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Saint-Sacrement pour se récréer et entretenir les relations d'amitié qui existaient entre les deux confréries. L'article vingtdeuxième enjoint de pourvoir à certaines dépenses qui incombaient à la compagnie; le vingt-troisième institue le tribunal chargé de juger les différends qui pourraient naitre entre les confrères, ordonne aux parties de se soumettre à sa décision, sous peine de 10 sous d'amende, et permet d'expulser de la gilde tout membre qui refuserait de les payer dans le délai de sept jours; le vingt-quatrième prescrit aux chefs de la confrérie de maintenir et et de faire observer les statuts; enfin le dernier article rend les deux maîtres responsables du recouvrement des amendes dues par les contrevenants'.

Les arbalétriers de Soignies figurèrent dans plusieurs grands concours ouverts à diverses époques par les serments des principales villes de la Belgique, et particulièrement à celui qui eut lieu à Tournai, en 1455, et où les Sonégiens eurent l'honneur de commencer le tir le 14 août, veille de l'Assomption. A cette fête se trouvèrent réunies 55 gildes, tant du pays que de l'étranger, comprenant ensemble 553 tireurs. Chaque homme tira douze coups. Le concours dura jusqu'au 19 septembre et les arbalétriers de Malines eurent l'avantage de remporter le premier prix 2. A son tour, la confrérie de Saint-Sébastien de Soignies organisa en 1499, un concours à l'arc, qui devait s'ouvrir sur le marché de cette ville le jour de l'Ascension et se terminer seulement le premier dimanche du mois d'août. La lettre de convocation 3, qui porte la date du 26 avril, était revêtue du sceau de la compagnie des archers. Elle fut envoyée par un messager spécial à toutes les confréries « des bonnes villes, villages ou forteresses» du pays. Les conditions du divertissement qu'elle annonçait différaient peu de celles de nos concours actuels. De nombreux prix furent offerts aux tireurs étrangers. Outre le prix consistant en une statuette de

• Pièces justificatives, no xx1,

* VINCHANT. Annales du Hainaut. t. iv p 238. Pièces justificatives, no xix.

saint Sébastien, en argent, pour la société la plus éloignée, on voit figurer parmi les récompenses un singe d'argent offert à la compagnie qui ferait « le plus beau esbattement de nuyt et le plus joyeux propos et récréation, sans villennyes », comme aussi, un bonnet à double rebord, au compagnon étranger qui ferait « le plus de follyes et joyeusetés. » On voit par là comment nos ancêtres prenaient leurs ébats et combien ils étaient d'humeur divertissante. Ce qui frappe encore, c'est la bonhomie, la gracieuse amabilité avec laquelle les archers sonégiens convient leurs confrères à la réjouissance qu'ils leur préparent. Les invités sont priés de ne pas se rebuter par la mince valeur des prix, maist surtout d'avoir égard aux sentiments de confraternité, afin de renouveler et entretenir « vraye amour et exaucher joyeuses compaignies et assemblées, et même pour entretenir en joye, amour et consolation le honneste renommé jeu de l'arcq à main. » Nous regrettons de ne pouvoir publier ici la liste des localités qui ont répondu à l'invitation de la confrérie de Saint-Sébastien. Cependant si nous en jugeons par le grand nombre des serments qui figurèrent dans les tirs généraux de Gand, en 1428, de Lierre, en 1430, de Louvain, en 1464, 1534, 1552, d'Anvers, en 1530, de Braine-l'Alleu, en 1527, de Bruxelles, en 1565, etc, nous serons amené à admettre que la cité sonégienne vit accourir dans son sein les confréries de la plupart des provinces des Pays-Bas, malgré les difficultés de voyager à cette époque au travers des champs et des villages. Au mois de juillet 1525-1526 ceux de Soignies vinrent à Nivelles pour lutter contre les confrères de cette ville; la communauté leur accorda une franche hospitalité et leur fit présenter trois pots de vin valant 27 sous '.

Les Sonégiens qui s'exercèrent au tir de la couleuvrine ou de l'arquebuse, se constituèrent-ils en serment comme cela se pratiquait généralement dans les places fortes du pays? Nous ne pouvons, faute de documents, éclairer nos lecteurs à cet égard.

TARLIER et WAUTERS Géographie et histoire des communes belges. Ville de Nivelles. Bruxelles, 1862; p. 87.

Soignies avait au XVIIIe siècle une compagnie de la Jeunesse, dont le chef on capitaine recevait chaque année une gratification de quinze livres sur la caisse communale. Cette compagnie, qui avait une organisation militaire, était parfois chargée d'un service actif et figurait conjointement avec les autres confréries à la procession de la Pentecôte et aux réjouissances publiques.

Une ordonnance du conseil souverain de Hainaut, en date du 15 juin 1750, soumit les habitants de Soignies, âgés de 18 à 70 ans, au service de la garde bourgeoise'. Cette milice urbaine se composait, en 1769, de trois compagnies commandées chacune par un capitaine. La caisse municipale donnait une gratification de dix livres à celui de ces officiers qui assistait à la procession de la Pentecôte, et six livres seulement à chacun des deux autres.

