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L'abbaye de Domêvre depuis la réforme de saint Pierre Fourier jusqu'à la grande Révolution

(1625-1789)

CHAPITRE PREMIER

LES ABBÉS DE DOMÊVRE DEPUIS LA RÉFORME DE
FOURIER JUSQU'A LA RÉVOLUTION (1)
(1625-1789)

SAINT PIERRE

SOMMAIRE : 1614-1637: L'abbé Fabry rédige de sa main plusieurs registres et cartulaires; il introduit la réforme à Domêvre (1625). 1630-1636: Il prête de l'argent à la communauté et à des particu

(1) Ce chapitre a été rédigé avec la collaboration du P. Rogie, qui, avant moi, avait déjà rassemblé de nombreuses notes biographiques sur les abbés de Domêvre depuis la réforme de saint Pierre Fourier (1625-1789). Le P. Rogie, qui est l'auteur bien connu de la Vie du B. P. Fourier (Verdun, 3 vol. in-8° Nancy, 1 vol. in-12), a composé aussi un répertoire, resté manuscrit, où il a rangé tous les renseignements qu'il a rencontrés sur chacun des chanoines de la Congrégation de N.-S. durant cette période.

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liers de Domêvre.

1638 Pierre Fourier demande à Charles IV pour l'abbé Clément Philippe, nouvellement promu, la permission de prendre possession du temporel de Domêvre. -1638-1667: L'abbé Philippe augmente considérablement les revenus de Domêvre; son zèle pour l'instruction religieuse du peuple. 1690 Intrigues pour succéder au P. Lebègue.— 1711 Plusieurs titres des anciennes fondations ayant été perdus dans les guerres, et plusieurs sources de revenus ayant été taries, l'abbé Collin fait réduire le nombre des messes à acquitter. 1704-1722: Prospérité de l'abbaye au temporel et au spirituel; qualités de l'abbé Collin; il est goûté à la cour de Léopold; ses distinctions honorifiques. — 1722-1730: L'abbé Piart, postulateur de la cause de béatification du P. Fourier. · 1722-1746: Ses grands travaux de construction. Son caractère processif et son opiniâtreté extraordinaire. 1748 Union du généralat de la Congrégation de N.-S. à la dignité abbatiale de Domêvre; le chapitre de Domêvre perd son droit d'élire l'abbé. - 1765 L'abbé Pillerel

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1769

consent à céder plusieurs de ses paroisses pour former le nouveau diocèse de Saint-Dié si l'on obtient son érection canonique ; procès retentissant des Chanoines réguliers et du clergé séculier. 1772 Vertus éminentes de l'abbé Leroy. - 1765-1778: Importants chapitres généraux. 1772-1789 : Le faste à l'abbaye de Domêvre ; la discipline en souffrance.

Le P. Chré

Chrétien Fabri ou Fabry (1614-1637). tien Fabri était coadjuteur de l'abbé Chrétien Malriat depuis un certain nombre d'années, mais il ne remplissait pas les fonctions de prieur dans la communauté, qui se composait alors d'une dizaine de religieux (1). Il y occupait cependant une place importante par les services qu'il rendait.

Il semble qu'il était le plus expert et le plus savant du chapitre dans les affaires temporelles, et le plus capable de lire et d'interpréter les vieilles chartes. On trouve son nom sur divers registres rédigés par lui ou faits par ses soins : registre des admodiations (1570-1619), registre des cens (1574-1631), registre des lettres obligatoires et des constitutions selon l'ordre alphabétique des lieux (— 1637), etc., etc. (2).

Le nouvel abbé fut bénit par l'évêque de Toul, dans

(1) Arch. dép., H. 136. (2) Arch. dép., H. 1368.

l'église des Minimes de Nancy, le jour de l'Ascension 1614 (1). Arrivé à la première dignité de l'abbaye, il continua néanmoins de s'occuper des affaires jusqu'à la fin de ses jours.

Le prince Charles de Remoncourt (2), déjà commendataire de Belchamp et de Lunéville, et en possession de tant d'autres bénéfices, l'importuna fort, dit le P. Gilles Drouin, pour qu'il le choisît encore pour son coadjuteur, mais l'abbé s'en excusa si bien que, pendant les poursuites, il obtint des lettres de coadjutorerie pour son neveu, le P. Jean Mareschal, comme lui religieux de Domêvre.

L'abbé Fabri était si bien intentionné pour la réforme, qu'il pensa y entrer lui-même, et s'il ne donna pas suite à son projet, du moins il s'empressa d'ouvrir son cloître aux disciples du B. Pierre Fourier (3).

