Imágenes de páginas
PDF
EPUB

CORRESPONDANCE.

La classe est informée que les dispositions nécessaires sont prises avec le Département de l'intérieur pour l'exécution, par l'orchestre du Conservatoire royal, de la partie musicale de la séance publique prochaine. Il ne reste plus à la classe qu'à déterminer le jour et l'heure ainsi que le programme de cette solennité, dans laquelle seront exécutées les cantates de MM. Mathieu et Pardon, qui ont obtenu, en partage, un second prix au grand concours de composition musicale de l'année dernière.

-M. le Ministre de l'intérieur transmet une copie du procès-verbal du jury qui a jugé le grand concours de peinture de 1870. Il en résulte que le premier prix a été décerné, à l'unanimité, moins une voix, à M. Xavier-Auguste Mellery, de Laeken, et qu'un second prix a été accordé, à l'unanimité, à M. Charles Ooms, de Desschel.

Conformément à la demande de M. le Ministre, ce résultat sera proclamé en séance publique de la classe.

M. Ad. Quetelet fait connaître que la classe des sciences l'a désigné, conjointement avec M. d'Omalius, qui a déclaré s'en référer à son confrère, pour apprécier, avec les deux statuaires que la classe des beaux-arts est appelée à désigner dans la séance de ce jour, la ressemblance et le mérite artistique du buste de feu M. le commandeur de Nieuport.

MM. G. Geefs et Fraikin seront priés de se joindre à M. Quetelet et de faire un rapport.

CONCOURS DE 1870.

Un mémoire portant pour titre : Étude de l'influence italienne sur l'architecture dans les Pays-Bas, et pour devise:

Si l'architecture est la mesure du degré de civilisation et de génie d'un peuple, est-ce à tort que le peuple romain occupe la première ligne?» a été envoyé en réponse aux deuxième et troisième questions suivantes du concours de cette année :

1° Rechercher l'époque à laquelle l'architecture a subi, dans les Pays-Bas, l'influence italienne.

2o Apprécier Rubens comme architecte.

Rapport de M. Gustave De Man.

En réunissant les deux questions mises au concours par la classe des beaux-arts: 1° Rechercher l'influence italienne sur l'architecture dans les Pays-Bas; 2° Apprécier Rubens comme architecte, l'auteur du mémoire a été, en quelque sorte, entraîné à faire l'histoire complète de la période où les Pays-Bas virent naître, grandir et dégénérer l'architecture de la Renaissance, dont tant de grands maîtres nous ont laissé des œuvres remarquables.

Le plan du travail est bien coordonné; l'auteur le divise en six chapitres.

Dans le premier, il s'attache à démontrer comment l'Italie, peu sympathique au style sombre et mélancolique de l'art ogival, s'éprit, au contraire, des splendeurs de

l'art oriental, des campaniles dorés et des brillantes mosaïques du style byzantin; comment, par un retour insensible, mais progressif vers les traditions que lui avait léguées l'antiquité, elle vit éclore au XVe siècle cet art nouveau qui prit nom Renaissance italienne; comment cette résurrection intellectuelle, ramenant aux formes pures et élégantes de l'antiquité, ouvrit une ère nouvelle aux arts, aux lettres et aux sciences.

Il indique par quelles circonstances cette rénovation se répandit bientôt en Espagne et en France; enfin, il énumère la nombreuse phalange d'artistes et d'écrivains qui, « à cette époque, dit-il, offrit au monde le plus magnifique » spectacle de l'extension du génie humain. »

Dans le deuxième chapitre, l'auteur aborde la première question et recherche par quelles influences la Renaissance italienne s'introduisit aux Pays-Bas; le système qu'il présente est très-ingénieux et très-logique : « La cause pre» mière, dit-il, doit être attribuée à la représentation des > motifs du style de la Renaissance et aux fonds d'archi>tecture dont nos peintres, qui avaient fait le pèlerinage › d'Italie, encadraient leurs compositions. » Il cite les nombreux artistes qui les reproduisirent dans leurs tableaux et attirèrent ainsi l'attention sur ces formes nouvelles et élégantes.

