Le bien-être des employés n'était pas non plus négligé pendant ce temps. La difficulté de trouver des logements suffisants pour ces derniers avait déjà conduit en 1876 le directeur alors existant à bâtir un certain nombre de maisons ouvrières possédant chacune un jardin. D'autres constructions eurent lieu dans la suite, et actuellement un grand nombre d'ouvriers habitent des maisons construites par la société avec jardins. Un certain nombre d'employés ont pu, avec l'aide de la société, se construire ou s'acheter des maisons privées (voir plus loin ce qui a trait aux institutions patronales).

Dans les étages supérieurs de l'ancien bureau se trouvent les logements composés de 2 chambres pour les employés célibataires; le restaurant de la fabrique qui fut augmenté en 1879 par l'adjonction d'un réfectoire et en 1893 par les pièces ayant servi jusque-là aux affaires de commerce, enfin une salle de 500 mètres carrés.

On avait déjà commencé en 1875 la construction de maisons ouvrières sur un terrain de 5 hectares situé près de la fabrique. Depuis cette époque il a été complètement occupé par les logements avec jardins. On a employé au même usage d'autres terrains de situation appropriée. Le total des maisons ouvrières s'élève à 305. De plus un phalanstère privé a été fondé en 1891 par dotation des anciens directeurs. Il se compose de 60 maisons pour les ouvriers vieux et invalides. Il faut ajouter à toutes ces institutions: des cantines situées dans la fabrique, piscine, société coopérative, écoles de jeunes filles, caisse d'épargne, caisse de pensions des inspecteurs et enfin la caisse de pension des employés fondée en 1885.

Telle est en quelques mots l'histoire du développement de l'entreprise qui occupe actuellement un terrain de 82 hectares (dont 160.000 mètres carrés de constructions), et emploie dans ses ateliers: 3.000 ouvriers, 100 inspecteurs

२

et contremaîtres, 100 chimistes, 20 ingénieurs et fonctionnaires techniques, 160 employés pour le commerce, ainsi que la vapeur de 85 grandes chaudières possédant 9.000 mètres carrés de surface de chauffe.

A la fin de cet aperçu, quelques chiffres sur l'emploi des produits bruts pendant l'intervalle d'une année montreront l'importance des fabrications.

(1) C'est grâce à l'obligeance du Directeur de la Société que nous avons pu nous procurer les renseignements détaillés qui vont suivre. La Farbwerke vorm. Meister Lucius et Brüning a publié plusieurs opuscules concernant l'organisation de ses usines.

Le travail le plus intéressant est celui du Dr Grandhomme, duquel une partie des renseignements qui vont suivre ont été extraits.

CHAPITRE II

Organisation économique et institutions patronales dans les grandes usines chimiques

Organisation économique dans les usines de produits chimiques en Allemagne. Exemple: La Farbwerke de Höchst. Aménagement des usines. Personnel, règlements. Nourriture. Conditions sociales, âge, séjour, service militaire. Durée du travail et salaires. Cités ouvrières, contrats. Institutions diverses: cantines, coopératives, caisses d'épargne, écoles, etc. Caisses d'assurances, seCaisses de pensions pour les employés. titutions patronales de la Société Badoise: Badische Anilin und Soda Fabrik.

cours.

Ins

La plupart des directeurs des grandes usines chimiques allemandes ont compris combien le rendement du travail dépendait de l'amélioration des conditions de la vie de l'ouvrier.

un modèle

C'est dans ce but qu'on a multiplié les institutions patronales. Comme elles ont été instituées sur général, il nous suffira de choisir un exemple.

Le système principalement employé pour la construction des fabriques est celui en dents de scie qui permet d'utiliser convenablement le terrain et facilite l'éclairage par le haut. La hauteur des étages est de 5-7 mètres. Les toits sont installés de façon à assurer une ventilation suffisante. En outre un système de canalisation traverse les ateliers en apportant les gaz chauds des cheminées et em

portant ceux qui se dégagent. Les réactions produisant des gaz nuisibles ou gênants se font dans des appareils fermés dont les conduits de dégagement s'ouvrent dans les canaux souterrains : de là, ils sont dirigés dans les couches supérieures de l'atmosphère par 21 cheminées d'usine, dont la plus grande à 82m50 de hauteur et 2TM75 de largeur à sa partie supérieure.

Le sol de tous les locaux est fait de façon à empêcher toute infiltration. Les systèmes primitifs employant dans ce but une double couche de briques dans du ciment ont été complètement abandonnés, ainsi que le béton et l'asphalte. Actuellement on emploie des plaques de grès de 10cm d'épaisseur réunies entre elles par du ciment ou de l'asphalte, ou bien encore on pave avec des cubes de basalt en remplissant d'asphalte les interstices existant entre

eux.

Tous ces sols sont en pente et aboutissent à un système de rigoles est en briques cuites dans du goudron et se recouvrant l'une l'autre; le tout est recouvert d'un ciment noir formé d'un mélange de briques pilées et de goudron. Ces rigoles s'ouvrent dans des puits de chasses établis hors des bâtiments et se composant de plusieurs compartiments dont le contenu s'écoule dans des canaux souterrains. Les parois des bâtiments sont badigeonnées à la chaux et blanchies tous les ans. Les murailles sont percées de grands portails, à 1 ou 2 battants, formant avec les fenêtres une ventilation suffisante.

Étant donnée la hauteur des locaux, cette disposition suffit dans la plupart des cas. Si les gaz qui se dégagent sont vénéneux par eux-mêmes ou dangereux pour les ouvriers ils sont rejetés à l'extérieur par suite de l'aspiration produite par les grandes cheminées. Les appareils sont réunis par des conduits aux cheminées et grâce à cette disposi