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Taille de Louviers [1450]. La taille de l'année suivante fut établie à Louviers.

Nous ignorons quelles sommes furent respectivement demandées à la généralité de Languedoil, au Lyonnais et à la ville. Simonet de Milly avait encore à recevoir de la ville 700 livres qu'elle devait encore pour le paiement du premier terme 1.

Taille de Montbazon [1451]. Pour l'année 1451, nous sommes mieux renseignés : Lyon eut à donner 1.200 livres sur la taille dont le roi décréta la levée dans la ville de Montbazon 2. Le 22 août, la ville devait encore à Simonet 800 livres qu'on demanda à un nouvel impôt d'un denier pour livre3. Le 2 septembre, on ne devait plus que 500 livres'.

1 Voir la délibération du 17 mai 1450 (BB 4, fol. 118 vo). Il y est question des VIIe livres tournois dues de restc a Symonet de Milly receveur de l'aide dudit seigneur dernierement mise sus a Louviers et du premier paiement dudit aide ». Au mois de novembre 1450 on décida la levée d'i taille à denier et obole pour livre « pour le reste du second paiement de l'aide » de Louviers et pour le dernier quarteron des vivres des gens d'armes (V. CC 72, fol. 2).

2 et 3 Voir la délibération du 22 août 1451 (BB 4, fol. 163 vo). Il y est dit « qu'il est deu a Symonet de Milly, receveur de l'aide derrenierement mise sus a Montbason pour le roi nostre Sire la somme de huit cens livres tournois de reste de la somme de XII livres a quoy ladicte ville a esté imposée pour sa part et porcion du dit aide et laquelle somme il fault semblablement paier au dit receveur ».

4 La délibération du 2 septembre 1451 (BB 4, fol. 166 vo). Ce jour-là on passa mandement à Symonet de Milly des 500 livres encore dues.

CHAPITRE VIII

LYON ET LES RÉFORMES MILITAIRES DE CHARLES VII
LA TAILLE DES GENS D'ARMES

Ordonnances et Règlements de Charles VII. On sait que Charles VII employa la deuxième partie de son règne à faire diverses réformes, dont la principale fut la réorganisation de l'armée. C'est après la signature de la trêve de 1444 et la campagne de la Praguerie que le Roi et ses Conseillers abordèrent résolument ces réformes. L'ordonnance de Louppy-le-Château du 26 mai 1445, une ordonnance de quelques mois antérieure et qui n'a pas été retrouvée, un règlement en date du 4 décembre de la même année organisèrent une cavalerie d'élite, connue sous le nom de Compagnies d'Ordonnances'.

Ces troupes furent réparties en compagnies composées chacune de cent hommes d'armes. Chaque homme d'armes devait avoir avec lui six hommes et six chevaux : c'est ce qu'on appelait une lance. Le chiffre règlementaire de six hommes par lance ne fut pas toujours atteint, tant s'en faut. Quand une lance était complète, elle

1 Au sujet de ces réformes, v. le Mémoire de Vallet de Viriville sur les Institutions du règne de Charles VII (extrait de la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes de 1872), p. 61-84. Ce passage a été reproduit en partie par Boutaric dans son Histoire des Institutions militaires de la France. On trouve un certain nombre d'aperçus intéressants: 1° dans Thomas, les États provinciaux de la France centrale sous Charles VII, t. I, p. 152-62; 2o Cosneau, le Connétable de Richemont, chapitre v, la Réforme militaire de l'armée, p. 355 et suiv.; 3° Petit-Dutaillis, Histoire de France, publiée sous la direction de Lavisse, t. IV (2° partie), p. 94-101. V. aussi de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. IV, p. 387-405; Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. III, ch. 1; Viollet, Histoire des Institutions politiques et administratives de la France, t. II, p. 437 et suivantes. Ce passage abonde en vues aussi profonde qu'originales sur le caractère et l'origine des réformes de Charles VII et en citations très précieuses d'ouvrages peu connus (Vitu, Histoire civile de l'armée, Paris, 1818), et Quarré de Verneuil, l'armée en France depuis Charles VII jusqu'à la Révolution, Paris, 1880. Nous préparons une édition de tous les textes importants relatifs à cette réforme. Le texte de l'Ordonnance de Luppé le Chastel (Loupy le Chasteau), a été publié plusieurs fois, notamment par Cosneau, le Connétable de Richemont, p. 610-612, d'après le carton K 68, no 14, des Archives Nationales.

comptait, outre l'homme qui la commandait, deux archers, un valet, un page, un coutelier1. Le Roi fixa à 2.000 le nombre des lances à loger dans tout le royaume : 500 en Languedoc, 1.500 en Languedoil2.

A la tête de chaque compagnie, se trouvait un capitaine assisté souvent d'un lieutenant. L'homme d'armes commandait les soldats de sa lance. Ces troupes devaient être réparties dans les diverses provinces et entretenues aux frais des habitants. Des Commissaires furent chargés d'organiser le logement de ces soldats. Quant aux contribution des habitants, elles étaient exigibles en nature, à l'origine au moins, sauf une somme de 20 sous tournois par lance et par mois pour les jours maigres3.

