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retirer de la chaux ou des pierres de taille. Ici les fossiles abondent encore mais ce sont des espèces différentes de celles que l'on trouve dans le calcaire de Soignies. Tels sont: Spirifer Verneuli et Bouchardi, Orthis Dutertrei, Spirigera concentrica, Atrypa reticularis et Boloniensis, Acervularia ananas, Harmodites Bouchardi, etc.

Outre ses importantes carrières de pierre de taille et ses fours à chaux, Soignies possède une forge avec fourneau à réverbère, des raffineries de sel, des savonneries, des brasseries, des distilleries, des tanneries, des corroieries, et des vinaigreries. Les industries secondaires sont la boulangerie, la boucherie, la cordonnerie, la chapellerie, la chaudronnerie, la ferblanterie, la vannerie, la maréchalerie, la serrurerie, la charronnerie, la menuiserie, etc.

Les foires de Soignies remontent à une époque très-reculée 1. Elles se tiennent maintenant comme jadis le lundi avant la Pentecôte et le 14 juillet. Le 3 février et le 2 novembre, il se tient un marché aux porcs, qui est bien achalandé. Il y a de plus les mardis et vendredis un marché aux légumes, fruits, beurre, laitage, etc.

XVII.

Chronologie historique.

Vers le temps où Soignies fut détruit par les Normands, c'està-dire en 880, cet endroit n'avait d'important que l'établissement religieux fondé deux siècles avant cet évènement mémorable. Les habitants épouvantés par l'apparition de ces barbares impitoyables prirent la fuite et se réfugièrent pour la plupart dans les forêts voisines. Les uns périrent de faim; les autres poursuivis par d'implacables ennemis tombèrent sous le glaive. Ceux qui survé

Pièces justificatives, no 1.

curent à ces calamités n'osèrent reprendre le chemin du bourg dont il ne restait que des débris épars gisant sur le sol, et des historiens assurent qu'il fut abandonné pendant près d'un siècle'. Alors la providence mit fin à cette triste situation : elle suscita un prince qui entreprit de relever Soignies de ses ruines et de lui rendre le rang qu'il occupait lors du partage de la Lotharingie.

Brunon l'entoura-t-il d'une enceinte fortifiée? Quelques auteurs se prononcent pour l'affirmative. Nous ne partageons pas cette opinion que n'appuie aucun document authentique. On a confondu la collégiale avec la cité. Si l'une a été mise en état de défense par le duc de Lotharingie, rien ne prouve que l'autre ait été pourvue de fortifications capables de la mettre à l'abri des attaques des hordes barbares 2.

L'histoire de Soignies est complètement nulle depuis le moment de la restauration de cette ville jusqu'à la date où elle reçut sa charte d'affranchissement, vers le milieu du XIIe siècle. C'est en vain qu'on cherche quelques sèches mentions propres à mettre les érudits sur la trace de quelque épisode intéressant: les chroniques et les actes sont muets à cet égard. Les rares diplômes que nous avons fait connaître à nos lecteurs contiennent des particularités relatives au chapitre de Saint-Vincent, mais ne fournissent aucun fait à consigner dans notre chronologie historique.

Sous le règne de Bauduin IV, qui fut à juste titre surnommé le Bâtisseur, Soignies se développa d'une manière remarquable. Cette ville vit s'élever dans ses faubourgs un hôpital, puis une léproserie, et dans la suite le chapitre autorisa en sa qualité de haut-justicier, l'établissement d'un marché hebdomadaire, d'une halle aux grains, d'une halle aux draps et d'une maison de banque tenue par les Lombards 3. Par sa situation presqu'aux confins du duché

GISLEBERT. Chronica Hannoniæ, p. 15. — BRASSEUR. Origines omnium Hannoniæ cœnobiorum, p. 463. DE SAINTE-MARTHE, Gallia christiana, t. In, col. 75.

