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On mentionne quelquefois deux autres visites qu'aurait faites Charles VII à Lyon en 1445 el en 1446. Nous n'en avons trouvé aucune trace. Seule la présence du dauphin est signalée à Lyon le 7 janvier 1447. Nous reviendrons sur ce sujet dans notre chapitre intitulé les Relations de Lyon avec Louis XI, Dauphin. - Nous devons cependant ajouter qu'en 1447, le roi eut un instant l'intention de se rendre à Lyon, vers la fin de mars. Mais l'échec de sa tentative sur Gênes le fit renoncer à ce projet1.

le lecteur à l'article déposé par nous à la Bibliothèque de l'École des Chartes sur Les États de Vienne de 1439 et l'origine des États du Dauphiné.

1 Voir de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. IV, p. 204-205.

CHAPITRE VII

LYON ET LA TAILLE ROYALE DE 1445 A 1451

Aide de Razilly. Nous avons eu plus haut l'occasion de déplorer la lacune considérable que présente la série des registres des délibérations communales. Au moment où elle reprend (24 mai 1446), les consuls étaient assignés pour le lendemain devant la cour des élus, à propos d'une taille «< dernièrement ordonnée a lever pour le roy ». Il s'agit sans doute de l'aide de Razilly (décembre 1445) que le roi avait établie sur les pays de Languedoil (l'aide était de 300.000 francs) et dont la quote part s'élevait pour l'élection du Lyonnais à 6.500 livres plus les frais (610 livres). La ville était taxée à 1.960 livres'. Le 30 mai, une Assemblée générale décida la levée d'un impôt d'un denier et maille destiné tant au payement du premier terme de cette aide qu'à l'entretien des gens d'armes. Nous reviendrons sur ce second point un peu plus loin; les sommes provenant de cet impôt furent versées entre les mains de Addoart Barty, employé de Hugonet Aubert, receveur général en Lyonnais de cette taille3. Au mois de septembre, tout était versé, moins 80 livres tournois. Au commencement de ce mois (le 2), on décida de lever le second terme qui se montait à 980 livres. On

BB 4 fol, vo [Ilz ont concluz.] « que demain mercredi, le dit procureur ira a la court des esleuz a heure d'icelle pour excuser iceulx conseillers de et sur ce qu'ilz n'ont peu imposer et mectre sus la taille derenierement ordonnée a lever pour le roy nostre sire et pour prandre terme et respit plus long qu'il pourra a mectre sus la dite taille ». (V. Pièces justificatives, no LXXXV, le texte de la lettre adressée le 4 février aux consuls par Blanc Barbin, Jean Jossart et les élus.

2 BB 4 fol. 2 vo. V. le texte de cette délibération aux Pièces justificatives, n° CLXXXV. Ce premier terme se montait à 610 livres.

3 C'est ce que nous apprend le procès-verbal de la séance du 26 juin 1446 (BB 4, fol. 5); on décida de passer un mandement «< sus Rolin Guerin et sus les deniers de la taille mise sus ou moys de may, derrain passé pour Addoart Barty, député de Hugonet Aubert, receveur general de la dicte taille en Lionnois de la somme de IX Jiv. tournois ».

4 V. P. justificatives, n° CLXXXVII bis, la délibération du 4 septembre.

profita de l'occasion pour régler différentes questions financières pendantes et on imagina de le faire au moyen d'un impôt unique se montant à 2 deniers par livre1. Probablement cet impôt ne donna pas tout ce qu'on en espérait. La ville avait fait de nombreux emprunts et comme ces prêts avaient été en général consentis par les conseillers, on dut consacrer à leur remboursement tout l'argent provenant de la taille, si bien que le 16 décembre, Huguet Aubert receveur général de la taille n'était pas encore payé en dépit des nombreuses incarcérations de conseillers ordonnées par lui3. A cette date, les consuls déclarèrent ne pouvoir compter que sur les 1.000 livres du dixième du vin affermé à Hugonin Bonnin pour l'année courante. Ils décidèrent en conséquence d'employer cette somme au payement de la taille royale3. Le receveur de la commune, Rolin Guérin, eut la mission de veiller à l'exécution de cet ordre. Cette mesure réussit à calmer le représentant d'Huguet Aubert qui se déclara satisfait'.

