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ÉTUDE BIOGRAPHIQUE

SUR

M. EMILIEN FOSSÉ D'ARCOSSE

Fondateur du Comité

et Membre de la Société historique et archéologique de Soissons, Président du Tribunal de Commerce, etc., etc.

Quoiqu'un certain laps de temps se soit écoulé depuis le décès de M. Emilien Fossé d'Arcosse, qui a si vivement impressionné le public soissonnais, il est juste de jeter encore un regard attristé sur la disparition d'un homme regrettable à plus d'un titre. Le concert d'éloges funèbres, entendu sur sa tombe entr'ouverte, de la bouche de ses amis et collègues, témoins de sa vie entière, n'était que comme un écho fidèle des sentiments de toute une population. M. d'Arcosse n'était pas en effet l'une de ces personnalités auxquelles sont adressés des discours louangeurs inspirés uniquement par une position sociale ou un titre officiel. Il s'agissait là d'accomplir une dette de justice et d'exprimer le souvenir attaché à la carrière d'un citoyen d'une notoriété incontestable dans le domaine des Lettres, comme on disait autrefois, divines et humaines. Il nous avait semblé d'abord qu'on ne pourrait rien ajouter aux allocutions éloquentes qui en avaient retracé, à grands traits, les principales circonstances et qu'une Notice spéciale était superflue. Mais ensuite il ne fut plus possible de résister à des désirs expriT. XIX (2 partie)

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més avec insistance et qui répondaient d'ailleurs à nos propres sentiments.

Il fut donc résolu que ce genre historique, dont on abuse souvent à l'égard de noms destinés à l'oubli, trouverait ici sa place appliqué à une illustration soissonnaise. Aussi bien n'en trouverait-on pas tous les éléments dans les panégyriques entendus le jour des funérailles et reproduits par la presse de toute nuance. De ces paroles prononcées au nom de l'amitié, par M. Lecercle; au nom de la presse départementale, par M. Cortilliot; au nom de la Société historique et archéologique de Soissons, par M. Choron, son président; et au nom du personnel typographique, par M. Godet, non seulement nous n'éliminerons rien, mais nous en ferons le fond même de cette publication. Heureux nous même de pouvoir y ajouter des particularités, des traits moins connus et d'exprimer à notre tour des regrets inspirés par l'estime et une constante amitié.

François-Barthélemy-Thérèse-Emilien Fossé d'Arcosse naquit, le 24 janvier 1810, à Paris sur l'ancien VII arrondissement. La seule chose de quelque importance que nous sachions de ses jeunes années, c'est qu'il fit ses humanités au Lycée Charlemagne, qu'il y eut assez de succès dans ses classes pour remporter des prix au concours général, et qu'il obtint le titre. de bachelier ès lettres le 12 août 1828. Ce n'est pas sans une juste fierté que l'on aime à découvrir parmi ses ancêtres, sinon des personnages d'une grande célébrité, du moins des hommes de mérite et ayant laissé à leurs descendants un nom honoré de l'estime de leurs contemporains. Sous ce rapport Emilien Fossé d'Arcosse n'avait pas beaucoup à désirer pour lui et les siens. Il y eut en effet des points de contact entre sa famille et des homines de haute distinction

On nommera seulement ici le grand prédicateur de

la cour de Louis XIV, le P. Bourdaloue, et l'abbé Afforty qui marqua dans l'érudition sous le règne de Louis XVI.Voici quels liens le rattachaient au premier: Son aïeul maternel, François-Michel Vermeil, avocat au Parlement de l'aris, puis conseiller à la Cour de cassation, né à Mehun le 29 septembre 1730 et décédé en 1810 doyen d'âge des conseillers à la Cour de cassation, était le propre petit-neveu de Bourdaloue. Il eut, de son mariage avec Mademoiselle Vermonnet, deux filles dont l'une, Madame de Chanlaire, fut mère de Madame Fossé d'Arcosse. A la mort de M. Vermeil, le premier président de la Cour, mandait, le 12 janvier 1810, à M. de Chanlaire, dont M. d'Arcosse, père d'Emilien, avait épousé la fille en secondes noces, comme on va le voir, que la Cour enverrait une députation à ses obsèques. Nous nous étendrons davantage sur le savant Afforty, grand-oncle de M. d'Arcosse et contemporain de son grand-père.

Charles-François Afforty, frère de la bisaïeule de M. d'Arcosse, après avoir été vicaire de Saint Landry à Paris, entra, le 9 janvier 1734, au chapitre de SaintRieul de Senlis. Déjà bachelier en théologie, il fut reçu, le 27 mars, docteur dans la même faculté de Paris. Institué grand chantre du chapitre, le 3 août 1739, il en fut élu, le 8 avril 1747, doyen à l'unanimité par ses confrères, dignité qu'il conserva pendant quarantedeux ans. Louis XV ayant institué en 1762 un Comité pour former « un dépôt d'histoire et de droit public » et Louis XVI l'ayant développé en 1781, « pour recueillir les monuments historiques et anciennes chartes dont on formerait une collection, » Afforty fut désigné pour en faire partie avec la plupart des plus savants bénédictins. Il s'occupa spécialement d'explorer Senlis et la province. Le produit de son labeur fut un manuscrit de 25 vol. in. 4° dû à sa 'seule plume, sous ce titre : Collectanea Sylvanectensia et Tabularium Sylvanectense, conservé

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