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Tous les gens de Saint Martin qui se trouvent dans le pays, qu'ils habitent au dedans ou au dehors de la Marche, doivent être présents aux trois plaids, sans convocation spéciale. Celui qui y manquerait par sa faute viendra à la réunion particulière (Botschaft), qui se tient au bout de la quinzaine. S'il fait encore défaut, il a un délai de sept jours. Manque-t-il une troisième fois, on le sommera de comparaître TROIS JOURS APRÈS. S'il ne vient pas au jour fixé, on l'attendra toute la nuit. Dédaigne-t-il tous ces ordres et foule-t-il aux pieds l'obéissance, on devra par une sentence juste et légitime (ehaffteme) le punir, corps et biens, par la confiscation et la prison, jusqu'à ce qu'il ait satisfait à l'abbé, à l'avoué, aux juges et à la justice.

S V. Rotule colonger de Marmoutier.

(Voir la charte suivante.)

S VI. - Droits de la prison.

1o La prison seigneuriale (frone stock) doit se trouver en un endroit sûr, dans l'enceinte des terres seigneuriales (frönden), à l'abri de toute violence criminelle.

2o Il y a une petite cour près d'un puits à l'extrémité du marché, vers le couchant, qui paie trois oboles de cens; le tenancier de cette cour, lorsqu'un captif est arrêté, doit immédiatement, LE MÈME JOUR, en prévenir le maire de Garberg. Ce maire surveillera le prisonnier pendant la première nuit; le maire de la ville veillera la seconde nuit. La nuit suivante, et tant que durera l'emprisonnement, la garde sera montée par les tenanciers des manses de prison (eigenstochhueben), qui veilleront tour à tour, l'un aujourd'hui, l'autre demain, d'après leur numéro d'ordre.

3o Voici les circonstances qui peuvent empêcher et faire ajourner les plaids annuels. Si le jour du plaid tombe sur une fête chômée (fritag), ou sur un jeûne, la réunion ne doit pas avoir lieu. De même si l'assemblée de la quinzaine, la botschaft, à laquelle on doit prêter serment devait tomber sur une fête ou sur un jeûne, le plaid annuel serait aussi remis. LES JOURS LÉGALEMENT FIXÉS POUR LES PLAIDS SONT Le lundi après l'ÉPIPHANIE, LE LUNDI APRÈS LE DIMANCHE IN ALBIS, et le JEUDI APRÈS LA MI-MAI.

4° Notez que le gibet doit se trouver sur la grande route, en dehors de la Marche, à l'orient, vers le village de Wolscheim. Si la potence vient à tomber par pourriture ou autrement, ou s'il arrive que l'avoué

ou le tribunal manque de gibet, les gens de Wolscheim iront dans la forêt qui leur appartient à Wolschheim, y couperont du bois pour la potence et pour l'échelle, et le conduiront à la place que le gibet doit occuper. Se trouve-t-il que le transport de ce bois leur serait trop difficile, l'avoué de Geroltsecke chevauchera vers Bettbur (Kleingeft), demandera un cheval à chacune des trois cours que l'abbé y possède, et viendra ainsi en aide à ces gens. Cela se fait afin que la justice se tienne à l'endroit, où elle doit se tenir de toute antiquité, pour que ni l'avoué, ni les échevins du tribunal suprême ne puissent la transporter dans l'intérieur de la Marche. Notez que les gens de Wolscheim ont les mêmes droits que les autres hommes de Saint Martin, exemption de la capitation, libre émigration et autres priviléges, en particulier l'exemption du péage. Si l'un d'entre eux vient s'établir dans la Marche, il y jouira des mêmes droits que les autres hommes de Saint Martin. Quand il voudra retourner chez lui, l'avoué de Geroltsecke ne pourra pas l'en empêcher. Si en route sa voiture reste arrêtée, l'avoué doit se mettre lui-même à la roue pour la dégager.

5° Notez encore que si l'on arrête dans la Marche un homme qui a mérité la peine capitale, on le remettra à l'avoué de Geroltsecke et aux échevins du Tribunal suprême de la Marche. Ceux-ci le jugeront en présence du schultheiss de l'abbé. L'avoué devra protéger les juges, pour qu'il ne leur arrive aucun dommage, comme c'est l'usage de toute antiquité. Ce qui reviendra au tribunal par suite de ce jugement appartiendra, un tiers à l'abbé, un tiers au schultheiss, et le troisième tiers à l'avoué.