Pressé par le saint réformateur de passer un contrat pour la séparation des menses, il finit par y consentir et le signa le 5 octobre 1626, sans vouloir rien donner toutefois pour l'expédition des bulles de confirmation, qui furent accordées en 1628. Mais la part de la mense du chapitre fut faite très petite : elle ne comportait que le cinquième des revenus et «< ne valait pas 3.000 francs (4) ». L'abbé ne s'était pas montré plus généreux parce qu'il s'était chargé de la pension accordée aux anciens, dont pas un ne voulut prendre place dans la Congrégation (5).

Pendant que les religieux avaient peine à vivre et ne pouvaient voir leur nombre s'accroître, l'abbé enrichissait

(1) Broulier, Défense de l'Église de Toul, p. LXXVII.

(2) C'était un bâtard de la Maison de Lorraine. Voir ce qu'en dit Dom Calmet, Hist. de l'abbaye de Senones, chap. XLII, § I. (Doc. de l'hist. des Vosges, t. VI, p. 12.)

(3) Voir plus bas le chapitre de la réforme à Domêvre.

(4) Arch: dép., H. 1373.

(5) Arch. dép., H. 1373.

sa mense par des échanges de terrains et par de nombreux acquets, surtout dans les années calamiteuses (de 1630 à 1636) (1).

Ces marchés ne l'empêchèrent pas de rendre service à la communauté de Domêvre non plus qu'à divers particuliers, en leur prêtant des sommes relativement considérables : nous pouvons les faire monter au total de 2.400 francs (2).

En 1635, nous le voyons choisi par les religieux de HauteSeille pour présider à l'élection de leur abbé, parce que le malheur des temps ne leur permettait pas de faire venir un religieux de leur ordre qui pût leur convenir (3). Les suffrages se portèrent sur le P. Louis Fériet.

L'abbaye de Domêvre eut sa part dans les épreuves communes quatre religieux moururent, les autres furent obligés d'abandonner le cloître et se retirèrent à Belchamp, où ils demeurèrent plusieurs années. L'abbé Fabri lui-même demanda un asile à l'abbaye de Lunéville, où ses bienfaits et ses vertus lui préparaient un accueil favorable. Sentant sa fin approcher, il éprouva des inquiétudes au sujet du partage des menses. Pour les calmer, il fit promettre à son coadjuteur de rétablir les choses dans l'état normal, de façon à permettre d'entretenir 12 religieux, conformément à l'institution primitive (4).

Enfin il sollicita la faveur de renouveler ses vœux dans la réforme. Ses désirs furent exaucés en récompense « de sa toute sincère et toute parfaite et toute paternelle bienveillance (5) ». Il mourut saintement le 30 décembre 1636, sur les cinq heures du soir (6), et laissa à l'abbaye de

(1) Arch. dép., H. 1373.
(2) Arch. dép., H. 1378.

(3) Arch. dép., H. 554.

(4) Arch. dép., H. 1376.

(5) Lettres du B. P. Fourier, publiées par le P. Rogie.

(6) Arch. dép., H. 1382. Hist. du B. P. Fourier, par le P. Rogie, t. III, p. 184.

Lunéville « le sacré dépôt de son très digne corps »>, dont la sépulture fut célébrée avec une grande solennité. On peut voir aux archives paroissiales de Nonhigny une pièce en parchemin datée de 1629 et scellée du grand sceau de l'abbé Fabri. Ce sceau représente N.-D. de Saint-Sauveur, c'est-à-dire la Vierge debout couronnée, portant l'enfant Jésus sur son bras gauche et un sceptre de la main droite ; au-dessous, un écu chargé d'une croix pattée et alésée et surmonté de trois crosses, dont l'une en pal et les deux autres en sautoir. La légende porte : S... FABRI ABBAT.

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Jean Mareschal (1637-1638). A la mort du Père Fabri, son neveu, le P. Jean Mareschal, coadjuteur depuis plus de douze ans, lui succéda. C'était relativement un jeune homme, puisqu'il n'avait reçu son diplôme de docteur en théologie, après un cours de quatre années, que le 5 mai 1623 (1). Il prit possession le 6 janvier 1637.

A cette date il était, comme ses religieux, réfugié à l'abbaye de Belchamp, parce que le saint réformateur avait conseillé de ne pas réparer encore les bâtiments de Domêvre, dans la crainte de nouvelles dégradations par les partis ennemis. Son intention avait été de se donner à la réforme, mais des Pères Jésuites l'en détournèrent, pour de bonnes raisons sans doute. Il était donc bien disposé à remplir le vœu de son oncle au sujet de l'amélioration des revenus du chapitre, mais que pouvait-il faire alors ? Du reste, la mort ne tarda pas à le frapper; il mourut à Belchamp le 4 septembre 1638, après dix-huit mois seulement de prélature (2).

Clément Philippe (1638-1667). A la mort de l'abbé Mareschal, le chapitre ne se composait que de cinq membres, tous de la réforme ; il n'est question d'aucun des

(1) Arch. dép., H. 1382. (2) Arch. dép., H. 1382.

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