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sacrifices (1). >>>

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« Danaé, dit-on à une autre morte, contentetoi et jouis de la victime que je t'offre. Ne rappelle pas à toi Eutychia, femme de Sotéricus (2), »

des

L'idée qui domine dans la pièce attribuée à Quintilien est la préoccupation des attentats des magiciens contre le repos morts. Ce n'était pas seulement en effet pour écarter les chercheurs de trésors que l'on faisait garder les tombes (3). Hébreux, Grecs et Romains croyaient à d'autres dangers. Les nécromanciens fouillaient les sépultures pour en arracher des restes humains, éléments principaux de leurs conjurations. Vingt textes classiques en témoignent. Au moment où Germanicus fut atteint d'une maladie mortelle, on avait trouvé sous la terre, autour de son palais, des lames de plomb où se lisait le nom du jeune prince, des charmes et des débris de cadavres, toutes choses

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(Henzen, Bullettino dell' Instituto di corrispondenza archeol. 1859, p. 77.)

(3) Orelli, n° 4367-4369; Jacutius, Bonusæ et Mennæ titulus, P. 45.

faites, croyait-on, pour dévouer les vivants aux divinités infernales (1).

Là ne se bornait pas la malfaisance des magiciens. Ils savaient par leurs enchantements, par la vertu de certaines formules obscures (2), évoquer les morts et les forcer à apparaître. Ainsi parlent Virgile, Ovide, Properce, Tibulle, Apulée et d'autres encore). Si les poètes, les romanciers étaient seuls à le dire, leurs témoignages n'auraient peut-être qu'une assez faible valeur; mais des autorités plus graves nous apprennent combien étaient nombreux les adeptes de la nécromancie. Pour ne parler ici que du monde romain, Cicéron compte parmi eux Appius et Vatinius; Tacite nomme Libo Drusus; Suétone : Néron; Dion Cassius : Caracalla ("); puis, lorsque les temps s'avancent, des lois terribles sont édictées contre ceux qui osent troubler ainsi le sommeil des défunts et violenter leurs âmes (5). que

Qu'il n'existe pas ailleurs dans les textes des marques de la croyance à ce pouvoir maudit, serait, à coup sûr, chose étrange. Quand la pythonisse d'Endor le fit apparaître devant Saül, le spectre de Samuel dit au roi épouvanté : Quare me inquietasti ut suscitarer ()? N'être pas inquiété dans la tombe, échapper à des conjurations impies, tel était le vœu de plus

(1) Tacit. Annal. II, 69; Dio Cass. LVII, 18; voir de plus le Pseudo-Quintil. Declamatio XV; Stat. Thebaid. 1. IV, v. 507; Apul. Metam., edit. Oudendorp. 1. II, p. 139, 140, 144; 1. III, p. 206; S. Chrysost. Homil. XXXVII in Matth., § 7, etc. (2) Nouveau Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, p. 264, etc.

(Virgil. Egl. VIII, 98; Æneis, IV, 490; Ovid. Metam. VII, 107; Propert. Eleg. IV, 1; Tibull. I, II, 47; Apul. Metam. I, p. 37; Tertull. Apol. XXIII; De anima, VII. Héliodore (Theag. et

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Charicl. VI, 14), Apulée (Metam. II, p. 162) et d'autres ont décrit de ces scènes d'évocation.

(4) Cicer. Tuscul. I, xv1; Contra Vatinium, V; Tacit. Annal. II, 28; Suet. Nero, XXXIV; Dio Cass., LXXVII, 22.

(5) Const. 5, De maleficiis : « Manibus accitis audent ventilare» (Cod. Theod. IX, XVI); Const. 3, De indulgentia criminum : « In mortuos veneficus »; Const. 8 : « Qui quiescere mortuos non sivit» (Ibid., IX, XXXVIII); Amm. Marcell., XIX, 12. (6) I Reg., XXVIII, 15.

d'un. On s'ingéniait à garantir contre ce péril le repos des
morts. Des clous magiques, chargés d'images et d'inscriptions
bizarres, étaient placés près d'eux pour les garder"); certaines
figures, que les anciens croyaient puissantes contre les enchan-
tements, se déposaient dans les tombeaux parmi d'autres amu-
lettes (2)
ou se gravaient sur les marbres funéraires. Telles sont
les images spinthriennes qui accompagnent deux épitaphes trou-
vées à Acra (3) et à Rome, épitaphes dont la dernière, signalée
par Paciaudi, présente en outre une formule destinée à faire
respecter la tombe (4).

Je viens de parler des figures magiques jointes aux sépulcres afin de garantir les morts contre les attaques de la sorcellerie. Il en est un type intéressant sur un monument encore non expliqué, bien que connu et publié depuis plus de trente ans (5). C'est la stèle funéraire d'un soldat mort en Afrique et qui, au bas de son épitaphe, fit graver un des groupes cabalistiques fréquemment représentés sur les amulettes (6). Au milieu se

(1) Minervini, Novelle Dichiarazzioni sopra un antico chiodo magico, 1846, in-8°; Henzen, Annali dell' Instit. di corrisp. archeol., 1856, p. 216; Jahn, Ueber den Aberglauben der Basen Bliks (Berichte der Königl. Sächs. Gesellschaft, 1855, p. 105); Bruzza, Iscrizioni antiche Vercellesi, Introd. P. LI; Saglio, Dict. des antiq. gr. et rom., au mot Clavus.

