Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Le séjour que fit ce dernier à Lyon au mois de janvier 1420 ne put que hâter la création désirée 1. Le Conseil du régent, durant ce séjour, accorda même aux Lyonnais les foires demandées, mais les consuls décidèrent le 29 « que l'on refusera les foyres... pour ce qu'ils ne les ont octroyes, franches, et par ainsi, elles ne seroient point profittables à la ville, c'elles n'estoient franches de toutes aydes ordinaires et extraordinaires 2 >>.

Ils ne tardèrent pas toutefois à revenir sur leur décision. Le 7 février, ils décidèrent de prendre les foires telles que le conseil du dauphin les auraient octroyées 3. Paterin alla en conséquence à Saint-Symphorien-d'Ozon où résidait Charles pour chercher les minutes des lettres patentes accordées à la ville à cette occasion. D'après le texte de ces lettres, datées du 9 février 1420 (1419 ancien style), Lyon se voyait octroyer deux foires annuelles de six jours chacune l'une commençait « le lendemain de la dimanche que l'on chante en saincte église jubilate, à trois sepmaines de Pâques », la seconde, le 15 novembre. Elles jouissaient des mêmes privilèges que les foires de Champagne, de Brie et de Lendit. C'est ainsi qu'elles étaient affranchies de « toutes aydes, imposts, tailles, maletostes et autres subsides quelconques », et que les monnaies étrangères devaient y avoir cours. Parmi les raisons favorables à la création

A diverses reprises les Consuls sollicitent le Conseil du régent à ce sujet. Ainsi le 15 janvier 1420 (v. ibid., p. 218). . Le 16 janvier nous les voyons désigner Claude de Pompierre, Léonard Caille, Jean de Nièvre, Legrant, Enemond de Sivrieu, pour «<aler par devers le Conseil de Monseigneur le Regent, estant a Lion, pour mectre pris aux vivres et pour les foyres et autres besoingnes de la ville (V. ibid., p. 218219). Ils demandaient que la première foire commençat quinze jours après quasimodo que chacune durât huit jours, et que la deuxième commençât le 15 novembre (V. ibid., p. 219). Le 27 janvier, nous les voyons donner huit moutons d'or à maître Denis du Moulin chargé de faire les informations pour les foires (v. ibid., p. 221).

[ocr errors]

2 Voir la délibération du 29 janvier 1420 (ibid., p. 222). — Ce texte nous indique qu'à cette date le Régent avait déjà déféré à la demande des Consuls.

3 Voir la délibération du Consulat du 7 février 1420 (p. 226) : « Ilz ont esté de conclusion que l'on preingne les foyres telles que le conseil de monseigneur le Daulphin les ont octroyées qui ne les porra meilleurs avoir, et ou cas que le scel cousteroit trop chier, que actendu qu'il les ont octroyées. »

4 Il était accompagné de Audry Chivrier et de Bernerd de Varey. Ils devaient se rendre à «Saint Sinphorien » (d'Ozon) où le régent s'était rendu en quittant Lyon. (V. délibération du 7 février, p. 227). Mais, à cette date, le régent était déjà à Vienne; c'est là donc qu'eut lieu l'entrevue. Ils devaient réclamer contre l'exemption dont jouissaient les « monnoyers», mais ils avaient encore d'autres missions, comme l'indique le texte de la présente délibération et celui de la délibération du 13 février où il est question du voyage fait à Vienne « par Jean Paterin pour les minutes des foyres ». (V. p. 228.)

de ces foires, le régent indique la position favorable de Lyon au confluent du Rhône et de la Saône, non loin de la Bourgogne, du Languedoc, du Dauphiné et de l'Italie. Il y voit un moyen de relever cette ville « de très grand circuit ou grandeur, comme la ville de Paris ou environs, et en plusieurs parties inhabitée de gens, faiblement emparée et fortifiée et très petitement peuplée par mortalité, pestilence, chertés de vivres, guerres, etc1».

Les consuls ne voulurent pas se contenter des privilèges généraux inscrits dans l'ordonnance, et, le 15 février, ils chargèrent Bernard de Varey d'aller au Puy trouver le dauphin pour les foires2. On lui adjoignit le 19, Jean Patarin auquel on donna mission, ainsi qu'à Bernard, d'aller jusqu'à Toulouse, si cela était nécessaire3. Les deux délégués avaient en outre mission d'obtenir la création d'un grenier à sel et d'un parlement de droit écrit. Le 7 mars, Étienne Oydel reçut l'ordre d'aller à Toulouse pour le même objet; Patarin et Oydel eurent même le droit d'emprunter dans cette ville 400 livres, si c'était nécessaire pour faire aboutir leur mission 5.

Les envoyés rapportèrent le texte des lettres patentes données à Vienne, mais ils n'obtinrent pas la création d'un Parlement à Lyon. C'est Toulouse qui reçut cette faveur.

Le 18 avril, les consuls fixèrent l'emplacement des foires qui avaient été octroyées à la ville: celle de Jubilate fut établie sur la rive droite de la Saône ; à celle du 15 novembre on assigna comme emplacement l'extrémité du pont de Saône, côté royaume”.