Taille de Mailly. [1447]. Quelques mois après, le roi se trouvant à Mailly ordonna la levée d'un aide de 200.000 livres tournois. La quote-part de Lyon fut de 1.860 livres tournois dont la moitié était payable au mois d'avril et l'autre moitié au mois de septembre. Une Assemblée générale réunie le 3 mai à cette occasion prescrivit la levée d'une taille d'ı denier par livre, mais en même temps les conseillers et les notables jugeant excessive la quote-part

1 BB 4, fol. 10. V. Pièces justificatives, n° CLXXXVII bis. On voit par cette pièce que la ville devait rembourser un emprunt de 100 livres pour les gages du Bailli, et un emprunt de 500 livres pour les gages et vivres des gens d'armes pendant le mois de juillet et le mois d'août.

2 BB 4. fol. 21. V. Pièces justificatives, no CLXXXVIII le texte de cette délibération.

3 et 4 Voir Pièces justificatives ibidem. 960 1. (V. Pièces justif., n° CLXXXVIII).

Le 16 décembre 1446, on devait encore

5 Voir la délibération du 3 mai 1447 (BB 4, fol. 41) dont le texte se trouve : Pièces justificatives, no CXCIII.

6 Voir ibidem. « La somme de XVIII LX livres tournois a quoy la dicte ville a esté tauxée pour sa part et porcion d'un aide de Ile mille livres derenierement mise sus a Mailly pour le roy nostre sire et de laquelle somme la moytié se devait lever selon le mandement du dit seigneur en avril dernièrement passé et l'autre moytié au moys de septembre prochain venant.... » L'élection de Lyon avait été taxée à 6.100 livres pour le principal et 700 livres pour les frais (V. Pièces justificatives, no CLXXXIX, la lettre adressée par Jean de Bal (ou de Bar), général des finances, Étienne de Cambray, clerc des comptes, Jean de la Loère, secrétaire du roi et les élus aux consuls de Lyon, le 2 janvier 1447.

imposée à la ville (elle dépassait le tiers denier qu'on était accoutumé à payer), décidèrent d'envoyer auprès du roi un député chargé de faire une réclamation à ce sujet1. Le receveur de l'aide était Symonet de Milly. Mais le 27 juin, le roi sans doute à court d'argent, fit demander immédiatement 500 livres qui devaient être prises sur la dernière taille et versées entre les mains de Guillaume du Beth, maître de la Chambre aux deniers du roi'. Ce qui fut fait immédiatement. Rolin Guérin, receveur de la ville, devait encore verser 430 livres. On s'engagea à les remettre à Guillaume du Beth, mais on garantit à Rolin que cette somme lui serait remboursée « sur le denier de la première taille a mettre 3». Le 9 juillet, les consuls et les notables votèrent un impôt de 2 deniers par livre pour l'entretien des gens d'armes et le payement du second terme1. Cet impôt. n'ayant pas donné ce qu'on espérait, il fallut le 20 août ordonner la levée d'un nouvel impôt à 1 denier pour livres. Et malgré cela, au mois d'octobre, il restait encore à verser 600 livres, et, quelque temps. après, Guillaume du Beth fit réclamer par « son député » Jehan Guernier, greffier des aides, une somme que la ville devait encore, pour achever le payement de l'aide de Razilly.

Comme les Consuls ne pouvaient pas la verser, ils recoururent à un procédé qui leur avait déjà servi en cas de détresse. Ils accordèrent le 25 octobre à Raolin Robigny la ferme du dixième du vin à la condition expresse qu'il prendrait cette dette à son compte; elle devait d'ailleurs lui être déduite des 930 livres représentant le prix de sa ferme. Les documents ajoutent qu'on fut obligé d'agir ainsi parce qu'on n'avait « de quoy paier autrement pour le présent».

