race, qui les acceptait aussitôt sur le pied d'égalité, en leur donnant des filles de la plus haute extraction.

Etienne Menu de Roncourt.

Etienne Menu, chef de la famille de Roncourt, fils de Jehan Menu, marchand, demeurant à Malaincourt, naquit

(1) Malaincourt et ses seigneurs, dans le Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, t. III, no 39 et 40, année 1889.

en cette paroisse à une date que l'on ne peut préciser, faute de documents, mais probablement vers 1550.

Il fut d'abord clerc au greffe du bailliage et de la sénéchaussée de La Mothe et Bourmont, puis notaire et tabellion, le 30 novembre 1574, à la résidence de Romain-surMeuse. C'est à ce titre, et plus encore en raison de son intelligence et de son dévouement, que Christophe de Lignéville-Tumejus, chevalier des ordres du roi, conseiller d'État de Son Altesse, capitaine de son artillerie et seigneur de Malaincourt, lui confia la gérance des terres de sa seigneurie dudit lieu, alors affermée à Nicolas Larmet, de Bourmont, et, plus tard, au susdit Jehan Menu.

Etienne Menu devint aussi surintendant de haut et puis sant seigneur René d'Anglure, seigneur de Melay, Lignéville et Vitel, conseiller d'État, chambellan du duc de Lorraine et capitaine gouverneur de La Mothe (1). Il fixa alors sa résidence en ce lieu, où il épousa, le 2 février 1580, Catherine Thouvenel, fille de Jean Thouvenel, marchand en ladite ville, dont il fut trois fois le mayeur, et de Barbe Rouyer, sa seconde femme; il s'alliait ainsi à l'une des meilleures familles de La Mothe (2).

En raison des services fidèles et agréables qu'il lui avait rendus, René d'Anglure lui fit don, le 25 septembre 1582, de la seigneurie de Roncourt, dite la grande seigneurie, comprenant, outre la terre de ce nom, la moitié du fief de Malaincourt (3), le huitième et demi du moulin de Sauville et autres.

(1) Cette maison tire son nom d'un village du département de la Marne, aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Epernay. Elle portait « D'or semé de croissants de gueules supportant chacun un grelot d'argent. Voir Notes historiques et généalogiques sur les seigneuries de Chaumond et Pisseloup, par M. Rousselot, in-8°, 1895, page 65.)

(2) Voir : La famille Thouvenel, par M. Jules Marchal, dans le Journal de la Société d'archéologie lorraine, septembre-octobre 1895, pp. 211 et suivantes.

3) Ce fief comprenait alors tout ce qui appartenait à la veuve de

Sur la recommandation de M. de Lignéville, il reçut, le 16 juillet 1583, du duc de Lorraine Charles III, pour lui et ses descendants en bon et léal mariage, des lettres de noblesse qui lui conféraient, en même temps, les armoiries telles que suivent : « D'azur, à la fasce d'argent, décorée de trois merlettes de sable, membrées de gueules, accompagnées en chef d'une croix pommetée et fichée d'argent; timbré d'un homme sauvage au naturel tenant en sa main dextre une massue de sable, naissant et porté d'un armet morné d'argent, couvert d'un lambrequin aux métal et couleur de l'escu (1). »

Il fit les reprises de cette seigneurie en vertu d'un décret en date du 18 janvier 1584 qui l'autorisa, en même temps, à substituer à son nom celui de Roncourt (2) et lui conféra le droit de haute, moyenne et basse justice (3).

En 1585, il devint, en remplacement d'Antoine Robert, démissionnaire, sénéchal de La Mothe et Bourmont, fonctions qu'il exerça jusqu'au 23 janvier 1613.

Le 16 mai suivant, il fut, par lettre de provision de Son Altesse, nommé mayeur, gruyer et receveur de la seigneurie de Colombey-les-Choiseul, en remplacement de Nicolas Oudin, décédé; il conserva ces fonctions jusqu'en 1623.

En 1609, il avait acquis sur Anne-Claude de Mailly, dame de Melay, des portions de seigneurie, ensemble un moulin aux lieux de Suriauville et Sauville, engagées

Christophe de Lignéville, qui était assis et situé aux bans et finages de Malaincourt et Graffigny, consistant en une maison, granges, étables, maix, chenevières et jardins, prés, terres, rentes, poules et chapons, moulin et vignes.

(1) Voir ces lettres aux Pièces justificatives, no I.

(2) Voir aux Pièces justificatives, no II.