[1421].-Cet emplacement fut encore précisé le 3 avril de l'année suivante, par une décision des consuls, au moins en ce qui concerne la foire de Jubilate. D'après leur ordonnance, la «mercerie » devait se tenir entre l'ouvroir de Joffrey Faure et celui d'Enemond de Syvrieu;

Le Conseil du Régent écrivit le même jour aux Lyonnais pour leur faire remarquer qu'on avait accordé à ces foires toutes les franchises possibles.

2 Voir Pièces justificatives, no XXI, le texte de cette lettre. V. C. Guigue, Registres consulaires de la ville de Lyon, p. 238-239. - Il accepta d'y aller au prix

de 40 sous par jour.

3 Voir ibid., p. 231.

4 Voir ibid.

5 Voir ibid., p. 233.

6 Bernard de Varey était de retour dès le 14 avril (v. ibid., p. 237).

recommence à sièger au milieu de ses collègues le 18 (v. ibid.).

[blocks in formation]

↑ Voir ibid., p. 238. — Le dimanche de jubilate est le troisième dimanche après Pâques. La foire commençait le lendemain.

UNIV. DE LYON. - CAILLET

ગૃ

l'épicerie, devait aller jusqu'à l'ouvroir de Guillaume Gontier. Les changeurs se virent assigner comme limite extrême la maison d'Audry de Fribourg, devant Saint-Nizier; les pelletiers, celle d'Anthoine Grand; les drappiers devaient aller jusqu'au Beuf; la frepperie et la bacterie furent placées rue Vendrant; les celliers et les armuriers rue de la Paneterie; les estocffiers, tanneurs et parcheminiers, rue Mercière; les chevaux et les ânes devaient être parqués entre la chapelle Saint-Cosme et les Escloysons; les bœufs, les vaches, les porcs et les moutons entre les « Freres Meneurs » et la Toretta, le long du Rhône; la greneterie, au lieu acoutumé; les canabassiers entre la maison de Jean Durant et celle d'Enemond Jay, les chapelliers, les vendeurs de laines et les « drappiers de gros draps estrangiers », en la rue de l'Aumosne1.

Les consuls prirent encore, durant la régence du dauphin, diverses mesures pour organiser les foires qui leur avaient été concédées. Obligation fut imposée à tous les marchands de se rendre aux foires. C'est du moins ce qui résulte d'une décision des consuls, du 29 novembre 1420, rejetant la requête faite par les «< drapiers et autres » de ne pas aller aux foires. Les consuls déclaraient «< que ce ceux de ville n'y alloient, lesdites foires en seroient diffamées, et es autres foires, comme Paris, Challon, etc., l'en coutume ». De plus, pendant la durée des foires, diverses personnes furent désignées pour garder les portes de la ville, afin de vérifier « les cedules » des marchands entrant dans la ville avec leurs marchandises. Enfin, diverses précautions furent prises au sujet des monnaies étrangères qui pouvaient être emportées par les marchands quittant Lyon à la suite des foires introduites par ceux qui arrivaient dans la ville.

A son retour du Languedoc, le régent reprit la lutte contre les Anglais qui avaient au début de l'année 1480 imposé à la famille royale le célèbre traité de Troyes et dépouillé Charles VI de l'héritage de son père 3.

1 Voir C. Guigue, Registres consulaires de la ville de Lyon, p. 295.

2 Voir ibid., p. 266. Les consuls firent « crier » lesdites foires en Dauphiné, en Forez (V. la délibération du 2 mai 1420, p. 240); on les fit crier aussi à Montagnac, Meillian et Riorgue. (V. la délibération du 20 août 1420, p. 256.)

3 Voir de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. I, p. 323-4. Ce traité est du 21 mai.

États de Clermont (mai 1421). Les troupes remportèrent une victoire à Baugé, le 22 mars 1421'. Mais, pour poursuivre la campagne, il fallait des subsides et l'argent manquait au Régent. Celui-ci, dès la reprise des hostilités, avait réuni à Selles, le 25 janvier, un conseil auquel il avait convoqué, outre les princes du sang, des prélats, des barons, des chevaliers et des notables pour aviser au moyen de trouver les ressources nécessaires à la délivrance de « la personne de Monseigneur ». Fort de leur appui, il réunit à Clermont une assemblée d'États généraux qui devait s'ouvrir le 1er mai. Les Lyonnais reçurent des lettres de convocation, datées du 8 février. Ces États furent surtout des États de Languedoil, car le Midi y fut très incomplètement représenté: le Rouergue est la seule province de Languedoc qui se soit sérieusement préoccupée de répondre à l'appel du régent 3. Les consuls de Lyon montrèrent plus d'empressement : le 27 mars ils désignèrent Jean le Viste, Ayme de Nievre et Aynard de Chaponnay pour les représenter. Il fut toutefois spécifié que si pour une raison quelconque le régent transférait en Poitou ou ailleurs la réunion, Jean le Viste et Aynard de Chaponnay continueraient seuls leur voyage. Charles se fit représenter à l'assemblée des Etats par l'archevêque de Bourges; ses commissaires avaient reçu mission de demander à celle-ci 1.200.000 livres. L'absence d'un grand nombre de députés ayant ramené l'assemblée aux proportions de simples états de Languedoil, ils se bornèrent à faire voter 800.000 livres, dont 100.000

