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L'ostensoir en cuivre doré, littéralement couvert de morceaux de corail enchâssés dans le métal, a été parfaitement restauré par M. Liagre, orfèvre, à Tournai. Cette pièce d'orfèvrerie, de travail napolitain, paraît remonter à la première moitié du XVIIe siècle. Sa hauteur est de 0m 61.

On conserve encore une aiguière en cuivre, ornée de gravures, et un bassin rond de même métal repoussé et estampé. Au centre de ce bassin deux lions soutiennent un écusson chargé d'un cœur. Le rebord très-large est orné d'étoiles, de fleurs et de cœurs. On lui assigne pour date, l'année 1600. Son diamètre est de 0m 555; l'aiguière a 0m 18 de hauteur. Ces deux objets servent encore pour le Mandatum, le Jeudi-Saint'.

La collégiale de Saint-Vincent a possédé d'autres argenteries et pièces d'ornements qui furent enlevées à la fin du siècle dernier par un commissaire républicain, nommé Gaudron, député par l'assemblée nationale de Paris. Le trésorier du chapitre, assisté du prêtre-sacristain, en a dressé l'inventaire. Outre le phylactère dont nous avons parlé plus haut, le citoyen Gaudron s'empara d'une grande lampe pesant trente livres, de huit chandeliers de diverses grandeurs, de deux autres servant aux acolytes, de deux petites châsses montées en cuivre et garnies en argent, de deux reliquaires montés en bois et garnis en argent, d'une couronne d'argent qui surmontait un tabernacle monté en cuivre, de deux adorateurs posés à côté de ce tabernacle, d'un Christ haut de cinq pieds et demi, de deux anges portant chandeliers et placés sur l'autel devant le Saint-Sacrement, de deux autres petits anges posés à côté du chef de saint Vincent, d'une croix processionnelle, d'une autre croix servant à l'autel et ailleurs, d'un seau avec son goubillon, de deux encensoirs avec leurs navettes, de sept calices dont un doré et garni de pierreries, d'un missel avec agrafes d'argent, d'un épistolaire bordé en argent, de deux bâtons ornés des armoiries du chapitre et servant aux chantres, d'un

Bulletins de la Société historique et littéraire de Tournai, t x, pp.

291-293.

autre bâton pour le maître des cérémonies, d'une main d'argent servant à l'index aux messes solennelles, d'un grand plat ovale avec les burettes et sonnette artistement travaillés, de canons garnis en argent, d'un petit reliquaire de saint Vincent, garni de pierreries, d'environ vingt balles d'argent, et d'un plat rond avec ses burettes '.

Parmi les ornements sacerdotaux que nous avons vus à Soignies, nous avons remarqué un ornement complet provenant de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, dont le nom se trouve brodé au bas de la chasuble. Mais la pièce la plus remarquable est une chasuble qu'on dit avoir été donnée au chapitre par Philippe II, roi d'Espagne. Malheureusement, cet ornement avait été laissé autrefois dans un bien triste état. Il est garni de médaillons finement brodés, représentant les sacrements, à l'exception du mariage. Les cartons paraissent avoir été éxécutés par un artiste flamand.

Le drap d'or que Philippe le Bon avait offert à saint Vincent lorsqu'il vint à Soignies, le 19 avril 1499, pour prêter le serment d'usage ne subsiste plus. La dépense faite pour ce précieux ornement d'église s'éleva à la somme de 120 livres 2.

VIII.

Paroisse de Soignies.

L'église de Saint-Vincent de Soignies dépendit jusqu'à la révolution française de 1789 de l'archevêché de Cambrai et du doyenné de Chièvres.

Bulletins de la Société historique et littéraire de Tournai, 1. XII, pp. 159-161.

2 Inventaires des chartres et écrits du chapitre de Soignies, dressé en

Les guerres continuelles qui ensanglantèrent nos contrées au XVIIe siècle ayant rendu très-difficiles les relations entre le clergé de la partie du Hainaut soumise aux Espagnols et le siége métropolitain de Cambrai, on forma le projet en 1695 de créer dans notre province un nouvel évêché dont le chapitre cathédrale eût été celui de Saint-Vincent. Cependant cette proposition n'eut pas de suite'.

La nouvelle circonscription faite en vertu du concordat de 1802 enleva au diocèse de Cambrai toutes les paroisses du département de Jemmapes, qui y étaient comprises depuis leur érection. L'évêché de Tournai, démembré d'un côté et agrandi de l'autre, remplaça pour nous celui de Cambrai et se borna aux limites du nouveau département. C'est alors seulement que Soignies devint le chef-lieu d'un deyenné ayant pour ressort le territoire de la justice de paix et pour succursales: Braine-le-Comte, Écaussinnesd'Enghien, Écaussinnes-Lalaing, Hennuyères, Henripont, Horrues, Naast et Ronquières.

Sous l'ancien régime, l'autorité pastorale du curé, qui était secondé par deux vicaires, s'étendait sur toute la ville et sur ses dépendances. Les revenus proprement dits de la cure de Soignies ne furent jamais considérables; ils ne s'élevaient, au xive siècle, qu'à la somme de 15 livres. En outre, le pasteur jouissait pour gros de cure d'une prébende du chapitre de Saint-Vincent, produisant, en 1733, 550 florins, et en 1787, la somme de 1,627 florins 18 sous 4 deniers. La cure avait été réunie à la mense capitulaire en 1271 du consentement de Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandre et de Hainaut; cette disposition reçut peu de temps après, l'approbation de Nicolas III, évêque de Cambrai, et la confirmation du pape Nicolas III, comme il conste par le livre blanc du chapitre'.