S VII. - Droit du Schultheiss.

1o Le schultheiss de l'abbé prendra le tiers de toutes les amendes qui reviennent à l'abbé. Il aura aussi chaque année 2 sous sur le banvin. Le garde champêtre de la ville lui donnera aussi 1 sou.

2o Aucun vigneron ou marchand de vin ne pourra vendre son vin plus cher que ne lui permet le schultheiss; toutefois celui-ci ne devra pas fixer ce prix trop bas. Lorsqu'un vigneron obtient la permission de vendre, il donne au schultheiss un sétier de vin, c'est-à-dire, un quart.

3o Le garde champêtre de Dossenheim lui remettra aussi 1 sou, et celui de Onolvisheim (Olwisheim) 8 deniers. Le forestier de l'abbé, qui garde la forêt des Vosges, lui donnera un malter d'avoine, 1 sétier de vin et 6 chapons. Le maire de Hildenhusen lui remettra 2 malters d'avoine, 2 sétiers de vin, 4 pains et 2 chapons.

4o Chacun des officiers de l'abbé lui donne à Noël 2 sétiers de vin, 4 pains et 2 chapons; c'est là ce que paient les maires de la ville, de Schwabwiller, d'Otterswiller, de Schweinheim, de Reutenburg, de Westhoffen et de Dosenheim. Les maires de Wiler et de Garburg ne font pas ce cadeau au schultheiss, comme les autres; autrefois', dans l'ancien temps, ces deux maires le remettaient au schultheiss de l'évêque de Metz. Mais comme l'évêque de Metz Bertram a rendu au couvent la cour seigneuriale avec toutes ses dépendances, les cadeaux de ces maires sont revenus au schultheiss, avec le consentement de l'abbé. Chacun des deux officiers qui perçoivent la capitation dans le pays fait au schultheiss le même présent qu'un maire. Le maire d'Olwesheim donne deux malters d'avoine en sus de la gratification ordinaire. Celui qui reçoit les nouvelles monnaies paie au schultheiss 1 sou. Le garde champêtre d'Otterswiller donnera aussi 8 deniers.

5° Lorsqu'on fauche à Singrist et à Reutenburg, qui ne forment qu'une mairie, les prairies appelées les frehte, le schultheiss doit y tenir un plaid, pour juger et amender tout ce qui aura besoin de l'être; le maire lui servira, à lui et à ses deux assesseurs, un honnête repas. On en fera de même à Lochwiller et à Schweinheim lorsqu'on y fauche les frehte. Le maire de Garberg percevra les redevances de Hengebur, qui montent à 20 onces, et les remettra à l'abbé. Le schultheiss de Marmoutier se rendra dans ce village à la Saint JeanBaptiste, au solstice d'été, et règlera avec les paysans tout ce qui touche à ces redevances; ce jour là le maire lui doit un repas, à lui et à ses assesseurs.

S VIII.

Droit du maréchal.

1° L'abbé doit avoir un maréchal.

2o Lorsque l'avoué de Gerolsecke et d'autres seigneurs descendent de Gerolsecke, pour tenir des plaids ou des diètes, le maréchal doit, à leur arrivée, recevoir leurs chevaux, les mettre à l'écurie et leur donner du foin et de la paille en abondance, en le prenant dans la grange de l'abbé: celui-ci aura le fumier et l'emploiera sur

ses terres.

3' Le même maréchal soignera aussi les chevaux de l'abbé et rè

1. La suite de la phrase doit être une interpolation; la chronologie et le texte même le prouvent. Aussi ce passage, très-clair dans notre pièce allemande, présente-t-il dans Schoepflin un affreux galimatias.

glera où et quand il les faut envoyer sur les prés. L'abbé aura 12 chevaux à envoyer aux pâturages, et pourra les faire aller où il veut jusqu'à la fenaison. Cependant pour éviter toute contestation et toute discorde, nos ancêtres ont réglé ce droit, et ont arrêté dans quels lieux, sur quels prés, les chevaux doivent être envoyés.

4o Notez que l'abbé a le droit d'enlever, chaque année, sur la holtzmatten des religieuses de Sindelsberg, une voiture de uoi n,ce que huit chevaux peuvent emmener, en compensation du droit qu'il a d'y faire pâturer 12 chevaux pendant la croissance de l'herbe.

