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blocs de pierres dressés là où fut l'autel et surmontés d'une croix restée seule debout au milieu de ce bouleversement général, les arbres qui s'élèvent dans la nef, formant une voûte de verdure, les débris d'autels et de tombeaux gisant çà et là au milieu des broussailles, forment un ensemble d'incontestable poésie et d'un grand intérêt. On y rêverait volontiers aux vieux souvenirs qu'évoque cette construction hardie des disciples de Robert d'Arbrissel, d'où s'élevèrent tant de pieuses prières et où la croix surgit encore, sublime expression de toutes les espérances chrétiennes.

Mais il faut arrêter l'essor de l'imagination, et après une courte prière pour ceux qui s'agenouillèrent jadis dans ce temple aujourd'hui désert, nous devons terminer la visite de ces ruines. L'ancienne cour du monastère, où prêchait le P. Maunoir lorsqu'il fit la célèbre mission de 1679, n'existe plus, elle a été changée en un jardin anglais; mais dans les débris du cloître qui l'environnait autrefois, nous avons encore retrouvé plusieurs pierres tombales des deux derniers siècles 1.

Enfin, aux alentours du monastère on apercevait jadis les halles, l'auditoire seigneurial, la grange aux dimes, les moulins et colombiers, plusieurs beaux étangs aujourd'hui desséchés, la chapelle Saint-Nicolas, où se réunissaient les domestiques, enfin les hautes murailles du bel enclos abbatial, qui avec ses maisons et ses bois, ses jardins et ses prairies, ne comprenait pas moins de cinquante journaux de terre. De tout cela il ne demeure plus qu'un grand souvenir et quelques débris.

les

d'Aubert, honorés comme saints par les religieuses; il n'est pas présumable que abbesses eussent osé violer leurs tombes vénérées pour s'y construire un enfeu à elles

mêmes.

1. Ce sont celles de Mmes Rouvron de Saint-Germain (1691), Ferré de la Villesblancs (1699), Saliou de Chef-du-Bois (1700), Mellet (1702), Bertin (1778) et de Quillieu du Plessix (1781), toutes religieuses de Saint-Sulpice.

PRIEURES.

1° PRIEURÉS DE FEMMES.

Il nous reste à étudier les prieurés dépendant de l'abbaye de Saint-Sulpice. Les plus importants et les plus nombreux étaient ceux de femmes, dont nous allons d'abord parler; ils étaient à l'origine au nombre de trente-trois, répandus dans une douzaine d'évêchés huit en celui de Nantes, quatre en celui d'Angers, quatre en celui de Vannes, trois en celui de Saint-Malo, deux en celui de Poitiers, deux en celui de Rennes, deux en celui du Mans, deux en celui de La Rochelle, un en celui de Dol, un en celui de Léon, un en celui de Quimper, un en celui de Tours et deux en Angleterre.

1° Belle-Saule (Sainte-Magdeleine de).

En la paroisse de Courcebœuf, évêché du Mans.

2o Couets (Notre-Dame des).

En la paroisse de Bouguenais, évêché de Nantes.

3o Couëtoux (Notre-Dame de).

Dans la forêt de Domnèche, en la paroisse de Lusanger, évêché de Nantes.

4° Estival (Notre-Dame de Sainte-Croix d').

En la paroisse d'Avessac, évêché de Nantes.

5° Evedé (Saint-Thomas d').

En la paroisse de Guenrouët, évêché de Nantes.

6° Fontaine-Saint-Martin (Notre-Dame de la).

En l'évêché du Mans.

7° Fougereuse (Sainte-Magdeleine de la).

En l'évêché de Poitiers.

8° Fresnaye (Notre-Dame de la).

En la paroisse de Cléray, évêché de Tours.

9o Giraudière (Saint-Georges de la).

En la paroisse de Saint-Amand, évêché de La Rochelle.

10° Ile-Fleurie (Saint-Georges de l').

