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ogivale. C'est dans cette partie de la chapelle, où le jour pénètre par trois fenêtres gothiques, que s'élève à présent l'autel principal. L'autre construction dont l'appareil est en moellons noyés dans le mortier a conservé des traces bien caractérisées des fenêtres romanes qui l'éclairaient jadis. Sur presque tout le pourtour de l'oratoire, on a encastré dans le mur des pierres tombales consacrées à la mémoire de quelques prêtres et d'autres personnages ayant appartenu à la bourgeoisie sonégienne. Quantité de ces dalles constituent le pavement de la partie de l'édifice réservée aux fidèles, mais les inscriptions, peu intéressantes du reste à notre point de vue, sont difficiles à relever d'une manière satisfaisante, à cause de certains mots essentiels qui sont effacés. Le plus ancien de ces monuments funéraires, placé au-dessus de la porte d'entrée, date de l'année 1400. Le cimetière n'offre aucun autre objet qui soit digne, par son antiquité, d'être signalé aux

amateurs.

Sur divers points du territoire de Soignies, s'élèvent d'autres oratoires plus modestes et dont l'érection se rapporte à des époques plus ou moins reculées. Nous citerons notamment ceux de Saint-Landry, de Saint-Antoine, de Saint-André, de SainteAnne, de Notre-Dame de Lorette et du Dieu Giblot. La chapelle de Saint-Antoine est située au faubourg de Mons, à peu de distance de la voie ferrée. Les jardins qui se trouvent dans cet endroit ont retenu le nom du saint sous la protection duquel fut mise cette partie de la ville de Soignies. Ces faits ont une origine qui paraît remonter au XIVe siècle. On sait qu'en 1382, une affreuse épidémie, connue dans l'antiquité sous le nom de feu sacré et au moyen âge sous celui de feu Saint-Antoine, porta la désolation dans le comté de Hainaut. Partout les habitants recoururent à l'intercession de saint Antoine qui était regardé comme le libérateur de cette contagion, et on lui éleva dans certaines localités des oratoires dont quelques-uns subsistent encore'

L. DEVILLERS. Notices sur des monuments des environs de Mons, SaintAntoine-en-Barbefosse. Mons. 1867; p. 5.

Nous rappellerons ici que vers la fin du siècle dernier, il s'est agi d'ériger en paroisse ou du moins en succursale le hameau de Coignebau joint à celui de la Coulbrie, qui comptaient ensemble une population de 365 habitants, la plupart très-éloignés de l'église de Soignies. Une enquête provoquée par le gouvernement des Pays-Bas autrichiens ayant démontré la nécessité de ce projet, l'empereur Joseph II ordonna par un décret, en date du 21 mars 1789, de construire une église, à gauche de la route de Soignies à Mons, et à une distance à peu près égale de ces deux dépendances de la cité sonégienne. Après que l'archevêque de Cambrai, en sa qualité de chef du diocèse, y eut donné son approbation, le doyen et le trésorier du chapitre de Saint-Vincent prirent les mesures nécessaires pour hâter les travaux projetés. Mais les troubles qui agitèrent bientôt le pays et surtout la tourmente qui se déchaîna sur la France et finit par fondre sur la Belgique, empêchèrent de réaliser les espérances des habitants de Coignebau et de la Coulbrie. Les matériaux qu'on avait préparés furent en grande partie employés à la construction d'une maison, dans la rue du Cimetière '.

IX.

Communautés religieuses.

Outre le chapitre royal de Saint-Vincent, auquel nous avons consacré un article spécial, Soignies a vu s'établir dans son sein trois autres corporations religieuses : les Sœurs-Grises, les Capucins et les Pères de l'Oratoire.

Registre aux résolutions du chapitre de Soignies. Du 7 mai 1787 au 30 mai 1794; fol 95 à 127.

Les religieuses du Tiers-État de Saint-François, dites SœursGrises, se fixèrent dans l'ancien béguinage de Soignies, selon les uns en 1489, après la peste qui ravagea le Hainaut, ou selon les autres, vers l'année 1498. On leur confia le soin des malades de l'hôpital de Saint-Jacques situé en dehors de l'enceinte de la ville, près de la porte de Mons, par suite d'une convention faite en 1507 entre le chapitre de Saint-Vincent et les magistrats municipaux d'une part et le frère hospitalier Guillaume Blondel d'autre part. Les religieuses, au nombre de six, vinrent des couvents de Nivelles, de Mons et de Wisbeke, sous Brugelette. Plus tard ce nombre fut fixé à 33; mais en 1787, il ne s'élevait qu'à 28'.

A leur arrivée à Soignies, les Sœurs-Grises n'avaient aucune ressource. Cependant il fallait adjoindre un couvent à l'hôpital placé sous leur garde. Un bourgeois de Mons, ému de leur pauvreté, vint à leur aide; il leur prêta une somme d'argent, tandis que d'autres personnes leur fournirent le bois nécessaire à la construction projetée. Au moyen de ces dons inattendus, elles bâtirent une maison modeste et commode, et plus tard une chapelle y fut annexée.

