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vie 'jusqu'au soir, après le coucher du soleil; puis chacun rentre chez soi et tout est fini.

Voilà une conclusion qui réconciliera plus d'un lecteur avec ce terrible bailli. Il était si sévère, tout à l'heure, pour les libations de nos braves colongers. Il y voyait toutes les abominations du paganisme, et les horreurs, non moins abominables sans doute à ses yeux, de la tolérance papiste ! Mais au fond, la chose n'était pas si grave. Cette séance, qui se prolonge depuis neuf heures du matin jusqu'après le coucher du soleil, ne le fatigue pas. Il signale même, avec quelque plaisir, l'empressement que l'on met à expédier les affaires sérieuses, à transformer le prétoire en salle de festin. A la satisfaction avec laquelle il déguste sa grande canette peinte, on sent qu'il ne serait pas effrayé d'une réalité, dont l'ombre a pour lui tant de charme. Les colonges eussent-elles été, comme il le croit, une honnête association de buveurs, il se fût résigné, sans trop de peine, à siéger dans cet ehrliches sauffgericht.

Malgré le dédain avec lequel il parle des anciennes colonges, notre bailli ne s'est pas complétement mépris sur leur caractère et leur antiquité. Oui, elles remontent jusqu'au berceau des sociétés modernes. Oui, les colonges des derniers siècles n'étaient plus qu'une ombre de ces antiques institutions. Oui, leurs formules naïves, parfois bizarres, toujours pleines de sens, sont un écho, trop longtemps méconnu, de nos vieilles mœurs germaniques. C'est pour cela, que joignant l'étude des rotules colongers à celles des romans du Moyen Age, Grimm et ses laborieux émules, ont pu rendre le mouvement et la vie à une société, dont les chartes latines ne présentent que le squelette froid et décharné.

M. Kromeyer termine son rapport par le rotule colonger de Bischoltz. Mais cette constitution n'a aucune importance; c'est évidemment, comme les autres, une édition revue et corrigée à l'usage et dans l'intérêt de la souveraineté territoriale. Le texte incriminé plus haut ne s'y retrouve pas. Les oreilles les plus prudes, le dévouement le plus aveugle à l'autorité seigneuriale, peuvent entendre sans frisson, ce langage sain, humble, modeste, débarrassé de tout symbole désagréable aux comtes de Hanau et à leurs philosophiques intendants.

1. Dabey pflegen wir lustig und guter ding zu seyn.

CONCLUSION.

Dans une publication comme celle-ci, rien ne serait plus facile que d'entasser chapitres sur chapitres, et même volumes sur volumes. Les textes que l'on vient de parcourir, ne forment qu'une faible partie des matériaux inédits que j'ai rassemblés.

Aux constitutions des colonges et des Marches on pourrait encore joindre, avec raison, les anciens règlements des bourgs et des villes. Nos archives départementales renferment plusieurs recueils de ce genre, et on en rencontrerait un plus grand nombre dans les archives locales.

Une série de pareils documents éclairerait jusques dans leurs moindres détails, les mœurs, les institutions, les lois de nos ancêtres. On verrait alors la société du Moyen Age revivre et s'agiter sous nos yeux, dans sa condition régulière et normale. On verrait la face de la médaille dont nous ne connaissons que le revers, parce que la chronique, véritable gazette des vieux temps, ne se plait que dans le récit des crimes et des désordres, dans le souvenir de ces luttes tristes ou glorieuses, qui frappent l'imagination des peuples, ou troublent la sérénité de la vie ordinaire.

Mais cette œuvre exigerait une multiplicité de recherches, des sacrifices pécuniaires, que peu de particuliers peuvent s'imposer. Elle ne sera possible que lorsque des diploma

tiques, plus complètes que celles de Schoepflin et de Grandidier, auront mis à la portée de tous, les richesses historiques enfouies dans les cartons des archives.

En offrant au public quelques unes de nos anciennes constitutions rurales, je me proposai un but plus modeste et plus restreint. Je voulais lui présenter des types, la traduction littérale mais fidèle, le texte authentique et complet, d'un certain nombre de ces chartes constitutionnelles qui furent, pendant des siècles, la loi de nos campagnes.

Quelques divergences se rencontrent dans ces chartes. Mais dans les textes de la même époque, ces divergences ne portent que sur des détails, sur des droits d'usage, sur le chiffre d'une redevance, sur les attributions d'un fonctionnaire. Quant à ses lignes générales, l'organisation de nos villages est partout la inême. En dehors des redevances censives, la colonge ou immunité a les mêmes lois que la Marche libre, le fief rustique est soumis aux mêmes principes que le bénéfice seigneurial. La commune est en petit, ce que la province, ce que l'empire sont en grand; les proportions se réduisent, les rouages se simplifient; dans ses diverses sphères, la société du Moyen-Age obéit à la même impulsion, est mue par les mêmes ressorts.

De là, ce laconisme de la plupart des chartes sur l'organisation politique et judiciaire de l'endroit. On stipule avec sollicitude, on précise avec minutie, tout ce qui est local et particulier. Les questions de droit commun, les institutions. générales, ne sont touchées qu'en passant: on les suppose, plutôt qu'on ne les explique.

Cependant grâce à l'abondance de ces indications fugitives, grâce à d'autres documents de toute espèce, il est possible, facile même, de retrouver tous les éléments de ce droit commun.

Tel est l'objet de mon essai sur les Paysans de l'Alsace au Moyen-Age. La plupart des citations que j'y ai groupées, sont empruntées aux publications de Grimm et de Burckardt, ou à des documents encore inédits.

Le lecteur y trouvera donc, non seulement un travail d'ensemble, une étude méthodique et raisonnée, mais une foule de textes souvent nouveaux, presque toujours intéressants et curieux.

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35

PRÉFACE

CHAPITRE PREMIER.

XIe au XIIIe siècle.

Quelques rotules de colonges alsaciennes du

I. Revenus de la cour d'Ingenheim au x1° siècle

II. Revenus d'une colonge à Wilgotheim

III. Rotule de Bærsch.

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IV. Rotule de Geispolsheim, XIII° siècle
V. Rotule d'Odern

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VI. Rotule de Kogenheim et de Sermersheim (1286)
CHAPITRE DEUXIÈME.

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