A ces gildes de tireurs, à ces compagnies bourgeoises, ont succédé d'autres serments: les archers de Saint-Sébastien, de SainteChristine, de l'Alliance, les arbalétriers de Guillaume Tell du Lundi et de l'Union, la Société bourgeoise et le Club sonégien, continuent ces anciennes corporations. Elles ont chacune un président, un vice-président, un trésorier et un secrétaire; le nombre des membres est variable; chaque Société a un règlement en rapport avec sa constitution.

XV.

Corporations des métiers.

Dès l'institution des communes, on comprit mieux l'utilité et

' ARCHIVES DE L'ÉTAT, A MONS, Dépêches du grand baillage, reg. 88, fol. 371 Pièces justificatives, no xxII.

2 Règlement de l'impératrice douairière et reine pour la ville de Soignies,

l'avantage de recourir aux moyens les plus propres à assurer un prompt approvisionnement des choses nécessaires à la vie, à augmenter la richesse publique et à procurer un travail rémunérateur aux classes laborieuses. Pour atteindre ce but, on s'attacha partout à favoriser les diverses corporations d'arts et de métiers. C'est là l'origine des priviléges et immunités qui furent accordés à nos anciennes gildes.

Les industries exercées à Soignies, au moyen âge, furent à peu près les mêmes que celles qui existaient dans la plupart des villes de l'ancien comté de Hainaut.

La fabrication du drap avait déjà pris ailleurs un développement considérable lorsqu'on se décida à l'introduire dans la cité sonégienne. La pauvreté des habitants, l'oisiveté de la population ouvrière et le peu de ressource qu'offrait l'industrie agricole portèrent le corps municipal et toute la bourgeoisie à solliciter du chapitre de Saint-Vincent l'établissement d'une draperie à Soignies. La gilde ou confrérie d'artisans qui fut constituée par les délégués de ce corps religieux, de concert avec les jurés, reçut ses statuts le 18 avril 1328. Guillaume Ier, dit le Bon, comte de Hainaut, en confirma les dispositions par des lettres qu'il donna au Quesnoi, sous la même date.

Les travailleurs qui concouraient à la fabrication des étoffes de laine, à Soignies, se divisaient en plusieurs métiers. Les uns tissaient le drap, les autres avaient pour tâche de le naper, de le fouler, de le teindre et de le tondre; quant au soin de carder, de peigner et de filer la laine, il paraît avoir été réservé aux femmes.

Les statuts ou keuren octroyés à la corporation des drapiers de Soignies sont divisés en un grand nombre d'articles. Ils sont enregistrés dans un petit in-folio, Ms. qui paraît remonter au xve siècle; ils portent le titre suivant: Chartre de la grande drapperie de Songnies '.

4

ARCHIVES DU ROYAUME. Cartulaires et manuscrits, no 299. justificatives, no xii.

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Ce document est d'une haute importance pour la connaissance de l'histoire de l'industrie drapière en cette ville. Il nous suffira d'analyser les articles qui nous semblent offrir le plus d'intérêt.

On fabriquait à Soignies au XIVe et au XVe siècle des draps bariolés, blancs, bleus, écarlates, etc.

Nul drapier ne pouvait tisser du « plain drap » avec de la laine agneline, à moins que ce ne fût du drap blanc damassé de soie. Outre une amende de 20 sous qui était imposée au délinquant, ses produits étaient saisis et brûlés sur le champ.

Le second article réprime la mauvaise fabrication des étoffes de laine et ordonne la destruction de celles qui auraient été tissées avec des laines ou du fil acquis injustement.

Les draps qui réunissaient toutes les qualités requises étaient scellés du sceau de la ville, et sans ce cachet, on ne pouvait les introduire dans la halle pour la vente, sous peine de confiscation et d'une amende de 10 livres.

La gilde se composait de rewards ou surveillants, de maîtres, de valets et d'apprentis.

Tout maître avait la faculté de donner à louage son valet à un drapier pour un certain temps, sans être obligé de se rendre le lundi à l'estaple '. »

La plupart des articles suivants tracent les obligations ou les devoirs des teinturiers, des cardeuses, des fileuses, des foulons et des nopeuses. Les peines statuées contre ceux qui falsifiaient, détérioraient ou détournaient les matières servant à la confection des étoffes consistaient en des amendes pécuniaires dont le chiffre était variable.

Les statuts défendaient strictement aux tisserants et aux foulons de chômer pour se réunir ou pour se mettre en fête sans le consentement des rewards, à l'exception des trois jours suivants : le lundi perdu, le lundi de Pâques et le lundi de la Trinité.

Il y avait à Soignies une « polie » c'est-à-dire un lieu où l'on

Estaple. Ce mot s'employait jadis pour désigner une foire, un marché public, un lieu où l'on vend les marchandises.

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