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4° Compte rendu sur la Bouée-Sifflet automobile du systéme Courtenay ;

5o Le Port du Havre;

6° Note concernant le type d'Ecluse adopté pour le canal de l'Escaut à la Meuse;

7° Notices sur les Modèles, Cartes et Dessins du Service des Ponts et Chaussés à l'Exposition maritime du Hâvre en 1887;

8° De l'amélioration du Port du Havre et des Passes de la Basse-Seine.

La Société, satisfaite de ce souvenir de M. Quinette de Rochemont, lui adresse ses remercîments.

COMMUNICATIONS ET TRAVAUX.

M. Michaux communique une plaque de plomb trouvée par M. le docteur Billaudeau dans sa maison. et constatant la pose de la première pierre d'un bâtiment de l'ancienne Congrégation. Cette plaque est offerte par M. Billaudeau au Musée de la ville. Remerciments.

M. de Bertier lit un travail intéressant sur une sœur de Gabrielle d'Estrées, Angélique d'Estrées, qui fut abbesse de Maubuisson; ce travail donne des détails curieux sur le séjour de cette abbesse à la ferme de La Glaux en 1628, et sur son existence mouvementée. Angélique mourut en 1634:

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T. XIX 15

ANGELIQUE D'ESTRÈES

Abbesse de Maubuisson

A la Ferme de La Glaux, en 1628.

Parmi les minutes des anciens Notaires de Cœuvres qui se trouvent actuellement dans l'étude de Me Deciry, à Soissons, le document suivant a attiré notre attention :

A la requeste de dame Angelicque d'Estrées, abbesse de Nostre Dame la Royalle, dicte de Maubuisson, ordre de Citeaulx, fait signiffis, et deûment faict assavoir à sœur Marie Sureau religieuse professe de l'abbaye de Port-Royal et à tous aultres qu'il appartiendra qu'en continuant les significations et acte de déclaration cy devant faicte à la requeste de la dicte dame Abbesse, elle a d'habondant déclairé et déclaire qu'elle s'est opposée et oppose à la bénédiction et à la quallité que la dicte Sureau prend à son préjudice, pour les causes et raisons que la dicte dame Abbesse a cy devant déclairé par les actes préceddens et proteste de nullité de tout ce qu'on pourra faire au préjudice de son opposition et que le tout ne lui puisse nuire ou préjudicier et de se pourveoir par les voyes de droict ainsi qu'elle verra estre affaire par requeste à ce que la dicte Sureau n'y aultre quelconque ny apporte déni, ny prétendent cause d'ignorance, (en renvoi) (et a la dicte dame eleu domicile en l'hostel de M° Germain Lambin advocat en Parlement demeurant rue du Mouton à la Gresve à Paris) lesquelles déclarations la dicte dame Abbesse de Maubuisson (en marge) (en personne

estant présentement au logis de honneste personne J. laboureur demeurant à la ferme de la Glaux paroisse de Dommiers près Soissons) a requis acte a eile octroié (pour la Seigneurerie du Valois en la terre de Cœuvres du ressort) (1) par moy Richard Bouchel notaire royal en la Chastellenie et prevosté de Pierrefonds bailliage de Valois, le sabmedy après midy quatorziesme octobre MVI vingt-huit, de présent demeurant à Coeuvres, en présence de Pierre Carrière et Jean Jannesson demeurant à Dommiers, dont acte, (Signé):

Soeur ANGÉLIQUE D'ESTRÉES, abbesse de Maubuisson. PIERRE CARRIÈRE

R. BOUCHEL

et la marque de JEAN JANNESSON. >

Cette protestation assez curieuse dans sa forme, est de plus intéressante en ce qu'elle permet d'ajouter quelques lignes à la biographie d'Angélique d'Estrées cette trop célèbre abbesse dont les aventures ont si largement défrayé la chronique scandaleuse des premières années du xvn siècle.

