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fois payés, il fallut que les conseillers se préoccupassent de rembourser les Lyonnais riches ayant avancé toutes ces sommes. On ne put le faire que partiellement avec le remboursement des assignations. Les sommes rendues par Loys de Pere, receveur «< d'Arbigois » et par le receveur de Vivarais se montaient en effet à 1.700 livres. Pour trouver l'autre tiers, il fallut prendre à Varinier 200 livres sur la taille qu'il levait1 (30 mai 1475).

Les Lyonnais s'étaient à peine tirés de ce mauvais pas, que Louis XI sollicitait à nouveau leur générosité bien connue pour assurer l'exécution du traité de Picquigny. Ce traité par lequel Louis XI obtenait le départ d'Édouard IV coûtait à la France 75.000 écus payables immédiatement, plus des pensions annuelles, se montant à plus de 50.000 2.

[1476]. Le 4 septembre, le roi demandait aux Lyonnais 3.000 francs (5030 livres 3) et envoyait à Lyon Guillaume Briçonnet et Jean Pommereu. On les reçut le 13 octobre1. Aucune démarche ne put sauver les habitants et le 15 octobre il fallut voter une taille de 4 deniers par livre (payable au 1er novembre, au 1er février et au 1er avril). Cette somme fut versée avant le 26 novembre à Chauvet

appoincté que Alardin Varinier receveur des tailles de la dite ville paie et delivre de et sus les deniers de sa recepte des dites tailles a Leonnet de Roussiz et autres ses consors florentins la somme de quatre cens livres tournois a eulx deuc pour prest fait d'icelle a la dicte ville pour icelle somme ou plus grant bailler et delivrer a maistre Macé Picot, tresorier de Nysme, en diminucion de la somme de xvi vi livres x sous a luy assignée par le roy nostre sire sus la dite ville... » 1 Voir la délibération du 30 mai (BB 12, fol. 108). On annonça ce jour-là le remboursement par Loys de Peire, receveur d'Albigeois, et par le receveur du Vivarais de 1.700 livres. L'année précédente, Imbert de Varey était allé à Narbonne pour demander à l'archevêque d'Albi et au sire de Lude, lieutenant du roi en Languedoc, de leur rembourser les 3.000 francs assignés sur leur recette. Mais ils étaient dans l'impossibilité de le faire, et avaient décidé de renvoyer à l'année suivante le payement de cette assignation (V. Pièces justificatives, no CCXCIV, le texte de la lettre adressée par Imbert de Varey, le 4 juin 1475).

2 Voir à ce sujet le remarquable travail de notre confrère, Monsieur l'abbé Périnelle, sur les Relations de Louis XI avec l'Angleterre, dont les Positions seules ont paru, et dont le texte se trouve entre les mains de Monsieur Joseph Calmette, le savant professeur de l'Université de Dijon. (V. p. 5-6 du tirage à part des Positions de thèses de l'École des Chartes de 1902).

3 Sic. Il est très probable qu'il faut lire trois mille trente livres.

▲ (BB 13, fol. 5). — C'est à l'«ostel du Poncellet » où Guillaume Briçonnet et Jean Pommeren avaient convoqué les conseillers qu'eut lieu l'entrevue. Les commissaires communiquèrent aux consuls les lettres de Louis IX. Pommeren est pour Pommereu.

5 (BB 13, fol. 10) et CC 95.

et «< rebatue à Alardin Varinier1 ». Au début de l'année 1476, la ville fut soulagée par la restitution que fit Loys du Périer, receveur d'Albigeois des 1.300 livres encore dues à la ville 2.