A la suite des peintres vinrent les graveurs et imagiers. « Bientôt, dit-il, les sculptures, les meubles, les vitraux, >> les manuscrits et les menus accessoires somptuaires > reproduisirent le système décoratif de la Renaissance; » l'architecture, aux Pays-Bas, fut peinte et sculptée avant » d'être bâtie. »

Toutefois, il ajoute que les premiers jalons de notre histoire de la Renaissance monumentale bâtie n'eurent pas

pour auteurs des artistes indigènes, et il attribue la première construction de ce style, élevée à Bruges en 1495 (l'hôtel consulaire des Biscaïens), à un artiste espagnol. Le type de cette construction est le seul argument sur lequel il fonde son dire.

L'auteur fait ensuite une longue énumération des constructions du genre italien élevées dans les Pays-Bas par nos architectes; il en donne de nombreux et intéressants détails; mais il ne semble pas s'être attaché à la recherche des travaux exécutés par des artistes italiens, dont cependant quelques noms sont connus : il ne cite que le Milanais Pizzoni, architecte de la cathédrale de Namur (S'-Aubin), et Servandoni, architecte florentin, qui fit l'hôtel d'Ursel à Bruxelles, le château du duc d'Arenberg à Enghien et un autre château près d'Alost.

Le troisième chapitre est consacré à la décadence du style italien aux Pays-Bas, où les jésuites, appelés en 1586 par le prince de Parme, « propagèrent, dit l'auteur, les > préceptes borominiens et édifièrent dans les principales » villes une foule d'églises, de colléges et autres établis> sements dans le style que cet ordre, alors considéra› blement répandu, avait adopté à Rome et dont le type » était l'église du Jésu. »

Les tendances décoratives et théâtrales de cette époque influèrent sur les conceptions architecturales dont les lignes, de plus en plus tourmentées, contournées, se chargèrent peu à peu d'ornements, de bossages, de compartiments, de consoles enroulées, de cartouches zoophites, de valves, de coquilles dites de saint Jacques, etc.

C'est alors que parut la première publication architecturale de la décadence italienne dont les motifs, dit-il, sont encore secs et timides.

L'auteur détaille ensuite les nombreuses constructions des jésuites et d'autres ordres religieux; il énumère les architectes les plus célèbres de cette période ainsi que leurs œuvres.

Dans ce chapitre fort long et un peu diffus, il y a certaines réticences et certaines incertitudes. C'est ainsi que, page 57, il cite parmi les œuvres de Jacob Van Campen la maison du prince Maurice à La Haye, et que, pages 64 et 65, en parlant de Pierre Post, il indique également, comme étant une de ses constructions, la maison du prince Maurice à La Haye, dont il fait un pompeux éloge.

L'auteur du mémoire aborde ici l'autre question et consacre à Rubens et à son école les quatrième et cinquième chapitres.

Il dit comment les motifs de la décadence italienne, traités jusqu'alors par nos architectes d'une manière froide et monotone, prirent, sous l'illustre maître, une allure plus mâle, plus puissante et plus exubérante, en harmonie enfin avec le caractère élevé et la fougue du grand peintre; comment, par ses conceptions pittoresques et décoratives, il sut exercer une influence telle qu'il modifia le style de l'architecture aux Pays-Bas et créa la Renaissance italoflamande, aux proportions massives, aux saillies accusées et aux formes plantureuses, et comment il forma une nombreuse et brillante école.

Il passe en revue tous les travaux du domaine de l'architecture que l'on doit à Rubens; il cite, en les réfutant, ceux qui lui sont attribués; il explique les causes de cette prétendue paternité, et, après une description fort détaillée de la maison du célèbre peintre à Anvers, et de ses splendides compositions d'arcs de triomphe et de chars exécutés pour les fêtes données par cette ville, il termine en faisant

« AnteriorContinuar »