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tiel des traités de commerce est de donner quelque stabilité aux conditions des échanges entre nation en même temps que de régler leurs rapports de la manière la mieux adaptée à la situation particulière de chacune d'elles. La dépendance économique où elles sont toutes les unes vis-à-vis des autres ne permet pas de tenir compte de toutes les circonstances spéciales à chacune; la clause de la nation la plus favorisée est la formule nécessaire de la conciliation des divers traités particuliers; cette clause restreint la faculté réciproque de concessions particulières, mais elle ne la supprime pas; elle exige seulement plus d'art pourles réaliser. Elle ne saurait d'ailleurs suffire au règlement des rapports internationaux ; si elle est essentielle, c'est pour compléter, non plus pour suppléer, les dispositions * spéciales; en aucun cas, elle ne devrait être perpétuelle ; la stabilité n'est point la perpétuité; s'il est utile d'adopter, pour un temps, des règles fixes concernant les rapports commerciaux, il est dangereux de donner à ces règles une durée hors de proportion avec celle de la situation à laquelle elles s'appliquent. »

CONCLUSIONS

En dehors de l'utilité pratique que peut présenter la réunion de tous ces documents et considérations, deux sentiments pourront se dégager de la lecture de cet ouvrage.

Le premier est celui de la puissante organisation des industries chimiques en Allemagne, sur le point de se transformer en un vaste laboratoire.

Le deuxième sentiment est celui de ce qui nous reste à faire si nous voulons, je ne dis même pas augmenter, mais simplement conserver nos marchés en produits chimiques.

J'ai déjà fait ressortir au commencement de ce travail qu'il fallait attribuer à l'industrie chimique une signification et une importance plus considérables que celles qui lui sont généralement octroyées. Il n'est pas exagéré, comme je l'ai déjà aussi fait observer, de poser en principe que les connaissances chimiques sont la trame sur laquelle viennent se tisser une infinité d'autres industries: les industries chimiques ont cela de particulier en effet qu'elles ne peuvent prospérer que par une bonne organisation scientifique appuyée bien entendu par le bon fonctionnement d'autres institutions. Or quand un pays possède tous ces éléments à un grand degré de perfectionnement, il n'est

pas loin de la prospérité générale : c'est ce que nous observons pour l'Allemagne.

D'ailleurs, cette manière de concevoir l'influence des industries chimiques sur la prospérité d'une nation n'est pas nouvelle. Un savant n'a-t-il pas exprimé cette opinion que la valeur industrielle d'un pays était en proportion avec la quantité d'acide sulfurique employé?

Dire que le progrès chimique est le critérium de la valeur industrielle d'un peuple n'est donc qu'une extension de cette idée.

Quoiqu'il en soit, l'Allemagne en est un exemple. Nous avons vu dans la première partie de ce livre que les grands outils nationaux, si je puis m'exprimer ainsi, tels que les chemins de fer, les canaux, les transports maritimes étaient en voie de grand perfectionnement; que les industries de toutes sortes qu'il s'agisse de tissage, de construction ou de machines, progressaient avec la même rapidité.

Après avoir établi dans la deuxième partie, par les tableaux d'importation et d'exportation et par l'exposé des situations générales, que les industries chimiques se développaient de plus en plus, j'ai fait ressortir dans la troisième partie tous les avantages que l'on avait su tirer en Allemagne de l'aménagement des usines et du perfectionement des institutions patronales en vue d'un meilleur vendement dans le travail.

Quant aux chapitres de la quatrième partie, dans lesquels j'ai exposé l'organisation scientifique de toutes ces questions: budgets de laboratoires, programmes d'enseignement, diplômes, etc., ils sont de nature à donner une idée de l'importance que l'on porte à tout ce qui se rattache à la chimie, qui trouve des défenseurs jusque sous les voûtes du Parlement.

Enfin, la cinquième partie a mis en évidence l'utilité des Chambres de commerce, des syndicats professionnels et des sociétés chimiques qui jouent un si grand rôle dans la défense des intérêts chimiques.

*

* *

Mais ce n'est pas tout que de constater le progrès de l'Allemagne.

Quelle conclusion à notre profit et quel enseignement devons-nous en tirer?

Le but de ce livre est-il simplement de nous renseigner sur ce qui se passe de l'autre côté du Rhin?

Il faut porter plus haut sa pensée : ce que j'ai voulu surtout montrer par l'étalage de ces documents, c'est que si l'industrie chimique est stationnaire en France cela tient au fonctionnement ou à l'absence des organes qui devraient en constituer le mécanisme (1).

Bien des auteurs, Haller, Lauth, Lefèvre, etc., ont signalé les lacunes que présentait l'enseignement de la chimie appliquée en France. On s'est mis courageusement à l'œuvre et à l'heure actuelle cet enseignement s'est considérablement amélioré. L'Institut chimique à Nancy, si brillamment inauguré par Haller, l'Ecole de Physique et de Chimie dont le programme, sous la vigoureuse impulsion de son directeur M. Lauth, est un véritable succès, l'Ecole de Chimie appliquée de la rue Michelet avec la direction de M. Moissan, l'Institut chimique de Lyon, etc., sont autant de preuves de notre organisation qui laisserait peu à

(1) Voir l'ouvrage de M. Haller l'Industrie chimique, dans lequel l'auteur fait une critique sur les causes du ralentissement des industries chimiques en France.

désirer si l'enseignement électrochimique et électrotechnique n'était pas aussi insuffisant.

Nous commençons donc en France à être suffisamment organisés de ce côté mais il ne suffit pas de former des chimistes, il faut leur offrir un champ d'activité où leurs productions ne soient pas stériles et surtout ne servent pas uniquement à augmenter la richesse industrielle de l'étranger.

Il reste donc maintenant à améliorer et à perfectionner tout l'outillage qui doit contribuer à développer l'industrie chimique de manière à lui donner un rang digne de notre pays.

C'est cette question d'organisation que je me propose d'étudier dans un travail à part, en même temps que celle de la formation d'un Syndicat pour la défense commune de toutes les industries chimiques (1).

(1) Dans une conférence que j'ai faite à la Chambre syndicale de produits chimiques, le 14 mars 1900, j'ai insisté sur la nécessité du rôle plus actif que devaient prendre en France les Sociétés d'ordre chimi que, syndicats professionnels d'industrie chimique, etc., chaque fois qu'il s'agissait de questions d'enseignement technique, de creatious de laboratoires, de modifications dans notre jurisprudence des brevets, d'amenagements dans les usines chimiques, de projets de creation d'industries dans nos colonies, de la condition sociale du chimiste, etc., au lieu de cantonner leur programme dans des limites étroites. J'ai insiste également sur l'utilité de créer un service de renseigne mons concernant les industries chimiques sous les auspices de la Chambre syedicale, et cette idée semble avoir été bien accueillie. (Badetin de la Cambre syndicale de produits chimiques,mars 1900,

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