(3) Sur les droits de haute, moyenne et basse justice, voir : Coutumes générales du bailliage du Bassigny, rédigées, en 1580, par les trois états de cette province, édition de Mammès Collin, Pont-àMousson, 1606.

ès-mains de messire René d'Anglure, son fils, et de dame Perette de Géresme, sa femme, vendues par décret de justice. Cette acquisition fut confirmée par lettres du duc de Lorraine, Henri, en date du 21 janvier 1609, qui l'autorisa en même temps à en faire les reprises (1).

Etienne Menu de Roncourt décéda à La Mothe le 30 octobre 1627; son épouse, Catherine Thouvenel, l'avait précédé dans la tombe le 30 avril 1626.

Ils habitaient ensemble, à La Mothe, une maison dans la grande rue, peu éloignée du chœur de l'église collégiale; il y avait, en cette maison, vinée, grange, aisances et dépendances. De leur mariage sont nés trois enfants, René, Henri et Anne, qui vont suivre.

I. RENÉ DE RONCOURT ET SA DESCENDANCE

René de Roncourt naquit à La Mothe en 1592, et fut élève de l'Université de Pont-à-Mousson, où il reçut la licence ès-droits. En sa qualité d'aîné de la famille, il fut seigneur de Roncourt, Aingeville et de la maison forte de Malaincourt. Par lettres patentes en date du 23 janvier 1613, Charles III lui conféra, par suite du désistement de son père, les fonctions de sénéchal des sénéchaussées de La Mothe et Bourmont, qu'il exerça jusqu'en 1656.

Le 10 mars 1623, le même prince le nomma mayeur, gruyer et receveur de la seigneurie de Colombey-lesChoiseul, fonctions que son père avait résignées en sa faveur, et dont lui-même se désista en 1656.

Officier d'infanterie, il se montra l'un des plus vaillants défenseurs de La Mothe pendant les sièges de 1634, 1642 et 1645 2)..

(1) Voir ces lettres aux Pièces justificatives, no III.

(2) Voir Histoire des sièges de La Mothe, par Dubois de Riocour, édition Simonnet, et Les défenseurs de La Mothe, par M. Chapellier.

En 1616, René de Roncourt avait épousé Barbe de Sarazin, fille de Jean de Sarazin, seigneur de Germainvilliers, l'un des plus intrépides défenseurs de La Mothe, au siège de 1634 (1), et de Margueritte Colas de Hay (2).

De ce mariage sont issus les neuf enfants qui suivent: A) Ferdinand, tué au siège de La Mothe en 1645;

B) Marthe - Elizabeth; elle épousa Charles - Anthoine d'Ourches, chevalier, haut, moyen et bas justicier de Rosières-en-Blois et de Vidampierre (3). Ces époux demeurèrent d'abord à Rosières, puis à Outremécourt; ils eurent de leur mariage:

a) Marie, qui entra au monastère de la Congrégation de Notre Dame, à Neufchâteau ;

b) François, sur lequel nous ne savons rien de plus;

c) Nicolas, chevalier, seigneur de Vidampierre en 1695; sa mère, Marthe-Elisabeth de Roncourt, décéda à Outremécourt le 25 mars 1669, laissant la garde noble de ses trois enfants mineurs à son mari, qui mourut probablement en 1695.

C) Jean-Baptiste, devenu l'aîné de la famille de Roncourt par suite de la mort de son frère Ferdinand, fut, en cette

(1) La famille Sarrazin de Germainvilliers est originaire de Pont-àMousson. Elle fut anoblie, le 18 octobre 1573, dans la personne de Claude Sarrazin, procureur général du comté d'Aspremont et conseiller d'Etat. Portait : « D'argent au léopard lionné de gueules, coupé, soutenu d'azur à une étoile d'or. »

Une branche de cette famille fut, par Jean-Baptiste de Sarrazin, fils de Charles Sarrazin, la tige de la branche de Germainvilliers. (Consulter sur cette famille l'étude de M. Jules Marchal dans le Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, t. IV, 2e et 3 livraisons, 1894.)

(2) Margueritte Colas de Hay était fille de Jehan Colas ou Colasse de Hey, ou Hée, ou Hay, et de Marguerite Thabouret.

(3) La famille d'Ourches remonte peut-être au XIe siècle et appartenait à l'ancienne chevalerie lorraine. Elle porte : « D'argent au lion de sable, armé, denté, couronné et lampassé de gueules. » (Voir sur cette famille Fragments détachés de l'histoire de La Mothe, par M. Jules Marchal, pp. 45 et 46.)

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