A la suite de diverses réclamations, le roi laissa, au choix des villes et des États provinciaux, trois moyens d'entretenir les gens de guerre. Les habitants pouvaient fournir les vivres, à la condition toute fois de payer en plus 9 francs par lance fournie et par mois, soit donner 21 francs en argent, plus certains vivres, soit verser 31 francs par mois. C'est ce dernier mode qui prévalut généralement, à Lyon

notamment.

1 Voir à ce sujet Cosneau, le Connétable de Richemont, p. 337-358. En ce qui concerne les dérogations à ce règlement, nous renvoyons à l'Introduction de notre édition des Ordonnances relatives aux réformes militaires du règne de Charles VII que nous préparons pour la Collection de textes relatifs à l'étude et à l'enseignement de l'histoire.

2 C'est ce que disent les chroniqueurs. Dans l'Ordonnance de Louppy, le roi parle seulement d'un «< certain nombre de gens d'armes ». L'Ordonnance antérieure dont on n'a pas retrouvé de traces, mentionne peut-être ce chiffre, mais nous n'en savons rien. V. Cosneau, ibid., p. 361 et surtout Thomas, les États provinciaux de la France centrale sous le règne de Charles VII, t. I, p. 15.

3 D'après l'Ordonnance de Luppé le Chatel ou Louppy le Chateau, on lui devait : 1o par personne et par an: 3 charges et demie de blé et deux pipes de vin; 2o par homme d'armes (et sa suite), c'est-à-dire par lance, 2 moutons et la moitié d'un boeuf ou d'une vache chaque année, ainsi que 4 lars chaque année; 3° pour le sel, l'huile, la chandelle, les œufs et le fromages nécessaires pour les jours maigres 20 s. t. par mois; 4o par cheval et par an, 12 chevaux chargés d'avoine et 4 charretées de foin et de paille (2/3 en foin, 1/3 en paille). Le texte de l'ordonnance (du moins un des textes de cette ordonnance), est déjà connu, mais comme elle est très longue à parcourir et très prolixe, nous tenions à en extraire et à résumer le passage concernant ces fournitures qui est extrêmement intéressant et qui méritait d'être signalé.

4 Le règlement qui concéda cette liberté aux habitants est de l'année 1455. Il est intitulé Les trois voyes du vivre des gens d'armes (v. à ce sujet, Vallet de Viriville; Mémoire sur les Institutions militaires du règne de Charles VII (extr. du t. XXIX de la Bibl. de l'Ec. des Chartes, p. 71, et le chapitre relatif à l'armée (p. 61-84). Il a été publié par Cosneau, dans son livre sur le Connétable de Richemont, p. 614-6. d'après une copie du temps inachevée.

Telle est, en résumé, l'origine de la taille des gens d'armes. Cet impôt à l'origine n'était pas permanent, mais il le devint peu à peu, les nouvelles troupes créées par Charles VII étant en fait devenues permanentes1.

Voilà du moins la théorie. Dans quelle mesure et comment les ordonnances et les règlements de Charles VII furent-ils appliqués? C'est ce que seules les monographies pourront nous apprendre. Voici en ce qui concerne Lyon et la région lyonnaise, ce que nous révèlent les documents. L'élection du Lyonnais et la seigneurie de Charlieu se virent imposer 30 lances, chiffre qui fut réduit ensuite à 27.

Leur chef fut d'abord Geoffroy de Couvran. Ce capitaine était assisté d'un lieutenant qui est tantôt Jean de Colodsan (ou Colodran) et tantôt Jean de Barandrain.

Les Gens d'Armes à Lyon. Quant à la ville de Lyon, elle dut loger 8 hommes d'armes et leur suite, c'est-à-dire 8 lances. Ce chiffre ne varia pas. Si la lance avait été toujours de 6 hommes et de 6 chevaux, ces 8 hommes d'armes auraient eu avec eux 48 hommes et 48 chevaux. Mais à Lyon, comme dans beaucoup d'autres villes, le nombre de 6 hommes et de 6 chevaux par lance fournie ne fut pas atteint, tant s'en faut. Voici la liste des hommes d'armes dont nous avons pu retrouver les noms avec l'indication du nombre d'hommes et de chevaux logés avec chacun d'eux. Richard de Les

1 Comme on l'a dit très justement, Charles VII n'a pas créé une armée permanente, un impôt permanent, mais une armée et une taille qui devinrent permanentes (V. Cosneau, le Connétable de Richemont.

