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LIVRE PREMIER

LES ABBAYES & LES PRIEURÉS

I. - ORDRE DE SAINT BENOIT

CHAPITRE I

L'ABBAYE DE SAINT-MELAINE DE RENNES

Notice historique.

baye en 1483.

revenus.

Catalogue des abbés de Saint-Melaine. Importance de l'ab-
Partage entre l'abbé et les religieux en 1683.

Montant des

Droits et privilèges droits sur la monnaie et sur la cuisine des ducs de Bretagne; pacage et usage dans les forêts ducales; juridiction; foire aux oignons; chevauchée; foire de Châtillon; fours et moulins banaux; quintaine; exemption des droits d'entrée de ville; novales et héritages; office pontifical; assistance aux États, aux assemblées du Clergé et à celles de la Maison de Ville; prééminences; réception des évêques et des ducs. Rapports de l'abbaye avec les évêques et le Chapitre de Rennes et avec les abbesses de Saint-Georges. Sceau et armoiries. L'église de Saint-Melaine et ses tombeaux. Bâtiments claustraux et hotel abbatial.

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Après la mort de saint Melaine, arrivée au monastère de Plaz (nunc Brain) vers l'an 530, le corps de ce glorieux pontife fut apporté à Rennes et inhumé près de celui de saint Amand, dans le cimetière de cette ville 1. Le grand nombre

1. « En 1728, on déterra un très-grand nombre d'ossements dans les jardins de l'abbaye de Saint-Melaine. Leur grandeur surpassait de beaucoup celle des hommes

de miracles que Dieu opéra au tombeau de saint Melaine porta les fidèles à y bâtir une église magnifique, qui fut réduite en cendres du temps de saint Grégoire de Tours. On ne sait pas au juste si le monastère, qui porta plus tard le nom de Saint-Melaine, existait du vivant même de cet évêque; ceux qui le croient attribuent sa construction à saint Paterne, ami de saint Melaine et plus tard évêque d'Avranches; mais ce dernier a fort bien pu ne le construire qu'après la mort du saint et pour desservir l'église élevée sur son tombeau. Toutefois, l'existence de l'abbaye de Saint-Melaine est prouvée au viie siècle, puisqu'à cette époque l'abbé Bertulphe souscrivit en 650 au Concile de Châlons. Vers le même temps, l'évêque Durioterus consacra une nouvelle église construite sur les ruines de la première basilique incendiée.

Saccagée aux siècle par les Normands, l'abbaye de SaintMelaine fut relevée de ses ruines au x1o. Cette restauration, commencée par le duc Alain III, fut achevée par son fils Geoffroy le Bâtard, comte de Rennes, et par l'abbé Éven, mort archevêque de Dol. Mais Geoffroy ayant demandé Éven à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, ce monastère prétendit ensuite avoir le droit de nommer tous les abbés de SaintMelaine; de là naquit une contestation qui dura plus d'un siècle entre les deux abbayes, et qui se termina toutefois à l'avantage de Saint-Melaine, dont l'indépendance fut définiti

vement reconnue.

Les moines de Saint-Melaine eurent encore beaucoup à souffrir pendant la guerre de la succession de Bretagne, au XIVe siècle; ils furent même obligés, à l'époque du siège de Rennes, en 1356, de se réfugier dans l'enceinte de cette ville, au logis du Petit-Saint-Melaine, et leur monastère fut saccagé par les soldats. Aussi fallut-il y faire les réparations les plus

'de nos jours, au jugement des chirurgiens de la ville qui y descendirent. On trouva à côté de ces corps des pots de terre pleins de charbons. » (Mémoires pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Melaine, ms. de la Biblioth. Nat., n° 22356, attribué à D. Morice.)

urgentes après la signature du traité de paix; et un siècle et demi plus tard, l'abbé du Margat dut reconstruire presque tout le couvent, qui menaçait ruine.

Dans la nuit du 18 au 19 mars 1665, un violent incendie détruisit la partie de l'abbaye regardant vers la ville, c'est-àdire « tous les dortoirs 1. » A la suite de ce désastre, l'abbé d'Estrades releva la tour actuelle de l'église et construisit le manoir abbatial, devenu de nos jours palais archiepiscopal, pendant que les moines relevaient eux-mêmes leurs bâtiments claustraux.

On ne sait pas à quelle époque les moines de Saint-Melaine commencèrent à suivre la règle de saint Benoît; quelques auteurs pensent que ce fut dès l'origine de leur établissement, mais ce n'est pas certain. En 1627, l'abbé du Lyon introduisit dans ce monastère la réforme de la congrégation de SaintMaur, qui y persévéra jusqu'à la Révolution.

L'évêque de Rennes, Mgr de Girac, obtint en 1770, du Pape, une bulle portant « extinction du titre de la mense abbatiale de Saint-Melaine, et union de ses revenus et droits à la mense de l'évêché de Rennes, avec réservation à la nomination du roi de tous les bénéfices autres qu'à charge d'âmes dépendant de ladite abbaye 2. » C'était l'abolition de la dignité abbatiale. Mais Mer de Girac voulut aller encore plus loin étant venu habiter le palais abbatial de SaintMelaine, il entreprit de faire de l'église conventuelle sa cathédrale, et voulut charger les Bénédictins de la tenue du collège de Rennes, d'où les Jésuites venaient d'être chassés. On dressa à cette occasion un plan de restauration de l'église Saint-Melaine. Mais les moines réclamèrent contre ces projets qui anéantissaient leur antique monastère, et ils obtinrent de

1. Journal d'un Bourgeois de Rennes, publié dans les Mélanges d'Histoire et d'Archéologie bret. Journal ms. de Loret, p. 215.

