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trouve rien de mieux que de faire lever sur les Lyonnais un fouage.

Déjà à la fin de 1455 il avait prescrit aux élus de lui envoyer le nombre des feux et le nom de tous les habitants « contribuables en ses tailles ». Il y eut même, le 21 septembre de cette année-là, une grande Assemblée de notables et de consuls à cette occasion; ceux-ci décidèrent qu'on obéirait aux injonctions des élus, mais en ayant soin d'indiquer les personnes exemptes d'impôts et d'omettre les « povres laboureurs, brasseurs de bras et les habitants payant moins de cinq solz ». Aucune suite ne fut donnée les deux années suivantes aux projets du roi, mais, le 6 juin 1458, nous voyons les élus réclamer le fouage au nom de Pierre d'Ariole, général des finances, et demander en même temps des indications sur le nombre des feux1. On décida le 9 de s'exécuter, mais ordre fut donné par les conseillers de distinguer avec soin « les puissants et bien solvables des autres povres et misérables personnes qui n'ont de quoy paier? ». On entendait par ce terme les habitants donnant moins de vingt deniers pour leur taille, car, malgré qu'ils fussent imposés en théorie, le receveur des tailles les « laissait et les baillait toujours en arrérages à la ville ». Le 3 septembre, on voulut même être plus minutieux et on distingua plusieurs classes de petits contribuables de 2 sols 6 deniers à cinq sols, de 5 sols à 10 et de 10 à 18+. Mais le roi ne tarda pas à renoncer à son projet, car, jusqu'à

↑ Voir BB 6, fol. 136 vo la délibération du 21 septembre 1455. V. le texte de cette délibération. Pièces justificatives no CCXXXII.

2 Voir BB 8, fol. 70 vo. Le 6 juin on fut d'avis de résister à cette prétention. C'est ce que nous révèle le texte de la délibération où il est dit : « Sur ce que les esleuz sur le fait des aides ont mandé et ordonné estre levez les fouages de la dite ville pour iceulx envoyer devers le roy disans que de ce faire ilz avoent mandement de maistre Pierre d'Ariole, general de France et par lettres closes du dit general, ilz ont esté tous d'oppinion et conclu que qui n'auroit autre mandement du roy nostre sire et par lettres patentes ou closes du dit segneur l'on ne doit point lever ne bailler les dis fouages, et que response en soit faicte es dis esleuz offrant que toutesfois et quantes que le bon plesir du roy sera, et par ses lettres patentes ou closes mandera d'y obeir et fere tout ce que par ledit segneur sera ordonné et commandé ». Le 8 juin (fol. 71) il fut question d'envoyer au roi une ambassade

à ce sujet.

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3 BB 8, fol. 71 vo. V. le texte de cette délibération aux Pièces justificatives, n° CCXLV.

4 BB 8, fol. 84... « Item pour ce que les esleuz sur le fait des aides ont demandé comme autresfois ont fait, le nombre des feuz de la dite ville contribuables en tailles et d'iceulx bailler ont fait fere commandement es dis conseillers a la personne du procureur de la dite ville pour iceulx feuz envoyer devers le roy qui ainsi

la fin du règne, il n'est plus question de fouages. Ce fut seulement une alerte désagréable pour les Lyonnais. Peut-être les officiers de finances avaient-ils choisi ce prétexte pour connaître la véritable situation des Lyonnais et le nombre des habitants capables de payer une taille.

En 1459, Jean le Goux réclama à la ville 3.335 livres (13 sous, 4 deniers). Un seul de ces sortes de « centimes additionnels » est à relever parmi les sommes qu'énuméraient les lettres royales datées de Vendôme (le 29 août 1458). Charles VII réclamait 800 livres en vue d'une descente que les Anglais, à ce qu'on disait, «< voulaient faire dans le royaume ». Cette somme devait aussi servir à « plusieurs grans depenses que nagueres il avait convenu fere pour certains grans matieres », mais le souverain ne s'expliquait pas davantage sur la nature de ces dépenses1.