2 D'après l'ordonnance de Luppé le Chastel (nous voulons parler de la copie de cette ordonnance conservée aux Arch. munic. de Lyon, CCC 290, no 18), le roi avait ordonné ceci : « Que es païs de Lyonnois et seigneurie de Charlieu seront logiez trente hommes d'armes et les archiers qui sont ensemble a trois personnes et trois chevaulx pour lance et pour deux archiers, trois personnes et trois chevaulx, IX personnes et autant de chevaulx ». Ce qui fait 180 personnes et 180 chevaux (V. ce texte dans l'édition de Documents relatifs aux réformes militaires des règnes de Charles VII et de Louis XI que nous préparons. C'est à partir de 1451 que le nombre des lances imposées à l'élection du Lyonnais fut ramenée à 27. · On nous permettra de rapprocher ce chiffre de ceux fournis par M. Antoine Thomas. L'Auvergne fut taxée à 160 lances, dont 40 dans la Haute-Auvergne. Le Franc Alleu eut 3 lances. - Le Haut et le Bas Limousin chacun 43, la Marche 18 (V. Tho mas, les États provinciaux de la France centrale, t. I, p. 153). Geoffroy de Couvran portait les titres suivants : chevalier et capitaine des gens d'armes et de trait establis tant en ceste ville comme au pays de Charlieu ».

3 Voir CC 411, no 141, le mandement du 25 novembre 1446. Jean de Calodsan est mentionné avec ce titre dans une pièce du 5 février 1446 (V. CC 411, no 183). V. CC 411, n° 187, le mandement du 2 mars 1446. Dans cette pièce, le scribe écrit Calodron.

tuet « garni de 3 hommes et de 3 chevaux1»; Jean le Breton, garni de 4 hommes et de 4 chevaux2»; Guillaume le Breton 3; Roselin Vincent, «garni de 3 hommes et de 3 chevaux1»; Jean le Huc ou le Luz ou le Luc ou le Hut, «garni de 3 hommes et 3 chevaux»; Aleyn le Vieulx François Vignier, garni « de 3 hommes et de 3 chevaux 6 »; Jean de Bretaigne, « garni de 6 hommes et de 6 chevaux »; Jean le Loup. Ainsi, sur 8 lances, une seule était conforme aux règlements, celle de Jean de Bretaigne. Une d'elles avait 4 hommes et 4 chevaux. Toutes les autres, celles du moins sur lesquelles nous avons des renseignements, comptaient 3 hommes et 3 chevaux.

Nous ne savons rien des lances établies dans les autres pays de l'élection lyonnaise.

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Leurs Hôtes. Plusieurs hôtes logeaient ces hommes d'armes. Nous citerons Guillaume le Faucheux, hôte de St Julien 9, Jean et Antoine de Créchinnoys, dit Cordiers, hôtes de l'Escu de France 10; François Bonier 11, Jean Guigue, hôte de la Mule 12; Claude Pèrier ou

1 Voir CC 411, no 156, le mandement du 6 avril 1447.

2 Voir CC 411, no 172.

3 Voir CC 411, no 158, le mandement du 5 avril 1447.

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4 Voir CC 411, no 155, le mandement du 5 avril 1446. — V. CC 411, no 155, le mandement du 5 avril 1446.— Il est probable que ces divers noms s'appliquent au même personnage, bien qu'un document mentionne Jean le Hut avec cette indication: Garni de 2 hommes et de 3 chevaux »>.

5 Voir CC 411, n° 155, le mandement du 5 avril 1446.

& Voir CC 411, no 159, le mandement du 5 avril 1447.

7 Voir CC 411, n° 160, le mandement du 5 avril 1447.

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8 Voir aux CC 411, no 166, le mandement du 7 février 1447 où il est question de Jean le Hut garni de 2 hommes et de 3 chevaux. C'est la seule mention que nous ayons rencontrée de ce genre. Elle ne prouvera certainement pas qu'il s'agit d'un personnage différent de celui mentionné plus haut (no 1).

9 Voir CC 411, no 170, le mandement du 7 février 1447 prescrivant de payer 2 livres 5 sols à Guillaume le Faucheux pour le logement de hommes et de 3 chevaux (octobre, novembre, décembre). V. aussi CC 411 la quittance du même en date du 3 mars 1447, de 9 francs. V. CC 411, no 150.

10 Voir CC 411, no 173, le mandement prescrivant de leur payer livres pour 4 hommes et 4 chevaux qui y séjournèrent 4 mois finissant au mois de janvier. 11 Voir CC 411, no 190, la quittance du 3 mars 1446, de 9 francs pour leur séjour durant 3 mois d'un homme « contenant 6 hommes et 6 chevaux ». V. aussi CC 411, no 142, le mandement du 23 octobre 1446 prescrivant de payer 19 1. 10 sols à Bonier pour le lougiz et l'hostelage de 8 hommes et de 8 chevaux, pendant 9 mois et les despens de 9 jours en attendant leur paiement (la quittance est du 10 décembre ».

12. Voir aussi CC 411, no 146, le mandement du 23 octobre 1446 prescrivant de payer 8 livres pour 4 hommes et 4 chevaux durant 8 mois jusqu'au mois d'août inclusiveLa quittance est du 22 novembre.

ment.

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