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ont traité la question, prétendent. Sanderus était mis sur cette voie par Cornelis Van der Moere, avocat au conseil de Flandre, qui écrivit, en 1682, un ouvrage resté inédit, intitulé: Spieghel van de eerweerde heeren prelaten van Sint-Pieters. Dans cet ouvrage, Van der Moere désigne comme fondateur de l'établissement Jean Hebberecht, mort en 1327. L'erreur de l'historien se comprend en partie par le fait qu'au XVIIe siècle l'ancienne famille Hebberecht était encore dans l'aisance. M. De Potter doute du fait, d'abord parce que déjà en 1260 l'abbaye de Saint-Pierre avait l'administration de l'hospice, ensuite parce que dans un acte de 1269 émané du prélat de Saint-Pierre, l'hospice est désigné sous la dénomination de hospitalis Hecberti, et dans un autre acte de 1275 sous celui de hospitalis Sancti Ecberti. Le nom de Hebberecht donné à l'hospice serait donc la traduction thyoise du nom latin Ecbertus.

Cependant l'auteur du mémoire croit à la possibilité qu'un membre de la famille Hebberecht ait plus tard participé à l'agrandissement de l'institution. Dans un travail publié depuis que M. De Potter a présenté son mémoire, M. Van Lokeren, le savant historiographe de l'abbaye de Saint-Pierre, nous apprend que déjà en 1246 et 1277, diverses donations furent faites à l'hospice (Messager des sciences historiques, 1870, pp. 231-235). M. Van Lokeren est également d'accord avec notre auteur sur l'origine de la fondation. Selon lui, « des pièces authentiques établissent que ce refuge existait déjà en 1239 et que l'origine en doit être attribuée à l'abbaye de Saint-Pierre même. » Après les origines, l'auteur traite de l'organisation de l'hospice. Au XVe siècle l'institution Hebberecht possédait des terres dans plusieurs communes de la Flandre, ainsi que des rentes sur des biens-fonds; de plus elle jouissait

en participation de plusieurs émoluments donnés par l'abbaye.

Le refuge était dirigé par une supérieure, appelée Mère ou Maîtresse (Moeder, Meesteresse), appartenant parfois à l'une des premières familles de Gand. Elle tenait rang parmi les prébendiers, dont le nombre variait de seize à quarante. Aux jours de fête elle jouissait de quelques priviléges innocents.

Les prébendiers étaient divisés en deux catégories : les uns avaient demeure fixe dans l'hospice, les autres y avaient libre sortie. Cet externat était permanent ou temporaire; dans le dernier cas on s'absentait le jour pour travailler et on rentrait le soir. Les prébendiers appartenaient indistinctement aux deux sexes, et il n'était pas rare de rencontrer dans l'asile mari et femme. A partir du XVIIIe siècle les hommes en sont exclus et on n'admet que de vieilles femmes pauvres. L'admission était au pouvoir exclusif du prélat de Saint-Pierre.

Le prébendier devait pourvoir au moins à sa nourriture, ce qui se laisse déduire de la nature des subsides qu'il recevait. La pension était d'un escalin par semaine; de plus on recevait une livre de gros pour bois de chauffage et deux escalins pour légumes. Il y avait en outre des subsides extraordinaires à la Noël, au carnaval, à la veille du mois de mai (meigeld), à la saint Jean. On était même parfois régalé de pain chaud, qui figure au budget personnel pour la somme de trois sols. Cela se pratiquait au XVIIIe siècle. Le total des dépenses pour tous les prébendiers montait alors à la somme de soixante-cinq livres dix-sept escalins quatre gros. En 1787 les revenus de l'hospice étaient de sept cent trois livres un escalin six gros; les dépenses, de six cent quatre-vingt-quatorze livres seize escalins.

Les stipulations pour l'entrée dans l'établissement différaient, mais elles étaient toutes favorables aux prébendiers et à leurs héritiers. L'inventaire des biens de Béatrix Van de Pale, décédée en 1402, accuse un avoir supérieur à dixhuit livres de gros. Cette petite fortune provenait peut-être en partie d'économies faites sur les subsides, en partie du travail pendant le séjour de cette personne à l'hospice. Il était d'usage qu'on y filât le lin.

Il nous reste un règlement d'ordre intérieur de l'année 1446, déterminant les devoirs réciproques des chefs et des prébendiers. Un acte de nomination remontant à l'année 1399 constate les droits et les devoirs des administrateurs.

La troisième partie du mémoire traite de la chapelle attenante à l'hospice, connue sous le nom de chapelle de Notre-Dame-aux-Neiges, ou de chapelle de Notre-Dame au Schreiboom. C'est un exposé historique des différents travaux exécutés à l'entretien et à l'embellissement de cette chapelle, devenue célèbre comme lieu de pèlerinage visité surtout par des mères affligées de la perte ou de la maladie d'un enfant chéri.

Le mémoire de M. De Potter, exposé avec clarté, appuyé de nombreuses pièces justificatives en entier ou en extraits, est un précieux monument pour l'histoire de la société flamande aux siècles précédents, et figurera avec honneur dans le Bulletin de l'Académie. »

Rapport de M. Conscience.

« Je partage l'opinion de mon honorable confrère, M. Snellaert, sur le mérite de la notice présentée à l'Aca

démie par M. De Potter, et suis également d'avis qu'il y a lieu d'accorder à ce travail une place dans le Bulletin. »

Rapport de M. De Decker.

« Je m'associe aux appréciations de mes deux honorables confrères et j'adhère à leurs conclusions. »

Conformément aux conclusions de ses commissaires, la classe vote l'impression de ces rapports ainsi que de la notice de M. De Potter dans les Bulletins.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

M. le baron Kervyn de Lettenhove donne lecture d'une notice intitulée : Les interpolations des manuscrits de Froissart, lecture qu'il a fait précéder de considérations verbales sur le même sujet.

Comme ce travail est destiné à une publication spéciale, il ne paraîtra pas, d'après le désir de l'auteur, dans les Bulletins.

Le droit criminel de la Grèce légendaire; par M. J.-J. Thonissen, membre de l'Académie.

Au delà des limites des temps historiques, l'imagination puissante et féconde des Grecs avait placé tout un monde plein de lumière et de vie, où les dieux et les hommes, rivalisant d'héroïsme et de génie, livraient des batailles, bâtissaient des cités, fondaient des dynasties royales et inventaient les arts qui devaient illustrer la race privilégiée des Hellènes. Les philologues et les historiens ont longtemps prétendu que les merveilles de ce monde mythique étaient des faits réels, des événements ordinaires, exaltés et embellis par l'exaltation poétique des aèdes et le patriotisme orgueilleusement crédule des masses; mais cette prétention, malgré l'esprit ingénieux et sagace de ses défenseurs, a dû céder devant les recherches approfondies et la critique plus sévère des savants de notre siècle. Il est aujourd'hui démontré que les poëmes attribués à Homère, à Hésiode et aux autres chantres de l'âge héroïque ne fournissent aucune indication certaine et irrécusable sur les événements antérieurs au IXe siècle avant notre ère. On peut admirer les charmes de la légende, la richesse et les mâles beautés de la poésie épique; mais on ne doit y voir, à un degré quelconque, les annales primitives du monde hellénique (1).

(1) Il est assurément possible que des faits historiques se trouvent mêlés à ces fables; mais nous n'avons aucun moyen de les discerner avec certitude. M. Grote (Histoire de la Grèce, préf.) fait commencer l'histoire réelle des Grecs à la première olympiade, c'est-à-dire en 776 avant Jésus-Christ.

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