En 1460, les lettres de commission des élus mentionnent parmi les sommes secondaires 200 livres pour le paiement de plusieurs <«< grosses ambaxades » envoyées auprès du pape et de divers souverains. C'est, d'ailleurs, la seule chose à relever dans les lettres patentes données à Razilly le 11 septembre 1459 et envoyées aux élus de Lyon. Cette année-là (1460), la taille des Lyonnais pour les gens de guerre ne s'éleva qu'à 3.143 livres. Ce chiffre fut maintenu en 14613 cette année-ci, le roi réclama entre autres choses

l'a ordonné, etc, ilz ont esté tous d'oppinion et consentement que pour obeyr au dit segneur le dit nombre des dis feuz contribuables en taille et selon la forme des quarnes des dites tailles soit pris, levé et baillé es dis esleuz affin que dessus en faisant toutesfois differance de tous ceulx qui paient dix huict solz tournois en sus et de ceulx qui paient des dix solz jusques a vint et de ceulx qui paient de cinq solz jusques a dix et de ceulx qui paient de deux solz et six deniers jusques cinq et mectant ung chacun a part et en la fin des exemps et qui ne paient riens avec ung a la fin des exemps et qui ne paient riens avec article des gens d'église sont en nombre de quatre a cinq cens feus qui semblablement ne paient riens ».

1 Voir la délibération du 2 janvier 1459 (BB 8. fol. 98). - A la suite du procès-verbal se trouve le texte de la lettre de commission des élus dont l'analyse se trouve Pièces justificatives, n° CCXLVI. V. aussi CC 82 le détail de la perception. — V. CC 3. 672, no 7 une quittance (11 août 1459) délivrée par « Eustace de Canteleu >> commis de Jehan le Goux, de la somme de 834 livres 3 s. 4 d. pour le 1er quarteron des vivres des gens d'armes. Pour les autres quartiers (le 2o et le 3o, v. Pièces justificatives). Elles sont du 18 janvier 1460 et concernent les 2 quarterons suivants (no 6 de CC 3672). V. no 8 la quittance du dernier quarteron, et n° 9 le mandement délivré par les conseillers à ce sujet.

2 Voir la délibération du 25 décembre 1459 (BB 8. fol 126) avec la lettre des élus. V. Pièces justificatives n° CCL. V. CC 83 les détails de la perception.

3 Voir la délibération du 10 janvier 1461 (BB 8 fol. 162-v° 163). La copie de la

900 livres comme contribution du Lyonnais aux 56.000 livres octroyées à la reine de Sicile pour qu'elle pût recouvrer son royaume1. Le 14 mars, le premier terme de l'aide n'était pas encore versé et les conseillers pour éviter les arrêts dont les menaçait le receveur Pierre Simonet, ordonnèrent à Rolin Guérin d'avancer le premier quarteron avec l'argent provenant du barrage du Pont du Rhône et des autres impôts municipaux 2.

lettre de commission des élus se trouve à la suite (fol. 163). V. l'analyse de cette lettre: Pièces justificatives. V. à ce sujet CC 84 (fol. 1): la taille fut de 3 deniers et maille pour livre : elle se montait à 3.143 livres et les receveurs se nommaient Peronnet Sirode, Raoulin Guerin, Étienne Godin et « autres leurs consors ». A la suite, se trouve une autre copie de la lettre des élus rédigée conformément au texte des lettres patentes de Charles VII datées du 16 août 1460 (Mehun-s.-Yèvre).

Les lettres des élus sont datées du 15 décembre (Lyon).

? Délibération du 14 mars 1461 (BB 8 fol. 165 vo). Pièces justificatives n⚫ CCLVII. - V. pour les comptes de cette taille: CC 84 Empire (fol. 1-50), 474 livres 10 s. 8 d. Royaume (fol. 52-88 ve), 571 livres 18 s. 6 d. Le 2 terme rapporta 472 l. 1 s. (fol. 139), coté empire, 572 1. 10 s. 6 d. coté royaume (fol. 176 vo).

Le 3 terme 474 1. 9 s. 5 d. (fol. 227) coté empire, 474 l. 9 s. 5 d. coté royaume (fol. 269). Ainsi restent et demeurent devant les dis receveurs et qu'il ont plus receu que les dites mises ne montent a la somme de xl. In livres II sous IX deniers.

CHAPITRE IX

LES FRANCS ARCHERS DE LYON SOUS LE RÈGNE DE CHARLES VII

Ces impôts ne sont d'ailleurs pas les seuls que les Lyonnais eurent à fournir pour l'entretien de l'armée royale. L'institution des francsarchers fut pour la ville une nouvelle source de dépenses, puisqu'elle dut équiper et payer un certain nombre de ces soldats.

On sait qu'en 1448, le Roi voulant réorganiser son infanterie comme il avait réorganisé sa cavalerie prescrivit aux élus de lever un archer par groupe de cinquante feux. Les soldats ainsi enrôlés reçurent 4 francs par mois en temps de guerre et jouirent en tout temps de l'exemption des tailles. Ce fut les villes qui furent chargées de payer et d'entretenir ces nouvelles milices; c'est aussi aux villes qu'incomba le soin de désigner ces soldats1.

