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Venise n'a qu'un article de plus que l'original grec, et ne comprend que les vingt-deux premiers articles de notre N° 127; mais ce volume-ci comporte 194 feuillets ou 388 pages d'écriture. Trois ouvrages différens y sont réunis: le premier est la grammaire de Denis, qui occupe les 41 premières pages, le second commence à la 42o page et finit à la 378. C'est un corps de commentaires fait par plusieurs savans, et que Jean Ezengatzy a coordonnés; le troisième remplit les 10 dernieres pages; c'est un sermon sur la Résurrection de JésusChrist. Une même main a copié l'ouvrage de Denis et les Commentaires; l'écriture en est ronde: pc abc, nette, régulière, bien lisible. Celle du sermon est plus moderne, d'un homme peu exercé; mal instruit des règles de l'orthographe et qui aura placé ce sermon pour faire remplissage.

Le manuscrit no 127 ne porte aucune indication ni au commencement ni à la fin; on ne saurait fixer d'une manière précise l'époque de sa transcription. Si pourtant on en juge par le papier, l'encre, le genre d'écriture, la forme, l'état de vétusté du volume, dont le temps a effacé plusieurs lettres, et même par l'ancienneté de l'orthographe, on serait porté à croire que toute la partie comprenant la grammaire de Denis et les commentaires a été copiée par la même main, vers la fin du quatorzième ou au commencement du quinzième siècle, du vivant de Jean Ezengatzy, ou quelques années après sa mort, arrivée en l'an 1326.

Il est vrai de dire pourtant qu'à la page 313 ou au feuillet 157, on lit une courte mention sans date, portant

que ce fut un nommé чpul, Guérag, qui transcrivit les deux premiers ouvrages du volume. On lit aussi, à la page 371, une autre mention d'une écriture moderne, annonçant qu'un certain Mésrob de Gafa avait acheté ce volume dans la ville d'Erivan en 1057 de l'ère arménienne, ou 1608 de Jésus-Christ; d'où il résulte que le manuscrit no 127 de la Bibliothèque du Roi est l'un des plus anciens exemplaires connus de la grammaire de Denis, et des commentaires sur son ouvrage, faits par Jean Ezengatzy.

Fabricius nous assure que l'ouvrage de Denis a été commenté par plusieurs scholiastes grecs, tels que Porphyre, Diomède le scholastique, Mélampus, Stephanus, Georges Chorobosque et Théodore d'Alexandrie (1). Un plus grand nombre d'Arméniens lui ont fait le même honneur, savoir:

Dans le cinquième siècle, Moïse de Khorène, autu Junpuugh, et David de Nerkèn, surnommé le Philosophe invincible, Դաւիթ Ներգինացի մականուանեալ անյաղթ փիլիսոփայ.

Dans le septième, le docteur Basile, surnommé Djon, Բարսեղ վարդապետ մականուսնեալ Ճոն. Dans le huitième, Stephanus ou Étienne, évêque de Sunikic, Ստեփաննոս եպս Սիւնեաց.

Dans le neuvième, Hamam l'Oriental, wr Համամ Արեւելցի.

(1) Voyez la note à la fin du texte grec de la Grammaire de Denis.

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Dans le onzième, le prince parthe Grégoire Magistère, Գրիգոր Մագիստրոս իշխանն պալհաւունի. Dans le treizième, Arisdaguès le scribe, Արիստակէս գրիչ, et Georges de Sis, Գէորգ Սսեցի.

Un savant anonyme, ոմն իմաստասէր անանուն: Trois autres interprètes aussi anonymes, երեք այլ անանուն

be, et on ignore dans quels siècles ils ont vécu. Enfin dans le quatorzième siècle, Jean Ezengatzy, ՅովՀաննէս Եզնկացի, qui est le dernier.

Nous n'avons vu ni lu tous leurs commentaires; mais ils sont répandus et sont très-connus dans les monastères de l'Arménie. Plusieurs écrivains modernes en ont parlé.