1 Voir ibid., p. 320-321.

2 Dans la région lyonnaise, la situation parut devenir plus calme par suite de la signature d'une trève entre la duchesse de Bourbon et le duc de Bourgogne. Malgré cela, le régent crut bon d'augmenter les garnisons du Lyonnais (V. Pièces justificatives, no XXII), le texte de la lettre écrite le 6 juin 1420 du Blanc aux Lyonnais par le régent. De cette lettre, il résulte que la duchesse de Bourbon lui avait communiqué le texte de la trève. Le 21 juin, d'ailleurs, il leur annonça de` Poitiers l'arrivée de Pierre Pelletier chargé de leur communiquer ses instructions. 3 Voir le texte de ces lettres datées de Selles (8 février 1421), dans l'article de M. A. Thomas: les Etats Généraux sous Charles VII (Cabinet historique de 1878, P. 212-3).

Voir C. Guigue, Registres consulaires de la ville de Lyon, p. 292. Il reste à remarquer que dans les Registres on se sert de l'expression Conseil, et non de celles d'Etats « se le conseil mandé par monseigneur le Daulphin se tient a Clermont. >> Mais il n'y a pas de doute: Ce fut bien une réunion d'États. Le 3 mai (v. C. Guigue, Registres consulaires de la ville de Lyon, p. 301), Ayme de Nièvre et Jehan Durand furent désignés à la place des députés précédents. Ils partirent le 6 mai avec divers mémoires de la ville qui avaient été examinés la veille par les Consuls. (V. délibération du 5 mai, ibid., p. 302.)

devaient être fournies par les écclésiastiques'. Les pays du Midi ne contribuèrent pas à cette aide, non plus que le Dauphiné.

Cela résulte notamment du rapport fait le 19 mai 1421, aux consuls par Ayme de Nievre et Jehan Durant; mais ils ne purent faire connaître le montant de l'imposition pour Lyon, car « la ville et le pais de Lionnois n'étaient pas encore porcionnés de la dite somme ».?

Les commissaires du régent ne se pressèrent pas de satisfaire la curiosité des Lyonnais.

L'état où se trouvait le pays et les nécessités de la guerre ne permirent pas au régent d'attendre la fin des opérations toujours longues des répartiteurs et des receveurs. Le 30 mai, il prévint les Lyonnais que pressé par le besoin, il s'était décidé à demander à un certain nombre de villes de lui avancer l'argent qu'il lui fallait pour solder les gens d'armes, et qu'il avait taxé leur ville à 10.000 livres. Il leur prescrivait de faire avancer cette somme par un petit nombre d'habitants et ensuite de la bailler à Pierre Chevrier, commis en l'élection «< pour recevoir la part et porcion qui, à cause du dit aide, y sera imposée et assise ». « Celui-ci devrait ensuite les rembourser « des premiers deniers de sa recette, et leur bailler assignation sur les paroisses de l'élection qu'ils désigneraient3. Cette lettre fut lue le 25 juin en présence des consuls et des maîtres des métiers'. Le lendemain, ordre fut donné à Audry Chevrier et au procureur de se rendre auprès du régent pour obtenir « rémission de cet

Sur ces États, v. A. Thomas. les Etats Généraux sous Charles VII. Notes et documents nouveaux (dans Revue Historique, t. 50, XL, p. 56-58.) Ce même auteur donne quelques renseignements dans le Cabinet historique de 1878, p. 124 et 125, La Convocation était générale, mais les pays de Languedoc, à l'exception d'un petit nombre (dont le Rouergue) ne déléguèrent pas. Le roi réunit à part. à Carcassonne, les États de Languedoc qui votèrent en septembre un impôt de 200.000 francs. (V. Thomas, ibid., p. 57.)

2 V. C. Guigue, p. 3o3. De ce rapport, il résulte aussi que les monnayers devaient contribuer à la taille de 700,000 1.; de même les gens d'église « pour leurs héritaiges ». Ces derniers devaient, en outre, payer 100.000 livres pour les biens dits d'église. Seuls les nobles étaient dispensés.

3 Cette lettre a été publiée par de Beaucourt. Elle est datée de la Ferté-Bernard. Histoire de Charles VII, t. I, p. 458-460.

4 Voir C. Guigue, Registres consulaires de la ville de Lyon, p. 3o8. La quote part de la ville se montait à 12.000 livres (ou 1500 écus à 8 1. par écu). L'emprunt de 10.000 livres serait à rabattre de cette somme. Les lettres du régent étaient scellées du seel des causes de la seneschaucée de Berry estably a Bourges ». L'élection du Lyonnais avait été taxée à 54.000 l. t. (V. la délibération du 19 janvier 1422, p. 354.)

« AnteriorContinuar »