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tateurs. Arrivés à l'hôtel de ville, les Fondateurs reçurent de nouvelles félicitations. On leur offrit le vin d'honneur et des toasts chaleureux furent portés au rétablissement de l'union entre tous les Sonégiens. Nous n'oserions affirmer que la réconciliation est aussi complète qu'on pourrait le désirer.

De la maison commune, les Fondateurs se rendirent chez leur président qui fut complimenté par un essaim de jeunes bergers et de gentilles bergères. Le président de la société de Neuville lui adressa également un discours fort élogieux et les vers suivants composés par M. Adolphe Chesseaux, ouvrier plafonneur, à Roeulx, qui honore sa blouse de travailleur en cultivant les Muses, furent récités par leur auteur:

Honneur à toi, phalange incomparable!
Ta renommée est conquise à jamais!.....
Car ton mérite est désormais durable;
Honneur à toi! phalange de la paix !

De ton savoir si l'on doutait encore,
Rien maintenant ne peut l'anéantir :
Il va briller d'une nouvelle aurore...
On l'inscrira partout pour l'avenir !

Qui l'aurait cru?... Jamais notre espérance
N'aurait osé aspirer au bonheur

De vous revoir ayant acquis en France,
A Paris même une telle valeur!

Honneur à toi! phalange que j'admire,
Que mon pays est fier de posséder,
Oui, oui, tu sais régner sur notre lyre;
Honneur à toi! nous venons l'acclamer!!!!

Un beau feu d'artifice clôtura cette fête splendide, qui restera comme un souvenir mémorable dans les fastes de l'histoire de Soignies.

1 L'Impartial, no 544.

IIIe SÉRIE.

TOME IV.

17

On rapporte au commencement de ce siècle l'introduction de l'imprimerie à Soignies. Robyns, qui céda son établissement à Dulait, réédita, en l'absence d'une loi sur la propriété littéraire, quelques ouvrages classiques d'origine française. L'imprimeur Dulait marcha sur les traces de son prédécesseur et de plus fit paraître du 1er juillet 1842 au 1er juillet 1853, un premier journal qui s'intitulait Journal d'annonces; cette feuille, d'abord sans couleur politique, embrassa la cause du libéralisme et finit par devenir républicaine. La Constitution, journal libéral, dont les premiers nos furent imprimés à Braine-le-Comte, eut pour directeur P. F. L(edoux); à partir du 30 mai 1852, elle parut ensuite conjointement à Soignies, chez M. Hérouet-Dulait, avec l'Union, gazette catholique qui n'eut qu'une existence de quatre années (janvier 1853 à décembre 1856). Lorsque la Constitution cessa de paraître, le 31 mai 1857, M. Hérouet-Dulait se fit l'éditeur d'un nouveau journal hebdomadaire, ayant pour titre l'Impartial, et dont la mission est de faire régner l'ordre, de défendre la liberté et d'assurer le progrès.

XX.

Fêtes religieuses et civiles.

L'église de Soignies célèbre depuis plusieurs siècles quatre fêtes spéciales en l'honneur de son bienheureux patron. Elles ont lieu le lundi de la Pentecôte, le 14 juillet, le 10 septembre et le 29 octobre.

La plus ancienne est, à coup sûr, celle du 14 juillet, jour anniversaire de la mort de saint Vincent'. Au moyen âge on la

1 En 1323, Pierre de Lévis, évêque de Cambrai, confirma l'institution de cette fête, ordonna de la célébrer dans tout son diocèse et accorda qua

célébrait avec beaucoup de solennité. Les autorités civiles, les confréries et les corporations des métiers se rendaient en corps à la collégiale pour assister à l'office divin. Les populations des localités avoisinantes y accouraient aussi en foule et profitaient de cette occasion pour faire des emplettes à la foire qui se tenait à cette époque de l'année. Le jour de ce grand marché public est désigné dans des documents du xve siècle sous le nom de « feste as pliches'. » Un banquet avait lieu à la halle et l'on distinguait parmi les convives le bailli, le lieutenant bailli, l'avoué et son lieutenant, les sergents de la terre de Soignies et plusieurs autres personnages. Les frais du repas, s'élevant en 1485 à la somme de 6 livres, étaient supportés pour deux tiers par l'office du bailliage; l'avoué payait le reste 3.

La fête du 10 septembre a toujours consisté en une solennité religieuse pour perpétuer la mémoire de la translation à Mons du corps de saint Vincent, en 875, c'est-à-dire, à l'époque où Regnier au Long Col, comte de Hainaut, eut à repousser les invasions des Normands.

L'anniversaire de la seconde translation des reliques de saint Vincent est fixé au 29 octobre. On se rappelle que cette pieuse cérémonie se fit en 1250 par l'évêque d'Albe qui déposa, en présence d'un grand nombre d'illustres personnages, le chef du glorieux patron de Soignies dans une châsse particulière provenant de la libéralité de Marguerite de Constantinople ".

Dans le siècle suivant, la dévotion des fidèles à saint Vincent

rante jours d'indulgences à tous ceux qui se rendraient à la collégiale le 14 juillet ou l'un des jours de l'octave (Inventaire de 1390. Layette G. Ms. déjà cité).

Pliche ou plice, vieux mot qui signifie pelisse, fourrure.

