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dispositions nécessaires pour faire paraître, vers la fin de l'année, l'Annuaire de 1871. Ce recueil comprendra trois notices, avec portraits, de membres de la classe celle de M. Navez par M. Alvin, de M. Leys par M. Ed. Fétis, et de M. de Bériot par M. F. Fétis.

M. le baron de Witte, de la classe des lettres, a bien voulu consacrer à l'un des associés décédés, M. Gerhard, une notice qui paraîtra également dans ce volume.

La classe des sciences aura une notice sur M. von Martius, par M. Spring, et la classe des lettres une notice, avec portrait, sur M. Ed. Duepetiaux, par M. Th. Juste et une notice sur M. P. Van Duyse, par M. Snellaert.

ÉLECTIONS.

Conformément à l'article 2 du règlement général, les sections de peinture, de sculpture, d'architecture et de musique se sont réunies avant la séance, pour dresser la liste double des candidats aux places vacantes.

La classe, après avoir approuvé les présentations faites par les différentes sections, décide la communication de ce document à tous les membres, avant la prochaine séance.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Loi de périodicité de l'espèce humaine; notice par M. Ad. Quetelet (1), secrétaire perpétuel de l'Académie.

Vers la fin de l'année 1814, au moment où les lycées cessèrent d'exister dans nos provinces, mes premiers délassements me portèrent vers les arts du dessin et vers la poésie. C'est alors que me vint également l'idée de m'occuper des proportions de l'homme et de réunir tous les travaux qui avaient été faits sur ce sujet important. En me fixant à Bruxelles, je ne perdis cependant pas de vue, au milieu de mes occupations, la théorie de l'homme et celle de sa conformation physique, comme le prouvent les

(1) ́ A l'époque de la réorganisation de l'Académie royale de Belgique, en 1846, la classe des beaux-arts entreprit une grande œuvre qui avait pour objet de mettre en évidence le développement des travaux de nos ancêtres et de rappeler les phases de notre brillante histoire, particulièrement pour la musique et pour les arts du dessin, qui ont placé la nation belge en première ligne. Chacun des membres voulut concourir à payer ce juste tribut de reconnaissance aux artistes des temps passés. Une commission, composée de MM. F. Fétis, A. Van Hasselt, Alvin, Bock, Schayes et Quetelet, fut nommée pour diriger cette entreprise nationale, et les membres prirent l'engagement de s'occuper dès lors de ces vastes travaux. L'un d'eux présente aujourd'hui son tribut dans cet hommage patriotique. M. Quetelet dépose les premières feuilles imprimées de son Anthropométrie ou de son ouvrage sur les Proportions du corps hu

main.

premiers volumes des mémoires de l'Académie royale de Bruxelles. Mais je ne pus étudier ce sujet que dans mes loisirs; et, plus tard, aidé de plusieurs de mes collègues de l'Académie, je parvins à réunir ces documents sur la plus grande échelle. Je citerai particulièrement MM. Madou, Navez, Calamatta, Robert; et, d'une autre part, nos plus habiles anatomistes, MM. Gluge, Schwann, Spring, Guiette, etc.; je recueillis en même temps les mesures et les dessins des modèles qui m'étaient nécessaires. Mes relations avec les artistes et les savants étrangers me permirent également de recourir aux connaissances de MM. Godefroy Schadow, le docteur Carus, Horace Vernet, Villermé, Jomard, le docteur Granville, etc.

Les savants qui se sont occupés des ouvrages nombreux sur les proportions de l'homme, se rappelleront peut-être que les meilleurs documents ne donnent que les dimensions de quelques figures les mieux dessinées d'après leur jugement. Ainsi, le traité de Claude Audran, généralement employé dans les ateliers de peinture et d'architecture, ne fait connaître que les statues les plus célèbres de l'antiquité. On ne peut certes accueillir de meilleurs choix; mais c'est réduire toute la théorie des proportions de l'homme aux dessins d'une douzaine de chefs-d'œuvre, qui sont effectivement ce qu'on peut imaginer de plus beau et de plus élégant dans la stature humaine.

