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Marie-Christine et à son époux Albert-Casimir, duc de SaxeTechen, qui gouvernaient conjointement les Pays-Bas autrichiens, une requête tendante à se faire pourvoir la chaire d'architecture de l'académie bruxelloise. A l'appui de cette demande motivée, les magistrats municipaux adressèrent aux archiducs, le 19 janvier 1784, un rapport dans lequel ils signalèrent l'artiste sonégien comme le plus digne d'occuper la place vacante, et ils sollicitèrent du pouvoir gouvernemental l'autorisation de la lui conférer. Le conseil privé ayant examiné les pièces relatives à cette affaire, émit une opinion favorable à Jean Wincqz qui fut autorisé à continuer le cours d'architecture qu'il avait déjà ouvert préalablement sous les meilleurs auspices, avec l'assentiment du corps municipal'. Cet architecte distingué a laissé un grand nombre de monuments de son art. Budingen, Uccle (Brabant), en 1770, Grand-Leez (Namur), en 1786, Neufchâteau-lez-Visé (Liége), en 1789, Slenaken (Duché de Limbourg), en 1790, etc., lui sont redevables de leurs églises, et les plans qu'il dressa au sujet de ces constructions sont conservés au dépôt des archives du royaume. Il est aussi l'auteur du plan de la tour de l'église de l'ancienne abbaye de Cambron et les religieux lui payèrent pour ce travail la somme de 1,306 livres 13 sous 3. Jean Wincqz fit partie jusqu'à la révolution française de la compagnie des archers de la Noble-Garde, au service des archiducs Albert-Casimir et Marie-Christine. Nous ignorons la date et le lieu de sa mort. On conserve à Soignies deux portraits, peints sur toile, de cet artiste : le premier appartient à M. P.-J. Wincqz, sénateur et le second, à M. Demaret.

Nous ne terminerons pas ce chapitre sans rendre un juste hommage à la mémoire d'un homme de mérite, dont la science égalait le zèle pour le bien. Né à Soignies, le 1er décembre 1787, Henri

ARCHIVES DU ROYAUME. Conseil privé, carton no 1,089.
Inventaires des cartes et plans, t. 11, passim.

3 ARCHIVES DU ROYAUME. Chambre des comptes, no 46,674.- Déclaration des biens et revenus de l'abbaye de Cambron, en 1787, fol. 48 vo.

Éloi-Joseph Leroy se distingua de bonne heure par de brillants succès dans ses études. Après avoir terminé ses humanités au collége de cette ville, il alla à Bruxelles, en 1807, et il y suivit pendant trois années les cours de l'école de médecine. Il continua ensuite ses études médicales à la Faculté de Paris, et, en 1812, il obtint le titre d'officier de santé. Le préfet du département de Jemmapes l'ayant chargé du service de l'hôpital militaire de Mons, il occupa ce poste jusque vers 1815, époque où il revint dans sa ville natale. Le jeune Leroy ne négligea rien pour augmenter ses connaissances et le 17 mai 1816, il conquit son grade de docteur en médecine à l'université de Leyde. En 1823, il fut nommé membre de la commission médicale provinciale du Hainaut, qu'il présida en 1839, en 1840 et en 1841. Élu Bourgmestre de Soignies en 1830, il remplit ces fonctions avec un rare dévouement, notamment à l'époque où le choléra emporta 60 personnes dans sa marche rapide. Les mesures énergiques qu'il prit enrayèrent les progrès du fléau et le gouvernement, en récompense de sa belle conduite, lui accorda la médaille de première classe. Le docteur Leroy avait été nommé, en 1825, membre correspondant de la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles, et en 1833, membre effectif de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut. En sa qualité d'associé à la savante compagnie bruxelloise, ce praticien a fourni divers mémoires qui ont été insérés dans le Bulletin médical, national et étranger, ainsi que dans le journal de la Société, qui fait suite à cette première publication périodique. Parmi ces travaux figurent une observation de péritonite aiguë, un article sur les maladies de la peau, un mémoire sur les avantages de la saignée dans les affections convulsives, chez les enfants en bas-àge, etc, etc. L'Académie royale de médecine appréciant les talents du docteur Leroy, lui décerna en 1860 le diplôme de membre honoraire. On connaît aussi son dévouement à la patrie et à la carrière administrative. En 1830, Leroy organisa à Soignies une compagnie de volontaires qui volèrent au secours de Bruxelles pendant les mémorables journées de septembre, et il envoya des vivres pour aider au ravitaillement

de cette ville. Cet acte de patriotisme lui valut la décoration de la Croix de fer. Nommé commissaire du district de Soignies en 1831, il resta chargé de ce poste laborieux pendant seize ans. Leroy reçut la récompense de ses services en 1844 il fut créé chevalier de l'ordre de Léopold. Rentré dans la vie privée, il consacra plus particulièrement les dernières années de sa vie au soulagement des malades. Sa mort arriva le 4 janvier 1865 '.

XIX.

Instruction publique.