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5o Après la Saint George on prendra ce pâturage sur la Harmoltzmatten pendant 14 jours. Les chevaux iront ensuite sur la Mursmatten et la Holtzmatten et y resteront 9 jours; de là ils passent à Sybenich à l'extrémité de la cour, vers l'orient, au-delà du chemin qui conduit à Lochwiller, pour une demi-journée. A Zigelich ils restent un jour et demi; à Einsidel aussi un jour et demi. A Reutenburg ils pâturent pendant sept jours; à Singrist ils demeurent, vers le couchant, deux jours et demi, et vers le levant, un demi-jour. A Waltershoffen ils seront pendant 3 jours; au moulin, appelé ci-devant Haltzinges et au moulin de Woffelgutt, 3 jours; à Bürhof, 3 jours; à Schweinheim, 14 jours. Notez qu'il faut prendre garde si le nombre des chevaux dépasse le chiffre de ceux qui ont le droit de pâturer; en ce cas il faudrait en tenir compte, les jours suivants, afin que les prairies ne soient pas épuisées plus qu'elles ne doivent l'être. Dans tous ces pâturages le curé de l'église supérieure peut envoyer un palefroi, celui qu'il monte lorsqu'il accompagne l'abbé, ou s'il s'en sert, un cheval qu'il pourrait lui prêter honorablement. Le maréchal peut envoyer aussi son cheval au pâturage; il doit toujours le tenir prêt, soit pour le monter en compagnie de l'abbé, soit pour le prêter à l'abbé ou à un autre, sur sa demande.

6o Trois cours et un manse se trouvent à Echolteswihr; le maréchal les aura en fief. Cependant lui et son cheval recevront leur nourriture de la cour.

7° Il aura un valet, qui doit coucher dans l'écurie de l'abbé, panser les chevaux, les faire boire, en avoir soin et les garder; ce valet mangera à la cour. L'abbé, s'il le veut, peut charger de ce soin un

1. Waldhofen, Waldonis curia, était un hameau; il a été détruit et est compris dans les bans de Thal et de Schwabwiler. En 1143 Théodewin y avait consacré une église en l'honneur de S. Gall.

de ses propres domestiques; mais s'il se rencontre quelque retard. ou quelque dommage, c'est toujours le maréchal qui en est responsable.

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1o Le camérier de monsieur l'abbé est chargé de soigner et de conserver dans les chambres, la table et les nappes, les lits et la literie, et tout ce qui s'y rattache. Il tiendra toujours son cheval prêt, pour accompagner l'abbé; il lui procurera des lits et les fera ensuite enlever; il sera toujours et en tout à son service.

2o En retour il aura 7 champs en bénéfice, et tirera de la cour ce qu'il faut pour sa nourriture et pour celle de son cheval. Toute la desserte lui appartient. Tous les maires et tous les officiers de l'abbé, lorsqu'ils sont investis nouvellement de leurs charges, lui doivent un menu cadeau. Deux espèces d'habits, en laine et en lin, lui seront fournies par l'abbé, selon la saison, de sorte qu'il puisse faire honneur à l'abbé.

S X. Droit des maires de Saint Martin et du couvent.

1° Chaque maire de Saint Martin doit avoir dans sa mairie un manse en bénéfice, ni le meilleur, ni le moins bon, mais un manse d'une valeur moyenne, avec tous ses droits; le maire de Lochwiller seul paie la dîme de son manse, mais il en est bien dédommagé, parce qu'il exploite une plus grande quantité de frehten. Le maire de Garberg doit avoir deux manses, l'un à Garberg, l'autre à Dompierre (Thal). Le coureur ou messager de ce maire aura en bénéfice un quart de manse dans le ban de Thal, parce qu'il a un service pénible, forcé qu'il est de traverser les Vosges par de mauvais chemins.

2o Chacun de ces maires de Saint Martin remettra de droit, tous les ans, à Noël, à la cour de l'abbé, en cadeau, un porc de la valeur d'un sou; 8 pains, et 4 sétiers de vin, c'est-à-dire 4 quarts; ils donneront aussi, à la fête de Saint Auteur', 6 deniers pour des poissons, et autant à la Saint Martin. Chacun d'eux paiera aussi, pour investiture, au cellerier du couvent, 6 deniers, lorsqu'on l'installe dans sa mairie. Ils doivent également, comme il est dit ci-dessus, faire un présent au camérier. Une réserve doit cependant être faite; si un

1. Les reliques de Saint Auteur, évêque de Metz, furent transportées à Marmoutier, vers 830, par l'évêque Drogon. Sa fête se célèbre le 9 août.

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