2 VALÈRE ANDRÉ. Bibliotheca Belgica. Louvain, 1543; p. 63. Opera diplomatica, t. 1, p. 1321.

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IBIDEM. Inven

3 ARCHIVES DU ROYAUME. Chambre des comptes, no 15.189. Cartulaires et manuscrits, no 299. Keure de Soignies

taire des chartres et écrits du chapitre de Soignies, dressé en 1390, no 1,046.

de Brabant, le marché de Soignies était très-fréquenté par les marchands de cette province, et sa prospérité parvint à son comble sous le règne de Guillaume Ier, dit le Bon, au commencement du XIVe siècle.

Soignies ayant ainsi acquis un accroissement considérable prit la forme d'une ville que Bauduin IV environna de remparts bordés de larges et profonds fossés'. Dès lors une bourgeoisie déjà toute formée réclama du souverain des libertés analogues à celles dont jouissaient les bourgeois de plusieurs villes du comté de Hainaut. La charte qui contient cette concession porte la date de 1142 2.

Dans ce siècle où l'Europe chrétienne guerroyait contre l'Asie mahométane, ou pour mieux dire la civilisation contre la barbarie qui nous menaçait de son joug affreux, un prélat dont la science égalait la vertu, fut entraîné par son zèle pour cette noble cause, de l'abbaye de Clairvaux aux bords du Rhin. De là, il rentra en France par la Belgique et prêcha la croisade à Liége, à Gembloux, à Fontaine-l'Évêque, à Binche, à Mons, à Valenciennes, au commencement de l'année 1147 3. Après un court séjour dans cette dernière ville, saint Bernard revint dans la capitale du Hainaut où le comte Bauduin IV l'accueillit avec courtoisie. De Mons, il se rendit à Soignies. Le chapitre de Saint-Vincent et toute la population le reçurent avec de grands transports de joie. L'éminent orateur chrétien se fit entendre dans la collégiale, et l'un des chanoines, messire Anselme de Trazegnies, seigneur de Péronnes, fut si touché des paroles éloquentes du grand prédicateur de Clairvaux, qu'il fonda le 25 juillet de l'année suivante, l'église et le monastère de Cambron

Le comte Bauduin V ayant pris le parti du duc de Limbourg et

I VINCHANT. Annales du comté de Hainaut, t. m. p. 258.

2 SCHAYES et PIOT. La Belgique avant et pendant la domination romaine, t. m. p. 324. - Pièces justificatives, no 1.

3 Miracula S. Bernardi, auctore Gaufrido, apud S. Bernardi Opera omnia, edente JOHANNE MABILLON. Paris, 1690; t. 1, p 1183

27 et 41. 133

LEWAITTE. Historio Camberonensis, pars altera. Paris. 1672, pp. 26MIREUS. Chronicon Cisterciensis ordinis Cologne, 1614; p. VINCHANT Annales du comté de Hainaut, t. I, p. 251. DELEWARDE. Histoire générale du Hainau, t 11, p. 289. MIREUS. Opera di

du comte de Looz dans la guerre que leur fit le duc de Brabant au sujet de la possession de Saint-Trond et de plusieurs autres seigneuries, fit une incursion sur les terres du Brabant et y porta la dévastation (1189). Il vint ensuite à Soignies avec ses troupes. A la nouvelle de ces dégâts le duc se hâta de lever le siége de Saint-Trond, regagna ses états et vint se placer en observation à Nivelles. Bauduin V satisfait de la délivrance de ses alliés quitta Soignies et congédia son armée qu'il répartit dans les forteresses de Braine-le-Comte, de Binche, de Viesville et de Namur '.