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2. Reg. des insinuations de l'évêché de Rennes. Les bénéfices à charge d'ames, présentés jusqu'alors par l'abbé de Saint- Melaine, tombèrent dès lors complètement entre les mains de l'évêque.

rester libres dans leur cloître, d'où la Révolution les chassa toutefois bientôt.

ABBÉS DE SAint - Melaine.

I. HERLUIN est le premier abbé de Saint-Melaine mentionné dans un Vieux Catalogue de la Bibliothèque de Saint-Germain'. BERTULPHE SOUScrivit, « abbas Redonicus, » comme procureur de l'évêque de Rennes Durioterus, au Concile de Châlons tenu vers l'an 650.

II.

III. ÉTIENNE fut, d'après dom Germain, auteur d'une Histoire ms. de l'abbaye de Saint-Melaine, abbé de ce monastère, puis évêque de Rennes de 747 à 762, époque où il mourut.

IV.

AMBRICHON fut témoin, le 17 avril 830, d'une vente faite devant l'église de Comblessac, qui dépendait déjà de Saint-Melaine 2. V. JEAN Ir succéda, dit-on, à Ambrichon, et gouverna l'abbaye jusqu'en 880, mais son existence est contestée.

Une grande obscurité règne ensuite sur l'histoire de Saint-Melaine; on sait que les Normands ruinèrent ce monastère durant le Xe siècle; cependant il faut observer qu'en 966, Richard II, duc de Normandie, voulant réformer le Mont Saint-Michel, appela dans ce monastère des moines de Saint-Melaine; ce qui prouve bien que la ruine de cette dernière abbaye n'était pas complète, comme quelques-uns l'ont cru. Mais l'on retrouve difficilement les noms des abbés de cette époque, et l'état du monastère devint même bientôt si misérable, qu'en 1054 on n'y rencontrait plus qu'un seul et dernier moine.

VI. THIBAUD, évêque de Rennes en 990, étant devenu vieux, abdiqua la dignité épiscopale et se retira à Saint-Melaine, dont il devint abbé 3.

VII. TRISCAN, fils du précédent et de Génercant, succéda à son père sur le siège abbatial de Saint-Melaine, et, un peu plus tard, à son neveu Guérin sur le siège épiscopal de Rennes.

VIII. ALFRED, d'après le Vieux Catalogue, remplaça Triscan; cependant Albert Le Grand le met à la suite d'Herluin, au vir siècle. IX. JEAN II souscrivit en qualité d'abbé de Rennes, abbas Redonensis, » à une charte de l'abbaye du Ronceray dont on n'a pas la date précise; il vivait encore en 1062, mais était alors démis

4. M. Hauréau, Gallia christiana, XIV, 770.

2. Cartul. Roton., 353.

3. D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 353.

sionnaire. Habile architecte, il fit construire à cette époque l'église priorale de Saint-Sauveur de Béré, au diocèse de Nantes '.

X. — RIMARIN souscrivit avec Main, évêque de Rennes, vers 1050, à une donation faite par la comtesse Berthe au Chapitre de Rennes.

XI. - ÉVEN. En 4054, Geoffroy le Bâtard, comte de Rennes, touché de l'état déplorable où se trouvait l'abbaye de Saint-Melaine depuis l'invasion normande, entreprit la restauration de ce monastère de concert avec Berthe, sa femme. Il demanda à Sigon, abbé de Saint-Florent de Saumur, un moine capable de rendre à SaintMelaine son antique splendeur, et, pour ne pas éprouver de refus, il soumit momentanément au moins cette abbaye à celle de Saint-Florent. Sigon envoya à Rennes un religieux breton, nommé Éven, d'une rare capacité. Le nouvel abbé de Saint-Melaine releva complètement le monastère et obtint de Gervais, archevêque de Reims, une portion du corps de saint Melaine, qu'on avait précédemment porté à Argentré, dans le Maine. Il gouverna si bien pendant vingt-sept ans, qu'ayant trouvé un seul religieux à son arrivée dans l'abbaye, il en laissa une centaine à sa mort. Nommé archevêque de Dol en 1076, il ne voulut point abandonner Saint-Melaine, dont il se réserva l'administration toute sa vie. Il mourut le 25 septembre 1081 et fut inhumé dans son église abbatiale. Nous avons fait connaître au Catalogue des évêques de Dol l'épitaphe de ce grand homme, appelé si justement par ses contemporains un merveilleux restaurateur, « restaurator mirificus 2. »

XII. GERVAIS, religieux de Saint-Florent de Saumur, fut élu abbé de Saint-Melaine en 1081. Son nom figure dans beaucoup de chartes de cette époque. En 1086, il accepta, du consentement de l'évêque Sylvestre, la charge de relever l'église de Mouazé, ruinée par les guerres, et d'y entretenir le culte divin 3. L'abbé Gervais mourut, fort regretté, en 1109. « Les grands talents qu'il avait pour le gouvernement, dit D. Morice, et la haute réputation qu'il s'était acquise par la sagesse de ses conseils, l'ont fait placer par Ordéric Vital au nombre des vénérables Pères du XIIe siècle. »

XIII. - HERVÉ Ier succéda à Gervais, d'après D. Germain et l'auteur du Vieux Catalogue.

XIV.

RAOUL Ier transféra des reliques de Saint-Nicolas au prieuré de la Guerche, que les seigneurs du lieu avaient donné à Saint-Melaine; il mourut peu après, en 1146.

XV. DONOALD, religieux du Mont Saint-Michel, fut en 4446 élu abbé de Saint-Melaine, et en 4120 évêque d'Aleth. Il fut gratifié

4. Cartul. Roton., 382.

2. Pouillé hist. de Rennes, I, 398.

3. D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 461.

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