Dans une île de la Loire, en la paroisse de Saint-Herblon,

évêché de Nantes.

44° Isles-Corbières (Saint-Nicolas des).

En la paroisse du Pellerin, évêché de Nantes.

12° Helléot (Saint-Georges d').

En l'évêché d'Angers.

43° Kerléano (Notre-Dame de).

En la paroisse de Brech, évêché de Vannes.

14° Lattay (Saint-Jacques du).

En la paroisse de Faye, évêché d'Angers.

15o Lesneven (Notre-Dame de).

Dans la ville de ce nom, évêché de Léon (nunc évêché de Quimper).

16° et 17° Lilleherche et Sainte-Magdeleine.

L'abbaye de Saint-Sulpice possédait en Angleterre, en 1161, les églises de Lilleherche et de Sainte-Véréburge, et les manoirs de Lilleherche et de Lingaiaral, ce dernier situé dans l'évêché de Londres; les églises et l'autre manoir se trouvaient in episcopatu Rhophenensi. » Il semble que les religieuses en firent au moins deux prieurés, que la Réforme dut détruire au xvIe siècle. Cependant, la Déclaration de l'abbesse en 1679 mentionne encore « le prieuré de la Magdeleine, en Angleterre. »

48° Locmaria (Notre-Dame du Grand-).

En la ville de Quimper, évêché de Quimper.

49° Locmaria (Notre-Dame du Petit-).

En la paroisse de Plumelec, évêché de Vannes.

20° Pierre-Aubrée (Saint-Jacques de la).

En la paroisse de Saint-Martin de Beaupréau, évêché d'Angers.

21° Priziac (La Conception de Notre-Dame de).

En la paroisse de Molac, évêché de Vannes.

22° Quatre-Hostelleries (Sainte-Catherine des).

La bulle donnée par le pape Eugène III, en faveur de Saint-Sulpice, en 1146, mentionne parmi les dépendances de

cette abbaye « in episcopatu Redonensi hospitalitatem quæ vocatur Butulus Guigonet1. »

Une charte du même temps, déposée aux archives d'Ille-etVilaine, porte les suscriptions suivantes : « Transaction entre l'abbesse et le couvent de Saint-Sulpice, et le prieur de Chastillon, sur le différend des dismes de la terre du Boust-Gui(écriture du xve siècle); gnonet, en Chastillon >> « pour la disme de Chastillon, année 1165, pour le prieuré de SainteCatherine des Quatre-Hostelleries » (écriture du xvII° siècle). Voici maintenant le contenu de cette charte :

En 1165, Étienne, évêque de Rennes, du consentement de l'abbé de Saint-Florent, termine un différend qui s'était élevé entre le prieur de Châtillon-en-Vendelais, dépendant de SaintFlorent de Saumur, et les religieuses de Boul-Guigomet, «moniales de Boulo Guigometi,» au sujet des dimes des terres cultivées par ces dames dans la paroisse de Châtillon-enVendelais.

Il fut convenu que désormais les religieuses et les moines de Boul-Guigomet ou Guignonet, «moniales et fratres de Boulo Guignonet,» rassembleraient chez eux toutes les dimes levées sur les terres qu'ils cultivaient dans la paroisse de Châtillon, « totam decimam de terra quam colunt in parochia de Chastelon apud se in unum coadunent. » Cela fait, on diviserait ces dimes en trois parts: le prieur de Châtillon et le prêtre ou chapelain de la paroisse se partageraient le premier lot, selon l'ancien usage; les deux lots restants seraient ensuite partagés également entre le prieur de Châtillon et les frères et sœurs de Boul-Guignonet2.

Ainsi, au XIIe siècle, il y avait dans les environs de Chatillon-en-Vendelais une communauté de frères Condonats et de religieuses de Saint-Sulpice occupant un établissement probablement déjà ancien, appelé l'Hôpital ou l'Hôtellerie, « hos

1. D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 598.

2. Arch. dep. d'Ille-et-Vil.

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