Le rôle des élus consistait simplement à inspecter les hommes enrôlés, à voir s'ils étaient «< bons compagnons » et si leurs armes étaient en bon état. Tous ces points furent d'ailleurs réglés avec minutie par l'ordonnance de 1448 et par celle de 1451. On conçoit que les villes aient eu intérêt à choisir les francs «arbalétriers >> comme on les nomma parmi les gens payant les plus faibles tailles; de la sorte, elles réduisaient les frais de cette milice au minimum rendant pour ainsi dire illusoire le privilège d'exemption d'impôts concédé à ces soldats. C'est ce que fit Lyon. La première fois qu'il est question de cette institution dans notre ville (28 août 1448), on

1 Nous nous permettons de renvoyer le lecteur à l'Édition des Ordonnances et règlements relatifs aux réformes militaires de Charles VII et de Louis XI que nous préparons. Nous ne saurions trop recommander la lecture des pages consacrées par M. Paul Viollet, dans le t. II, de son Histoire des Institutions politiques et administratives de la France (p. 438-441) aux questions militaires. Elles abondent en vues intéressantes, originales et neuves, comme l'ouvrage entier, d'ailleurs. V. aussi De Bonnault d'Houet, les Francs-Archers de Compiègne, Paris, 1897, in-8°) et Spont, la Milice des Francs-Archers (extr. de la Revue des questions historiques de 1897).

voit cette préoccupation se faire jour dans l'esprit des conseillers. Ils déclarent que s'ils ne peuvent obtenir un répit et sont forcés « d'élire » les dis arbalétriers on devra les « élire des moindres en faculté et chevance et de ceulx qui ne paient guere de tailles. » On se contenterait d'habiller aux dépens de la ville ceux qui ne pourraient faire cette dépense, mais la ville garderait leurs habillements jusqu'à ce qu'ils partent pour la guerre. Le Roi avait fixé à huit le nombre des francs-archers que devait entretenir la ville de Lyon et ses Commissaires firent tant qu'à la fin du mois d'août, les Consuls avaient fait choix de huit habitants pour ce service les huit élus se nommaient: Anthoine Fournier, dit le Bâtard, Anthoine Palmier, Jehan Richier, maréchaux, Jean de la Combeta, maçon, Jehan Purant, Benoît Ranier, fourbisseur, Jean Naer, nochier et Mathieu. Veysiou. En 1451, ils reçurent l'ordre d'aller dans le Bordelais pour aider le Roi à conquérir la Guyenne sur les Anglais; ils s'y rendirent tous, à l'exception de Ranier, coutellier, qui envoya à sa place un remplaçant et jouit encore de l'exemption des tailles jusqu'au moment où il se fut fait relever de son serment par les Commissaires royaux3. A leur retour de Guyenne, la plupart avaient perdu leur équipement; aussi, la ville fut-elle forcée de se procurer de nouveaux habits et de nouvelles armes.

Le 21 décembre 1454, ces armes furent portées à l'«ostel » de R. Guérin qui les fit ensuite placer dans une des arches de SaintJacqueme, devant la table des privilèges: il y avait des jaques, des hocquetons, des pourpoints, des chauces, des salades, des épées et quatre carquois de cuir.

1 Délibération du 28 août 1448 (BB 4, fol. 70). V. Pièces justificatives, no CXCIX. Délibération du 28 août 1448 (BB 4. fol. 70 vo). V. Pièces justificatives, n° CXCIX bis.

3 Voir la délibération du 17 janvier 1452 (BB 4, fol. 178). « Ils ont ordonné que Pierre Ranier, coutellier, esleuz et receu pour l'un des huit frans arbalestiers de la dicte ville jouira de son privilege et sera franc de taille depuis sa dicte reception jusques a ce qu'il soit quicté et deschargié du serement sur ce fait, non obstant qu'il n'ait esté au mandement du roy nostre Sire dernierement fait au païs de Bordelleys, actendu que le dit Ranier a envoyé au dict mandement homme en son lieu, et neantmoins ont ordonné que le procureur de la dicte ville face requeste pour le dict Ranier aux commisseres sur le fait des dis francs arbalestiers de descharger et quicter icellui Ranier de son dit serement pourveu qu'il treuve autre qui se mecte en son lieu et que les dis commisseres en soient contens. »

4 (BB 6, fol. 97 v°). « Le dit jour, heure de vespres, furent pourtez en l'ostel Raoulin Guerin et bailliez en garde a icellui Raoulin, presens Mathieu Audebert, Pierre Archimbaud et André son filz, les habilliemens des huit arbalestiers de la

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