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Nous devons dire aussi que le travail de Jean Ézengatzy, qui fait partie du manuscrit no 127 de la Bibliothèque du Roi, peut suppléer au manque des autres commentaires. C'est un recueil d'extraits d'une douzaine de scholiastes arméniens qui, à diverses époques antérieures, avaient écrit sur les langues, et particulièrement sur la grammaire de Denis. L'auteur passe en revue ces scholiastes l'un après l'autre; il en rapporte quelque fois des passages de plusieurs pages. Tout cela est accompagné de traits d'histoire, de remarques grammaticales sur divers sujets, de citations prises dans Homère, Platon, Aristote, dans les poètes ou prosateurs grecs, syriens et arabes, de dissertations sur la poésie, sur l'art de lire et de déclamer, sur la littérature nationale ou étrangère, sur les différences de la langue grecque comparée à celle du pays et des autres contrées de l'Orient. Jean Ezengatzy y mêle ses

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propres réflexions. et parfois des critiques assez sévères. Si les ouvrages des commentateurs dont il parle nous manquent ici, comme nous l'avons déjà dit, sa collection en tient lieu et leur est peut-être préférable, parce qu'il en a tiré ce qu'il y a de meilleur. Les discussions et les raisonnemens de ces auteurs nous font connaître que les anciens avaient porté déjà à un haut dégré l'art de parler et la science rationnelle qui a pour objet la connaissance des langues.

Toutes les fois que, dans cet ouvrage, il cite les autorités ou les passages des commentateurs, des glossographes et d'autres écrivains qui l'ont précédé, Jean Ezengatzy a le soin d'indiquer leurs noms en marge. Si les extraits sont tirés d'auteurs anonymes, 'il Y met simplement le mot ш, anonyme: à côté des expressions ou des phrases de toute la grammaire de Denis qu'il rapporte successivement pour les expliquer, il ne manque jamais de placer également en marge des guillemets ou de simples virgules. Les autres glossateurs arméniens paraissent avoir fait comme lui. Nous ajouterons aussi que Jean Ezengatzy n'entreprit cet ouvrage de compilation que sur l'invitation du patriarche d'Arménie, Jacques I, et de plusieurs autres savans personnages de son temps.

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Ce travail de Jean Ezengatzy est intitulé: LW_ քումն մեկնուե քերականին , Recueil des commentaires sur la Grammaire; et il est divisé en trente chapitres. Le 1 est une espèce de préface. Le 2o contient des prolégomènes sur les langues et sur la grammaire en général. Les 3, 4, 5, 6° et 7 chapitres font connaître

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les règles, les divisions, et renferment des explications, des raisonnemens sur la lecture ou sur l'art de lire, de déclamer, de moduler la voix. Le 8° chapitre et les suivans, jusqu'au 15° inclusivement, donnent des détails et des développemens sur les accens, sur les points, sur la rhapsodie, sur les lettres alphabétiques, sur les syllabes en général, tant longues qué brèves, sur la composition ou le discours. Le 16e est une récapitulation des objets précédens, sous d'autres formes et avec de nouveaux exemples. Les chapitres 17, 18, 19, 20, 21°, 22o, 23°, 24 et 25, sont consaérés à des discussions relatives aux mots et au discours, aux noms, aux verbes, à l'inflexion des verbes, aux participes, aux pronoms, aux prépositious et aux adverbés. Le 26 chapitre est une récapitulation sur les adverbes. Enfin, depuis le 27, jusqu'au 30o ou dernier chapitre, Jean Ezengatzy parle de tout ce qui regarde les articles, les conjonctions, la prosodie, et les pieds ou mètres, en rapportant les opinions, ou des extraits plus ou moins longs des anciens glossateurs arméniens

Nous aurions désiré placer ici une analyse détaillée de ce recueil de commentaires sur l'ouvrage de Denis de Thrace; mais un pareil travail dépasserait les bornes d'un Mémoire. Nous nous sommes contentés de rapporter seulement les titres des chapitres, et nous finirons nos prolégomènes par un passage d'Etienne de Sunikie, où il nous fait connaître jusqu'à quel point les anciens avaient porté l'étude des langues. Après avoir dit deux mots sur leur division qui fut d'abord un grand malheur pour les hommes, mais qui contribua dans la

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