Le Consulat une fois délivré de ces dons et de ces emprunts put songer à organiser les nouveaux impôts que Pierre de Villars venait d'obtenir du roi pour les fortifications. Ainsi, on voit le 17 janvier Pierre Fournier aller à Ste-Colombe et à Condrieu, villes de greniers à sel, pour mettre « à la main du roi » « le tirage du sel 3». François Buclet, Étienne Collongne, François du Molard sont le même jour chargés d'inventorier le sel'. D'autres personnes sont désignées pour se rendre aux différentes portes de la ville afin de lever les nouveaux trehus sur le blé, le vin, les farines et « le pain cuyt». Enfin François Tourvéon est chargé de la perception de ces impôts. Mais on consentit le 8 février sur la demande des meuniers à ne prendre pour le quintal que 7 livres au lieu de 22, ce qui était une notable diminution de recettes. Il y eut des difficultés pour le sel; ainsi, le 2 avril, apprit que Robinet du Pré refusait de laisser inventorier son sel'. Il y en eut même tellement, que le roi finit par abolir ce nouvel impôt. Peut-être avait-il ralenti la consommation et amené un déficit dans les caisses royales. Comme c'était le plus important des <«< nouveaux trehus » la ville se trouva vite à cours d'argent. Il lui fallut prendre 800 livres sur les deniers communs pour les fortifi

on

1 (BB 13, fol. 15). Le 26 novembre on ordonna que la somme de 3.000 livres baillée à Chauvet serait «< rebattue » à Alardin.

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9 janvier 1476 (BB 13, fol. 26). 3 BB 13 (fol. 26). C'est ce jour-là que Pierre de Villars fit son rapport aux conseillers (séance du matin). Le soir, il fut prescrit à Pierre Fournier de faire le voyage sus dit.

A Ibidem. Ces mesures étaient d'autant plus nécessaires que le 16 mai le roi avait écrit d'Amiens aux conseillers de fabriquer de l'artillerie pour remplacer celle qui avait été envoyée en Roussillon et leur avait enjoint de prendre diverses mesures (V. la lettre dans le t. V de l'édition des Lettres de Louis XI par M. Vaesen, p. 357-359).

5 (BB 13, fol. 27 vo). V. Pièces justificatives, no CCXCV le texte de la partie de cette délibération relative à ce sujet.

6 Le 31 mars 1476 (BB 13, fol. 41). Ordre est donné au receveur de Tourveon de poursuivre Robinet du Pré et les marchands salletiers au cas où ils refuseront de se soumettre au tirage du sel.

7 2 avril 1476 (BB 13, fol 41). Un accord intervint avec Du Pré ce jour-là. Il s'engagea à payer 50 livres le samedi suivant et 50 autres le lundi de Quasimodo. 8 Ainsi le 17 mai 1476 (BB 13, fol. 46) on prescrivit à Alardin Varinier, receveur municipal, de remettre 200 livres à Tourveon pour les fortifications, car ce dernier «a perdu, ayant plus livré que receu ».

cations1. Le roi ayant fait la sourde oreille à toutes les réclamations des consuls, il fallut le 29 août donner l'ordre à Guérin Tourvéon de lever 1.000 livres sur le pain cuit et 1.200 sur les vins et vendanges.

La récente décision de Louis XI relativement au sel était d'autant plus pénible aux Lyonnais que ceux-ci venaient de s'imposer des frais considérables à l'occasion de la visite qu'il fit à Lyon.

1 BB 13, fol. 62 vo,

CHAPITRE VII

LE SÉJOUR DE LOUIS XI A LYON EN 1476

(23 MARS 1476-10 JUILLET 1476)

Louis XI fit aux Lyonnais plusieurs visites, mais aucune ne leur coûta aussi cher que celle de 1476. On peut même dire qu'elle éclipsa toutes les réceptions de souverains antérieures à cette date. Le séjour du roi en cette ville était motivé par les besoins de sa politique générale. Il songeait alors à l'acquisition de la Provence; il désirait aussi surveiller de près le duc de Savoie, dont les possessions vaudoises venaient d'être envahies par les Bernois; il voulait aussi examiner les fortifications de Lyon; enfin, et par dessus tout, il cherchait par sa présence et celle de son armée à mettre le sud-est à l'abri d'un coup de main de Charles le Téméraire'.

