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« Un vif sentiment de patriotisme nous fait attacher une légitime importance à » tous les événements qui ont eu pour théâtre les lieux que nous habitons, la province où nous sommes nés. »

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L'abbé JULES CORBLET.

Les annales des anciennes villes du Hainaut sont des sources précieuses pour l'histoire générale de cette province.

L'AUTEUR.

En entreprenant la monographie historique de l'ancienne ville de Soignies, nous avons reconnu tout d'abord que la plupart des faits dont nous nous proposions le récit se trouvaient encore enfouis dans de vieilles archives. A part un opuscule de 40 pages in-12, inséré dans un almanach historique pour l'année 1852, et réédité bientôt après sous ce titre : Recherches historiques sur la ville de Soignies, par M. J. DE PETIT, (Mons, Em. Hoyois), aucune publication spéciale n'avait encore paru sur cette cité, célèbre autant par ses institutions que par son antique collégiale, l'un des monuments religieux les plus remarquables de la province de Hainaut. Les principales sources de l'histoire de Soignies consistent donc dans des papiers poudreux, dans des parchemins dont la lecture est parfois pénible, dans des cartulaires ou des registres longs à parcourir, que récèlent plusieurs dépôts d'archives. Nous avons profité de ces documents précieux pour le travail que nous offrons aux amateurs de l'histoire locale. Rechercher les origines de Soignies, retracer la vie de son illustre patron, décrire ses divers établissements, étudier les transformations de son commerce et de son industrie, exposer l'influence de ses corporations, raconter les événements les plus saillants dont elle a été le théâtre, signaler les hommes de mérite qu'elle a produits, en un mot, faire connaître les matériaux que nous avons rassemblés sur cette intéressante localité, tel est le but que nous nous sommes proposé.

Décembre 1868.

L'ANCIENNE

VILLE DE SOIGNIES.

I.

Origine historique.

Les rives de la Senne, depuis sa source aux environs du Roeulx jusque vers le point où cette rivière entre dans le Brabant, formèrent longtemps une espèce de clairière au milieu de forêts séculaires qui se développaient à l'orient vers la Sennette et à l'occident jusqu'au bord de la chaussée romaine de Bavai à Gand, dans un rayon de cinq kilomètres seulement. Si l'on se bornait à invoquer le témoignage des documents écrits, on serait peut-être en droit de nier que l'homme y eût séjourné avant le milieu du vire siècle; mais nous avons des preuves irrécusables que ces rives furent habitées pendant la période romaine. Les urnes, les monnaies, les épingles, les fibules émaillées et non émaillées qu'on a trouvées en fouillant le sol à Soignies ne sauraient laisser aucun doute sur l'existence dans ce lieu de quelques habitations gallo-romaines. Nous ne prétendons pas

'A. G. B SCHAYES et PIOT. La Belgique avant et pendant la domination romaine. Bruxelles, 1859; t. 1, p. 540.

IIIe SÉRIE.

TOME IV.

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soutenir que ces habitations soient restées debout pendant l'espace de plusieurs siècles et qu'elles aient été le berceau de la ville de Soignies; au contraire, nous sommes porté à croire qu'elles furent abandonnées et détruites lors de l'expulsion du peuple conquérant de nos contrées et que cet endroit redevint une profonde solitude jusqu'à l'époque où l'on y établit un monastère.

Quoi qu'il en soit, cette ville se trouve fondée à réclamer une haute antiquité.

On a donné du nom de Soignies plusieurs étymologies: Jacques de Guise et Jacques Lessabé affirment que cette localité est ainsi nommée à cause du séjour qu'y firent les Sénonais, sous la conduite de Brennus, leur chef, environ quatre siècles avant l'ère chrétienne 2. Pontus Heuterus prétend que les Sègnes, peuple cité dans les Commentaires de César, donnèrent leur nom à la rivière de Senne, ainsi qu'au bois de Soignes, d'où la ville de Soignies, qui s'éleva dans la suite sur les bords de ce cours d'eau et sur un point de cette forêt, semble avoir tiré son nom 3. Le Fort dit Fortius parait partager cette opinion il dit que Soignies doit son nom à la forêt de Soignes

'Les Sénonais ou Sénones étaient un peuple de la Gaule, dans la Lyonnaise 4, et qui avait pour chef-lieu Agedinum ou Sénones, aujourd'hui Seus sur l'Yonne.

2 JACQUES DE GUISE. Histoire du Hainaut. Édition du marquis de Fortia d'Urban; t. II, pp 365 et 397.- JACQUES LESSABÉ. Hannoniæ urbium nominatiorum locorum, anacephalæosis. Anvers, 1534. Réimprimé dans les Monuments pour servir à l'histoire de Namur, de Hainaut et de Luxembourg, par le baron de Reiffenberg, t. 1, p. LXI.

3 PONTUS HEUTERUS. De veterum ac sui sæculi Belgio. Anvers. 1616; Louvain 1641 et 1649; lib. 1, cap. 9. Cette hypothèse étymologique, de même que la précédente, n'a guère plus de valeur que celle qui fait dériver Saint-Trond (Sancti Trudo) des Centrones, peuple de la Gaule Cisalpine. D'ailleurs on sait que les Sègnes étaient une petite peuplade placée sous le patronage des Trévires et dont la position géographique paraît être fixee dans les environs de Spa. Voyez sur ce point A. G. B. SCHAYES. La Belgique avant et pendant la domination romaine. Bruxelles, 1858; t. 1, pp. 31-34.

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