? Un festin du même genre réunissait encore à la halle, le jour de Noël, les officiers de justice de la terre de Soignies, et ils y conviaient les hommes de fief, le receveur de Braine-le-Comte et d'autres personnages d'un certain

rang.

Compte du bailliage de Soignies. Année 1485-1486,
BOLLANDISTES, Acta SS., ad xiv julii, p. 682.

5 VINCHANT. Annales du Hainaut, t. 11, pp. 134-156.

s'accrut considérablement à l'occasion d'une épidémie qui sema la mort dans presque tout l'ancien continent. On sait qu'en 1348 1349 le Hainaut fut ravagé par la peste d'une manière épouvantable. Parti de l'Asie deux ans auparavant, ce fléau s'était répandu jusqu'aux extrémités de l'Europe occidentale. Il éclata dans notre province avec tant d'intensité qu'on craignit pendant un certain temps la disparition presque complète des populations. A Mons et à Soignies, comme partout ailleurs, la mortalité prit des proportions effrayantes. Les remèdes de la médecine n'apportant aucun soulagement efficace aux pestiférés, on résolut d'implorer par des prières publiques les secours de la miséricorde divine. Le 7 du mois d'octobre 1349, le clergé et les habitants de Mons et de Soignies se rendirent donc processionnellement avec les reliques de leurs saints patrons dans une plaine dite les Bruyères de Casteau, à mi-chemin de ces deux villes. Là, on arbora une croix fort élevée au pied de laquelle fut dressé un autel pour y célébrer le saint sacrifice. Les châsses de saint Vincent et de sainte Waudru furent déposées sous un pavillon et l'on alluma un grand nombre de cierges. Le doyen du chapitre de Soignies, Étienne Malion, chanta une messe solennelle au milieu des larmes et des ardentes supplications de plus de 100,000 personnes. Pendant huit jours consécutifs, les corps saints restèrent exposés à la vénération du peuple. Les malades de la peste accoururent de tous côtés. Le Ciel ayant entendu les prières de ces malheureux, le fléau disparut rapidement, non seulement de notre province, mais de la Belgique entière. En reconnaissance d'une protection si puissante, les chanoines firent en action de grâce au retour du corps saint une procession solennelle qui attira dans Soignies un grand concours d'étrangers.

La fête communale de Soignies, qui, dans le principe, se

VINCHANT. Annales du Hainaut, t. 11, p. 236. DE BOUSSU. Histoire de Mons, p. 106 F. HACHEZ Recherches historiques sur la kermesse de Mons. Mons, 1848; p. 12. - L. DEVILLERS. La procession de Mons, Mons. 1858; p 2. Annexe A.

célébrait le dimanche après l'Ascension, fut fixée au XIIIe siècle au lundi de la Pentecôte et correspond encore depuis cette époque à la procession solennelle instituée en 1262 par le chapitre en l'honneur de saint Vincent. Cette institution se fit dans un double but accroître la dévotion des fidèles envers le saint patron de la collégiale et attirer les populations circonvoisines qui profitaient de leur pieux pèlerinage pour s'approvisionner à la foire ouverte en ce même jour. Pendant l'octave de la solennité le corps saint restait exposé à la vénération du peuple qui accourait en foule dans le temple du Seigneur pour gagner les indulgences accordées tant par Nicolas III, évêque de Cambrai, le 4 avril 1261, (1262 [n. st.]), que par le pape Clément IV, le 9 décembre 1267 *.

La cérémonie religieuse du lundi de la Pentecôte attira bientôt à Soignies un grand concours d'étrangers. Depuis six siècles cette procession n'a cessé d'avoir lieu avec un grand appareil et toute la ville se met en fête ce jour-là 3. Au xvIIe siècle, l'itinéraire en

Et quicumque eum in suis precipue corporalibus seu aliis neccessitatibus devote ac fideliter requisissent, petitionum suarum justarum a Domino ejusdem pii confessoris meritis, optatum celeriter consequerentur effectum. Sed quia refriguit caritas, nutat files et tepescit devotio modernorum, deliberatione provida statuerunt dilecti filii prepositus, decanus et capitulum Sonegiensis ecclesie memorate, ut singulis annis in crastino Pentecostes, processionaliter cum fidelium turbis ibidem devote convenientibus lustrent villam Sonegiensem, circunferentes reverenter et devote feretrum in quo corpus ejusdem confessoris beatissimi requiescit, cum aliis ipsius ecclesie reliquiis, ad excitandam fidelium populos, ad implorandum devotissime patrocinium tanti patris. (Charte de Nicolas III, évêque de Cambrai, dans le Livre enchaîné du chapitre de Soignies, fol. 72 v).

Le Livre enchaîné du chapitre de Soignies, fol. 71 vo, 72 et 73 vo. 3 On sait que l'empereur Joseph II, après avoir déjà transféré, au second dimanche après Pâques, les kermesses ou dédicaces belges, porta, par son édit du 10 mai 1786, un coup fatal aux processions, qu'il voulait réformer. Alarmé de cette mesure, le chapitre de Soignies sollicita et obtint du siége métropolitain de Cambrai le maintien de la procession de SaintVincent, qui fut rétablie au lundi de la Pentecôte, conformément à la

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