La communauté avait obtenu la jouissance des biens de l'hôpital et de l'ancien béguinage sous certaines conditions. Mais en 1555 des pestiférés s'étant présentés pour recevoir dans cet asile charitable les soins que réclamait leur triste état, on refusa de les y admettre. Alors le chapitre de Saint-Vincent défendit au receveur de l'hôpital de payer aux religieuses les revenus qui leur avaient été attribués par la convention de 1507. Un procès s'engagea à ce sujet, et tout finit par une transaction, en 1562. Par suite de cet accord les Soeurs-Grises furent privées d'une partie des avantages qu'elles avaient possédés pendant près d'un demisiècle et n'obtinrent en compensation que 50 livres tournois pour leurs gages.

IBIDEM. 151.

ARCHIVES DU ROYAUME. Chambre des comptes, no 46,642. Conseil privé, carton no 902. — VINCHANT. Annales du Hainaut, t. v, p. -BRASSEUR. Origines omnium Hannoniæ cœnobiorum, p. 350. Archives particulières.

La situation du couvent n'avait jamais été florissante; le mince revenu des religieuses ne suffisait même pas pour leur subsistance. Pour avoir du pain, elles se virent dans la nécessité de consacrer une grande partie de leurs veilles à la confection de grosses dentelles, vulgairement appelées figures, et dont elles retiraient quelque argent. Cet état de choses dura pendant de longues années. Dans la suite des gens charitables léguèrent quelques biens au couvent. Ces ressources jointes à d'autres que les sœurs se créèrent insensiblement améliorèrent leur sort, de telle sorte que sur la fin du siècle dernier, la dotation particulière du couvent se trouvait dans la prospérité. Nous savons qu'en 1787, son revenu montait à la somme de 3,896 florins 12 sous 1 denier. Il provenait en général de la location de biens-fonds situés à Soignies, à Felui, à Naast, à Jurbise et à Petit-Raulx-lez-Braine, ainsi que de capitaux de fondation et de divers corps de rentes en plusieurs endroits *.

Depuis leur installation les religieuses de Soignies ne se sont pas uniquement occupées du soin des malades, mais elles se sont vouées à l'enseignement public. Le pensionnat qu'elles ont ouvert de temps immémorial n'a cessé de se distinguer par son excellente tenue et la bonne éducation qu'y reçoivent les jeunes personnes. Un externat est annexé à cette institution. Les sœurs y ont encore ajouté une école gardienne, une école primaire. gratuite, une école dominicale, et une école payante située en ville et dont la direction intelligente justifie les progrès des jeunes élèves.

Le couvent des Sœurs-Grises fut reconstruit en 1761-1762.

Au commencement du xvIIe siècle, la communauté adressa au gouvernement des Pays-Bas espagnols une requête par laquelle elle sollicitait l'autorisation d'acquérir des biens-fonds ou des rentes, au moyen de la dotation que devaient payer les sœurs à leur entrée au couvent. Après avoir pris l'avis du conseil ordinaire du Hainaut. Philippe IV, roi d'Espagne, se rendit à la prière des religieuses et leur permit, par lettres du 8 juillet 1624 d'acheter des propriétés ou des rentes au denier 20, et ce, jusqu'à concurrence d'une somme de 600 florins par an.

ARCHIVES DU ROYAUME. Chambre des comptes, no 46,642. - IBIDEM. Conseil privé, carton no 902 Archives particulières.

La première pierre avait été posée le 12 mai de cette année par le prévôt du chapitre de Saint-Vincent. Le 21 septembre 1762, dom Joseph Motte, abbé de Saint-Denis en Broqueroie, par délégation du vicariat-général de Cambrai, procéda à la bénédiction du couvent et posa la première pierre de l'église des religieuses, qui est placée sous l'invocation de saint Joseph'.

Délégué par l'archevêque de Cambrai, le prévot Debacre bénit cet édifice religieux, le 9 septembre 1766 2.

Pour agrandir l'enclos de leur couvent, les religieuses de Soignies firent l'acquisition de l'héritage du Dauphin pour la somme de 14,280 livres. Au total, elles dépensèrent pour frais de construction 42,000 livres en capitaux et en rentes dont le remboursement ne devait se faire qu'à des époques différentes3. Les appartements se composent de plusieurs belles salles, telles que le réfectoire, le salon des hôtes, l'ouvroir, etc. Le cloitre entoure une cour carrée, qui sert de promenade. C'est par l'une des galeries que les sœurs pénètrent dans leur oratoire, placé au côté méridional. Il a la forme d'un carré long et est divisé en trois parties distinctes: le sanctuaire, l'arrière-chœur réservé aux religieuses et la partie destinée aux fidèles.

Le couvent des Sœurs-Grises qui, depuis l'an 1629, avait été dirigé par un membre de la congrégation des Oratoriens de Soignies, tomba aussi sous le coup de la loi de suppression du 15 fructidor an IV (1er septembre 1796). Mais il ne tarda pas à se relever et il fut reconnu par un décret impérial, en date du 15 novembre 1810.

L'établissement des Capucins, à Soignies, date du commencement du XVIIe siècle. Cet ordre religieux ayant obtenu de la libéralité du chanoine Claude Carlier sa maison et son jardin; situés rue de Braine, y établit un couvent où quelques membres se

On lit sur le portail de l'oratoire les deux inscriptions suivantes :
DEO TRINO AC ELISABETH SACRAVIMUS.

PATRIARCHA PAUPERUM ADESTO CLIENTI.

Renseignements particuliers.

3 ARCHIVES DU ROYAUME. Conseil privé, carton no 902.

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