1 Voir Pièces justificatives, no CXCIII.

2 (BB 4, fol. 34): « Ilz ont passé ung mandement sus Rolin Guerin et sus les deniers de la taille dernierement mise sus de la somme de cinq cens livres tournois pour bailler a maistre Guillaume du Beth, maistre de la Chambre aux deniers du roy nostre sire, en deschargement et sus le premier terme de l'aide dernierement mise sus a Mailly pour le roy nostre sire et ont passé le mandement a Symonet de Milly receveur dudit aide de la somme de VIC livres >>.

3 C'est dans la même séance que cette garantie fut donnée à Rolin Guérin.

4 (BB 4. fol. 35), la moitié de cette taille devait se lever en août, l'autre moitié en septembre.

5 V. la délibération du 20 août 1447 (fol. 38). Cette délibération des consuls fut confirmée le lendemain 21 août par les notables et les maîtres des métiers (BB 4, fol. 38 vo) « consideré que le roy nostre sire par ses lettres patentes a mandé la dicte somme de VII XLIV livres tournois estre paiecz et bailleez promptement et sans nul repit es dis gens d'armes ».

6 et 7 La délibération du 25 octobre 1447 (BB 4, fol. 45 ro). V. Pièces justificatives, n* CXCV.

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Taille de Bourges [1448]. En 1448, le Roi décréta à Bourges la levée d'une nouvelle taille de 200,000 livres'. Le chiffre de la taille. était le même que celui de l'année précédente, mais la quote-part de Lyon fut moins élevée car on ne demanda à la ville qu'une somme de 1.100 livres pour le « premier payement ». Pour trouver cette somme et acquitter diverses obligations de la ville, on ordonna le 26 mai la levée d'un denier et maille par livre; et le 13 novembre, une taille analogue fut votée en vue du second terme2.

Taille de Montargis [1449]. Les années suivantes, les tailles royales se succèdent avec une régularité mathématique. Le nom seul de la ville qui donne son nom à la taille change, mais la somme demandée au royaume est presque toujours la même, 200.000 livres3. En 1449, c'est à Montargis que Charles VII établit la taille le Lyonnais fut taxé à 6.300 livres tournois pour le principal et à 610 livres pour les frais. Sur cette somme, Lyon devait fournir 2.015 livres rien que pour le premier terme (avril). Le 16 mai, on devait encore 107 livres 10 sous au receveur de cet aide, Symonet de Milly. En réalité, on devait prendre la somme demandée sur une taille d'un denier pour livre qu'on vota ce jour-là. L'argent provenant de cet impôt fut employé sans doute à toute autre chose, car le 25 août, on dut ordonner la levée d'une taille semblable pour le même objet. C'est seulement le 1er décembre que cette somme fut payée au receveur royal5.

Voir la délibération du 26 mai 1447 (BB 4, fol. 63). Le texte se trouve Pièces justificatives, no CXCVIII. Voir CC 70 le détail de la perception.

2 Pour le 26 mai, v. Pièces justificatives, no CXCVIII. Pour la délibération du 13 novembre 1448, v. BB 4, fol. 77 vo. Cette taille du 13 novembre devait servir à paier le dernier quarteron des gens d'armes et les 1.100 livres de l'aide de Bourges.

3 Voir la délibération du 16 mai 1449 (BB 4, fol. 90-91). Il y est question de cet impôt en ces termes : ... « la somme de IIm XV livres tournois a quoy ladicte ville a esté imposée pour sa part et porcion de la somme de six mille troys cens livres tournois pour le principal et six cens dix livres pour tous frais d'un aide de deux cens mille livres tournois dernierement mis sus au païs de Languedoil en la ville de Montargis pour le roy nostre sire ».

4 La délibération du 25 août 1449 (BB 4, fol. 98).

5 La délibération du 1er décembre 1449 (BB 4, fol. 107 vo).—«Ilz ont passé ung mandement a Symonet de Milly, receveur de l'aide du roy nostre sire dernierement mise sus de la somme de IIIIe VII livres dix sous tournois restans a paier audit receveur du premier paiement d'avril dernierement passé dudit aide sus Raoulin Guerin, receveur des tailles et deniers communs de ladicte et sus les deniers de sa dicte recepte tant desdictes tailles que deniers communs tant mis que a mectre. »

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