On connait la cause des hostilités qui éclatèrent vers le milieu du XIIIe siècle entre les d'Avesnes et leur mère, Marguerite de Constantinople. Après la guerre de Zélande où les Ronds donnèrent des preuves éclatantes de leur bravoure, la comtesse de Flandre se rendit en France pour offrir, sa vie durant, le Hainaut au duc d'Anjou. Le frère de saint Louis ayant accepté les propositions de Marguerite, sous certaines conditions, leva une armée et vint dans le Hainaut pour s'y faire reconnaître comme souverain légitime (1254). Valenciennes ayant refusé d'ouvrir ses portes à Charles d'Anjou, ce prince se porta avec ses alliés vers Mons, qui n'opposa aucune résistance. Bientôt après les villes secondaires, à l'exception d'Enghien, le proclamèrent comte de Hainaut. De son côté il prêta serment en la forme usitée à Soignies, à Brainele-Comte, à Ath, à Binche, à Beaumont, à Maubeuge, au Quesnoi, à Valenciennes. Lorsque Charles d'Anjou et Marguerite arrivèrent à Soignies, les Ronds, au nombre de 700, se tenaient jour et nuit dans les bois aux environs d'Enghien, prêts à marcher au premier signal. Le frère du roi de France ayant, selon la coutume des comtes de Hainaut, juré sur les reliques de saint Vincent de maintenir les priviléges du chapitre disposa le lendemain son armée pour aller faire le siége du château d'Enghien. Ses troupes étaient à peine à une lieue de Soignies que le sire d'Enghien sortit à

plomatica t. n, p. 1173. DE SMET. Cartulaire de l'abbaye de Cambron, pp. 91-92.

1 GISLEBERT. Chronica Hannoniæ. pp Histoire du Hainaut, t. XII, pp. 9-11. du Hainau, tm, pp. 193-198.

199-202. JACQUES DE GUISE. DELEWARDE. Histoire générale

l'improviste d'un bois voisin à la tête de 600 Ronds armés de piques et de lances, tomba au milieu d'elles et en fit un si grand carnage que le prince français et ses hommes se virent obligés de rebrousser chemin. Chassé ensuite de son camp à Silly, entre Enghien et Ath, Charles d'Anjou reprit le siége de Valenciennes qui se soumit enfin par accord1.

On rapporte au XIIe siècle l'établissement du régime des aides et des subsides. A cette époque où les princes aimaient à guerroyer, ils exigèrent des populations libres, outre le service militaire, des secours en argent pour subvenir aux frais de leurs expéditions. Là ne se bornèrent pas leurs exigences: ils forcèrent encore les villes-communes de contribuer aux aides dans les quatre circonstances suivantes : lorsque le souverain prenait possession du comté de Hainaut; lorsqu'il dotait sa fille aînée; lorsqu'il armait un fils chevalier; enfin lorsqu'il fallait acquitter sa rançon, s'il venait à être fait prisonnier. Sur la fin du XIIIe siècle, les bourgeois de Soignies ayant été mis en demeure de payer l'aide de chevalerie, probablement à l'époque de l'inauguration de Jean II d'Avesnes, créé chevalier, remontrèrent à ce prince par des exemples, dont le plus récent remontait au temps où Marguerite de Constantinople s'était liguée avec le comte d'Anjou contre les d'Avesnes, qu'ils étaient exempts de ces impôts extraordinaires. Nous ignorons si la remontrance des Sonégiens fut bien reçue. Sous le successeur de Jean II d'Avesnes des négociations eurent lieu pour l'abolition à Soignies de la taille des quatre cas. Le résultat en fut favorable pour les bourgeois, car le comte Guillaume Ier d'Avesnes, par une charte datée de Mons, le jour du Saint-Sacrement de l'année 1326, leur donna un témoignage de sa bienveillance en renonçant complètement, pour lui et pour ses successeurs, à cette charge féodale, qui incombait aux villes érigées en communes.

' JACQUES DE GUISE Annales du Hainaut, t.

Histoire du Hainaut, t. xv, pp 173-175.- VINCHANT. 11, pp 333-334.— DELEWARDE. Histoire génénale du Hainau, t IV, p. 25. - E. LE GLAY. Histoire des comtes de Flandre, t. 11, pp. 128-130.

• Pièces justificatives, n.o xxvi.

3 Le Livre enchaîné du chapitre de Soignies, fol. 98.

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