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duquel se groupaient les artistes qui comptaient, entre autres, le célèbre Van Dyck.

» Mais ce que l'étranger perd peut-être trop de vue, c'est la grande et belle école de Van Eyck, de l'illustre inventeur de la peinture à l'huile, que les peintres les plus renommés de l'Europe venaient visiter avec des sentiments de respect et de sympathie.

» Ce respect était bien mérité, car cette école eût seule suffi, comme, en Allemagne, celle d'Albert Dürer, pour faire le plus grand honneur à la Belgique; elle pouvait se soutenir dignement, avec ses nombreux élèves, au milieu des écoles les plus célèbres qui se formaient alors.

» Le grand nom de Rubens a peut-être nui à cette gloire, que nous sommes fiers de posséder aussi. Il semblerait que le Belge n'est capable que de suivre les pas de ce grand maître anversois, en oubliant le mérite de sa première école.

> En louant Rubens, ce prodige par sa fermeté dans le grand art qu'il a professé avec tant de distinction; en le mettant à la tête des peintres qui ont spécialement en vue le mouvement et la hardiesse du dessin, on a trop oublié, peut-être, qu'il existait en Belgique une autre école, celle de Van Eyck, qui semble chercher son triomphe au milieu de la tranquillité et de la grâce de ses compositions. Quoique exécutés aux premiers jours de la Renaissance, ses ouvrages se rangent encore au premier rang dans la peinture que l'art pourrait nommer, à l'instar des lettres, la peinture sacrée.

» Bien des connaisseurs ont prétendu, avec raison sans doute, que cet artiste illustre était peut-être un chef d'école plus sûr que le célèbre Rubens, dont l'immense talent semble entièrement concentré dans sa personne.

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Le repos, la disposition tranquille des sujets conviennent mieux au peintre, en général, que les mouvements violents, que les poses, en quelque sorte forcées, qui ne sont créées que par le sentiment et une profonde connaissance du jeu des muscles et de l'anatomie. Ce dernier genre de peinture ne peut convenir qu'à des artistes habiles ayant la connaissance intime d'une foule de difficultés et d'un art porté à son plus haut point de développement; tandis que l'art plus tranquille de Van Eyck permet à une grande délicatesse de sentiments et de perceptions d'exprimer ses pensées et d'étudier les effets divers du tableau.

» Si nous rappelons ici l'école de Van Eyck, si opposée à celle de Rubens, ce n'est certes pas pour diminuer le mérite de l'un de ces grands maîtres et pour augmenter celui de l'autre. Nous n'avons d'autre but que de faire valoir l'avantage immense qu'a possédé notre petit pays de former, sous deux des grands maîtres qu'a vus naître la peinture, deux talents aussi divers et aussi remarquables; c'est d'insister surtout sur le manque de justice qu'il y aurait à n'estimer pas suffisamment l'un, tout en croyant relever l'autre. Tous deux resteront debout dans leur grandeur, et nous serons toujours heureux de pouvoir les montrer comme les deux figures artistiques les plus imposantes qu'ait produites la Belgique. Ils formeront à jamais ses plus beaux titres de gloire et chacun, dans son genre, servira de modèle. »

L'assemblée a répondu par des applaudissements à ce sympathique témoignage exprimé en faveur de l'état actuel du pays, ainsi que pour les souvenirs artistiques invoqués à cette occasion.

M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel, a proclamé en

suite, de la manière suivante, les résultats des concours de l'année 1870 :

CONCOURS DE LA CLASSE.

Un mémoire portant pour titre : Étude de l'influence italienne sur l'architecture des Pays-Bas, et pour devise: Si l'architecture est la mesure du degré de civilisation et de génie d'un peuple, est-ce à tort que le peuple romain occupe la première ligne? — a été envoyé en réponse aux deuxième et troisième questions du programme de concours de cette année.

Conformément aux conclusions des commissaires chargés d'examiner ce travail, la classe a pris les résolutions suivantes :

Aux termes des principes qui régissent ses concours, l'Académie ne peut admettre qu'un mémoire soit présenté comme solution de plus d'une question; en conséquence, la classe a recherché à quel sujet l'œuvre répondait le plus directement et, de l'avis de ses trois commissaires, elle a reconnu que c'était au deuxième, concernant l'époque à laquelle l'architecture a subi, dans les Pays-Bas, l'influence italienne.

Tout en appréciant le véritable mérite du mémoire, la classe n'a pu, conformément aux conclusions des rapports, lui décerner la médaille d'or. Elle a décidé que la question sera réservée pour un prochain concours et elle espère que le concurrent y reproduira son œuvre, après avoir tenu compte des observations des commissaires.

GRAND CONCOURS DE PEINTURE.

Conformément aux résolutions du jury chargé de juger le grand concours de peinture de 1870, institué par le

Gouvernement auprès de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, le premier prix a été décerné à M. Xavier-Auguste Mellery, de Laeken.

Un second prix a été décerné à M. Charles Ooms, de Desschel (province d'Anvers).

Le sujet du concours était : Le prophète Élie va trouver le roi Ochosias et lui prédit sa mort.

Les deux lauréats sont venus recevoir, des mains de Sa Majesté, la récompense qu'ils avaient méritée. Le Roi a bien voulu les complimenter sur leurs succès.

M. Émile Mathieu est allé ensuite prendre la place de chef d'orchestre pour diriger son œuvre, faite sur les paroles françaises du poëme couronné. Cette cantate a été interprétée par Mule Gobbaerts, MM. Warnots et Mathieu, la Société des Choeurs de Bruxelles et des dames amateurs. L'assemblée a vivement applaudi ce morceau.

Sa Majesté, qui avait manifesté le désir de se faire présenter MM. Pardon et Mathieu, a accueilli avec sa gracieuse bienveillance habituelle M. Mathieu, seul présent, accompagné de M. F.-J. Fétis, et lui a adressé ses compliments. Leurs Majestés se sont ensuite retirées, reconduites par le bureau de la classe.

CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 8 octobre 1870.

M. G. DEWALQUE, directeur, président de l'Académie. M. AD. QUETELET, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. J. d'Omalius d'Halloy, J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, le vicomte B. du Bus, H. Nyst, Gluge, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, Poelman, E. Quetelet, H. Maus, M. Gloesener, A. Spring, Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, E. Dupont, membres; E. Lamarle, E. Catalan, associés; Ed. Morren, Ed. Mailly et A. Briart, correspondants.

CORRESPONDANCE.

M. le Ministre de l'intérieur, par trois lettres différentes, a adressé divers ouvrages destinés à la bibliothèque.

M. L. Henry, correspondant, envoie, à titre d'hommage, une nouvelle brochure de sa composition. - Remercîments.

Les établissements dont les noms suivent accusent réception du dernier envoi de publications académiques, et

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