[1476]. Il ne nous convient pas ici de suivre en détail toutes les négociations poursuivies à Lyon pendant ce long séjour; nous insisterons seulement sur les épisodes qui intéressent particulièrement l'histoire de Lyon. Le roi fit son entrée le samedi 23 mars 1476 par le pont du Rhône, venant de la Guillotière où il avait dîné. Il se rendit à l'église Saint-Jean et de là en « l'ostel Jacques Caillie » où il logea 3. Sur son passage, toutes les rues étaient «< tendues et cou

Voir Petit Dutaillis, t. IV de l'Histoire de France, publiée sous la direction de Lavisse (2o partie), p. 381. A ce moment la duchesse de Savoie était au mieux avec Charles le Téméraire qui se disposait à la soutenir contre les Bernois. Sur cette visite, v. Seb. Charléty, Histoire de Lyon, p. 66, et Boulieu, Louis IX à Lyon. Entrée solennelle et séjour du roi en 1476 (dans la Revue d'Histoire de Lyon, t. II, 1903, p. 395-413, Documents).

2 Voir Boulieu (Revue d'Histoire de Lyon, t. II, p. 395 et p. 409. « Il avait diné en l'ostel Estienne Tavernier. » « Le Roi Loys, nostre Sire, fit son entrée en ceste dite ville et entra par la porte du pont du Rosne... » (p. 409), d'après BB 13, v, aussi fol. 37).

3 Voir Boulieu, ibid., p. 409.

vertes de toyles et tapisséez d'un cousté et d'autre de draps blans et rouges et autre tapisserie honneste ». « Plusieurs istoyres et moralitez tant sur la Nativité Nostre Dame que autrement » furent représentées à ce moment'. Quatre personnes de distinction l'entouraient et portaient un magnifique « paillie » qui l'abritait. Ce paillie était «< d'un beau drapt velloux bleu semmé de belles fleurs de lix brancheez et faictes de fil d'or bien esleveez ». Ce drap était en outre << doublé de tercelin à plusieurs petites estoyles bien faictes et bien ouvreez2 ».

A première vue, il semble que cette entrée ait été peu grandiose, si on se reporte au magnifique programme élaboré par le Consulat au mois de février. A cette époque, les consuls croyaient que Louis XI ferait son entrée par la porte de Bourgneuf. Le trajet entre cette porte, située près de Pierrescize, et l'église Saint-Jean étant assez long, les consuls avaient pris leurs dispositions pour multiplier les représentations et les réjouissances3. A son arrivée à la porte de la ville, surmontée d'un grand « Saint Michiel, armé de toutes pierres », il devait recevoir les clefs de la ville d'un beau et gros lion, entouré de deux jeunes filles, pendant que de petits enfants, juchés sur des estrades, du côté de la roche, crieraient <«< vive le Roy». Sur le parcours de Louis XI, on devait représenter l'istoyre de la Nativité et Vie de Nostre Dame » dans l'ordre suivant au carré du grand Saint Christophe, l'arbre de Jessé; devant l'hôtel du Griffon, la porte dorée; au port «< Saint Pol », l'enfantement; devant l'hôtel « Jehan Mareschal », la Présentation au Temple; devant la chapelle Saint Eloi, l'Annonciation; en « la ruele pres Jehan Dupré », la Visitation; aux Changes, « la Nativité Nostre Seigneur, les Pastureaulx et les Trois Roys »; devant l'Hôtel Thomassin, la Circoncision; devant « l'ostel et place Jaques Caille », la fuite en Egypte; « au droit de la plasse Messire Balarin », la

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1 Voir Boulieu (Revue d'Histoire de Lyon, ibid).

2 Voir ibid. Les 4 porteurs du paillie étaient « Imbert de Varey, maistre d'ostel, Jehan de Villenove, escuyer d'escuyerie, Jehan Palmier et André Garnier docteurs et citoyens de la dite ville ». Ce paillie avait un tabernacle de bois et 4 lances pour en faciliter le transport. (V. Boulieu, ibid., p. 497).

3 Dès le 13 février les consuls discutaient à ce sujet, V. Boulieu, Revue d'Histoire de Lyon, t. II, p. 393 et suiv. Documents relatifs à l'entrée.

4 Voir ibid., p. 400.

-- « Ce lion devait être en dehors du portaïl et présenter au par figure » les clefs de la dite ville ». Il s'agissait d'un lion fait avec trois peaux de veau au prix de 13 s. 9 d. (V. ibid., p. 395) et p. 498,

roi

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