Quelques figures, dans les meilleurs ouvrages mêmes, suffisent pour en déduire les dimensions générales; je n'en excepte pas même les traités de Schadow et de Léonard de Vinci.

Ce serait réduire singulièrement la science des proportions de l'homme que de la comprendre dans un cadre aussi étroit. C'est cependant devant d'aussi vastes lacunes dans

la connaissance de la structure humaine, que la science s'est arrêtée jusqu'à présent. Je ne parlerai pas ensuite de la structure et des proportions des enfants: Raphaël, le premier, sentit le besoin de remédier aux défauts énormes de conformation que l'on remarquait encore dans les œuvres des peintres qui ont devancé son école. Ces écarts toutefois ne se montrent pas chez les artistes anciens.

Il était donc utile de connaître ce qui avait été entrepris jusqu'à ce jour pour fixer, chez les différents peuples, la connaissance du corps humain. Cette intéressante étude avait été faite par les plus grands hommes qui ont concouru à la renaissance des arts: puis, on s'en est tenu au peu de renseignements qui ont été recueillis. Aujourd'hui même, nous en sommes encore à peu près au même point. Le premier livre de mon ouvrage rappelle, autant que possible, tout ce qui a été fait chez les différents peuples et aux diverses époques pour connaître les proportions humaines. Je me suis donné beaucoup de peine pour m'en procurer l'ensemble et en présenter les résultats.

Dans le livre suivant, à la connaissance de l'individu, je tâche de substituer la connaissance de l'espèce, et c'est ce travail immense qui m'a coûté tant de soins, malgré l'obligeance et les lumières des amis éclairés qui ont bien voulu m'aider. J'ose croire aujourd'hui que ces longs et pénibles travaux m'ont conduit à la découverte de quelques lois d'une grande fécondité, à côté desquelles on aurait toujours passé infructueusement en suivant la marche adoptée jusque-là. Je me bornerai, cette fois, à indiquer une seule de ces lois, comme étant l'une des plus simples: je parle de la taille de l'homme, pour un âge donné.

Je suppose, par exemple, que, dans un pays quelconque, on ait mesuré tous les hommes de vingt ans et qu'on les

ait classés d'après l'ordre de grandeur : toutes ces tailles, depuis la plus grande jusqu'à la plus petite, devraient se succéder, semblerait-il, d'une manière désordonnée; elles suivent, au contraire, en réalité, l'ordre le plus régulier. La première fois que j'eus l'occasion de faire cette remarque, ce fut au sujet d'un ensemble de conscrits qu'on avait mesurés, en abandonnant ceux qui tombaient en deçà ou au delà des tailles demandées par la loi. La curiosité de cet ensemble me porta à rechercher si les nombres, non employés dans le calcul, pourraient se placer en complétant la loi. Ce complément se vérifia en effet.

J'ai essayé, dès lors d'examiner si cet ordre remarquable, que j'avais observé pour la France, sur les tailles militaires inscrites, se vérifierait aussi pour la Belgique. Je reconnus identiquement la même loi et je ne fis point difficulté de l'indiquer, tant le principe paraissait évidemment établi; mais on hésitait à y croire. Les hommes les plus sérieux cependant étudièrent la marche des nombres, et les Anglais, ainsi que les Américains du Nord, ne firent aucune difficulté d'avouer la proposition contre laquelle, disaientils, des préventions s'étaient d'abord élevées chez eux. Les savants américains et les Écossais vérifièrent aussi, comme je l'avais déjà fait, cette loi sur la poitrine des hommes de leurs armées et elle se montra avec la plus grande évidence. Depuis ce temps, M. le professeur Bodio a reconnu, de son côté, d'après trois années d'observation, l'existence de la même loi sur les tailles des miliciens de l'Italie (à l'exception des provinces vénitiennes). Qu'on me permette de rappeler ici ces différents nombres les personnes habituées aux sciences d'observation n'auront pas besoin d'explications, je crois, pour me comprendre.

2me SÉRIE, TOMe xxx.

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