(2) Bruzza, Annali dell' Instit. di corrisp. archeol., 1881, p. 291.

(3) Corpus inscr. græc. no 5464 : « KAI CY, in anaglypho repræsentante leonem alatum quem pro phallo agnovit Iudica.» On sait que les formules KAI CY, ET TV se rencontrent fréquemment sur les tombes. C'est la réponse que le mort est censé faire au passant qui lui parle. (Bul

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(4) Paciaudi, Monumenta Peloponnesia, t. I, p. 204. — A cette série de monuments appartient peut-être aussi le sarcophage à figures obscènes du musée secret de Naples.

(5) Revue archéologique, 1863, t. I, p. 293; Renier, Inscriptions de l'Algérie, n° 3585; Corpus inscriptionum latinarum, t. VIII, n° 9057.

(c) Jahn, Berichte über die Verhandlungen der Königlich. Gesellschaft der Wissen schaften zu Leipzig, 1855, pl. III; Winkelmann, Description des pierres gravées du baron de Stosch, p. 554, n° 127; Arneth,

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trouve le « mauvais œil » l'oculus invidiosus, entouré d'un cercle d'ennemis qui le tiennent en respect et le menacent : le coq, le serpent, le scorpion, et une autre figure difficile à reconnaître.

Quelle a pu être la pensée de celui qui s'est fait préparer cette tombe? Aura-t-il voulu se garder de ceux contre lesquels les talismans avaient, croyait-on, quelque puissance : les sorciers, violateurs des corps et tourmenteurs des âmes? Je ne saurais m'en porter garant; mais, à juger de la terreur que ces hommes inspiraient aux anciens, je ne puis me défendre de croire à des précautions prises contre les œuvres de la magie, redoutable aux morts comme aux vivants.

Peut-être en était-il de même en ce qui touche une inscription de caractère gnostique trouvée au xvra siècle à Vars, près d'Angoulême, et qui, remarquée, publiée dès l'heure de sa découverte, semble être maintenant tombée en oubli.

Un savant commentateur d'Ausone, Élie Vinet, raconte qu'en 1541 on rencontra, en fouillant profondément le sol, un massif de grandes pierres fermé d'un couvercle et contenant un cercueil de plomb (1). Dans cette caisse reposait un corps humain recouvert d'une mince pellicule, reste d'une étoffe qui s'affaissa et disparut subitement au contact de l'air. Le squelette resta seul entier. A la hauteur du cœur était, dans des débris poudreux, une petite lamelle d'or très mince plus longue que large et pesant un demi-ducat. « Elle fut, dit l'auteur, exposée à Bordeaux dans la cour du collège d'Aquitaine (2), où le secrétaire de

Monumenten des KK. Münz-und AntikenCabinettes in Wien, pl. LIV G, no 69. Une amulette d'or de ce même type existe au Cabinet des médailles (Inventaire, n° 3026). Sur d'autres phylactères publiés par M. Schlumberger, Revue des études grecques (1892, p. 74 et 82), le mauvais œil,

au-dessus duquel se lit le mot ONOC, est de plus attaqué par trois poignards et un trident.

(1) Ausonii opera, p. 463 F (Burdigalæ, 1541, in-4°).

(2) In media Gymnasii Aquitanici

area ».

‚ l'évêque d'Angoulême me la fit voir, cherchant partout quelqu'un qui pût expliquer ce qui y était écrit. On l'envoya ensuite au roi François et je n'en ai plus entendu parler. Elle était roulée, et, en la dépliant, on y vit cette inscription simplement tracée à la pointe, car le peu d'épaisseur du métal n'aurait pas permis de la graver :

AEHIO Y W
WYOIHEA

EHIOY WA

YOIHE AW

HIOYWAE

OIHEA WY

I OY WAEH

« Ce sont les sept voyelles grecques répétées sur sept lignes dans un ordre différent. Que quelque Pythagore devine le mystère caché dans ce carré. Quant à moi, je pense que le mort était un homme instruit et d'humeur joyeuse, se riant de ceux qui croyaient se rendre immortels par des épitaphes; il n'aura voulu laisser après lui que cette mince feuille d'or, pour faire chercher, à qui la trouverait, le sens des sept voyelles ("). En rendant compte de la découverte, Vinet cite des personnes qui ont vu, comme lui, la petite lamelle de Vars : les de l'évêque d'Angoulême, son vicaire, son secrétaire, le poète Georges Buchanan et le prélat lui-même. Quoi qu'il en soit de ces témoignages et malgré la confiance que mérite le nom du

Une relation française de la même découverte se trouve dans une rarissime plaquette publiée en 1567 par Élie Vinet sous ce titre : Recherche de l'antiquité d'Engoulesme, réimprimée en 1876 par le docteur Gigon. J'y vois (p. 23) que les ossements contenus dans la tombe de Vars ont été regardés par le populaire comme

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