Sa présence dans une ferme du Soissonnais en 1628, nous a semblé une particularité d'autant plus piquante à signaler, que la plupart de ses biographes ont prétendu que, depuis l'année 1619 jusqu'à sa mort arrivée en 1634, l'abbesse de Maubuisson était restée étroitement enfermée dans un monastère de Paris. Quelquesuns cependant avaient avancé, mris vaguement, qu'elle était parvenue à s'échapper du cloître qui lui servait

(1) Ce dernier membre de phrase, que nous avons mis entr parenthèses, est pour ainsi dire indéchi affrable dans le texte: nu ne garantissons pas l'exactitude de l'interprétation que nous en d on nons ici.

de prison. Le document que nous produisons aujourd'hui vient confirmer ce dernier récit.

Le lecteur désireux de connaître en détail les péripéties de l'existence agitée de la soeur Angélique, trouvera de quoi satisfaire sa curiosité dans les ouvrages de Pihan de la Forêt et de dom Clémencet ainsi que dans l'histoire de Port-Royal par Sainte-Beuve, et dans celle de l'Abbaye de Maubuisson par MM. Dutilleux et Depoin.

Nous nous contenterons ici de noter brièvement, dans la biographie de l'abbesse de Maubuisson, ce qu'il est indispensable de connaître pour trouver une explication de son séjour à La Glaux.

Rappelons d'abord que la ferme de La Glaux se trouve à l'entrée du village de Dommiers, à une centaine de mètres à droite de la route venant de Soissons. Les fenêtres à meneaux, la voûte qui se trouve sous le corps de logis principal et donne accès dans la cour de la ferme, la tourelle de l'escalier de pierre hors œuvre et les vestiges d'un oratoire du xve ou XVI siècle, donnent encore bien l'idée de ce que pouvait être, il y a deux siècles, cette demeure construite avec une certaine élégance. Elle appartenait à l'Abbaye de Saint Jean des-Vigues, mais à l'époque qui nous occupe, François Annibal d'Estrées en avait sans doute la jouissance, car tous les baux concernant cette terre sont faits en son nom. D'ailleurs, La laux et ses dépendances étant englobées dans les propriétés du Marquisat de Coeuvres (1), il n'est pas surprenant que le Maréchal d'Estrées se soit entendu avec l'Abbaye de Saint-Jean-des-Vignes pour obtenir la location de cette enclave. Cela est d'autant plus probable que le fermier de La Glaux, en 1628, Pierre Carrière, dont il est parlé dans la pièce que nous reproduisons, porte dans la

(1) La terre de Cœuvres ne fut érigée en dushé qu'en 1648.

plupart des actes où il figure, le titre de « receveur et admouiateur des terres du Marquis de Coeuvres » (1).

C'était donc dans une propriété dépendante du Maréchal d'Estrées son frère, et chez un des fermiers de ce personnage que se trouvait l'abbesse de Maubuisson à la date du 14 octobre 1628. Nous allons voir quelle suite d'aventures retentissantes avaient, jusque là, rendu le nom de cette femme tristement célèbre.

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Troisième fille d'Antoine d'Estrées et de Françoise Babou de la Bourdaisière, Angélique, après avoir été novice de Poissy, puis abbesse de Berthaucourt en Picardie, fut nommée, en 1597, titulaire de l'Abbaye de Maubuisson, grâce à la protection du roi Henri IV et malgré une certaine résistance du pape Clément VII.

Les troubles de la guerre avaient introduit du relâchement dans les oeurs de ce monastère, et la nouvelle abbesse était peu faite pour rétablir la discipline et l'austérité. Les fréquentes visites du roi, de Gabrielle. d'Estrées et des seigneurs voisins achevèrent d'apporter la plus grande dissipation parmi les vingt-deux re igieuses de Maubuisson. En 1599, la mort de Gabrielle d'Estrées, que l'on enterra pompeusement dans la chapelle de l'abbaye, n'empêcha pas Henri IV de continuer à la sœur de sa maîtresse une coupable protection contre laquelle protestait vainement le général de l'ordre de Citeaux, Dom Boucherat.

Sous Louis XIII, les choses changèrent; à la suite des mésaventures arrivées aux délégués ecclésiastiques que l'on avait envoyés à Maubuisson pour contraindre Angélique à se soumettre aux injonctions de ses supérieurs, l'abbé de Citeaux prit le parti d'aller, luimême et avec la force armée, rétablir le bon ordre. Il assiégea l'abbaye avec une troupe d'archers, et le

(1) La ferme de la Glaux est aujourd'hui la propriété de la famille Brinquant.

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