Les écoles des cathédrales et des monastères, dont la renommée avait été si grande pendant les trois siècles qui suivirent le règne de Charlemagne, perdirent de leur éclat par suite de la création des universités où se rendit toute la jeunesse séculière. Dans le XIIe siècle on réserva ces deux catégories d'écoles pour l'instruction des clercs ecclésiastiques et l'on organisa des écoles chapitrales et des petites écoles pour les laïques en général, qui vinrent y puiser les connaissances les plus indispensables aux besoins de la vie commune, au commerce et à l'industrie.

A Soignies l'école annexée à la collégiale, dont on constate l'existence au XIIIe siècle, était spécialement réservée pour les choraux et pour les enfants de la bourgeoisie, mais une école élémentaire avait été fondée en faveur des enfants pauvres.

Le chanoine qui remplissait dans l'église de Saint-Vincent les fonctions de chantre portait le titre d'écolâtre, bien qu'il ne dirigeât pas lui-même l'école chapitrale. Cependant le droit de

Bulletins de l'Académie royale de médecine de Belgique, Bruxelles, 1863; t. vш, p. 3.

présenter au chapitre le maître des écoles lui était spécialement réservé, et cette présentation se faisait d'année en année, le lendemain de l'Ascension. Suivant la formule du serment qu'il devait prêter à sa réception, l'écolâtre était tenu de rédiger les actes et la correspondance du chapitre, sauf les pièces concernant les contestations judiciaires, et c'est à cause de cette obligation qu'on lui donnait ce nom de préférence '.

Ce fut en 1492 qu'on supprima l'écolâtrie de Soignies. Le chapitre de Saint-Vincent, de concert avec Philippe le Bon, duc de Bourgogne, sollicita et obtint du pape Innocent VIII la suppression de la prébende de cet office pour en affecter les revenus à l'entretien de six enfants de chœur et de leur maître.

La manécanterie de Soignies était une des plus anciennes de la Belgique. Il existe une bulle d'Eugène IV du 1er décembre 1445, par laquelle ce souverain pontife accorde au chapitre la suppression d'une prébende canoniale, à condition que les revenus en seraient affectés à l'alimentation des quatre enfants dits chorales, choraux, et d'un maître chargé de leur enseigner la grammaire et le chant.

En 1491, les fruits de cette prébende avaient considérablement diminué par suite des ravages de la guerre, et de plus la communauté de Saint-Vincent désirait porter à six au lieu de quatre le nombre des enfants de chœur. C'est pourquoi on demanda au pape la suppression de l'écolâtrie, afin de pouvoir créer de nouvelles ressources en faveur de la maîtrise. La bulle d'Innocent VIII, donnée à Rome au mois de mai 1491, fut adressée à Henri de Bergues, évêque de Cambrai, qui la mit à exécution le 30 mars de l'année suivante. Il ordonna au chapitre de réserver une partie de la prébende de l'écolâtrie pour en payer les charges qui consistaient dans les honoraires qu'il fallait

C. J. VOISIN,

1 Le Livre enchaîné du chapitre de Soignies, fol 38. v°. Documents concernant l'écolâtrie et la maîtrise des enfants de chœur du chapitre de Soignies, dans les Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de la Belgique, t. 1, pp. 483-498.

donner à un chanoine pour rédiger les actes et les lettres du chapitre, et pour tenir le chœur. On pourvut aussi à la décharge d'un obit fondé, et l'on abandonna la maison de l'écolâtre à l'usage du maître de chapelle et de ses élèves'.

Après l'extinction de l'écolatrie, le droit de juridiction ou d'inspection sur les écoles de Soignies fut déféré à deux chanoines choisis dans le sein du chapitre 2.

Dans son assemblée capitulaire, tenue le 12 juillet 1751, la communauté de Saint-Vincent arrêta de nouvelles règles et donna diverses instructions pour la conduite des enfants de chœur.

Le conseil de ville de Soignies ayant décidé, malgré la vive opposition du chapitre, la création d'un collège pour la jeunesse, y appela les Oratoriens qui prirent possession de cet établissement d'instruction, en 1629. Au XVIIIe siècle, leur enseignement comprenait toutes les classes des humanités; il y avait un supérieur, deux préfets et cinq professeurs.

Plusieurs fondations de bourses eurent lieu en faveur des jeunes gens de Soignies et de Neuville. Le chanoine Germain et Goffet, curé de cette dernière paroisse, laissèrent à cet effet, le premier, une rente de 112 livres et le second, un capital de 168 pistoles ou 3,525 livres.

D'après une convention passée entre le magistrat et les Pères de l'Oratoire, ceux-ci s'engagèrent à donner gratuitement l'instruction à vingt élèves pauvres de la ville 3.

L'école dominicale qui avait été créée en faveur de la classe indigente, était très-fréquentée au siècle dernier et la table des pauvres lui accordait sur ses revenus un subside annuel de 50 livres pour l'instruction gratuite *.

L'instruction des filles ne fut pas moins soignée. Les Sœurs

1 ARCHIVES DU ROYAUME. Conseil privé, carton no 902.

2 ARCHIVES DU ROYAUME. Conseil privé, carton no 901.

3 ARCHIVES DU ROYAUME. Chambre des comptes, no 46,642.

Les Orato

riens recevaient annuellement un subside de 400 livres sur les revenus de la ville.

Compte de la table des pauvres. Année 1787

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