Annuaire du département de Jemmapes pour l'an xi, p. 36.
A LE GLAY. Cameracum christianum, p. 502.

3 ARCHIVES DU ROYAUME. Conseil privé, carton no 901.
ARCHIVES DU ROYAUME. Inventaire de 1390. Layette Q.

comptes, no 46,642. — Pièces justificatives, no 1bis,

Chambre des

La collation de la cure de Soignies, qui, dans le principe, appartenait au chef du diocèse, fut accordée au chapitre de SaintVincent. Ce droit donna lieu à des difficultés et nous avons la preuve que l'université de Louvain s'en était emparée. La faculté de théologie ayant confié la direction spirituelle de la paroisse de Soignies aus Lambert Yernaux, le chapitre de Saint-Vincent obtint de l'official de Cambrai une sentence déclarant que le nouveau curé était sans droit ni titre canonique pour posséder le bénéfice qui lui avait été conféré (20 avril 1729) '.

Trois fondations avaient eu lieu, au XVIIe siècle, en faveur de la cure de Soignies. La première qui se desservait à la chapelle du Saint-Nom consistait en un revenu annuel de 339 livres 10 sous 9 deniers, à charge d'une messe journalière pour le repos de l'âme de maître Antoine Noirtegath.

Le 10 octobre 1676, Sébastien Demeuldre institua une messe que l'on disait le lundi à l'autel privilégié de l'église de SaintVincent, et en cas d'empêchement, à la chapelle du cimetière de sept à huit heures du matin; le revenu affecté à cette charge montait à la somme de 123 livres 2 sous 1 denier; il était distribué à 15 veuves pauvres qui recevaient chacune un pain et 3 patars å chaque messe. Le boni s'élevant à 67 livres 17 sous 2 deniers était partagé, en 1787, entre les parents pauvres du fondateur, au nombre de 4, jouissant, le premier, de 5 places, le second de 4, et les deux derniers de 3.

Par son testament du 17 août 1651 et du 24 janvier 1657, la demoiselle Jacqueline Waulde avait fondé un cantuaire consistant en une messe hebdomadaire en la chapelle du cimetière, avec 13 pains de 3 patars chacun, à distribuer aux pauvres y assistant. Les revenus de ce cantuaire montaient à la somme de 482 livres 17 sous 11 deniers, et les dépenses à 387 livres 2

sous?.

La fabrique, surnommée l'Aumône, parce que la plus grande

ARCHIVES DU ROYAUME. Chapitre de Soignies, carton no 1.

2 ARCHIVES DU ROYAUME, Chambre des comptes, no 46,642.

IIIe SÉRIE.

TOME IV.

10

partie de sa dotation avait été donnée en aumône par le comte Bauduin V, n'avait qu'un revenu insuffisant pour les besoins du culte. Pour les années 1732-1733, le receveur ne renseigna que 2,958 florins 17 sous 6 deniers, soit annuellement 1,479 florins 8 sous 8 deniers. La déclaration produite, le 7 avril 1787, par le prévôt, le doyen et les chanoines, au gouvernement de l'empereur Joseph II, mentionne une légère augmentation, mais elle constate un déficit annuel de 146 livres 7 sous 5 deniers.

Suivant le rapport du baron de Poederlé, que nous avons déjà cité, trois chapelles étaient destinées spécialement aux besoins spirituels des paroissiens. Chacun de ces oratoires avait une dotation particulière, s'élevant à 209 florins pour l'autel privilégié, à 565 florins 16 sous 6 deniers pour la chapelle du SaintNom, et à 329 florins 6 sous pour celle du cimetière'.

L'oratoire qui se trouve à l'entrée du cimetière de la paroisse mérite ici une mention spéciale. C'est un édifice très-modeste, il est vrai, mais dont une partie, celle du côté méridional, remonte à une très-haute antiquité. A tort ou à raison, elle passe aux yeux de quelques touristes, comme étant l'église primitive de Soignies, le lieu même où saint Vincent, fuyant Hautmont, jeta les fondements de son second monastère.

Cette chapelle a subi des transformations qui en ont altéré le style architectural d'une manière sensible '. Elle consistait primitivement en un vaisseau dont les dimensions étaient de 18 mètres 60 centimètres de longueur sur 5 mètres 40 centimètres de largeur et 4 mètres 90 centimètres de hauteur. On a bouché l'entrée qui subsistait au côté occidental, et l'on en a pratiqué une autre dans le mur latéral, faisant face au midi. A l'opposite, c'est-àdire, au côté septentrional, on y a accolé une petite construction de forme carrée, qui paraît dater de la dernière époque de l'ère

ARCHIVES DU ROYAUME. Conseil privé, carton no 901. IBIDEM. Chambre des comptes, no 46,642.

2 Il résulte d'un document qui se trouve dans les archives du conseil privé, carton no 902, que la reconstruction de la chapelle du cimetière avait été résolue en 1755.

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